CONSEIL PONTIFICAL DE LA CULTURE &
CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
1. Quel genre de réflexion?
1.1. Pourquoi maintenant?
1.2. L’Ère des communications
1.3. Le contexte culturel
1.4. Le Nouvel Âge et la foi catholique
1.5. Un défi stimulant
2. La Spiritualité Nouvel Âge: aperçu général
2.1. Qu’y a-t-il de nouveau dans le Nouvel Âge?
2.2. Que prétend offrir le Nouvel Âge?
2.2.1. Enchantement: il doit y avoir un ange
2.2.2. Harmonie et compréhension: les bonnes vibrations
2.2.3. La santé: une vie épanouie
2.2.4. « Totalité »: un voyage magique vers l’inconnu
2.3. Les principes fondamentaux de la pensée Nouvel Âge
2.3.1. Une réponse globale dans un temps de crise
2.3.2. La matrice principale de la pensée Nouvel Âge
2.3.3. Les grands thèmes du Nouvel Âge
2.3.4. Que dit le Nouvel Âge de
2.3.4.1. …la personne humaine?
2.3.4.2. …Dieu?
2.3.4.3. …le monde?
2.4. « Hôtes de l’histoire ou du mythe »? Nouvel Âge et culture
2.5. Pourquoi le Nouvel Âge s’est-il répandu si vite et si facilement?
3. Nouvel Âge et spiritualité chrétienne
3.1. Le Nouvel Âge comme spiritualité
3.2. Un narcissisme spirituel?
3.3. Le Christ cosmique
3.4. Mystique chrétienne et mystique Nouvel Âge
3.5. Le « Dieu intérieur » et la « theosis »
4. Nouvel Âge et foi chrétienne en contraste
5. Jésus-Christ nous offre l’eau vive
6. Indications importantes
6.1. L’accompagnement et une solide formation sont nécessaires
6.2. Initiatives pratiques
7. Appendice
7.1. Quelques brèves formulations des idées Nouvel Âge
7.2. Glossaire choisi
7.3. Hauts lieux du Nouvel Âge
8. Références
8.1. Documents du magistère de l’Église catholique
8.2. Études chrétiennes
9. Bibliographie générale
9.1. Quelques ouvrages Nouvel Âge
9.2. Travaux historiques, descriptifs et analytiques
AVANT-PROPOS
La présente étude traite du « Nouvel Âge » ou « New Age », un phénomène complexe qui influence maints aspects de la culture contemporaine.
Cette étude est un rapport provisoire. Elle est le fruit de la réflexion commune du Groupe de Travail sur les Nouveaux Mouvements Religieux, formé de membres du « staff » de différents dicastères du Saint-Siège: les Conseils Pontificaux de la Culture et pour le Dialogue Interreligieux (qui sont les principaux rédacteurs de ce projet), la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples et le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens.
Les réflexions présentées ici s’adressent avant tout à ceux qui sont engagés dans l’action pastorale afin qu’ils soient en mesure d’expliquer en quoi le mouvement du Nouvel Âge diffère de la foi chrétienne. Cette étude est une invitation à prendre en considération la soif spirituelle de beaucoup de nos contemporains, hommes et femmes. Il est nécessaire de reconnaître que l’attrait exercé par la religiosité Nouvel Âge sur certains chrétiens peut en partie s’attribuer à l’absence d’une prise en considération sérieuse, de la part de leurs propres communautés, des thèmes qui font vraiment objet de la synthèse catholique. Ces thèmes sont, entre autres: l’importance de la dimension spirituelle de l’homme et son intégration dans un « tout » de vie, la recherche du sens de la vie, les liens entre les êtres humains et le reste de la création, le désir de transformation personnelle et sociale, le rejet d’une vision rationaliste et matérialiste de l’humanité.
Ce document attire l’attention sur la nécessité de connaître et de comprendre le Nouvel Âge comme courant culturel, mais aussi sur l’exigence, pour les catholiques, de comprendre la doctrine et la spiritualité catholiques authentiques de manière à discerner correctement les thèmes de ce courant. Les deux premiers chapitres présentent le Nouvel Âge comme une tendance culturelle multiforme, ainsi qu’une analyse des principaux fondements de la pensée transmis dans ce contexte. Aux chapitres trois et suivants, on trouvera des indications en vue d’une enquête approfondie sur ce mouvement face au message chrétien. Quelques suggestions de nature pastorale sont également proposées.
Ceux qui souhaitent approfondir l’étude du Nouvel Âge trouveront d’utiles références en appendice. On espère en particulier que cet ouvrage sera un encouragement à mener des études plus poussées dans les différents contextes culturels. Son but est aussi d’encourager un discernement chez ceux qui sont à la recherche de points de repère solides pour une vie plus pleine. Nous sommes vraiment convaincus que chez beaucoup de nos contemporains « en recherche », il est possible de découvrir une vraie soif de Dieu. Comme l’a dit le Pape Jean-Paul II à un groupe d’évêques des États-Unis: « Les Pasteurs doivent se demander honnêtement s’ils prêtent suffisamment attention à la soif du cœur humain pour la véritable ‘eau vive’ que seul le Christ, notre Rédempteur, peut lui apporter (cf. Jn 4, 7-13). Ils devraient insister sur la dimension spirituelle de la foi, sur l’éternelle fraîcheur du message de l’Évangile et sur sa capacité de transformer et de renouveler ceux qui l’acceptent » (AAS 86/4, 330).
1
QUEL GENRE DE RÉFLEXION?
Les réflexions qui suivent veulent être un guide pour les catholiques engagés dans l’annonce de l’Évangile et dans l’enseignement de la foi, à quelque niveau que ce soit, dans l’Église. Ce document n’a pas pour but de fournir un ensemble de réponses exhaustives aux nombreuses questions posées par le Nouvel Âge ou les autres signes contemporains de l’éternelle recherche humaine de sens, du bonheur et du salut. C’est une invitation à comprendre ce courant culturel et à engager un dialogue sincère avec ceux qui sont influencés par sa pensée. Le document guide la compréhension et la réponse au Nouvel Âge des personnes engagées dans une tâche pastorale, illustrant les points où cette spiritualité s’oppose à la foi catholique et réfutant les théories embrassées par les penseurs Nouvel Âge en contraste avec la foi chrétienne. Ce qui est vraiment demandé aux chrétiens, c’est d’abord et avant tout, une foi reposant sur des fondements solides. Sur cette base stable, ils peuvent bâtir une vie qui soit une réponse positive à l’appel contenu dans la première Épître de Pierre: « Soyez toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect, en possession d’une bonne conscience » (1 P 3, 15 ss.).
1.1. Pourquoi maintenant?
Le troisième millénaire s’ouvre non seulement deux mille ans après la naissance du Christ, mais aussi en un temps où des astrologues croient que l’ère des Poissons, connue d’eux comme l’ère chrétienne, touche à sa fin. Les réflexions présentées ici portent sur le Nouvel Âge, qui a emprunté son nom à l’ère astrologique imminente du Verseau. Le Nouvel Âge est une des nombreuses explications de la signification de ce moment historique dont est bombardée la culture contemporaine (surtout occidentale), et il est difficile d’y distinguer clairement ce qui est compatible avec le message chrétien et ce qui ne l’est pas. Il semble donc que le moment soit venu de proposer une évaluation chrétienne de la pensée du Nouvel Âge et du mouvement Nouvel Âge dans son ensemble.
On a dit, avec raison, que beaucoup d’hommes balancent aujourd’hui entre certitude et incertitude, en particulier sur les questions liées à leur identité.1 Quelques-uns affirment que la religion chrétienne est patriarcale et autoritaire, que les institutions politiques sont incapables de changer le monde, et que la médecine officielle (allopathique) échoue clairement à guérir vraiment les hommes. Le fait que ce qui était autrefois des éléments centraux de la société soit aujourd’hui perçu comme peu fiable ou dépourvu d’une autorité véritable a créé un climat dans lequel les individus regardent en eux-mêmes, à la recherche de sens et de force. Ils se tournent aussi vers les institutions alternatives, dont ils espèrent qu’elles répondront à leurs besoins profonds. La vie chaotique ou peu structurée des communautés alternatives des années 1970 a donné lieu à une recherche de discipline et de structures, qui sont des éléments-clés de certains mouvements « mystiques » très répandus aujourd’hui. Le Nouvel Âge séduit surtout parce qu’une grande partie de ce qu’il offre répond à des besoins que les institutions établies n’ont pas toujours été capables de satisfaire.
Mais si le Nouvel Âge est né, dans une large mesure, en réaction contre la culture contemporaine, il en est en même temps, sous bien des aspects, l’héritier direct. La Renaissance et la Réforme ont façonné l’individu occidental moderne, peu enclin à accepter le poids d’une autorité simplement extrinsèque ou de la tradition. Les hommes éprouvent de moins en moins le besoin d’« appartenir » à des institutions (et pourtant la solitude est un grand fléau de la vie moderne) et ne sont plus disposés à faire passer les jugements « officiels » avant les leurs. Ce culte de l’homme s’accompagne d’une intériorisation de la religion qui prépare le terrain à la sacralisation du « moi ». C’est la raison pour laquelle le Nouvel Âge a beaucoup de valeurs en commun avec la culture d’entreprise et l’« évangile de la prospérité » (dont il sera question plus en détail au chapitre 2.4), et avec la culture consumériste, dont l’influence est bien perceptible dans le nombre sans cesse croissant de ceux qui affirment qu’il est possible de mêler le christianisme au Nouvel Âge, en prenant ce qui leur semble le meilleur de chacun.2 Il vaut la peine de rappeler que certaines déviances au sein du christianisme sont allées au-delà du théisme traditionnel en acceptant un repli sur soi à sens unique, au risque d’encourager un tel mélange d’approches. Ce qu’il est important d’observer, c’est que dans certaines pratiques Nouvel Âge, Dieu est réduit à la fonction de soutenir la promotion de l’individu.
Le Nouvel Âge s’adresse à ceux qui adhèrent pleinement aux valeurs de la culture moderne, considérant comme sacrées la liberté, l’authenticité, l’indépendance et autres valeurs du même ordre. Il s’adresse à ceux qui ont des problèmes avec le patriarcat. Il « ne demande pas plus de foi qu’il n’en faut pour aller au cinéma »,3 tout en déclarant satisfaire les besoins spirituels des gens. Mais la question cruciale qui se pose ici est: qu’entend-t-on exactement par spiritualité dans les milieux du Nouvel Âge? La réponse met en lumière quelques différences entre la tradition chrétienne et la mouvance Nouvel Âge. Certaines tendances du Nouvel Âge exploitent les pouvoirs de la nature et tentent de communiquer avec un autre monde pour découvrir le destin des individus, ou pour les aider à se brancher sur la bonne vibration afin de tirer le meilleur parti d’eux-mêmes et des circonstances. Dans la plupart des cas, il est totalement fataliste. Le christianisme, au contraire, est une invitation à regarder hors de soi et au-delà, vers le « nouvel avènement » d’un Dieu qui nous appelle à vivre le dialogue d’amour.4
1.2. L’ère des communications
Depuis quelques années, la révolution technologique des communications a créé une situation entièrement nouvelle. La facilité et la rapidité avec lesquelles les hommes peuvent désormais communiquer est une des raisons pour lesquelles le Nouvel Âge a réussi à attirer l’attention de personnes de tous âges et de tous milieux, au point que beaucoup de ceux qui suivent le Christ ne savent plus trop ce qu’il en est. L’Internet en particulier a pris une influence considérable, surtout chez les jeunes, pour qui il représente un moyen congénial et fascinant d’obtenir des informations. Mais c’est aussi un moyen insidieux de désinformation sur bien des aspects de la religion: ce qui est présenté sous l’étiquette « chrétien » ou « catholique » est loin d’être toujours un reflet fidèle des enseignements de l’Église catholique, et en même temps, les sites Nouvel Âge se multiplient, allant des plus sérieux aux plus ridicules. Une information fiable sur les différences entre le christianisme et le Nouvel Âge est donc plus que jamais nécessaire.
1.3. Le contexte culturel
En examinant diverses traditions Nouvel Âge, on s’aperçoit qu’en fait, bien peu de choses sont véritablement nouvelles. S’il semble que ce terme se soit répandu d’abord à travers les Rosicruciens et les Francs-Maçons au temps des révolutions française et américaine, la réalité qu’il dénote est plutôt une variante contemporaine de l’ésotérisme occidental, dont l’origine remonte aux groupes gnostiques des premiers siècles du christianisme. Ayant pris un nouvel essor en Europe à l’époque de la Réforme, il se développa parallèlement aux conceptions scientifiques du monde et acquit peu à peu une justification rationnelle aux XVIIIe et XIXe siècles. Il se caractérise par le rejet progressif d’un Dieu personnel au profit d’entités qui servaient souvent d’intermédiaires entre Dieu et l’humanité dans le christianisme traditionnel, en leur faisant subir des adaptations de plus en plus originales ou en leur en adjoignant d’autres. Une autre tendance de la culture moderne occidentale qui a puissamment contribué à la diffusion des idées Nouvel Âge est l’acceptation générale de la théorie évolutionniste de Darwin qui, avec l’accent mis sur les forces spirituelles cachées ou forces de la nature, a jeté les bases de ce qui est connu aujourd’hui comme la théorie du Nouvel Âge. En réalité, si le Nouvel Âge a bénéficié d’un accueil si favorable, c’est parce que la vision du monde sur laquelle il se fondait était déjà largement acceptée. Le terrain avait été bien préparé par les progrès du relativisme et par l’indifférence ou même l’antipathie envers la religion chrétienne. Par ailleurs, un débat très animé a porté sur le point de savoir si, et dans quelle mesure, le Nouvel Âge pouvait être considéré comme un phénomène post-moderne. L’existence et la ferveur de la pensée et de la pratique Nouvel Âge confirment le désir inextinguible de transcendance de l’esprit humain et de sens religieux, ce qui n’est pas seulement un phénomène culturel actuel, mais était déjà manifeste dans le monde antique chez les chrétiens comme chez les païens.
1.4. Le Nouvel Âge et la foi catholique
Même s’il est possible d’admettre que la religiosité Nouvel Âge répond, d’une certaine manière, aux désirs spirituels légitimes de la nature humaine, il est nécessaire de reconnaître que cette tentative s’inscrit toujours à l’opposé de la révélation chrétienne. C’est surtout dans la culture occidentale que les approches « alternatives » à la spiritualité attirent de plus en plus. D’une part, les nouvelles formes d’affirmation psychologique de l’individu sont très en vogue chez des catholiques, jusque dans les lieux de retraite, séminaires et maisons de formation pour religieux. En même temps, on constate une certaine nostalgie et un regain de curiosité pour la sagesse et les rites d’autrefois, qui expliquent en partie l’intérêt croissant pour l’ésotérisme et le gnosticisme. Beaucoup sont attirés en particulier par ce qui est connu, à tort ou à raison, comme la spiritualité « celtique » 5 ou les religions des peuples de l’Antiquité. Les ouvrages et les cours sur la spiritualité et les religions anciennes ou orientales sont en plein essor, et ils sont souvent présentés sous l’étiquette « Nouvel Âge » à des fins commerciales. Cependant, les liens avec ces religions ne sont pas toujours évidents et sont même souvent démentis.
Un discernement chrétien approprié sur la pensée et la pratique Nouvel Âge ne manquera pas de reconnaître, comme pour le gnosticisme du second et du troisième siècle, qu’elles représentent un compendium de propositions que l’Église a qualifié d’hétérodoxes. Jean-Paul II met en garde contre « la question de la renaissance de certaines traditions du gnosticisme antique sous la forme de ce qu’on appelle le New Age ». « Il est impossible de se laisser bercer par l’illusion que ce retour de la gnose préluderait à un renouveau de la religion. Il s’agit tout simplement de la version moderne d’une attitude spirituelle qui, au nom d’une prétendue connaissance supérieure de Dieu, finit par rejeter définitivement sa Parole en la remplaçant par des paroles toutes humaines. La gnose n’a jamais disparu du champ du christianisme. Elle a toujours cohabité avec lui, parfois en tant que courant philosophique, plus souvent sous des formes religieuses ou parareligieuses, en opposition nette, même si elle n’est pas explicite, avec l’essentiel du christianisme ».6 Un exemple nous est donné par l’ennéagramme – un instrument pour l’analyse du caractère selon neuf catégories – qui, lorsqu’on l’utilise comme instrument de croissance spirituelle, introduit une ambiguïté dans la doctrine et la pratique de la foi chrétienne.
1.5. Un défi stimulant
L’attrait pour la religiosité Nouvel Âge ne doit pas être sous- évalué. Une compréhension imparfaite de la foi chrétienne autorise certains à considérer à tort que la religion chrétienne n’inspire pas une spiritualité profonde et à regarder ailleurs. À vrai dire, certains pensent que le Nouvel Âge tire à sa fin et parlent déjà du « prochain » âge.7 Ils parlent d’une crise qui se serait manifestée au début des années 1990 aux États-Unis, tout en admettant que, surtout en dehors du monde anglophone, cette « crise » pourrait se produire plus tard. Pourtant, le succès des librairies et stations de radio ainsi que la myriade de groupes de réalisation de soi apparus dans les villes, petites et grandes, s’inscrivent en faux contre une telle affirmation. Il semble que, pour le moment du moins, le Nouvel Âge soit encore très vivant et très présent sur la scène culturelle contemporaine.
Le succès du Nouvel Âge est un défi pour l’Église. Les hommes ont le sentiment que la religion chrétienne ne leur offre pas ce dont ils ont vraiment besoin. La recherche qui les amène au Nouvel Âge est une aspiration authentique: à une spiritualité plus profonde, à quelque chose qui touche leur cœur et donne un sens à un monde confus et souvent aliénant. Il y a du vrai dans les critiques que le Nouvel Âge porte au « matérialisme de la vie quotidienne, de la philosophie et même de la médecine et de la psychiatrie; au réductionnisme qui refuse de prendre en considération les expériences religieuses et surnaturelles; à la culture industrielle de l’individualisme effréné qui encourage l’égoïsme et se désintéresse totalement des autres peuples, du futur et de l’environnement ».8 Les problèmes que peut poser le Nouvel Âge naissent plutôt de ses réponses alternatives aux questions de la vie. Si l’Église ne veut pas être accusée de rester sourde aux aspirations des hommes, il faut que ses membres fassent deux choses: s’ancrer encore plus fermement dans les fondements de leur foi, et percevoir le cri souvent silencieux qui s’élève du cœur des hommes, et les porte ailleurs s’ils ne trouvent pas une réponse dans l’Église. C’est aussi un appel à s’unir plus intimement à Jésus-Christ et à marcher à sa suite, lui qui est vraiment le chemin du bonheur, de la vérité sur Dieu et de la plénitude de vie pour tous ceux qui sont prêts à répondre à son amour.
2
LA SPIRITUALITÉ NOUVEL ÂGE:
APERÇU GÉNÉRAL
Les chrétiens, dans beaucoup de sociétés occidentales et de plus en plus souvent aussi dans d’autres parties du monde, sont fréquemment en contact avec divers aspects du phénomène du Nouvel Âge. Beaucoup veulent comprendre quelle est la meilleure façon d’aborder ce phénomène fascinant, complexe, insaisissable et parfois même dérangeant. Les réflexions qui suivent sont une tentative pour aider les chrétiens à faire deux choses:
– Identifier les éléments de la tradition Nouvel Âge en expansion;
– Déterminer, parmi ces éléments, ceux qui s’opposent à la révélation chrétienne.
Cette réponse pastorale à un défi actuel ne cherche pas à dresser la liste complète des phénomènes du Nouvel Âge, parce que ce serait trop long et que ce genre d’informations se trouve facilement ailleurs. Il est essentiel d’essayer de comprendre correctement le Nouvel Âge afin de pouvoir le juger de façon impartiale, en évitant d’en faire une caricature. Il ne serait ni juste ni raisonnable d’affirmer que tout ce qui est lié au Nouvel Âge est bon, ou inversement que tout est mauvais. Mais il demeure quand même difficile, étant donnée la vision de la religiosité Nouvel Âge, de le réconcilier avec la doctrine et la spiritualité chrétienne.
Le Nouvel Âge n’est pas un mouvement selon le sens que l’on donne à ce terme dans l’expression « Nouveaux mouvements religieux », et il ne correspond pas non plus à ce que l’on entend généralement par les termes de « culte » ou de « secte ». S’étendant à toutes les cultures, dans des domaines aussi variés que la musique, le cinéma, les séminaires, les stages, les retraites, les thérapies et bien d’autres activités ou manifestations, il est beaucoup plus répandu et informel, même si certains groupes religieux ou para-religieux incorporent sciemment des éléments Nouvel Âge, et si le Nouvel Âge est considéré par certains comme une source d’inspiration pour diverses sectes religieuses et para-religieuses.9 Loin d’être un mouvement unifié et uniforme, le Nouvel Âge est au contraire un réseau fluide d’adeptes dont l’approche est de penser globalement mais agir localement. Ceux qui font partie de ce réseau ne se connaissent pas nécessairement entre eux et ne se rencontrent que rarement, ou même jamais. Pour tenter d’éviter la confusion que pourrait causer l’emploi du terme « mouvement », certains préfèrent parler du Nouvel Âge comme d’un « milieu »,10 ou d’un « culte d’audience » (audience cult).11 Cependant, on souligne aussi que « c’est un courant de pensée très cohérent »,12 un défi délibéré à la culture moderne. Il s’agit d’une structure syncrétique rassemblant toute sorte d’éléments, ce qui permet aux individus de partager des intérêts ou de nouer des relations à divers degrés et avec différents niveaux d’engagement. Nombre de tendances, pratiques et attitudes appartenant de quelque façon au Nouvel Âge ressortent en réalité d’une réaction générale et facilement identifiable contre la culture ambiante. En ce sens, le terme « mouvement » n’est pas totalement inapproprié, et peut être appliqué au Nouvel Âge au même titre qu’il l’est à d’autres grands mouvements sociaux tels que le mouvement pour les droits civils ou celui pour la paix. Car comme eux, il comprend un ensemble hétéroclite d’individus qui, tout en adhérant aux grands objectifs du mouvement, diffèrent beaucoup par leur niveau d’engagement et leur interprétation des questions particulières.
L’expression « religion Nouvel Âge » étant encore plus controversée, il est préférable d’éviter de l’employer, même si le Nouvel Âge représente bien souvent une réponse aux questions et aux besoins religieux des hommes et qu’il s’adresse surtout à ceux qui tentent de trouver, ou de retrouver, la dimension spirituelle de leur vie. Éviter d’employer le terme « religion Nouvel Âge » ne signifie nullement contester le caractère authentique de cette aspiration à donner une signification et un sens à sa vie, mais seulement respecter la distinction très nette que font la plupart des adeptes du Nouvel Âge entre « religion » et « spiritualité ». Beaucoup d’entre eux ont rejeté la religion organisée, estimant qu’elle ne répondait pas à leurs besoins, pour aller chercher ailleurs la « spiritualité ». En outre, le Nouvel Âge étant convaincu que le temps des religions particulières est révolu, en parler comme d’une religion irait à l’encontre de l’idée qu’il se fait de lui-même. Il est cependant assez juste de situer le Nouvel Âge dans le contexte plus vaste de la religiosité ésotérique, dont la fascination ne cesse de grandir.13
Il convient de mentionner ici un problème inhérent à la présente étude. S’étant donné comme but de comprendre et d’évaluer un phénomène qui est fondamentalement une exaltation de la richesse de l’expérience humaine, elle risque d’être accusée de ne pas faire justice à un mouvement culturel dont l’essence est précisément de rompre ce qu’il considère comme les limites contraignantes du discours rationnel. En fait, c’est surtout une invitation s’adressant à tous les chrétiens pour qu’ils prennent le Nouvel Âge au sérieux et instaurent un dialogue critique avec ces personnes qui abordent le même monde à partir de perspectives bien différentes.
L’efficacité pastorale de l’Église au troisième millénaire dépend dans une large mesure de la préparation de bons communicateurs du message évangélique. Ce qui suit est une réponse aux difficultés indiquées par beaucoup quand il s’agit d’affronter le phénomène complexe et fuyant du Nouvel Âge. C’est une tentative pour comprendre ce qu’est le Nouvel Âge et identifier les questions auxquelles il dit apporter des réponses et des solutions. Il existe d’excellents ouvrages et d’autres études qui envisagent ce phénomène dans son ensemble ou sous certains aspects particuliers, dont quelques-uns sont indiqués en annexe. Ces documents ne font pas toujours preuve, à la lumière de la foi chrétienne, du discernement nécessaire. La présente étude a pour but d’aider les catholiques à découvrir la clé d’interprétation des principes de base de la pensée Nouvel Âge pour pouvoir porter une appréciation chrétienne sur les éléments qui se présentent à eux. Il faut dire aussi que beaucoup réfutent le terme Nouvel Âge, lui préférant celui de « spiritualité alternative », jugé plus correct et moins limitatif. Il est vrai aussi qu’une grande partie des phénomènes mentionnés dans ce document ne portent pas d’étiquette, mais on suppose, pour faire court, que le lecteur reconnaîtra un phénomène ou un ensemble de phénomènes pouvant à juste titre être reliés au mouvement culturel souvent appelé Nouvel Âge.
2.1. Qu’y a-t-il de nouveau dans le Nouvel Âge ?
Pour beaucoup, le terme Nouvel Âge indique clairement un tournant majeur dans l’histoire. D’après les astrologues, nous sommes actuellement dans l’ère des Poissons, qui a été dominée par le christianisme. Mais l’ère des Poissons est sur le point de faire place à la nouvelle ère (en anglais New Age) du Verseau, en ce début du troisième millénaire.14 Si l’ère du Verseau jouit d’un tel prestige dans le mouvement Nouvel Âge, cela est dû en grande partie à l’influence de la théosophie, du spiritisme, de l’anthroposophie et de leurs prédécesseurs ésotériques. Ceux qui mettent l’accent sur l’imminence d’un changement au niveau mondial expriment souvent le souhait d’un tel changement, et cela non pas tant dans le monde que dans notre culture, dans notre façon de nous rapporter au monde. Cela est particulièrement évident chez ceux qui avancent l’idée d’un Nouveau Paradigme de vie. Cette approche est attrayante, car dans certaines de ses expressions, les hommes ne se contentent pas d’observer passivement, mais contribuent effectivement à changer la culture et à faire apparaître une nouvelle conscience spirituelle. Dans d’autres expressions, l’accent est mis plutôt sur la progression inexorable des cycles naturels. Quoi qu’il en soit, l’ère du Verseau n’est pas une théorie, mais une vision. Le Nouvel Âge est une tradition très vaste qui incorpore toute sorte d’idées n’ayant pas de lien direct avec le passage de l’ère des Poissons à celle du Verseau. On y trouve des visions modérées et plutôt générales d’un futur où la spiritualité planétaire côtoiera des religions séparées, où des institutions politiques planétaires similaires compléteront les institutions plus locales, avec des entités économiques globales jugées plus participatives et démocratiques, une plus grande place donnée à la communication et à l’éducation, une approche mixte à la santé combinant la médecine officielle et l’auto-guérison, une perception plus androgyne de soi-même, et des systèmes intégrant la science, le mysticisme, la technologie et l’écologie. Encore une fois, tout cela révèle une aspiration profonde à une vie plus pleine et plus saine pour les hommes et pour la planète. Parmi les traditions qui confluent dans le Nouvel Âge, on peut citer, entre autres, les pratiques occultes de l’Égypte ancienne, la kabbale, le gnosticisme des premiers siècles du christianisme, le soufisme, le savoir druidique, le christianisme celtique, l’alchimie médiévale, l’hermétisme de la Renaissance, le bouddhisme zen et le yoga, etc.15
Voici la « nouveauté » du Nouvel Âge: c’est un « syncrétisme d’éléments ésotériques et séculiers »,16 qui convergent dans la perception très répandue que le moment est venu d’un changement radical des individus, de la société et du monde. Il existe diverses expressions de ce besoin de changement:
– De la physique mécanique newtonienne à la physique quantique;
– De l’exaltation moderne de la raison à la valorisation des sentiments, des émotions et des expériences (en passant de la pensée rationnelle ‘de l’hémisphère gauche’ du cerveau à la pensée intuitive ‘de l’hémisphère droit’);
– De la prédominance des valeurs viriles et patriarcales à la célébration des valeurs féminines, dans l’individu comme dans la société.
Dans cette perspective, le terme de « changement de paradigme » est souvent employé. Certains vont même jusqu’à suggérer qu’un tel changement n’est pas seulement souhaitable, mais inéluctable. Le rejet de la modernité qui est à l’origine de ce désir de changement n’est pas nouveau, mais peut être décrit comme une « résurgence moderne des religions païennes influencée par les religions orientales, la psychologie, la philosophie, la science, et la contre-culture répandue dans les années 1950 et 1960 ».17 En fait, si le Nouvel Âge est bien le signe d’une révolution culturelle et d’un rejet des idées et des valeurs de la culture occidentale, son criticisme idéaliste est lui- même paradoxalement typique des cultures qu’il condamne.
Il convient de dire quelques mots à propos du changement de paradigme. L’expression a été lancée par Thomas Kuhn, un historien des sciences américain qui voyait le paradigme comme « un ensemble de croyances, valeurs, techniques, etc. partagées par les membres d’une communauté donnée ».18 Lors du passage d’un paradigme à un autre, il y a un changement total de perspective plutôt qu’une transition progressive. Il s’agit véritablement d’une révolution, et Kuhn ajoute que les paradigmes concurrents sont incompatibles et ne peuvent pas coexister. Donc l’idée que le changement de paradigme, appliquée aux religions et à la spiritualité, soit tout simplement une nouvelle façon d’affirmer les croyances traditionnelles, n’est pas juste. On assiste vraiment à l’apparition d’une nouvelle vision du monde qui remet en cause non seulement le contenu, mais aussi l’interprétation fondamentale de la vision précédente. Le meilleur exemple en est peut-être, du point de vue des rapports entre le Nouvel Âge et le christianisme, le remaniement complet de la vie et de la signification de Jésus-Christ. Il s’agit de deux visions inconciliables.19
La science et la technologie n’ayant manifestement pas réussi à donner tout ce qu’elles semblaient promettre autrefois, les hommes se sont tournés vers la spiritualité dans leur quête de libération. Le Nouvel Âge, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est le fruit d’une aspiration à quelque chose de plus humain et de plus beau que l’expérience opprimante et aliénante de la vie de la société occidentale. Ses premiers représentants ayant poussé leur recherche très loin dans toutes les directions, il a adopté une approche extrêmement éclectique. S’il est bien possible que ce soit le signe d’un « retour à la religion », ce n’est certainement pas un retour aux doctrines et aux croyances chrétiennes orthodoxes. Les premiers symboles qui permirent à ce « mouvement » de pénétrer dans la culture occidentale furent le célèbre festival de Woodstock en 1969 dans l’État de New York, et la comédie musicale Hair qui présentait les grands thèmes du Nouvel Âge dans sa chanson emblématique « Aquarius ».20 Mais ce n’était que la pointe d’un iceberg dont les dimensions ne se sont précisées qu’assez récemment. L’idéalisme des années 1960 et 1970 subsiste encore dans certains secteurs, mais aujourd’hui, ce ne sont plus les adolescents qui sont les plus concernés. Les liens avec les idéologies politiques de gauche se sont relâchés, et les drogues psychédéliques ne sont plus aussi répandues qu’elles ne l’étaient à l’époque. Tant de choses se sont produites depuis que tout cela ne semble plus révolutionnaire. Les tendances « spirituelles » et « mystiques », cantonnées autrefois à la contre- culture, se sont maintenant largement intégrées à la culture ambiante dans des domaines aussi divers que la médecine, la science, l’art ou la religion. La culture occidentale est désormais empreinte d’une conscience politique et écologique diffuse, et ce changement culturel global a eu une forte incidence sur le style de vie des individus. Certains suggèrent que le « mouvement » Nouvel Âge est précisément cette transition majeure vers ce qu’ils considèrent comme « un mode de vie nettement meilleur ».21
2.2. Que prétend offrir le Nouvel Âge?
2.2.1. Enchantement: il doit y avoir un ange
Un des éléments récurrents de la « spiritualité » Nouvel Âge est la fascination pour les manifestations extraordinaires, et en particulier pour les entités paranormales. Des personnes considérées comme des « médiums » affirment que leur personnalité est sous l’emprise d’une autre entité pendant les transes, par un phénomène Nouvel Âge appelé channeling au cours duquel le médium peut perdre le contrôle de son corps et de ses facultés. Ceux qui ont assisté à ces séances n’ont généralement pas de mal à admettre que ces manifestations sont bien de nature spirituelle, mais qu’elles ne proviennent pas de Dieu, en dépit du langage d’amour et de lumière qui est presque toujours utilisé… Il serait probablement plus correct de les considérer plutôt comme une nouvelle forme de spiritisme, que comme une manifestation de spiritualité proprement dite. Dans le monde des esprits, d’autres amis et conseillers sont les anges (qui sont aujourd’hui au centre d’un marché florissant de livres et d’images). Dans le Nouvel Âge, ceux qui se réfèrent aux anges ne le font généralement pas de façon systématique, les distinctions trop précises en la matière étant jugées inutiles, car « il existe de nombreux niveaux de guides, entités, énergies et êtres dans chaque angle de l’univers… Ils sont tous là pour être contactés et choisis en fonction de vos mécanismes d’attraction et de répulsion ».22 Ces entités spirituelles sont souvent invoquées pour des motifs ‘non-religieux’, comme aider à se détendre afin de prendre une meilleure décision ou mieux contrôler sa vie ou sa carrière. Une autre expérience Nouvel Âge relatée par des personnes qui se présentent comme des ‘mystiques’ est la fusion avec les esprits qui instruisent par l’intermédiaire de certaines personnes. Enfin, certains esprits de la nature sont décrits comme des énergies puissantes, présentes dans le monde naturel et sur les « plans intérieurs », des plans auxquels on accède à l’aide de rituels, drogues ou autres techniques destinées à produire des états de conscience altérés. Il est clair que dans le Nouvel Âge, en théorie du moins, on ne reconnaît généralement pas d’autre autorité spirituelle que sa propre expérience intérieure.
2.2.2. Harmonie et compréhension: les bonnes vibrations
Des phénomènes aussi différents que le jardin de Findhorn et le Feng Shui23 montrent chacun à sa façon l’importance de se mettre au diapason de la nature et du cosmos. Dans le Nouvel Âge, il n’existe pas de distinction entre le bien et le mal. Les actions humaines sont le fruit soit de l’illumination, soit de l’ignorance. En conséquence, personne ne doit être condamné, et personne n’a besoin d’être pardonné. La croyance dans l’existence du mal ne peut qu’engendrer la négativité et la peur. La réponse à la négativité est l’amour. Il ne s’agit pas d’un amour qui doit être traduit en actes, mais plutôt d’une attitude mentale. L’amour est énergie, une vibration à haute fréquence, et le secret du bonheur, de la santé et du succès réside dans la capacité de « se brancher » sur cette vibration et de trouver ainsi sa place dans la grande chaîne de l’être. Les instructeurs et les guérisseurs du Nouvel Âge affirment offrir la clé des correspondances entre tous les éléments de l’univers qui permet aux individus de moduler la tonalité de leur vie et d’être en parfaite harmonie avec les autres être humains et avec tout ce qui les entoure. Le cadre théorique de référence change toutefois selon les auteurs.24
2.2.3. La santé: une vie épanouie (golden living)
La médecine officielle (allopathique) tend aujourd’hui à ne traiter que des symptômes particuliers, isolés, sans chercher à avoir une vue d’ensemble de l’état de santé de l’individu, ce qui donne lieu bien souvent à une insatisfaction compréhensible. Si les thérapies alternatives ont un tel succès, c’est parce qu’elles affirment considérer l’individu dans son ensemble et qu’elles cherchent à guérir plutôt qu’à soigner. La conception holistique de la santé, comme on le sait, se concentre sur le rôle déterminant de la psyché dans la guérison du corps. Le lien entre les aspects spirituel et physique de la personne résiderait dans le système immunitaire ou dans le système indien des chakras. Dans l’optique Nouvel Âge, la maladie et la souffrance sont la conséquence d’un comportement contre nature. Quand on est en harmonie avec la nature, on peut s’attendre à avoir une meilleure santé, et même la prospérité matérielle. Certains guérisseurs Nouvel Âge vont même jusqu’à soutenir que la mort n’est pas inéluctable. En développant notre potentiel humain, nous pouvons entrer en contact avec notre Dieu intérieur et avec certaines parties de nous-même qui ont été aliénées ou supprimées. Cela apparaît surtout dans les États de Conscience Altérés (Altered States of Consciousness: ASC), induits soit par des drogues, soit par différentes techniques d’élargissement de la conscience, notamment dans le cadre de la « psychologie transpersonnelle ». Le chaman est souvent vu comme un spécialiste des états de conscience altérés, un être capable d’être un intermédiaire entre le domaine transpersonnel des esprits et des dieux et le monde des humains.
Il existe une grande variété d’approches aux thérapies holistiques, dont certaines s’inspirent d’anciennes traditions culturelles, religieuses ou ésotériques, d’autres des théories psychologiques élaborées à Esalen dans les années 1960-70. Le Nouvel Âge fait publicité d’un large éventail de pratiques telles que l’acuponcture, le biofeedback, la chiropraxie, la kinésiologie, l’homéopathie, l’iridologie, les massages et différentes sortes de techniques corporelles (comme l’ergonomie, le Feldenkrais, la réflexologie, le Rolfing, le massage en polarité, le toucher thérapeutique, etc.), la méditation et la visualisation, les thérapies nutritionnelles, les traitements psychiques, différentes sortes de médecine des plantes, la guérison par les cristaux, les métaux, la musique ou les couleurs, les thérapies de la réincarnation et enfin les programmes en douze étapes et les groupes de réalisation de soi.25 Il est dit que c’est en nous-mêmes que se trouve la source de la guérison, et que nous pouvons l’atteindre en nous mettant en contact avec notre énergie intérieure ou énergie cosmique.
Dans la mesure où la bonne santé comporte un allongement de la vie, le Nouvel Âge propose une formule orientale en termes occidentaux. À l’origine, la réincarnation faisait partie de la pensée cyclique hindoue, basée sur l’atman ou noyau divin de la personnalité (devenu plus tard le concept de jiva), transmigrant d’un corps à l’autre dans un cycle de souffrances (samsara), déterminé par la loi du karma et lié au comportement dans les vies antérieures. L’espérance réside dans la possibilité de renaître dans un meilleur état ou même d’être finalement libéré de la nécessité de se réincarner. Dans la plupart des traditions bouddhistes, ce n’est pas l’âme qui transmigre de corps en corps, mais un continuum de conscience. La vie présente s’inscrit dans un processus cosmique potentiellement infini qui inclut même les dieux. En Occident, depuis l’époque de Lessing, la réincarnation est vue de façon plus optimiste, comme un processus progressif d’apprentissage et d’accomplissement individuel. Le spiritisme, la théosophie, l’anthroposophie et le Nouvel Âge considèrent la réincarnation comme une participation à l’évolution cosmique. Cette approche post-chrétienne à l’eschatologie permettrait de répondre aux questions non résolues de la théodicée et d’éliminer la notion d’enfer. Quand l’âme se sépare du corps, on peut jeter un regard en arrière sur toutes ses vies passées, et quand elle s’unit à un nouveau corps, on a un aperçu de la nouvelle vie à venir. En outre, les individus peuvent avoir accès à leurs vies antérieures à travers les rêves et les techniques de méditation.26
2.2.4. « Totalité »: un voyage magique vers l’inconnu
Une des préoccupations centrales du mouvement Nouvel Âge est la recherche de la « totalité ». Il encourage à dépasser toute forme de « dualisme », considérant ces divisions comme le produit malsain d’un passé obscurantiste. Les divisions que, selon les adeptes du Nouvel Âge, il faut surmonter, mettent en cause la différence fondamentale entre Créateur et créé, la réelle distinction entre homme et nature, entre esprit et matière, tous et toutes considérées à tort comme des formes de dualisme. Ces tendances dualistes sont souvent considérées comme découlant, en dernière analyse, des racines judéo-chrétiennes de la civilisation occidentale alors qu’il serait plus correct de les mettre en relation avec le gnosticisme, et surtout avec le manichéisme. La révolution scientifique et le rationalisme moderne sont critiqués en particulier pour leur tendance à la fragmentation: non seulement ils traitent les ensembles organiques comme des mécanismes réduits d’abord à leurs plus petits composants et expliqués ensuite dans ces termes, mais ils tendent même à réduire l’esprit à la matière, à tel point que la réalité spirituelle, y compris l’âme, n’est plus que « l’épiphénomène » contingent d’un processus essentiellement matériel. Dans tous ces domaines, les alternatives Nouvel Âge sont « holistiques ». Le holisme imprègne tout le mouvement du Nouvel Âge, de son intérêt pour les traitements holistiques à sa recherche d’une approche unitive, sa conscience écologique, ou encore l’idée d’une « mise en réseau » globale.
2.3. Les principes fondamentaux de la pensée Nouvel Âge
2.3.1. Une réponse globale dans un temps de crise
« Tant la tradition chrétienne que la croyance séculière dans un progrès illimité de la science ont connu une grave rupture, qui s’est manifestée pour la première fois dans les révolutions estudiantines de 1968 ».27 La sagesse des générations précédentes s’est trouvée brusquement privée de sa signification et du respect dont elle jouissait tandis que la toute-puissance de la science se dissipait, en sorte qu’aujourd’hui l’Église « doit faire face à une grave crise de transmission de sa foi aux jeunes générations ».28 La perte générale de confiance dans ces piliers traditionnels de la conscience et de la cohésion sociale s’est accompagnée d’un retour inattendu de la religiosité cosmique, de rites et croyances dont beaucoup considéraient qu’ils avaient été supplantés par le christianisme. En réalité, ce courant ésotérique souterrain n’a jamais entièrement disparu. En revanche, l’intérêt pour les religions orientales qui s’est répandu à partir de la fin du XIXe siècle sous l’influence du mouvement théosophique est, dans le contexte occidental, une donnée nouvelle qui « reflète la conscience croissante d’une spiritualité globale incorporant toutes les traditions religieuses existantes ».29
L’éternelle question philosophique de l’un et du multiple se manifeste, dans sa version moderne et contemporaine, par le besoin pressant de surmonter toute division, voire même toute différence et distinction. L’expression la plus commune en est le holisme, qui constitue à la fois un élément essentiel du Nouvel Âge et un signe des temps dans le dernier quart du XXe siècle. Une formidable quantité d’énergie a été consacrée à la tentative de surmonter les cloisonnements propres à l’idéologie mécaniste, au risque de devoir se soumettre à un réseau global revêtant une autorité quasi transcendantale. Les conséquences les plus évidentes en sont un processus de transformation conscient et le développement de l’écologie.30 La nouvelle vision, qui est le but de cette transformation consciente, a mis du temps à être formulée, et son application est entravée par les formes de pensée plus anciennes qui, dit-on, luttent pour maintenir le « statu quo ». L’écologie comme fascination pour la nature et re-sacralisation de la Terre, la Terre Mère ou Gaia, a connu un immense succès et s’est généralisée grâce au zèle missionnaire propre aux politiques des Verts. La race humaine tout entière doit devenir « l’administrateur » de la Terre, et seul un gouvernement global peut assurer l’harmonie et la compréhension nécessaires à une bonne gouvernance, dans un cadre éthique global. La chaleur de la Terre Mère, dont la divinité s’étend à toute la création, comble, dit-on, le fossé entre la création et le Dieu-Père transcendant du judaïsme et du christianisme en écartant la perspective de devoir être jugés par un tel Être.
Dans cette vision d’un univers clos, contenant « Dieu » et d’autres êtres spirituels en plus de nous-mêmes, nous identifions un panthéisme implicite. C’est là un point fondamental qui transparaît dans toute la pensée et la pratique Nouvel Âge et qui conditionne d’avance toute appréciation positive que l’on pourrait avoir pour l’un ou l’autre des aspects de sa spiritualité. En tant que chrétiens, nous croyons au contraire, que « l’homme est essentiellement créature et qu’il reste tel pour l’éternité, de sorte qu’une absorption du moi humain dans le moi divin ne sera jamais possible ».31
2.3.2. La matrice principale de la pensée Nouvel Âge
La matrice essentielle de la pensée Nouvel Âge réside dans la tradition ésotérico-théosophique, une tradition qui était largement répandue dans les cercles intellectuels européens au XVIIIe et au XIXe siècle. On la retrouve en particulier dans la franc-maçonnerie, le spiritisme, l’occultisme et la théosophie, qui avaient en commun une sorte de culture ésotérique. Dans cette vision du monde, les univers visible et invisible sont reliés entre eux par une série de correspondances, analogies et influences, entre le microcosme et le macrocosme, entre les métaux et les planètes, entre les planètes et les différentes parties du corps humain, entre le cosmos visible et les règnes invisibles de la réalité. La Nature est un être vivant, parcouru par des influx de sympathie et d’antipathie et animé par un feu secret que les êtres humains cherchent à maîtriser. Les hommes peuvent entrer en contact avec les mondes supérieurs ou inférieurs par l’imagination (un organe de l’âme et de l’esprit), ou a travers des médiateurs (anges, esprits, démons) ou des rituels. (1Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux évêques de l’Eglise
Catholique sur quelques aspects de la méditation chrétienne (Orationis Formas), 1989, 14. Cf. Gaudium et Spes, 19; Fides et Ratio, 22.)
Il est possible de s’initier aux mystères du cosmos, de Dieu et du moi à travers un parcours spirituel de transformation. Mais le vrai but est la gnose, la forme la plus haute du savoir, l’équivalent du salut, qui demande une recherche des traditions les plus antiques et les plus élevées de la philosophie (appelée de façon incorrecte philosophia perennis) et de la religion (théologie primordiale), et une doctrine secrète (ésotérique) contenant la clé de toutes les traditions « exotériques » accessibles à tous. Les enseignements ésotériques sont transmis de maître à disciple suivant un programme d’initiation progressif.
Certains pensent que l’ésotérisme du XIXe siècle a été entièrement sécularisé. L’alchimie, la magie, l’astrologie et les autres branches de l’ésotérisme traditionnel ont été complétées par des éléments de la culture moderne, tels que la recherche des lois de causalité, l’évolutionnisme, la psychologie et l’étude des religions. Cette forme d’ésotérisme a atteint sa forme la plus achevée dans la présentation qu’en a fait Hélène Blavatsky, le médium russe qui, avec Henry Olcott, fonda la Société théosophique en 1875 à New York. Cette société, qui entendait fusionner des éléments des traditions orientale et occidentale dans un type de spiritualisme évolutif, s’était donnée trois grands objectifs:
1) « Former le noyau de la Fraternité Universelle de l’humanité, sans distinction de race, religion, caste ou couleur.
2) « Promouvoir l’étude des religions comparées, de la philosophie et de la science.
3) « Explorer les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs latents de l’homme.
« Le sens de ces objectifs… devrait être clair. Le premier est un rejet implicite du ‘fanatisme irrationnel’ et du ‘sectarisme’ du christianisme traditionnel, tel que le perçoivent les spirites et les théosophes… Ce qui n’est pas immédiatement évident dans ces objectifs, c’est que pour les théosophes la ‘science’ signifiait les sciences occultes, et la philosophie l’occulta philosophia. Enfin, les lois de la nature sont de nature occulte ou psychique et l’étude des religions comparées est censée révéler la ‘tradition primordiale’, qui s’inspire en définitive de la philosophia perennis hermétique ».32
Une des lignes de force des ouvrages de Mme Blavatsky était l’émancipation de la femme, ce qui impliquait une attaque contre le Dieu « mâle » du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Elle prônait un retour à la déesse mère de l’hindouisme et à la pratique des vertus féminines. Ses idées furent reprises ensuite par Annie Besant, qui était à l’avant-garde du mouvement féministe. Les mouvements Wicca et « Women’s spirituality » poursuivent aujourd’hui cette bataille contre le christianisme « patriarcal ».
Marilyn Ferguson a consacré un chapitre de son livre Les enfants du Verseau aux précurseurs de l’ère du Verseau, à ceux qui jetèrent les bases d’une vision transformatrice fondée sur l’élargissement de la conscience et l’expérience du dépassement de soi. Elle cite en particulier le psychologue américain William James et le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. William James affirmait que la religion est une expérience, mais pas un dogme, et il proclamait que les hommes peuvent modifier leur attitude mentale au point de devenir les artisans de leur propre destin. Jung mit l’accent sur le caractère transcendant de la conscience et introduisit la notion d’inconscient collectif, une sorte de réservoir de symboles et de souvenirs communs aux peuples de tous les temps et de toutes les cultures. D’après Wouter Hanegraaff, ces deux auteurs ont contribué à la « sacralisation de la psychologie », qui deviendra un élément important de la pensée et de la pratique Nouvel Âge. En effet, Jung, « n’a pas seulement psychologisé l’ésotérisme, mais il a aussi sacralisé la psychologie en la chargeant des contenus de la spéculation ésotérique. Il en a résulté un corps de théories qui permettent aux hommes de parler de Dieu en désignant en fait leur propre psyché, et de leur propre psyché désignant la divinité. Si la psyché est ‘l’esprit’ et si Dieu est lui aussi ‘esprit’, parler de l’un équivaut à parler de l’autre ».33 À l’accusation d’avoir « psychologisé » le christianisme, il répondait que « la psychologie est le mythe moderne, et ce n’est qu’à la lumière du mythe contemporain que nous pouvons comprendre la foi ».34 Il est certain que la psychologie de Jung éclaire maints aspects de la foi chrétienne, et notamment la nécessité d’affronter la réalité du mal, mais ses convictions religieuses varient tellement au cours des diverses époques de sa vie, qu’il s’en dégage une image confuse de Dieu. Un élément central de sa pensée est le culte du soleil, dans lequel Dieu est l’énergie vitale (libido) de la personne.35 Comme il le dit lui-même, « cette comparaison n’est pas qu’un simple jeu de mots ».36 En réalité, Jung se réfère au « dieu intérieur », cette divinité essentielle qu’il voyait dans tout être humain. Le chemin du monde intérieur passe par l’inconscient. Et dans le monde extérieur, ce qui correspond au monde intérieur est l’inconscient collectif.
Cette tendance à confondre la psychologie et la spiritualité fut reprise par le Mouvement de Développement du Potentiel Humain, qui s’est développé à la fin des années 1960 à l’Institut Esalen, en Californie. La psychologie transpersonnelle, fortement influencée par les religions orientales et par Jung, propose un parcours contemplatif où la science et le mysticisme se rencontrent. L’accent mis sur la corporéité, la recherche de techniques d’élargissement de la conscience et l’intérêt porté aux mythes de l’inconscient collectif étaient autant d’incitations à rechercher le « Dieu intérieur » en soi. Pour réaliser son potentiel, l’homme devait dépasser son ego et devenir le dieu qu’il est au fin fond de lui-même. Pour cela, il fallait choisir la thérapie appropriée: méditation, expériences parapsychologiques, recours aux drogues hallucinogènes. Tous ces moyens devaient permettre de réaliser des expériences « ultimes » ou « mystiques », de fusion avec Dieu et avec le cosmos.
Le symbole du Verseau, emprunté à la mythologie astrologique, est devenu le signe d’une aspiration à un monde radicalement nouveau. Deux centres en particulier se sont fait les grands promoteurs du Nouvel Âge à l’origine, et le sont encore aujourd’hui, dans une certaine mesure: il s’agit de la communauté de Findhorn, au nord-est de l’Écosse, et le Centre de Développement du Potentiel Humain de Big Sur, en Californie, aux États-Unis. La diffusion du Nouvel Âge a été fortement alimentée par le développement d’une conscience globale et par la crainte croissante d’une crise écologique imminente.
2.3.3. Les grands thèmes du Nouvel Âge
Le Nouvel Âge n’est pas à proprement parler une religion, bien qu’il s’intéresse à ce que l’on appelle « divin ». Il consiste essentiellement dans une association informelle regroupant toutes sortes d’activités, d’idées et d’individus pouvant répondre à cette appellation. On n’y trouve donc pas de structure pouvant être comparée, même de loin, aux doctrines des religions organisées. Mais malgré cela, et en dépit de l’immense variété constatée au sein du Nouvel Âge, il est possible de dégager quelques points communs:
– Le cosmos est un tout organique;
– Il est animé par une Énergie, qui est assimilée à l’âme ou l’esprit de Dieu;
– On croit dans la médiation de diverses entités spirituelles: les humains sont capables de s’élever jusqu’aux sphères supérieures de l’invisible et de contrôler leur vie après la mort;
– On croit dans l’existence d’une « connaissance éternelle », antérieure et supérieure à toutes les religions et cultures;
– Les individus suivent des maîtres illuminés…
2.3.4. Que dit le Nouvel Âge de…
2.3.4.1. … la personne humaine?
Le Nouvel Âge croit fermement dans la perfectibilité de la personne humaine au moyen d’un large éventail de techniques et de thérapies (par opposition à la conception chrétienne de la coopération avec la grâce divine). Il est généralement d’accord pour dire avec Nietzsche que le christianisme a empêché la pleine manifestation de l’humanité authentique. La perfection, dans cette optique, consiste dans la réalisation de soi suivant un ordre de valeurs que nous créons nous-mêmes et que nous accomplissons par nos propres forces. Aussi peut-on parler d’un moi auto-créateur. De ce point de vue, il y a davantage d’écart entre les hommes tels qu’ils sont aujourd’hui et tels qu’ils seront quand ils auront pleinement réalisé leur potentiel, qu’il n’y en a entre les hommes et les anthropoïdes.
Il est bon de bien distinguer l’ésotérisme, qui est une recherche de la connaissance, de la magie ou occultisme, qui est un outil pour obtenir des pouvoirs. Certains groupes sont à la fois ésotériques et occultistes. Au cœur de l’occultisme, il y a une volonté de puissance basée sur le rêve de devenir divin. Les techniques d’élargissement de la conscience sont destinées à révéler aux hommes leur pouvoir divin, qui leur permettra d’ouvrir la voie à l’ère de l’Illumination. Une des formes extrêmes de cette exaltation de l’humanité qui invertit le juste rapport entre Créateur et créature est le satanisme. Satan devient le symbole d’une rébellion contre les conventions et les règles, un symbole qui prend souvent des formes agressives, égoïstes et violentes. Certains groupes protestants ont manifesté leur inquiétude devant la présence subliminale de ce qu’ils considèrent comme un symbolisme satanique dans certaines variétés de musique rock, qui ont une grande influence sur les jeunes. On est bien loin du message de paix et d’harmonie du Nouveau Testament! C’est là une des conséquences de l’exaltation de l’homme, quand celle-ci en vient à nier l’existence d’un Dieu transcendant.
Ce phénomène ne touche pas seulement les jeunes. Les thèmes fondamentaux de la culture ésotérique sont également présents dans les domaines de la politique, de l’éducation et de la législation.37 C’est le cas en particulier de l’écologie. En mettant fortement l’accent sur le bio-centrisme, l’écologie radicale finit par rejeter la vision anthropologique de la Bible dans laquelle les hommes sont au centre du monde parce que qualitativement supérieurs aux autres formes naturelles. C’est une tendance très marquée aujourd’hui dans la législation et dans l’éducation, même si elle rabaisse l’humanité. Cette même matrice culturelle ésotérique apparaît dans les théories qui sont à la base des politiques de contrôle des naissances et des expérimentations de génie génétique, et qui semblent exprimer le rêve des hommes de se créer à nouveau. Comment espèrent- on y parvenir? En déchiffrant le code génétique, en altérant les lois naturelles de la sexualité, en défiant les limites de la mort.
Dans ce qui peut être considéré comme une présentation classique du Nouvel Âge, les individus naissent avec une étincelle divine, concept qui est une réminiscence du gnosticisme ancien. Ce fait les relie à l’unité du Tout. Ils sont donc vus, essentiellement, comme des êtres divins, bien qu’ils participent de cette divinité cosmique à des niveaux de conscience différents. Nous sommes co-créateurs et nous créons notre propre réalité. Certains auteurs Nouvel Âge soutiennent que nous choisissons les circonstances de notre vie (et même notre état de santé, bon ou mauvais), dans une vision où chaque individu est considéré comme la source créatrice de l’univers. Mais nous devons faire un voyage pour découvrir notre place exacte dans l’unité du cosmos. Ce voyage est la psychothérapie, et le salut est la reconnaissance de la conscience universelle. Il n’y a pas de péché: il n’y a qu’une connaissance imparfaite. L’identité de chaque être humain est diluée dans l’être universel et dans la série des incarnations successives. Les individus sont soumis à l’influence déterminante des astres, mais peuvent s’ouvrir à la divinité qui vit en eux à travers la recherche constante (à l’aide des techniques appropriées) d’une plus grande harmonie entre le moi et l’énergie cosmique divine. Point n’est besoin de Révélation ou de Salut venu de l’extérieur: il suffit de faire l’expérience du salut présent au fond de soi-même (auto-rédemption), grâce à la maîtrise des techniques psychophysiques menant à l’illumination définitive.
Certaines étapes de ce parcours d’auto-rédemption sont préparatoires (méditation, bien-être corporel, émanation d’énergies d’auto- guérison). Elles représentent le point de départ de processus de spiritualisation, de perfectionnement et d’illumination qui contribue à améliorer la maîtrise de soi et la concentration psychique sur la « transformation » du moi individuel en « conscience cosmique ». La personne humaine est destinée à connaître une série de réincarnations dans lesquelles son âme passera d’un corps à un autre. Il ne s’agit pas ici du cycle du samsara au sens d’une purification comme châtiment, mais d’une montée progressive vers le développement parfait de son potentiel.
On fait appel à la psychologie pour expliquer l’élargissement de la conscience comme expérience « mystique ». Le yoga, le zen, la méditation transcendantale et les exercices tantriques mènent à l’expérience de la pleine réalisation de soi ou illumination. Les expériences extraordinaires (le rebirthing qui consiste à revivre sa propre naissance, les voyages aux portes de la mort, le biofeedback, la danse et même les drogues, tout ce qui peut produire une altération de l’état de conscience) mènent à la conscience de l’unité et à l’illumination. Comme il y a un seul Esprit, certaines personnes peuvent servir de canal pour approcher les êtres supérieurs. Chaque partie de cet unique être universel est reliée à toutes les autres parties. L’approche classique au Nouvel Âge est celle de la psychologie transpersonnelle, dont les principaux concepts sont l’Esprit universel, le moi supérieur, l’inconscient collectif ou personnel et l’ego individuel. Le moi supérieur, qui est notre véritable identité, jette un pont entre Dieu comme intelligence divine et l’humanité. Le développement spirituel est ce contact avec le moi supérieur qui permet de dépasser toute forme de dualisme entre sujet et objet, vie et mort, psyché et soma, moi et aspects fragmentaires du moi. Notre personnalité limitée est comme une ombre ou un rêve projeté par le moi authentique. Le moi supérieur contient le souvenir des (ré)incarnations précédentes.
2.3.4.2. …Dieu?
Le Nouvel Âge a une préférence marquée pour les religions orientales ou pré-chrétiennes, considérant qu’elles n’ont pas été touchées par les distorsions judéo-chrétiennes. D’où son intérêt pour les antiques rites agricoles et les cultes de la fécondité. « Gaia », la Terre Mère, est présentée comme une alternative à Dieu le Père, dont l’image est trop entachée d’une conception patriarcale de domination de l’homme sur la femme. S’il est question de Dieu, ce n’est jamais un Dieu personnel. Le Dieu dont parle le Nouvel Âge n’est ni personnel, ni transcendant. Ce n’est ni le Créateur, ni le sustentateur aimant de l’univers, mais une « énergie impersonnelle » immanente au monde, avec lequel elle forme une « unité cosmique »: « Tout est un ». Cette unité est moniste, panthéiste, ou plus exactement panenthéiste. Dieu est le « principe de vie », « l’esprit ou âme du monde », la somme totale de la conscience existant dans l’univers. En un certain sens, tout est Dieu. Et comme la présence de Dieu se manifeste surtout dans les aspects spirituels de la réalité, on peut dire, d’une certaine façon, que tout esprit est Dieu.
Quand les personnes humaines la reçoivent consciemment, « l’énergie divine » est souvent qualifiée aussi d’ « énergie christique ». Mais le Christ dont il est question n’est pas Jésus de Nazareth. Le titre de « Christ » est donné à tout homme qui atteint un état de conscience dans lequel il perçoit sa propre divinité et peut donc se considérer comme un « Maître universel ». Jésus de Nazareth n’était pas le Christ, mais seulement un des nombreux personnages historiques en qui cette nature « christique » s’est révélée, comme Bouddha et d’autres encore. Toute manifestation historique du Christ montre clairement que les êtres humains sont tous célestes et divins, et les mène à cette compréhension.
Le niveau le plus intérieur et personnel (« psychique ») auquel les être humains « perçoivent » cette « énergie cosmique divine » est aussi appelé « Esprit Saint ».
2.3.4.3. …le monde?
L’abandon du modèle mécaniste de la physique classique au profit du modèle « holistique » de la physique atomique et subatomique moderne, basée sur le concept de matière comme ondes ou énergie plutôt que comme particules, a joué un rôle déterminant dans la pensée Nouvel Âge. L’univers est un océan d’énergie, vu comme un tout unique ou un réseau de relations. L’énergie qui anime cet organisme unique est « l’esprit ». Il n’y a pas d’altérité entre Dieu et le monde. Le monde, qui est lui-même divin, suit un processus évolutif allant de la matière inerte à la « conscience supérieure et parfaite ». Le monde est incréé, éternel et autosuffisant. Le futur du monde dépend d’une dynamique interne qui est nécessairement positive, et qui mène à l’unité divine (réconciliée) de tout ce qui existe. Dieu et le monde, l’âme et le corps, l’intelligence et le sentiment, le ciel et la terre forment une seule immense vibration d’énergie.
James Lovelock, dans son ouvrage sur l’Hypothèse Gaia, dit que « tout le spectre du vivant sur la Terre, des baleines aux virus et des chênes aux algues, peut être considéré comme formant une entité vivante unique, capable de manipuler l’atmosphère terrestre pour subvenir à ses besoins généraux et dotée de facultés et de pouvoirs bien supérieurs à ceux des parties qui la composent ».38 Pour certains, l’hypothèse Gaia est « une étrange synthèse d’individualisme et de collectivisme. Tout se passe comme si le Nouvel Âge, après avoir séparé les individus au moyen de politiques sectorielles, avait hâte de les jeter dans le grand chaudron de la pensée globale ». Le cerveau global a besoin d’institutions pour pouvoir gouverner, autrement dit, il a besoin d’un gouvernement mondial. « Pour traiter les problèmes actuels, le Nouvel Âge rêve d’une aristocratie spirituelle s’inspirant de la République de Platon, dirigée par des sociétés secrètes… ».39 Cette façon de voir les choses est peut-être excessive, mais différents signes montrent que l’élitisme gnostique coïncide avec la gouvernance globale dans maintes questions de politique internationale.
Tout dans l’univers est relié. En soi, chaque partie est une image de la totalité. Le tout est dans chaque chose, et chaque chose est dans le tout. Dans la « grande chaîne des êtres », tous les êtres sont intimement liés, ne formant qu’une seule famille avec différents degrés d’évolution. Chaque homme est un hologramme, une image de la création tout entière, dont chaque élément vibre à sa propre fréquence. L’homme est un neurone du système nerveux central de la Terre, et toutes les entités individuelles ont entre elles une relation de complémentarité. En fait, il existe une complémentarité interne, ou androgynie, dans toute la création.40
Un des thèmes récurrents, dans les écrits et la pensée Nouvel Âge, est le « nouveau paradigme » introduit par la science contemporaine. « La science nous a donné un aperçu des ensembles et des systèmes, des forces à l’œuvre et des transformations. Nous apprenons à distinguer les tendances, à déceler les signes avant-coureurs d’un paradigme nouveau et plus prometteur. Nous créons des scénarios alternatifs du futur. Ayant constaté l’échec des anciens systèmes, nous imposons de nouvelles grilles de lecture pour traiter les problèmes dans tous les domaines ».41 Jusqu’à présent, ce « changement de paradigme » a été un changement de perspective radical, mais rien d’autre. Toute la question est de savoir si le changement sera effectivement à la hauteur de la pensée, et dans quelle mesure la transformation intérieure peut influer sur le monde extérieur. On est bien obligé de se demander, même sans l’intention de porter un jugement négatif, jusqu’à quel point une théorie peut être scientifique lorsqu’elle comporte des affirmations comme celle-ci: « La guerre est impensable dans une société d’individus indépendants qui ont découvert que l’humanité tout entière est interdépendante, qui n’ont pas peur des idées et des cultures différentes, et qui savent que toutes les révolutions commencent en soi-même et qu’on ne peut pas imposer aux autres sa propre marque d’illumination ».42 Il n’est pas logique de soutenir que parce qu’une chose est impensable, elle ne peut pas se produire. Un tel raisonnement est proprement gnostique, en ce sens qu’il donne trop d’importance à la connaissance et à la conscience. Il ne s’agit pas ici de contester le rôle fondamental et déterminant du développement de la conscience dans les découvertes scientifiques, mais seulement de mettre en garde contre la tendance à projeter sur la réalité externe ce qui n’est encore que du domaine de la pensée.
2.4. « Hôtes de l’histoire ou du mythe »[mfn]43[/mfn] ? :
Nouvel Âge et culture
« Au fond, l’attrait pour le Nouvel Âge est lié à la fascination pour le moi, sa valeur, ses capacités et ses problèmes, une fascination encouragée par la culture ambiante. Car si la religiosité traditionnelle, avec son organisation hiérarchique, favorise la communauté, la spiritualité détachée de la tradition favorise l’individualité. Le Nouvel Âge est ‘du’ moi, par le fait qu’il encourage la célébration de ce qui doit être et advenir; et ‘pour’ le moi, parce qu’en prenant ses distances par rapport à la culture ambiante, il est bien placé pour traiter les problèmes d’identité liés aux modes de vie conventionnels ».44
Le rejet de la tradition sous la forme des organisations patriarcales, hiérarchiques, sociales ou ecclésiales, débouche sur la recherche d’une autre forme de société, qui s’inspire clairement de la conception moderne du moi. Beaucoup de textes Nouvel Âge soutiennent qu’on ne peut rien faire (directement) pour changer le monde, mais qu’on peut tout faire pour se changer soi-même. Changer la conscience individuelle est considéré comme une façon (indirecte) de changer le monde. Le principal outil du changement social est l’exemple personnel. La reconnaissance de l’exemple personnel au niveau mondial aboutira rapidement à une transformation de l’âme collective qui sera la caractéristique majeure de notre temps. Cela fait évidemment partie du paradigme holistique, mais c’est aussi une façon de réaffirmer la question philosophique classique de l’un et du multiple. On y décèle en outre l’influence de la théorie des correspondances telle qu’elle a été exposée par Jung, et de son rejet de la causalité. Les individus sont des représentations fragmentaires de l’hologramme planétaire. En regardant à l’intérieur de soi, non seulement on connaît l’univers, mais on le change. Mais plus on regarde en soi-même, plus les enjeux politiques tendent à s’estomper. Est-ce réellement conciliable avec la rhétorique de participation démocratique à un nouvel ordre planétaire, ou est-ce une façon déguisée et inconsciente de priver les individus de leurs droits, au risque de les laisser sans défense face aux manipulations? Le souci actuel pour les problèmes planétaires (protection de l’environnement, épuisement des ressources naturelles, surpeuplement, fossé économique entre Nord et Sud, gigantesque arsenal nucléaire et instabilité politique) favorise-t-il l’engagement en faveur des autres questions politiques et sociales, qui sont tout aussi réelles, ou l’entrave-t-il? Le vieil adage selon lequel « charité bien ordonnée commence par soi-même » peut constituer un juste contrepoids à une approche trop égocentrique à ces questions. Certains observateurs du Nouvel Âge voient un risque d’autoritarisme derrière l’apparente indifférence pour la politique. David Spangler lui-même met en garde contre ce danger du Nouvel Âge qu’est « l’abandon insidieux à l’inaction et à l’irresponsabilité dans l’attente de la venue du Nouvel Âge, au lieu d’être les créateurs actifs d’une vie vécue pleinement ».45
Sans aller jusqu’à dire que le quiétisme est omniprésent dans les attitudes Nouvel Âge, on peut cependant craindre que la recherche privée de réalisation de soi propre au mouvement du Nouvel Âge n’aille à l’encontre d’une culture religieuse authentique. À ce propos, trois points doivent être mis en évidence:
– On peut se demander si le Nouvel Âge fait preuve de cohérence intellectuelle lorsqu’il présente un tableau complet de l’univers, dans une vision du monde qui intégrerait à la fois la nature et la réalité spirituelle. Dans cette optique, le monde occidental est un monde divisé, basé sur le monothéisme, la transcendance, l’altérité et la séparation. Un dualisme fondamental se profile dans les distinctions entre réel et idéal, entre relatif et absolu, entre fini et infini, entre humain et divin, entre sacré et profane, entre passé et présent, qui renvoient toutes à la « conscience inquiète » de Hegel et sont vues comme une tragédie. Le Nouvel Âge leur oppose l’unité par la fusion, qui permet de réconcilier l’âme et le corps, le féminin et le masculin, l’esprit et la matière, l’humain et le divin, la terre et l’univers, le transcendant et l’immanent, la religion et la science, les différences entre les religions, le yin et le yang. Dans ce cas, il n’y a plus d’altérité. Ce qui reste, en termes humains, est le transpersonnel. Le monde du Nouvel Âge est un monde sans problème, où il n’y a plus rien à réaliser. Mais la question métaphysique de l’un et du multiple n’est ni résolue, ni même peut-être posée, puisqu’à part ses profonds regrets devant les effets de la désunion et de la division, sa seule réponse est une description de la façon dont les choses apparaîtraient dans une autre vision.
– Le Nouvel Âge emprunte ici et là certains éléments des pratiques religieuses orientales et les réinterprète pour les adapter aux Occidentaux. Cela se traduit par un rejet des notions de péché et de salut, remplacées par celles moralement neutres de dépendance et de libération. Ces références aux influences asiatiques ne sont souvent qu’une simple « pseudo-orientalisation » de la culture occidentale. En outre, il ne s’agit presque jamais d’un dialogue véritable. Dans un contexte où les influences gréco-romaines et judéo-chrétiennes sont suspectes, les influences orientales représentent une alternative à la culture occidentale. La science et la médecine officielle sont jugées inférieures aux approches holistiques, de même que les structures patriarcales et particulières dans le domaine politique et religieux, considérées comme des obstacles à l’avènement de l’ère du Verseau. Encore une fois, il apparaît clairement que le choix des alternatives Nouvel Âge implique une rupture totale avec la tradition d’appartenance. Est-ce vraiment une attitude aussi mure et libérée qu’on ne le croit?
– Les traditions religieuses authentiques encouragent la discipline dans le but d’atteindre la sagesse, l’équanimité et la compassion. Le Nouvel Âge se fait l’écho de l’aspiration profonde et indéracinable de la société à une culture religieuse intégrale et à un idéal plus cohérent et plus éclairé que ce qu’offrent généralement les hommes politiques, mais on ne voit pas bien en quoi une vision fondée sur l’expansion continue du moi peut profiter aux individus ou à la société. Les cours de formation Nouvel Âge (tels le « Erhard Seminar Trainings » [EST], etc.) allient les valeurs de la contre-culture au désir de réussir propre à la culture ambiante, la satisfaction intérieure au succès extérieur. Les séminaires « Spirit of Business » de Findhorn visent à transformer l’expérience du travail, tout en augmentant la productivité. Certains adeptes du Nouvel Âge s’emploient non seulement à devenir plus authentiques et spontanés, mais aussi plus riches (à l’aide de la magie, etc.). « Ce qui rend les choses encore plus attrayantes pour les hommes d’affaires soucieux de la compétitivité de leur entreprise, c’est que les formations Nouvel Âge semblent promouvoir des idées plus humanistes dans le monde des affaires. Le lieu de travail y est présenté comme un ‘milieu d’apprentissage’, où il faut ‘insuffler la vie dans le travail’ et ‘humaniser le travail’. Il y est question de ‘réalisation du manager’, de ‘priorité aux personnes’ ou de ‘débloquer le potentiel’. Présentées par des formateurs Nouvel Âge, ces idées sont faites pour séduire les hommes et les femmes d’affaires qui ont déjà suivi des formations plus terre-à-terre et qui souhaitent approfondir le sujet, avec le double objectif de contribuer à leur réussite personnelle, à leur bien-être et à leur joie de vivre, et d’accroître la productivité commerciale ».46 S’il est évident que les personnes qui suivent ces formations cherchent réellement la sagesse et l’équilibre intérieur pour leur propre bénéfice, on peut par contre se demander si les activités dans lesquelles elles sont engagées contribuent au bien commun. Au-delà des motivations avancées, tous ces phénomènes doivent être jugés en fonction de leurs résultats, et toute la question est de savoir s’ils promeuvent le moi ou la solidarité, et cela non seulement avec les baleines, les arbres ou ceux qui partagent les mêmes idées, mais avec toute la création, et donc aussi avec l’humanité tout entière. Car comme le dit le cardinal Joseph Ratzinger, le risque le plus insidieux de toute philosophie de l’égoïsme, lorsqu’elle est adoptée par les institutions ou par un grand nombre de personnes, est qu’elle se traduise par un ensemble de « stratégies destinées à réduire le nombre de ceux qui mangeront à la table de l’humanité ».47 Tel est le critère fondamental pour mesurer l’impact de toute philosophie ou théorie. Le christianisme cherche toujours à évaluer les tentatives humaines d’après leur ouverture au Créateur et à toutes les autres créatures, avec un respect fermement ancré dans l’amour.
2.5. Pourquoi le Nouvel Âge s’est-il répandu si vite et si facilement?
Au-delà des questions et des critiques qu’il peut susciter, le Nouvel Âge est une tentative pour apporter un peu de chaleur dans un monde dur et impitoyable. En réaction contre la modernité, il agit avant tout au niveau des sentiments, des instincts et des émotions. L’anxiété face à un futur apocalyptique fait d’instabilité économique, d’incertitude politique et de changements climatiques joue un rôle important en poussant les individus à établir un rapport différent, résolument optimiste, avec le cosmos. Il y a là une recherche de plénitude et de bonheur, souvent à un niveau expressément spirituel. Ce n’est pas un hasard si le Nouvel Âge a eu un tel succès à une époque marquée par l’exaltation quasi universelle de la diversité. La culture occidentale est allée trop loin dans la tolérance, au sens d’une acceptation passive ou résignée des idiosyncrasies des individus ou des groupes minoritaires, ce qui a entraîné une érosion du respect pour la normalité, considérée comme un concept chargé d’une valence morale et nécessairement lié à des normes absolues. Pour un nombre croissant de personnes, les croyances et les normes absolues trahissent l’incapacité d’accepter le point de vue et les convictions d’autrui. Dans une telle atmosphère, les styles de vie et les systèmes alternatifs ont connu un véritable boom: il est désormais non seulement admis, mais recommandé d’être différent.48
Il faut toujours bien garder à l’esprit que les individus adhèrent au Nouvel Âge de différentes manières et à différents niveaux. Dans la plupart des cas, il n’y pas une véritable « appartenance » à un groupe ou à un mouvement, ni un intérêt particulier pour les principes qui se trouvent à la base du Nouvel Âge. Bien souvent, ils sont attirés par les thérapies ou par certaines pratiques sans se poser de questions sur leurs fondements, ou sont de simples consommateurs occasionnels de produits portant l’étiquette « Nouvel Âge ». Ceux qui ont recours à l’aromathérapie ou qui écoutent de la musique Nouvel Âge, par exemple, s’intéressent surtout aux effets que cela peut avoir sur leur santé ou leur bien-être. Seule une minorité d’entre eux tentent d’approfondir la question et d’en saisir les implications théoriques (ou « mystiques »). Cela s’accorde d’ailleurs parfaitement avec les modèles de consommation propres aux sociétés où le divertissement et les loisirs ont une telle importance. Le « mouvement » s’est parfaitement adapté aux règles du marché, et sa diffusion est due en partie grâce à ses propositions si intéressantes du point de vue économique. Dans certaines cultures, le Nouvel Âge est même considéré comme un produit conçu en appliquant les principes du marketing à un phénomène religieux.49 Il y aura toujours moyen de tirer profit des besoins spirituels des gens. Comme beaucoup d’éléments de l’économie contemporaine, le Nouvel Âge est un phénomène global entretenu et alimenté par les informations des moyens de communication sociale. On peut discuter sur le point de savoir si cette communauté globale a été créée par les moyens de communication, mais ce qui est certain, c’est que les publications destinées au grand public et les communications de masse ont assuré une diffusion rapide et quasiment universelle des notions communes promues par les adeptes et les sympathisants du Nouvel Âge. Cependant, on ne peut affirmer avec certitude ni que cette diffusion rapide des idées est fortuite, ni qu’elle est délibérée, car nous avons affaire à une forme de « communauté » très peu structurée. Comme les cybercommunautés créées par l’Internet, c’est un domaine où les rapports individuels sont soit très impersonnels, soit interpersonnels, mais dans un sens très sélectif.
Le Nouvel Âge est devenu extrêmement populaire comme ensemble fluide de croyances, thérapies et pratiques souvent choisies et combinées à volonté, sans souci des incompatibilités ou incohérences que cela peut entraîner. Cela n’a d’ailleurs pas de quoi surprendre, s’agissant d’une vision du monde qui privilégie délibérément la pensée intuitive de l’hémisphère droit du cerveau. C’est pourquoi il est très important de bien cerner les principales caractéristiques des idées Nouvel Âge. Ce qu’il propose est souvent défini comme étant simplement « spirituel » plutôt que comme appartenant à une religion déterminée, mais en réalité les liens avec les religions orientales sont beaucoup plus étroits que ne l’imaginent la plupart de ses « consommateurs ». C’est certainement un point important à considérer dans le choix des groupes « de prière », mais c’est aussi un problème sérieux dans la gestion d’un nombre croissant d’entreprises dont les employés sont invités à pratiquer la méditation et à adopter des techniques d’élargissement de la conscience dans le cadre de leur activité professionnelle.50
Pour finir, il convient de traiter brièvement la question très complexe de la promotion concertée du Nouvel Âge comme idéologie. Certains groupes ont réagi au Nouvel Âge en lançant des accusations de conspiration, mais on leur a répondu qu’il s’agit plutôt d’un changement culturel spontané dont le cours est en grande partie déterminé par des influences échappant à tout contrôle humain. Il suffit de souligner que le Nouvel Âge partage avec un certain nombre de groupes influents au plan international l’objectif de supplanter ou de dépasser les religions particulières pour faire place à une religion universelle capable d’unifier l’humanité. Dans cette même perspective, il faut signaler l’effort très concerté, de la part de certaines institutions, pour formuler une éthique globale, un cadre éthique qui reflèterait la nature globale de la culture, de l’économie et de la politique contemporaines. Par ailleurs, la politisation des questions écologiques donne incontestablement une coloration particulière à l’hypothèse Gaia, ou culte de la Terre Mère.
3
NOUVEL ÂGE
ET SPIRITUALITÉ CHRÉTIENNE
3.1. Le Nouvel Âge comme spiritualité
Le Nouvel Âge est souvent défini par ses promoteurs comme une « nouvelle spiritualité ». L’emploi du terme « nouveau » ici pourrait sembler paradoxal, sachant que tant d’idées Nouvel Âge sont empruntées aux religions et aux cultures antiques. Ce qu’il y a de vraiment nouveau dans le Nouvel Âge, c’est la recherche consciente d’une alternative à la culture occidentale et à ses racines religieuses judéo-chrétiennes. La « spiritualité » indique ici cette expérience intérieure d’harmonie et d’unité avec l’ensemble de la réalité qui éloigne le sentiment de l’imperfection et de la finitude humaine. L’individu se découvre un lien profond avec la force ou énergie sacrée universelle présente au cœur de toute vie. Ayant fait cette découverte, il peut entreprendre un chemin de perfection qui lui permettra de décider de sa vie personnelle et de son rapport au monde, et d’occuper sa place dans le processus universel du devenir et dans la Nouvelle Genèse d’un monde en perpétuelle évolution. Il en résulte un mysticisme cosmique,51 découlant de la prise de conscience d’un univers bourgeonnant d’énergies dynamiques. Ainsi l’énergie cosmique, la vibration, la lumière, Dieu, l’amour, et même le moi supérieur, tout peut être ramené à une seule et même réalité, la source primordiale présente dans chaque être.
Cette spiritualité consiste en deux éléments distincts, l’un métaphysique et l’autre psychologique. La composante métaphysique, qui vient des racines ésotériques et théosophiques du Nouvel Âge, est en réalité une nouvelle forme de gnose. L’accès au divin passe par la connaissance des mystères cachés, au moyen d’une recherche individuelle « du réel derrière ce qui n’est que simple apparence, de l’origine au-delà du temps, du transcendant derrière ce qui paraît passager, de la tradition originaire derrière la tradition éphémère, de l’autre derrière le moi, de la divinité cosmique au-delà de l’individu incarné ». La spiritualité ésotérique « est une recherche de l’Être derrière la séparation des êtres, une sorte de nostalgie de l’unité perdue ».52
« On reconnaît ici la matrice gnostique de la spiritualité ésotérique, qui apparaît de façon évidente quand les enfants du Verseau cherchent l’unité transcendante des religions. Des religions historiques, ils ont tendance à ne prendre que leur noyau ésotérique, dont ils se proclament les gardiens. D’une certaine façon, ils nient l’histoire et n’admettent pas que la spiritualité puisse prendre racine dans le temps ou dans une institution quelconque. Jésus de Nazareth n’est pas Dieu, mais l’une des nombreuses manifestations historiques du Christ universel et cosmique ».53
La composante psychologique de ce type de spiritualité naît de la rencontre entre culture ésotérique et psychologie (cf. 2.32). Le Nouvel Âge devient alors une expérience de transformation psycho-spirituelle individuelle, considérée comme analogue à l’expérience religieuse. Pour certaines personnes, cette transformation prend la forme d’une expérience mystique intense à la suite d’une crise personnelle ou au terme d’une longue recherche spirituelle. Pour d’autres, elle découle de la pratique de la méditation, d’une thérapie, ou encore d’expériences paranormales qui, en altérant l’état de conscience, permettent d’avoir un aperçu de l’unité de la réalité.54
3.2. Un narcissisme spirituel?
Divers auteurs considèrent la spiritualité Nouvel Âge comme une forme de narcissisme spirituel ou de pseudo-mysticisme. Il est intéressant de noter que cette critique a même été formulée par David Spangler, un membre reconnu du Nouvel Âge qui, dans ses derniers ouvrages, a pris ses distances vis-à-vis des aspects les plus ésotériques de ce courant de pensée.
Il dit notamment que, dans les formes les plus courantes du Nouvel Âge, « les individus et les groupes se livrent à leurs rêves d’aventures et de pouvoir, généralement sous une forme occulte ou millénariste… Ils se distinguent par leur attachement à un monde intérieur centré sur la réalisation de soi, qui se traduit (quoique d’une façon souvent insidieuse) par un retrait du monde. À ce niveau, le Nouvel Âge est peuplé d’êtres étranges et exotiques, maîtres, adeptes, extraterrestres. C’est un lieu de pouvoirs psychiques et de mystères occultes, de conspirations et d’enseignements cachés ».55
Dans un ouvrage postérieur, David Spangler énumère ce qu’il considère comme les aspects négatifs ou « ombres » du Nouvel Âge: « aliénation du passé au nom de l’avenir; attachement à la nouveauté pour elle-même…; manque de discrimination et de discernement au nom de l’intégrité et de la communion, d’où l’incapacité de comprendre et de respecter le rôle des limites…; confusion entre phénomènes psychiques et sagesse, entre channeling et spiritualité, entre perspective Nouvel Âge et vérités dernières ».56 Pourtant, Spangler est convaincu que cet égoïste et ce narcissisme irrationnel ne concernent qu’un petit nombre d’adhérents. Les aspects positifs qu’il met en lumière sont la fonction du Nouvel Âge comme image du changement et incarnation du sacré, et le fait que la plupart des membres sont « de très sérieux chercheurs de la vérité » au service de la vie et de l’évolution spirituelle.
L’aspect commercial de beaucoup de produits et de thérapies portant l’étiquette New-Agers est mis en évidence par David Toolan, un jésuite américain qui a fréquenté pendant plusieurs années les milieux Nouvel Âge. Il observe que les Nouvel Âgers ont découvert la vie intérieure, qu’ils sont fascinés par la perspective d’être responsables du monde, mais que par ailleurs ils tombent facilement dans l’individualisme et tendent à tout voir comme un objet de consommation. De ce point de vue, si la spiritualité Nouvel Âge n’est pas chrétienne, elle n’est pas non plus bouddhiste, dans la mesure où elle ne prône pas le renoncement. Le rêve d’union mystique semble aboutir, dans les faits, à une union purement virtuelle qui finit par laisser les individus encore plus insatisfaits et plus seuls.
3.3. Le Christ cosmique
Aux premiers temps du christianisme, les croyants en Jésus- Christ furent contraints d’affronter les religions gnostiques. Loin de les ignorer, ils relevèrent le défi en appliquant à Jésus-Christ les termes employés pour s’adresser aux divinités cosmiques. Le meilleur exemple en est le fameux hymne au Christ de l’Épître de saint Paul aux Colossiens:
“Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature,
car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses,
dans les cieux et sur la terre,
les visibles et les invisibles,
Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances
tout a été créé par lui et pour lui
Il est avant toute chose et toute chose subsiste en lui.
Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église:
Il est le Principe, Premier-Né d’entre les morts,
il fallait qu’il obtint en tout la primauté
car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude
et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui,
aussi bien sur la terre que dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix” (Col 1, 15-20).
Ces premiers chrétiens n’attendaient pas une nouvelle ère cosmique. Par cet hymne, ils célébraient l’accomplissement de toute chose qui avait commencé en Jésus-Christ. « En réalité, le temps s’est accompli par le fait même que Dieu, par l’Incarnation, s’est introduit dans l’histoire de l’homme. L’éternité est entrée dans le temps; peut-il y avoir un ‘accomplissement’ plus grand que celui-là? Peut-il même y avoir un autre ‘accomplissement’ »? 57 La croyance gnostique dans les forces cosmiques et dans un destin plutôt nébuleux nie la possibilité d’un rapport avec le Dieu personnel révélé en Jésus-Christ. Pour les chrétiens, le vrai Christ cosmique est celui qui est activement présent dans les divers membres de son corps qu’est l’Église. Ils ne s’adressent pas à des forces cosmiques impersonnelles, mais à la sollicitude aimante d’un Dieu personnel. Pour eux, le biocentrisme doit être transposé dans une série de rapports sociaux (dans l’Église). Et loin d’être prisonniers d’un modèle cyclique d’événements cosmiques, ils se concentrent sur le Jésus historique et en particulier sur sa crucifixion et sa résurrection. Nous trouvons dans la lettre aux Colossiens et dans le Nouveau Testament une doctrine différente de celle implicitement présente dans la pensée Nouvel Âge: la conception chrétienne de Dieu est celle d’une Trinité de Personnes qui a créé la race humaine avec le désir de partager la communion de vie trinitaire avec des créatures humaines. Bien compris, cela signifie qu’une véritable spiritualité n’est pas notre quête de Dieu mais Dieu qui nous recherche.
Dans les cercles Nouvel Âge circule aussi une conception bien différente de la signification cosmique du Christ. « Le Christ cosmique est le modèle divin qui trouve unité dans la personne de Jésus-Christ (mais ne se limite pas à cette personne). Le modèle divin d’unité s’est fait chair et il a campé parmi nous (Jn 1, 14)… Le Christ cosmique… libère de l’asservissement et du pessimisme de l’univers mécaniciste newtonien, un univers de compétition, de gagnants et de perdants, de dualisme, d’anthropocentrisme, ainsi que de l’ennui de voir notre univers merveilleux réduit à une machine sans mystère ni mysticisme. Le Christ cosmique est local et historique, il est même intimement associé à l’histoire humaine. Le Christ cosmique pourrait vivre près de nous, ou même dans notre moi le plus profond et le plus authentique ».58 Bien que cette affirmation ne soit pas partagée par tous ceux qui gravitent autour du Nouvel Âge, elle en fait pourtant une description très juste et met bien en valeur les différences entre les deux conceptions du Christ. Pour le Nouvel Âge, le Christ cosmique est un modèle qui peut se répéter dans beaucoup de personnes, de lieux et de temps. Il y a là un énorme changement de paradigme, puisqu’en définitive le Christ n’est plus qu’un potentiel à l’intérieur de nous-mêmes.
Pour la foi chrétienne, Jésus-Christ n’est pas un modèle, mais une personne divine dont la figure, humaine et divine, révèle le mystère de l’amour du Père pour chaque personne au long de notre histoire (Jn 3, 16); il vit en nous parce qu’il partage sa vie avec nous, mais cela n’est ni imposé, ni automatique. Tous les hommes sont invités à participer à sa vie, à vivre « dans le Christ Jésus ».
3.4. Mystique chrétienne et mystique Nouvel Âge
Pour les chrétiens, la vie spirituelle s’inscrit dans un rapport chaque jour plus profond avec Dieu qui éclaire en même temps notre rapport avec le prochain, hommes et femmes, et avec l’univers. La spiritualité, dans l’optique du Nouvel Âge, consiste à expérimenter des états de conscience dominés par un sentiment d’harmonie et de fusion avec le Tout. Ici, le terme « mystique » ne se réfère pas à la rencontre d’un Dieu transcendant dans la plénitude de l’amour, mais à l’expérience, provoquée par le retour sur soi, une sensation grisante de s’abandonner, de ne faire plus qu’un avec l’univers, de s’immerger dans le grand océan de l’Être.59
Cette distinction fondamentale est évidente à tous les niveaux de comparaison entre mysticisme chrétien et mysticisme Nouvel Âge. Pour ce dernier, la voie de la purification consiste dans la prise de conscience d’un malaise ou aliénation, qui peut être surmonté par l’immersion dans le Tout. Pour se convertir, il faut faire appel à des techniques portant à l’illumination, une expérience qui transforme la conscience des individus en les mettant en contact avec le divin, conçu comme l’essence la plus profonde de la réalité.
Les techniques et les méthodes proposées par ce système religieux immanentiste, qui ne conçoit pas Dieu comme une personne, procèdent ‘du bas’. Bien qu’elles comportent une descente dans les profondeurs du cœur ou de l’âme, elles n’en demeurent pas moins l’entreprise essentiellement humaine d’un individu qui cherche à s’élever jusqu’à la divinité par ses propres forces. Il s’agit souvent d’une « élévation » de la conscience vers ce qui est considéré comme la découverte libératrice du « dieu intérieur ». Tous n’ont pas accès à ces techniques, dont les bienfaits sont réservés à une ‘aristocratie’ spirituelle privilégiée.
L’élément fondamental de la foi chrétienne est au contraire la descente de Dieu parmi les créatures, et en particulier les plus humbles, les plus faibles et les moins doués aux yeux de ce « monde ». Il existe des techniques spirituelles qu’il est utile d’apprendre, mais Dieu peut les contourner ou s’en passer. La méthode chrétienne pour s’approcher de Dieu ne fait appel à aucune technique, au sens strict. Ce serait contraire à l’esprit d’enfance recommandé par l’Évangile. Le coeur de la mystique chrétienne authentique n’a rien à voir avec la technique: elle est toujours un don de Dieu, dont celui qui le reçoit sait qu’il est indigne.60
Pour les chrétiens, la conversion est un retour au Père, par le Fils, avec docilité à la puissance de l’Esprit Saint. Et plus ils progressent dans leur rapport avec Dieu, qui est toujours et dans tous les cas un don gratuit, plus ils éprouvent le besoin de se détourner du péché, de la myopie spirituelle et de l’infatuation qui font obstacle à l’abandon confiant à Dieu et à l’ouverture au prochain.
Toutes les techniques de méditation doivent être épurées de toute présomption et prétention. La prière chrétienne, loin d’être un exercice d’auto-contemplation, de sérénité et de vide intérieur, est un dialogue d’amour qui « nécessite une attitude de conversion, un exode du ‘moi’ vers le ‘Tu’ de Dieu ».61 Conduits par elle à l’abandon chaque jour plus total à la volonté de Dieu, nous sommes invités à une profonde et authentique solidarité envers nos frères.62
3.5. Le « dieu intérieur » et la « theosis »
Il s’agit d’un point fondamental opposant le Nouvel Âge au christianisme. Nombre d’ouvrages Nouvel Âge expriment la conviction qu’il n’y a pas d’être divin « là dehors », ou du moins que celui- ci ne se distingue pas vraiment du reste de la réalité. Depuis l’époque de Jung, il y a toujours eu un mouvement professant la croyance dans « le dieu intérieur ». Notre problème, dans l’optique du Nouvel Âge, est que nous sommes incapables de reconnaître notre propre divinité, une incapacité qui peut être surmontée avec l’aide d’un guide spirituel ou au moyen d’une série de techniques destinées à libérer notre potentiel caché (divin). L’idée fondamentale est que ‘Dieu’ est présent au fin fond de nous-mêmes. Nous sommes des dieux, et nous pouvons découvrir le pouvoir illimité qui est en nous en éliminant une à une les couches d’inauthenticité.63 Plus ce potentiel est reconnu, mieux il est réalisé, et en ce sens le Nouvel Âge a une conception bien à lui de la theosis ou divinisation, qui consiste à reconnaître et à accepter notre nature divine. Pour certains, nous vivons « une époque où notre compréhension de Dieu doit être intériorisée: du Dieu Tout-Puissant et extérieur au Dieu comme force dynamique et créative au cœur même de tout être: Dieu comme Esprit ».64
Dans la préface du livre V de Adversus Hæreses, saint Irénée nous parle de « Jésus-Christ qui, à cause de son surabondant amour, est devenu ce que nous sommes afin de faire de nous ce qu’il est ». Telle est la conception chrétienne de la theosis ou divinisation, qui ne saurait être l’aboutissement de nos seuls efforts, mais requiert l’intervention de la grâce de Dieu qui opère dans et à travers nous. Cela demande nécessairement de notre part une prise de conscience initiale de notre incomplétude et de notre péché, qui est tout l’opposé de l’exaltation du moi. Qui plus est, cela nous ouvre la voie à la participation à la vie trinitaire, un cas parfait de distinction au cœur de l’unité: plus qu’une fusion, c’est une synergie. Tout cela est le fruit d’une rencontre personnelle, l’offre d’une vie entièrement nouvelle. La vie en Jésus-Christ n’est pas si personnelle et privée qu’elle se limite au domaine de la conscience. Elle n’est pas non plus uniquement un nouveau niveau de conscience. Elle est une transformation de notre corps et de notre âme par la participation à la vie sacramentelle de l’Église.
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NOUVEL ÂGE
ET FOI CHRÉTIENNE EN CONTRASTE
Il est difficile de séparer les éléments singuliers de la religiosité Nouvel Âge – si innocents qu’ils puissent paraître – de la structure sous-jacente à toute la pensée du mouvement et admise par tous. La nature gnostique de ce mouvement nous invite à le considérer dans son entier. Du point de vue de la foi chrétienne, il n’est pas possible d’isoler quelques éléments de la religiosité Nouvel Âge, en les considérant acceptables, puis en rejeter d’autres. Comme le mouvement Nouvel Âge donne une grande importance à la communication avec la nature et à la connaissance cosmique d’un bien universel – niant ainsi les contenus révélés de la foi chrétienne – il ne peut pas être considéré comme positif ou inoffensif. Dans un contexte culturel marqué par le relativisme religieux, il est nécessaire de mettre en garde face à la tentative de placer la religiosité Nouvel Âge sur le même niveau que la foi chrétienne, faisant apparaître comme relative la différence entre foi et croyance, ce qui est source de confusion pour les personnes non averties. À cet égard, il est utile de se rappeler l’exhortation de saint Paul « pour enjoindre à certains de cesser d’enseigner des doctrines étrangères et de ne s’attacher à des fables et à des généalogies sans fin, plus propres à soulever de vains problèmes qu’à servir le dessein de Dieu fondé sur la foi » (1 Tm 1, 3-4). Certaines pratiques, labellisées à tort Nouvel Âge pour des raisons de stratégie commerciale de meilleure vente, ne correspondent pas vraiment à sa vision du monde. Cela ne fait qu’augmenter la confusion. Il est donc nécessaire d’identifier soigneusement ces éléments qui appartiennent au mouvement Nouvel Âge et qui ne peuvent être acceptés par ceux qui croient au Christ et en l’Eglise.
Les questions suivantes peuvent être le moyen le plus simple pour évaluer certains points fondamentaux de la pensée et de la pratique Nouvel Âge dans une optique chrétienne. Le terme « Nouvel Âge » se réfère à certaines idées qui circulent sur Dieu, les hommes et le monde, aux personnes avec lesquelles les chrétiens peuvent avoir des conversations sur la religion, au matériel publicitaire pour les groupes de méditation, aux thérapies en tout genre, à des affirmations sur la religion, et ainsi de suite. Il se peut que quelques-unes de ces questions, appliquées à des personnes ou à des idées qui ne revendiquent pas ouvertement leur appartenance au Nouvel Âge, mettent en lumière des liens implicites ou inconscients avec toute la mouvance Nouvel Âge.
– Dieu est-il un être avec lequel nous établissons un rapport, une chose à utiliser ou une force à exploiter?
Le concept Nouvel Âge de Dieu est plutôt vague, tandis que le concept chrétien est très clair. Le dieu du Nouvel Âge est une énergie impersonnelle, ou mieux une extension particulière ou composante du cosmos. En ce sens, dieu est la force vitale ou âme du monde. La divinité est présente dans tout être, selon une progression allant « du cristal le plus infime du règne minéral au Dieu galactique dont nous ne pouvons rien dire, sinon qu’il ne s’agit pas d’un homme mais d’une Grande Conscience ».65 Dans certains textes “classiques” du Nouvel Âge, il apparaît clairement que les hommes peuvent se considérer comme des dieux, même si cette caractéristique est plus développée chez certains individus que chez d’autres. Dieu ne doit plus être cherché à l’extérieur du monde, mais à l’intérieur du moi profond.66 Et même quand « Dieu » est quelque chose d’extérieur à moi, il est là pour être manipulé.
C’est bien différent de la conception chrétienne de Dieu, créateur du ciel et de la terre et source de tous les rapports personnels. Dieu est lui- même personnel, Père, Fils et Saint-Esprit qui a créé l’univers en vue de partager la communion de sa vie avec des personnes créées. « Dieu qui ‘habite une lumière inaccessible’ veut communiquer par sa propre vie divine aux hommes librement créés par Lui, pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs. En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le reconnaître et de L’aimer bien au-delà de tout ce dont ils seraient capables d’eux-mêmes ».67 Dieu n’est pas identifié au principe de vie conçu comme « Esprit » ou « énergie de base » du cosmos, mais à cet amour qui est absolument différent du monde, et pourtant présent de manière créative en toute chose, et qui conduit les êtres humains au salut.
– Jésus-Christ est-il unique, ou y a-t-il des milliers de Christs?
Jésus-Christ est souvent présenté dans la littérature Nouvel Âge comme un sage, un initié ou un avatar parmi tant d’autres, alors que pour la tradition chrétienne il est le Fils de Dieu. Voici quelques points communs aux approches Nouvel Âge:
– le Jésus historique personnel et individuel est distinct du Christ éternel, impersonnel et universel;
– Jésus n’est pas considéré comme le seul Christ;
– la mort de Jésus sur la croix est soit contestée, soit réinterprétée pour écarter l’idée que, comme Christ, il ait pu souffrir;
– les textes apocryphes (comme les évangiles néo-gnostiques) sont considérés comme des sources authentiques permettant de connaître certains aspects de la vie de Jésus qui n’apparaissent pas dans le canon de l’Écriture. D’autres révélations sur Jésus, transmises par des entités, esprits guides, maîtres ascensionnés, ou même par les Chroniques d’Akasha, occupent une grande place dans la christologie du Nouvel Âge ;
– une exégèse de type ésotérique est appliquée aux textes bibliques pour purifier le christianisme de la religion officielle, qui barre l’accès à son essence ésotérique.68
Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ est le Jésus de Nazareth dont parle l’Évangile, l’enfant de Marie et le Fils unique de Dieu, vrai homme et vrai Dieu, pleine révélation de la vérité, unique Sauveur du monde: « Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et Il monta au ciel; Il est assis à la droite du Père ».69
– L’être humain: y a-t-il un être universel, ou de nombreux individus?
« Le but des techniques Nouvel Âge est de reproduire à volonté les états mystiques, comme s’il s’agissait d’un matériel de laboratoire. Renaissance, biofeedback, isolement sensoriel, respiration holotropique, hypnose, mantras, jeûne, privation de sommeil et méditation transcendantale sont autant de tentatives pour contrôler ces états et les vivre en permanence ».70 Toutes ces pratiques créent a un climat de faiblesse psychique (et de vulnérabilité), et quand l’exercice consiste à se réinventer, se pose la question de savoir qui « je » suis. Les notions de « Dieu intérieur » et d’union holistique avec tout le cosmos ne font que mettre cette question encore plus en évidence. Les personnalités individuelles isolées sont pathologiques pour le Nouvel Âge (en particulier pour la psychologie transpersonnelle). Mais « le vrai danger est le paradigme holistique. Le Nouvel Âge est une pensée fondée sur l’unité totalitaire, et c’est précisément cela qui en fait un danger… ».71 De façon plus modérée: « Nous sommes authentiques quand nous nous ‘prenons en charge’, quand nos choix et nos réactions naissent spontanément de nos besoins les plus profonds, quand notre comportement et l’expression de nos sentiments reflètent la totalité de notre personne ».72 Le Mouvement de Développement du Potentiel Humain est le meilleur exemple de la conviction que les hommes sont divins ou contiennent en eux une étincelle divine.
L’approche chrétienne se nourrit des enseignements de l’Écriture sur la nature humaine: les hommes sont créés à l’image de Dieu (Gn 1, 27) et Dieu les tient en grande considération, au grand soulagement du Psalmiste (cf. Ps 8). L’homme est un mystère qui n’est pleinement révélé qu’en Jésus-Christ (cf. GS 22), il ne tient sa véritable humanité qu’à travers sa relation avec le Christ, par un don de l’Esprit.73 Nous sommes bien loin de la caricature d’anthropocentrisme que l’on fait du christianisme, et qui est rejetée même par de nombreux auteurs et adeptes du Nouvel Âge.
– Nous sauvons-nous tout seuls, ou le salut est-il un don gratuit de Dieu?
Toute la question est de savoir par quoi ou par qui nous croyons être sauvés. Sommes-nous sauvés par nos actions, comme c’est souvent le cas dans les explications Nouvel Âge, ou sommes- nous sauvés par l’amour de Dieu? Le Nouvel Âge, dont les maîtres mots sont auto-réalisation et auto-rédemption, a une intelligence fondamentalement pélagienne et optimiste de la nature humaine.74
Pour les chrétiens, le salut dépend de la participation à la passion, à la mort et à la résurrection du Christ et du rapport personnel et direct avec Dieu plus que d’une technique quelconque. La condition humaine, affectée intrinsèquement par la faute originelle et par le péché individuel, ne peut être redressée que par l’action de Dieu: le péché est une offense faite à Dieu, et seul Dieu peut nous réconcilier à Lui. Dans le plan salvifique divin, les hommes sont sauvés par Jésus-Christ qui, homme et Dieu, est l’unique médiateur de la rédemption. Dans le christianisme, le salut n’est pas une expérience du moi, une concentration méditative et intuitive sur soi-même, mais le pardon du péché, la libération des profondes ambivalences qui nous habitent et l’apaisement intérieur par le don de la communion avec un Dieu d’amour. Le chemin du salut ne passe pas seulement par une transformation (auto) induite de la conscience, mais par une libération du péché et de ses conséquences qui nous invite dès lors à le combattre en nous-mêmes et dans la société où nous vivons. Cela inclut nécessairement la solidarité aimante envers notre prochain dans le besoin.
– Inventons-nous la vérité, ou la recevons-nous?
La vérité Nouvel Âge a trait aux bonnes vibrations, aux correspondances cosmiques, à l’harmonie et l’extase, qui sont généralement des expériences agréables. Il s’agit de trouver sa propre vérité en fonction du critère « bien-être ». Les opinions sur la religion et les questions éthiques dépendent naturellement des sentiments et des expériences propres à chacun.
La doctrine chrétienne présente Jésus-Christ comme « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Ses disciples sont appelés à ouvrir leur vie tout entière à Jésus-Christ et à ses valeurs, autrement dit à un ensemble de conditions objectives, qui font partie d’une réalité objective, définitivement connaissable par tous.
– Prière et méditation: nous adressons-nous à nous-mêmes, ou à Dieu?
Devant la tendance à confondre psychologie et spiritualité, il convient de bien souligner qu’une grande partie des techniques de méditation employées aujourd’hui ne constituent pas une prière. Elles sont souvent une bonne préparation à la prière, et rien d’autre, même si elles produisent une amélioration de l’humeur ou du bien-être physique. Les expériences qui en découlent sont effectivement intenses, mais rester à ce niveau équivaut à rester seul, à ne pas être encore en présence de l’autre. L’expérience du silence peut nous placer face au vide, au lieu d’être une contemplation silencieuse du Bien-Aimé. Il est vrai que les techniques d’immersion au fond de notre âme sont, en définitive, un appel à notre capacité d’approcher le divin ou même de devenir divin. Mais si elles ignorent le fait que Dieu est lui aussi à la recherche du cœur humain, elles ne sont pas encore une prière chrétienne. Même quand cette expérience est vécue comme une union avec l’Énergie universelle, « ce ‘rapport’ trop facile à un Dieu dont la seule fonction est de satisfaire tous nos besoins met en lumière l’égoïsme qui est au cœur du Nouvel Âge ».75
Les pratiques Nouvel Âge ne sont pas une vraie prière parce qu’elles mènent généralement à l’introspection ou fusion avec l’énergie cosmique, à la différence de la double orientation de la prière chrétienne qui, tout en pratiquant l’introspection, est avant tout rencontre de Dieu. Bien plus, au lieu d’être un effort purement humain, le mysticisme chrétien est essentiellement un dialogue qui « implique une attitude de conversion, un exode du ‘moi’ vers le ‘Tu’ de Dieu.76 « Même quand il est seul et prie dans le secret, le chrétien a conscience de prier toujours en union avec le Christ, dans l’Esprit-Saint, en union avec tous les saints, pour le bien de l’Église ».77
– Sommes-nous tentés de nier le péché, ou en acceptons- nous l’existence?
Le Nouvel Âge n’a pas vraiment la notion du péché, mais plutôt celle d’une connaissance imparfaite. Ce qui nous manque, c’est l’illumination, qui peut être obtenue à l’aide des techniques psychophysiques appropriées. À ceux qui participent aux activités Nouvel Âge, on ne dit pas ce à quoi ils doivent croire, ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais: « Il y a mille façons d’explorer la réalité intérieure. Laissez-vous guider par votre intelligence et votre intuition. Ayez confiance en vous ».78 L’autorité est passée de Dieu au moi. Le problème le plus grave pour le Nouvel Âge n’est pas la faute personnelle ou le péché, mais l’aliénation par rapport au cosmos. Le remède consiste à s’immerger chaque jour davantage dans la totalité de l’être. À en croire certaines publications et pratiques Nouvel Âge, une vie ne suffirait pas, et la réincarnation serait nécessaire pour permettre aux hommes de réaliser pleinement leur potentiel.
Dans la perspective chrétienne, « La réalité du péché, et plus particulièrement du péché des origines, ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché, et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la conséquence nécessaire d’une structure sociale inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement.79 « Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine…80 Le péché est une offense de Dieu …Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs… Le péché est ainsi “amour de soi jusqu’au mépris de Dieu” ».81
– Sommes-nous encouragés à rejeter la souffrance et la mort, ou à l’accepter?
Certains auteurs Nouvel Âge considèrent la souffrance comme étant auto-infligée, comme un mauvais karma, ou encore comme l’incapacité de tirer pleinement parti de nos ressources. D’autres se concentrent sur les méthodes destinées à procurer le succès ou la richesse (par ex. Deepak Chopra, José Silva et al.). Dans le Nouvel Âge, la réincarnation est souvent vue comme un passage nécessaire à notre croissance spirituelle, une étape de notre évolution spirituelle qui commencerait avant la naissance et se poursuivrait après la mort. Dans notre vie présente, l’expérience de la mort des autres provoque une crise salutaire.
Tant l’unité cosmique que la réincarnation sont inconciliables avec la croyance chrétienne selon laquelle l’homme est un être distinct, qui vit une seule vie dont il est pleinement responsable. Assurément, cette conception de la personne met en jeu à la fois la responsabilité et la liberté. Les chrétiens savent que « dans la Croix du Christ, non seulement la Rédemption s’est accomplie par la souffrance, mais de plus la souffrance humaine elle-même a été rachetée. Le Christ sans qu’il ait commis aucune faute s’est chargé du « mal total du péché ». L’expérience de ce mal a déterminé la mesure incomparable de la souffrance du Christ, qui est devenue le prix de la Rédemption… Le Rédempteur a souffert à la place de l’homme et pour l’homme. Tout homme participe d’une manière ou d’une autre à la Rédemption. Chacun est appelé, lui aussi, à participer à la souffrance par laquelle la Rédemption s’est accomplie ».82
– L’engagement social est-il à éviter, ou doit-il être recherché?
Si beaucoup dans le Nouvel Âge n’est qu’auto-promotion affichée, certaines sommités de ce mouvement recommandent de ne pas juger l’ensemble du Nouvel Âge d’après une minorité d’individus égoïstes, irrationnels et narcissiques, et de ne pas se laisser obnubiler par certaines pratiques étranges, qui empêchent de reconnaître dans le Nouvel Âge une recherche spirituelle et une spiritualité authentiques.83 Néanmoins, la fusion des individus dans le moi cosmique ainsi que la relativisation ou abolition de toute différence ou opposition dans l’harmonie cosmique sont inacceptables pour le chrétien.
Pour qu’il y ait amour authentique, il faut un autre différent (une personne). Le vrai chrétien cherche l’unité dans la capacité et la liberté de l’autre de dire « oui » ou « non » au don d’amour. L’union, dans le christianisme, est communion, et l’unité est communauté.
– Notre avenir est-il écrit dans les astres, ou contribuons- nous à le construire?
Le Nouvel Âge qui s’annonce sera peuplé d’être parfaits, androgynes, maîtrisant entièrement les lois cosmiques de la nature. Dans ce scénario, le christianisme doit disparaître pour faire place à une religion globale et à un nouvel ordre mondial.
Les chrétiens sont constamment en éveil, dans l’attente du dernier jour, quand le Christ reviendra. Leur Nouvel Âge a commencé il y a deux mille ans avec le Christ, qui n’est nul autre que « Jésus de Nazareth, le Verbe de Dieu fait homme pour le salut de tous ». Son Esprit est présent et agissant dans le cœur des hommes, dans la « société et l’histoire, les peuples, les cultures et les religions ». En effet, « l’Esprit du Père, que le Fils donne sans mesure, les anime tous ».84 Nous vivons les derniers temps.
Il est évident d’autre part que la plupart des pratiques Nouvel Âge ne semblent pas poser de questions doctrinales à ceux qui les suivent; mais en même temps il est indéniable que ces pratiques communiquent par elles-mêmes, voire indirectement, une mentalité qui peut influencer la pensée et inspirer une vision très particulière de la réalité. Il est certain que le Nouvel Âge crée sa propre atmosphère, et qu’il est parfois difficile de séparer ce qui est innocent de ce qui doit vraiment être contesté. En outre, il faut être bien conscient du fait que la doctrine du Christ qui circule dans les cercles Nouvel Âge s’inspire des enseignements théosophiques d’Helena Blavatsky, de l’anthroposophie de Rudolf Steiner et de l’école ésotérique d’Alice Bailey. Non seulement leurs émules continuent de répandre leurs idées aujourd’hui, mais ils sont en train d’élaborer avec les adeptes du Nouvel Âge une interprétation entièrement nouvelle de la réalité, une doctrine connue de certains observateurs sous le nom de « vérité du Nouvel Âge ».85
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JÉSUS-CHRIST
NOUS OFFRE L’EAU VIVE
L’unique fondement de l’Église est Jésus-Christ, son Seigneur. Il est au centre de tout acte et de tout message chrétien. L’Église se tourne constamment vers son Seigneur. Les Évangiles relatent de nombreuses rencontres avec Jésus depuis celle des pasteurs de Bethléem jusqu’à celle des deux larrons crucifiés avec lui, mais aussi celle des anciens sages qui l’écoutèrent parler au Temple et celle des disciples marchant dans l’affliction vers Emmaüs. Toutefois, un épisode qui indique avec une clarté particulière ce qu’Il nous offre est celui de sa rencontre avec la Samaritaine, près du puits de Jacob, rapportée au quatrième chapitre de l’Évangile de Jean. Cette rencontre a même été décrite comme « le paradigme de notre engagement pour la vérité ».86 L’expérience de la rencontre de l’étranger nous offrant l’eau vive nous indique le chemin que les chrétiens peuvent et doivent parcourir dans le dialogue avec tous ceux qui ne connaissent pas Jésus.
Un élément attachant du récit que nous fait Jean (Jn 4) de cette rencontre est que cette femme met un certain temps à comprendre ce que Jésus veut dire par l’eau « de vie » ou eau « vive » (verset 11). Malgré cela, elle est fascinée par cet étranger et par son message, et reste là, à l’écouter. Après le choc initial où elle réalise tout ce que Jésus sait d’elle (« Tu as bien fait de dire: ‘je n’ai pas de mari’; car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari;
en cela tu dis vrai », versets 17 et 18 »), elle demeure cependant disponible à recevoir sa parole: « Seigneur, je vois que tu es un prophète » (verset 19). Le dialogue sur l’adoration de Dieu peut alors commencer: « Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs » (verset 22). Touchant son coeur Jésus l’a préparée à accueillir ce qu’Il devait annoncer sur lui-même comme Messie: « C’est moi, celui qui te parle » (verset 26). Il l’a préparée ainsi à ouvrir son coeur à la vraie adoration en Esprit et à l’auto-révélation de Jésus come du Consacré de Dieu.
La femme « laissa là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens » tout ce qu’elle savait de cet homme (verset 28). L’effet extraordinaire qu’avait eu sur cette femme sa rencontre avec l’étranger les intrigua à tel point qu’eux aussi « allèrent vers lui » (verset 30). Ils reconnurent vite l’authenticité de son identité: « Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons; nous l’avons nous-mêmes entendu et nous savons que c’est vraiment lui le sauveur du monde » (verset 42). Ils étaient passés d’une connaissance de Jésus par ouï-dire à une connaissance personnelle, puis à la reconnaissance de la signification universelle de son identité. Tout cela parce que leur esprit et leur cœur avaient été bien disposés.
Le fait que cette rencontre se soit déroulée près d’un puits est significatif. Jésus offre à la femme « une source… jaillissante en vie éternelle » (verset 14). La douceur avec laquelle Jésus traite cette femme est un modèle d’efficacité pastorale, quand on cherche à aider les autres à être sincères sans difficulté, dans le douloureux processus d’auto-revision. (« Il m’a dit tout ce que j’ai fait »: verset 39). Une telle approche pourrait donner une moisson abondante chez ceux qui sont attirés par le porteur d’eau (le Verseau) tout en étant sincèrement à la recherche de la vérité. Il faudrait les inviter à écouter Jésus, qui ne nous offre pas seulement l’eau qui étanche notre soif aujourd’hui, mais aussi les profondeurs spirituelles de « l’eau vive ». Il est important de reconnaître la sincérité des personnes qui sont à la recherche de la vérité. Il ne s’agit pas de tromperie ou d’aveuglement. Il faut aussi être patient, comme le savent bien tous les bons éducateurs. Une personne qui rencontre la vérité est soudain remplie d’une nouvelle énergie, d’un sentiment entièrement nouveau de libération, notamment des fautes et des peurs du passé, et « celui qui s’efforce de mieux se connaître, comme la femme près du puits, transmettra aux autres le désir de connaître cette vérité qui les rendra, eux aussi, libres ».87
L’invitation à rencontrer Jésus-Christ, le porteur de l’eau vive, aura plus de poids si elle vient de quelqu’un qui, à l’évidence, a été profondément touché par sa rencontre de Jésus, quelqu’un qui n’a pas seulement entendu parler de lui, mais qui est convaincu « que c’est vraiment lui le sauveur du monde » (verset 42). Il ne reste plus alors qu’à permettre aux hommes de réagir à leur façon, à leur propre rythme, et laisser Dieu faire le reste.
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INDICATIONS IMPORTANTES
6.1. L’accompagnement et une solide formation sont nécessaires
Le Christ ou le Verseau? Le Nouvel Âge est presque toujours lié à des « alternatives », que ce soit une vision alternative de la réalité ou une façon alternative d’améliorer sa situation actuelle (magie).88 Une alternative n’offre pas deux possibilités, mais seulement la possibilité de choisir une chose de préférence à une autre: du point de vue religieux, le Nouvel Âge présente une alternative à l’héritage judéo- chrétien. On dit que l’ère du Verseau est sur le point de remplacer celle des Poissons, à prédominance chrétienne. Les penseurs Nouvel Âge en sont bien conscients. Certains sont persuadés que ce changement est inéluctable, d’autres sont activement engagés à favoriser sa venue. Ceux qui se demandent s’il est possible de croire à la fois en Jésus-Christ et dans le Verseau doivent savoir qu’en réalité, ils se trouvent en face d’un choix. « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Lc 16, 13). Il suffit que les chrétiens pensent à la différence entre les hommes sages venus de l’Orient et le roi Hérode pour comprendre les puissants effets que peut avoir le choix pour ou contre le Christ. Il ne faut pas oublier que divers mouvements qui ont nourri le Nouvel Âge sont ouvertement antichrétiens. Leur attitude à l’égard du christianisme n’est pas neutre, mais neutralisante: bien qu’ils se disent ouverts à tous les points de vue religieux, ils ne considèrent pas le christianisme traditionnel comme une alternative acceptable. En certaines occasion, il est clair qu’« il n’y a pas de place où l’on puisse tolérer le vrai christianisme », et que les comportements antichrétiens sont même justifiés.89 Cette opposition, qui initialement se limitait aux cercles restreints de ceux qui vont au-delà d’un attachement superficiel au Nouvel Âge, a commencé récemment à se répandre à tous les niveaux de la culture « alternative », dont l’attrait est très puissant, notamment dans les sociétés occidentales sophistiquées.
Fusion ou confusion? Les traditions Nouvel Âge brouillent consciemment et délibérément la véridicité des différences et des distinctions entre Créateur et créé, entre humanité et nature, entre religion et psychologie, entre réalité subjective et objective, dans l’intention apparemment louable de surmonter le scandale de la division. Cependant, pour le Nouvel Âge, il s’agit de la fusion systématique d’éléments que la culture occidentale a toujours nettement distingués. Ne serait-il pas juste dans ce cas de parler de « confusion »? Ce n’est pas jouer sur les mots que d’affirmer que le Nouvel Âge profite de la confusion. La tradition chrétienne a toujours valorisé le rôle de la raison pour justifier la foi et pour comprendre Dieu, le monde et la personne humaine.90 Le Nouvel Âge est bien dans l’air du temps quand il rejette une raison accusée d’être froide, calculatrice et inhumaine. Mais s’il est utile d’insister sur la nécessité d’un bon équilibre entre toutes nos facultés, la mise à l’écart d’une faculté essentielle à toute vie pleinement humaine n’est pas justifiée. La raison à l’avantage de l’universalité: elle est à la libre disposition de chacun, à la différence de la mystérieuse et fascinante religiosité « mystique », ésotérique ou gnostique. Tout ce qui alimente la confusion conceptuelle et le secret doit être attentivement soupesé, car cela cache parfois plus que cela ne révèle la nature dernière de la réalité. Cela correspond bien à la perte de confiance post-moderne dans les certitudes absolues du passé, qui pousse les hommes à se réfugier dans l’irrationnel. Le défi est de montrer qu’une saine collaboration entre la foi et la raison peut améliorer la vie humaine et renforcer le respect pour la création.
Créer sa propre réalité. La conviction très répandue dans le Nouvel Âge que l’on crée sa propre réalité est fascinante, mais illusoire. Elle s’exprime dans la théorie junghienne selon laquelle l’homme est un passage entre le monde extérieur et un monde intérieur aux dimensions infinies, où chaque homme est comme Abraxas qui crée son propre monde et le détruit. L’étoile qui brille dans ce monde intérieur infini est Dieu, le but de l’homme. La conséquence la plus grave et la plus problématique de l’acceptation de l’idée que les hommes créent leur propre réalité est le problème de la souffrance et de la mort: les personnes qui ont un grave handicap ou une maladie incurable se sentent trompées et rabaissées quand on leur dit qu’elles sont la cause de leurs malheurs, ou que leur incapacité à changer les choses est due à une mauvaise façon d’affronter la vie. C’est un point qui est loin d’être purement académique, et qui a de fortes répercussions sur l’approche pastorale de l’Église aux difficiles problèmes existentiels qui concernent tous les hommes. Nos limites font partie de la vie, elles sont inhérentes à notre condition de créatures. La mort et le deuil représentent un défi et une opportunité, et la tentation de trouver refuge dans une adaptation à l’occidentale de la notion de réincarnation est un signe évident de la peur de mourir et du désir de vivre éternellement. Profitons-nous suffisamment des occasions qui nous sont offertes pour rappeler ce que Dieu nous a promis dans la résurrection de Jésus-Christ? Jusqu’à quel point la foi dans la résurrection des corps, proclamée par les chrétiens chaque dimanche dans le Credo, est-elle authentique? L’idée Nouvel Âge que nous sommes, nous aussi, d’une certaine façon, des dieux, peut prêter à discussion. Tout dépend évidemment de la définition que l’on donne de la réalité. Il convient d’encourager une saine approche à l’épistémologie et à la psychologie à tous les niveaux de l’éducation, de la formation et de la prédication catholiques. Il est important de se concentrer constamment sur les façons les plus efficaces de parler de la transcendance. La difficulté fondamentale de toute la pensée Nouvel Âge réside dans le fait que cette transcendance est vue strictement comme une auto- transcendance qui doit être obtenue dans le cadre d’un univers se suffisant à lui-même.
Références pastorales. Au chapitre 8, on trouvera une liste des principaux documents de l’Église catholique présentant une évaluation des idées du Nouvel Âge. En première place, on y trouve le discours du Pape Jean-Paul II cité dans l’avant-propos. Le Pape distingue dans cette tendance culturelle des aspects positifs, tels que « la recherche d’un nouveau sens de la vie, une nouvelle sensibilité pour l’environnement et le désir de surmonter une religiosité froide et rationaliste ». Mais en même temps, il attire l’attention des fidèles sur certains éléments ambigus, incompatibles avec la foi chrétienne: ces mouvements « minimisent l’importance de la Révélation…, tendent à relativiser la doctrine religieuse au profit d’une vision vague du monde…, proposent souvent un concept panthéiste de Dieu…, remplacent la responsabilité de nos actes devant Dieu par le sens du devoir à l’égard de l’univers, inversant ainsi le véritable concept du péché et le besoin de rédemption par le Christ ».91
6.2. Initiatives pratiques
Tout d’abord, il convient de rappeler encore une fois que, dans la grande mouvance du Nouvel Âge, tout n’est pas lié de la même façon aux théories du mouvement. En outre, cette étiquette est souvent employée à mauvais escient ou appliquée à des phénomènes qui pourraient être définis autrement. Il est même arrivé que le terme Nouvel Âge soit utilisé à tort pour diaboliser des personnes ou des pratiques. Il est donc essentiel de distinguer parmi les phénomènes liés à ce mouvement, même de façon vague, ceux qui sont en accord avec une vision chrétienne de Dieu, de la personne humaine et du monde, et ceux qui s’y opposent. L’usage du terme Nouvel Âge ne signifie pas grand chose en soi. Ce qui compte, c’est le rapport que peut avoir la personne, le groupe, la pratique ou le produit avec les dogmes du christianisme.
– L’Église catholique possède des réseaux efficaces, qui pourraient être mieux utilisés. Il existe par exemple de nombreux centres pastoraux, culturels et de spiritualité. Comme forums de discussion et d’étude, outre qu’ils répondent aux besoins de l’Église, ils pourraient aborder la question confuse du Nouvel Âge de diverses manières créatives. Il est regrettable de constater qu’il existe trop souvent des centres catholiques d’enseignement activement engagés dans la diffusion de la religiosité Nouvel Âge dans l’Église. Il faudra bien sûr corriger cela, non seulement pour mettre fin à la propagation de la confusion et de l’erreur, mais surtout pour promouvoir une vraie spiritualité chrétienne. Les centres culturels catholiques en particulier ne sont pas seulement des institutions éducatives, mais des lieux propices à un dialogue honnête.92 Quelques excellentes institutions spécialisées s’occupent de toutes ces questions. Elles représentent une ressource précieuse, qui devrait être généreusement partagée avec les régions moins bien pourvues à cet égard.
– Beaucoup de groupes Nouvel Âge acceptent volontiers toutes les occasions d’expliquer leur philosophie et leurs activités à d’autres. Les rencontres avec ces groupes devraient être abordées avec vigilance, elles devraient toujours engager des personnes qui soient aussi bien en mesure de parler de la foi et de la spiritualité catholique que de réfléchir de manière critique sur la pensée et la pratique Nouvel Âge. Il est très important de vérifier les références des individus, groupes et institutions qui déclarent offrir une guidance et des informations sur le Nouvel Âge. Dans certains cas, ce qui commence comme une recherche impartiale se transforme ensuite en promotion active ou en plaidoyer en faveur des « religions alternatives ». Certaines institutions internationales mènent des campagnes très actives en faveur du respect de la « diversité religieuse », en réclamant le statut religieux pour des organisations parfois douteuses. Cela s’accorde bien avec l’idée Nouvel Âge du passage à une ère nouvelle où le caractère limité des religions particulières ferait place à une nouvelle religion ou spiritualité universelle. Au contraire, un dialogue authentique respecte toujours la diversité dès le début, sans jamais chercher à estomper les distinctions dans l’amalgame de toutes les traditions religieuses.
– Certains groupes Nouvel Âge locaux donnent à leurs réunions le nom de « groupes de prière ». Les personnes invitées à adhérer à ces groupes doivent rechercher les signes d’une spiritualité chrétienne authentique, et bien voir que n’ait lieu aucune cérémonie d’initiation. De tels groupes tirent profit des carences de formation spirituelle et théologique des personnes pour les amener progressivement vers ce qui est, de fait, un culte dévié. Il est nécessaire que les chrétiens soient formés sur l’identité de l’objet de la ‘prière’ – dans l’Esprit- Saint, par Jésus-Christ, vers le Père – afin de pouvoir juger correctement de l’intention d’un « groupe de prière ». La prière chrétienne et le Dieu de Jésus-Christ sont facilement reconnaissables.93 Beaucoup sont persuadés qu’il n’y a aucun risque à ‘faire un emprunt’ à la sagesse orientale, mais l’exemple de la Méditation Transcendantale (MT) devrait pousser les chrétiens à bien réfléchir avant de s’engager à l’aveuglette dans une autre religion (hindouisme, dans le cas présent), malgré toutes les déclarations de neutralité religieuse des promoteurs de la MT. Apprendre à méditer ne pose pas de problème, mais l’objet ou le contenu de l’exercice indique clairement s’il s’adresse au Dieu révélé par Jésus-Christ, à une autre révélation, ou tout simplement aux profondeurs cachées du moi.
– Il faudrait aussi accorder une juste reconnaissance aux groupes chrétiens qui promeuvent la défense de la Terre comme création de Dieu. La question du respect pour le créé est un point qui pourrait être abordé dans les écoles catholiques. Mais il n’en reste pas moins qu’une grande partie de ce que propose le mouvement écologiste est difficilement conciliable avec les idéaux chrétiens. Si le souci de l’environnement en général est le signe d’un sens des responsabilités accru à l’égard de ce que Dieu nous a donné, et peut-être même la marque nécessaire d’une gestion chrétienne du créé, l’écologie militante fait bien souvent appel à des principes panthéistes, et parfois même gnostiques.94
Le début du troisième millénaire présente un vrai kairos pour l’évangélisation. Les esprits et les cœurs sont particulièrement ouverts à une information sérieuse sur la conception chrétienne du temps et de l’histoire du salut. La priorité n’est pas de souligner les lacunes des autres approches, mais de revenir constamment aux sources de notre foi pour pouvoir offrir une présentation juste et solide du message chrétien. Nous pouvons être fiers de ce qui a été confié à notre garde, et nous devons résister aux pressions de la culture dominante qui voudrait nous faire enfouir ces dons (cf. Mt 25, 24-30). Un des outils les plus utiles dont nous disposions est le Catéchisme de l’Église Catholique. Mais il y a aussi l’immense héritage des chemins de sainteté des vies de chrétiens et de chrétiennes d’hier et d’aujourd’hui. Là où le riche symbolisme chrétien et ses traditions artistiques, esthétiques et musicales sont encore méconnus ou ont été oubliés, il y a beaucoup à faire pour les chrétiens et tous ceux qui veulent faire l’expérience d’une conscience accrue de la présence de Dieu. Le dialogue entre les chrétiens et les personnes attirées par le Nouvel Âge sera plus fécond s’il tient compte de l’attrait exercé par tout ce qui touche aux émotions et au langage symbolique. Si notre tâche est de connaître, aimer et servir Jésus- Christ, nous devons commencer par avoir une bonne connaissance des Écritures. Mais par-dessus tout, le moyen le plus sûr pour donner un sens à l’ensemble du message chrétien est de rencontrer le Seigneur Jésus dans la prière et les sacrements, qui sont précisément les moments où notre vie ordinaire est sanctifiée.
– Sans doute la mesure la plus simple, la plus évidente et la plus urgente à prendre, et qui serait probablement aussi la plus efficace, serait de tirer meilleur parti des richesses de l’héritage spirituel chrétien. Les grands ordres religieux ont de solides traditions de méditation et de spiritualité qui pourraient être partagées à l’occasion de cours ou de périodes durant lesquelles ils ouvriraient leurs maisons à ceux dont la recherche est sincère. Cela existe déjà, mais il faut faire davantage. Aider les hommes dans leur recherche spirituelle en leur proposant des techniques éprouvées et des expériences de prière authentique serait une occasion d’entamer avec eux un dialogue qui révèlerait les richesses de la tradition chrétienne, et clarifierait par la même occasion beaucoup de questions touchant au Nouvel Âge.
À l’aide d’une image suggestive et utile, un des représentants du mouvement Nouvel Âge a comparé les religions traditionnelles à des cathédrales, et le Nouvel Âge à une foire à l’échelle mondiale. Le mouvement Nouvel Âge est compris comme une invitation faite aux chrétiens à porter le message des cathédrales dans la foire qui couvre maintenant le monde entier. Cette image lance aux chrétiens un défi stimulant, car tous les moments sont bons pour porter le message des cathédrales aux hommes de la foire. En vérité, les chrétiens n’ont ni besoin ni n’attendent d’être invités à partager le message de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à ceux qui cherchent des réponses à leurs questions, des nourritures spirituelles rassasiantes, « l’eau vive ». Reprenant l’image proposée, il est nécessaire que les chrétiens descendent le parvis des cathédrales. Nourris de la Parole et du sacrement, ils peuvent offrir l’Évangile à chaque instant de leur vie quotidienne – « Allez ! La messe est finie »! Le Saint- Père remarque, dans sa lettre Novo Millennio Ineunte, « une exigence diffuse de spiritualité » du monde sécularisé contemporain et la manière attrayante par laquelle d’autres religions répondent à cette attente. Il entrevoit un défi pour les chrétiens: « Nous qui avons la grâce de croire au Christ, révélateur du Père et Sauveur du monde, nous avons le devoir de montrer à quelles profondeurs peut porter la relation avec lui » (n. 33). À tous ceux qui traversent la grande place du marché aux propositions religieuses, l’appel du christianisme se manifestera avant tout par le témoignage des membres de l’Église, par leur espérance, leur calme, leur patience, leur gaieté, et par l’amour tangible qu’ils portent à leur prochain. Ce sont là les fruits d’une vie de foi nourrie dans la prière personnelle authentique.
7
APPENDICE
7.1. Quelques brèves formulations des idées Nouvel Âge
Formulation du Nouvel Âge par William Bloom, en 1992, citée dans Heelas, p. 225 et ss.:
– Toute vie, toute existence, est une manifestation de l’Esprit, l’Inconnaissable, la Conscience suprême connue sous des noms divers dans beaucoup de cultures différentes.
– Le but et la dynamique de toute existence est de manifester pleinement l’Amour, la Sagesse et l’Illumination…
– Toutes les religions sont l’expression de la même réalité intérieure.
– Toute vie, telle que nous la percevons avec nos cinq sens humains ou avec des instruments scientifiques, n’est que le voile extérieur de la réalité causale intérieure et invisible.
– De même, les hommes sont des créatures doubles, avec: (i) une personnalité extérieure temporaire; et (ii) un être intérieur pluridimensionnel (âme ou moi supérieur).
– La personnalité extérieure est limitée et elle est orientée vers l’amour.
– Le but de l’incarnation de l’être intérieur est d’amener les vibrations de la personnalité extérieure à la résonance d’amour.
– Toutes les âmes incarnées sont libres de choisir leur propre voie spirituelle.
– Nos guides spirituels sont des êtres dont l’âme, libérée de la nécessité de se réincarner, exprime l’amour inconditionnel, la sagesse et l’illumination. Certains de ces grands êtres sont bien connus et ont inspiré les religions du monde. D’autres sont inconnus et opèrent de façon invisible.
– Toute vie, dans ses différentes formes et états, est énergie interdépendante et inclut nos actes, nos sentiments et nos pensées.
C’est pourquoi nous collaborons avec l’Esprit et ces énergies à la création de notre réalité.
– Bien qu’étant soutenus par la dynamique de l’amour cosmique, nous sommes tous coresponsables de notre condition, de notre milieu et toute notre vie.
– Au stade actuel, l’évolution de la planète et de l’humanité a atteint un point où nous connaissons une profonde mutation spirituelle de la conscience individuelle et collective. C’est pourquoi nous parlons d’un Nouvel Âge. Cette nouvelle conscience est le résultat de l’incarnation toujours plus réussie de ce que certains appellent les énergies de l’amour cosmique. Cette nouvelle conscience se manifeste par une compréhension instinctive de la sacralité et de l’interdépendance de toute existence.
– Cette nouvelle conscience et cette nouvelle compréhension de l’interdépendance dynamique de toute vie est le signe qu’une culture planétaire entièrement nouvelle est en train de se développer.
Heelas cite (p. 226) la « formulation complémentaire » de Jeremy Tarcher
1. Le monde, y compris la race humaine, est l’expression d’une nature divine supérieure et plus complète.
2. Au fond de chaque être humain, il y a un moi supérieur divin qui est la manifestation de cette nature divine supérieure et plus complète.
3. Cette nature supérieure peut être éveillée et devenir le centre de la vie quotidienne de l’individu.
4. Cet éveil est la raison d’être de toute vie individuelle.
David Spangler, cité dans l’Actualité des religions nº 8, septembre 1999,
p. 43, cite les principales caractéristiques de la vision Nouvel Âge, à savoir:
– Holistique (globalisante, car il existe une seule réalité-énergie);
– Écologique (la Terre-Gaïa est notre mère, chacun de nous est un neurone du système nerveux central de la Terre);
– Androgyne (l’arc-en-ciel et le Yin/Yang sont deux symboles Nouvel Âge indiquant la complémentarité des contraires, par ex: masculin et féminin);
– Mystique (en voyant le sacré partout, même dans les choses les plus banales);
– Planétaire (les hommes doivent être à la fois ancrés dans leur propre culture et ouverts à l’universel, capables de promouvoir l’amour, la compassion, la paix, et même l’établissement d’un gouvernement mondial).
7.2. Glossaire choisi
Androgynie: à la différence de l’hermaphrodisme, qui est la présence des caractéristiques physiques des deux sexes, l’androgynie est la conscience de la présence dans chaque individu d’éléments masculins et féminins. Elle est décrite comme un état d’harmonie intérieure découlant de l’équilibre entre animus et anima. Pour le Nouvel Âge, c’est l’état qui résulte de la prise de conscience de ce double mode d’être et d’exister propre à tout homme et à toute femme. Plus il se répandra, plus il contribuera à modifier les rapports interpersonnels.
Anthroposophie: doctrine théosophique répandue à l’origine par le Croate Rudolf Steiner (1861-1925), qui abandonna la Société Théosophique après avoir dirigé sa branche allemande de 1902 à 1913. Cette doctrine ésotérique entend initier les personnes à la « connaissance objective » dans la sphère spirituelle-divine. Steiner croyait que cela l’avait aidé à découvrir les lois de l’évolution du cosmos et de l’humanité. Chaque être physique possède un double spirituel, et la vie terrestre est influencée par les énergies astrales et les essences spirituelles. On dit que les Chroniques d’Akasha sont la « mémoire cosmique », accessible aux initiés.95
Chamanisme: pratiques et croyances liées à la communication avec les esprits de la nature et ceux des défunts à travers la possession ritualisée (par les esprits) du chaman, qui fait office de médium. Ces pratiques ont séduit les cercles Nouvel Âge parce qu’elles mettent l’accent sur l’harmonie avec les forces de la nature et sur la guérison. Il s’y ajoute l’image romantique des religions indigènes et de leur proximité à la Terre et à la nature.
Channeling: les médiums télépathes affirment servir de canal, en transmettant des informations provenant d’autres êtres, le plus souvent des entités désincarnées vivant sur un plan plus élevé. Ces entités se composent d’êtres aussi différents que les maîtres ascensionnés, les anges, les dieux, les groupes d’entités, les esprits de la nature et le moi supérieur.
Christ: pour le Nouvel Âge, la figure historique de Jésus est seulement l’incarnation d’une idée, d’une énergie ou d’un ensemble de vibrations. Pour Alice Bailey, il faut un grand jour de supplications, au cours duquel tous les croyants créeront une telle concentration d’énergie spirituelle qu’il y aura une nouvelle incarnation qui révèlera aux hommes comment ils peuvent se sauver… Pour beaucoup, Jésus n’est rien d’autre qu’un maître spirituel qui, comme Bouddha, Moïse et Mohammed, etc. a été habité par le Christ cosmique. Le Christ cosmique est aussi connu comme l’énergie christique présente dans tout être et dans tout l’être. Les individus vont être progressivement initiés à la conscience de cet attribut christique qu’ils possèdent tous. Pour le Nouvel Âge, le Christ représente l’état le plus élevé de perfection du moi.96
Conscience planétaire: cette vision du monde, qui s’est développée dans les années 1980, encourage le sentiment d’appartenance à la communauté humaine, plutôt qu’à des nations, tribus ou autres groupes sociaux établis. Elle s’inscrit dans le prolongement des mouvements qui demandent un gouvernement mondial, apparus au début du XXe siècle. La conscience de l’unité de l’humanité s’accorde bien avec l’hypothèse Gaia.
Cristaux: on dit qu’ils vibrent à des fréquences particulières. C’est pourquoi ils sont utilisés en vue de l’auto-transformation, ainsi que dans diverses thérapies, dans la méditation, la visualisation, le ‘voyage astral’ ou comme porte-bonheur. Vus du dehors, ils n’ont pas de pouvoir intrinsèque, mais sont simplement beaux.
Élargissement de la conscience: si le cosmos est la chaîne ininterrompue des êtres, les différents niveaux d’existence minéral, végétal, animal, humain, cosmique et divin sont tous interdépendants. Les hommes prennent conscience de la place qu’ils occupent dans cette vision holistique de la réalité globale en élargissant leur conscience bien au-delà de ses limites normales. Le Nouvel Âge propose une grande variété de techniques pour atteindre un niveau supérieur de perception de la réalité, surmonter la séparation entre sujet et objet dans le processus cognitif, pour parvenir à une fusion totale de ce que la conscience inférieure et normale perçoit comme des réalités séparées et distinctes.
Ennéagramme: (du grec ennéa = neuf et gramme = signe) ce mot désigne un diagramme formé d’un cercle dont la circonférence est marquée de neuf points qui, reliés entre eux, forment à l’intérieur du cercle un triangle et un hexagramme. Employé à l’origine en divination, il est aujourd’hui connu comme symbole d’un système permettant de classer les personnalités en neuf types de caractères standards. Il est devenu à la mode après la publication du livre d’Helen Palmer The Enneagram,97 qui reconnaissait sa dette à l’égard du penseur ésotérique et guérisseur russe G.I. Gurdjieff, du psychologue chilien Claudio Naranjo et de l’auteur Oscar Ichazo, fondateur d’Arica. L’origine de l’ennéagramme reste entourée de mystère, mais certains disent qu’il proviendrait du mysticisme soufi.
Ère du Verseau: chaque ère astrologique, d’une durée d’environ 2146, ans porte le nom d’un des signes zodiacaux, mais les « grands jours » s’écoulent en sens inverse, de sorte que l’ère actuelle des Poissons est en train de faire place à l’ère du Verseau. Chaque ère a ses propres énergies cosmiques. Alors que l’énergie des Poissons en a fait un temps de guerres et de conflits, celle du Verseau sera un temps d’harmonie, de justice, de paix, d’unité, etc. De ce point de vue, le Nouvel Âge admet l’inéluctabilité historique. Certains soutiennent que l’ère du Bélier a été l’ère de la religion juive, que l’ère des Poissons est celle du christianisme, et que l’ère du Verseau sera celle de la religion universelle.
Ésotérisme: (du grec esotéros = ce qui est à l’intérieur) indique généralement un corps ancien et caché de connaissances, accessibles uniquement à des groupes d’initiés qui se considèrent comme les gardiens de vérités cachées à la majeure partie de l’humanité. Le processus d’initiation a pour but de faire passer les individus d’une connaissance purement extérieure et superficielle de la réalité à la vérité intérieure, et ce faisant, d’éveiller leur conscience à un niveau plus profond. Ils sont alors invités à entreprendre un « voyage intérieur » pour découvrir « l’étincelle divine » en eux-mêmes. Le salut, dans cette optique, coïncide avec la découverte du moi.
Évolution: pour le Nouvel Âge, c’est beaucoup plus que l’évolution des êtres vivants vers des formes de vie supérieures. Le modèle physique est rapporté aux mondes spirituels, de sorte qu’une force immanente aux êtres humains les pousserait vers des formes supérieures de vie spirituelle. Les hommes n’ont pas le plein contrôle de cette force, mais leurs bonnes ou leurs mauvaises actions peuvent accélérer ou retarder leur progression. La création tout entière, y compris l’humanité, est dite avancer inéluctablement vers la fusion avec le divin. La réincarnation occupe bien entendu une place importante dans cette vision d’une évolution spirituelle progressive qui débuterait avant la naissance et continuerait après la mort.98
Feng-shui: c’est une forme de géomancie, et plus précisément une méthode occulte chinoise pour déceler la présence cachée de courants positifs ou négatifs dans les édifices et autres lieux, grâce à la connaissance des forces terrestres et atmosphériques. « À l’instar du corps humain ou du cosmos, les sites sont des lieux parcourus par des influx dont le juste équilibre est source de santé et de vitalité ».99
Gnose: au sens le plus général, c’est une forme de connaissance non-intellectuelle, visionnaire ou mystique. Il est dit qu’elle doit être révélée et qu’elle est capable de faire accéder l’homme au mystère divin. Dans les premiers siècles du christianisme, les Pères de l’Église luttèrent contre le gnosticisme, car il était en contradiction avec la foi. Certains décèlent une renaissance des idées gnostiques dans la pensée Nouvel Âge, et effectivement, divers auteurs de la mouvance Nouvel Âge citent le gnosticisme antique. Toutefois, en raison de l’accent mis par le Nouvel Âge sur le monisme et même sur le panthéisme ou le panenthéisme, beaucoup préfèrent le qualifier de néo-gnosticisme, pour distinguer la gnose Nouvel Âge du gnosticisme antique.
Grande Fraternité Blanche: Mme Blavatsky disait être en contact ave les mahatmas ou maîtres, des êtres supérieurs qui forment ensemble la Grande Fraternité Blanche. Elle affirmait qu’ils guident l’évolution de la race humaine et dirigent le travail de la Société théosophique.
Hermétisme: ensemble de pratiques et de spéculations philosophiques et religieuses liées aux écrits du Corpus Hermeticum et aux textes alexandrins attribués à un personnage mythique du nom d’Hermès Trismégiste. Quand il se répandit pour la première fois à la Renaissance, on crut qu’il ressortait des doctrines pré-chrétiennes, mais des études postérieures ont montré qu’il date des premiers siècles de l’ère chrétienne.100 L’hermétisme alexandrin est la principale source de l’ésotérisme moderne, avec lequel il a beaucoup de points communs: éclectisme, refus du dualisme ontologique et affirmation du caractère positif et symbolique de l’univers, idée de la chute suivie du rétablissement de l’humanité. Les spéculations hermétiques ont renforcé la croyance dans une antique tradition fondamentale, ou philosophia perennis, commune à toutes les traditions religieuses. La haute magie et la magie cérémonielle se sont développées à partir de l’hermétisme de la Renaissance.
Holisme: concept-clé du « changement de paradigme », il s’agirait d’un cadre théorique susceptible d’intégrer toute la vision du monde de l’homme moderne. Par opposition à l’expérience de fragmentation croissante constatée aussi bien dans la science que dans la vie de tous les jours, la « totalité » est présentée comme un concept méthodologique et ontologique central. L’humanité se situe dans l’univers comme partie d’un organisme vivant unique, d’un réseau harmonieux de rapports dynamiques. La distinction classique entre sujet et objet, à propos de laquelle Descartes et Newton sont critiqués, est contestée par un certain nombre de scientifiques qui jettent un pont entre science et religion. L’humanité fait partie du réseau global (écosystème, famille) de la nature et du monde, et doit s’harmoniser avec chaque élément de cette autorité quasi transcendante. Quand l’homme prend conscience de la place qu’il occupe dans la nature et dans le cosmos, lui aussi divin, il comprend que « totalité » et « sainteté » sont une seule et même chose. La formulation la plus claire du concept de holisme se trouve dans « l’hypothèse Gaia ».101
Initiation: en ethnologie religieuse, c’est le voyage cognitif et/ ou expérienciel par lequel un individu est admis, seul ou comme membre d’un groupe, à l’aide de rituels particuliers, dans une communauté religieuse, une société secrète (par ex: la franc-maçonnerie) ou une association mystérique (magique, ésotérique ou occultiste, gnostique, théosophique, etc.).
Karma: (de la racine sanscrite Kri = action, fait) notion-clé de l’hindouisme, du jaïnisme et du bouddhisme, il a fait l’objet d’interprétations souvent très diverses. À l’origine, à l’époque védique, il indiquait l’acte rituel, en général un sacrifice, par lequel une personne accédait au bonheur ou à la béatitude de l’au-delà. Avec l’apparition du jaïnisme et du bouddhisme (vers le VIe siècle av.-J.C.) le karma perdit sa connotation salvifique: la voie de la libération passait par la connaissance de l’atman ou « soi ». Dans la doctrine du samsara, le karma devient le cycle perpétuel de naissance et de mort des hommes (hindouisme) ou de renaissance (bouddhisme).102 Dans l’optique du Nouvel Âge, la « loi du karma » est souvent considérée comme l’équivalent moral de l’évolution cosmique. Elle n’a donc plus rien à voir avec le mal ou la souffrance, toutes illusions qu’il faut accepter comme faisant partie d’un « jeu cosmique », mais est la loi universelle de cause à effet, qui fait partie du grand mouvement de l’univers interdépendant vers l’équilibre moral.103
Monisme: doctrine métaphysique selon laquelle les différences entre les êtres sont illusoires. Il existe un seul être universel, dont font partie toute chose et tout être. En affirmant que la réalité est fondamentalement spirituelle, le monisme Nouvel Âge se présente comme une forme contemporaine de panthéisme (il s’accompagne souvent d’un rejet formel du matérialisme, et en particulier du marxisme). Sa volonté d’éliminer tout dualisme ne laisse aucune place à un Dieu transcendant, puisque tout est Dieu. Un autre problème qui se pose pour le christianisme est la question de l’origine du mal. Pour C.G. Jung, le mal est « le côté d’ombre » d’un Dieu qui, pour le théisme classique, est au contraire un Dieu de toute bonté.
Mouvement de Développement du Potentiel Humain: depuis ses débuts (à Esalen, en Californie, dans les années 1960), ce mouvement a développé un réseau de groupes qui entendent libérer la capacité innée de créativité de l’homme au moyen de l’auto- réalisation. Les techniques de transformation personnelle sont utilisées par un nombre croissant d’entreprises dans le cadre de leurs programmes de formation au management, et ce pour des motifs d’ordre exclusivement économique. Les Technologies Transpersonnelles, le Mouvement pour l’Éveil Spirituel Intérieur, le Développement Organisationnel et la Transformation Organisationnelle se présentent tous comme des mouvements non-religieux, mais en réalité il est arrivé qu’une ‘spiritualité’ venue d’ailleurs soit imposée aux employés de ces entreprises, dans des conditions qui posent le problème de la liberté personnelle. Les liens entre la spiritualité orientale et la psychothérapie sont évidents, tandis que la psychologie junghienne et le Mouvement de Développement du Potentiel Humain ont beaucoup influencé le chamanisme et certaines formes « reconstruites » de paganisme, comme le druidisme et le Wicca. En général, « la croissance personnelle » peut être considérée comme la forme que prend le « salut religieux » dans le mouvement Nouvel Âge, qui se dit capable de libérer les hommes de leurs souffrances et de leurs faiblesses en développant leur potentiel humain, pour qu’ils soient un contact toujours plus étroit avec leur Dieu intérieur.104
Musique Nouvel Âge: c’est une industrie florissante. Cette musique, qui est souvent présentée comme un moyen pour trouver l’harmonie avec soi-même et avec le monde, est en partie « celtique » ou druidique. Certains compositeurs Nouvel Âge soutiennent que leur musique est capable de jeter un pont entre le conscient et l’inconscient, mais c’est probablement le cas surtout quand, à côté des mélodies, il y a répétition méditative et rythmique de certaines phrases-clés. Comme d’autres phénomènes Nouvel Âge, certaines de ces musiques sont destinées à insérer encore davantage les personnes dans le mouvement Nouvel Âge, mais la plupart d’entre elles sont purement commerciales ou artistiques.
Mysticisme: le mysticisme Nouvel Âge est plus une concentration sur soi-même qu’une communion avec un Dieu « totalement autre ». C’est une fusion avec l’univers, un anéantissement total de l’individu dans l’unité du tout. Et puisque l’expérience du moi équivaut à l’expérience du divin, c’est en soi qu’il faut regarder pour découvrir la sagesse, la créativité et le pouvoir authentiques.
Néo-paganisme: un titre souvent rejeté par ceux auxquels il est donné, et qui se réfère à un courant qui court parallèlement au Nouvel Âge et interagit avec lui. Dans la grande vague de rejet des religions traditionnelles, et en particulier de l’héritage judéo-chrétien de l’Occident, beaucoup sont retournés aux anciennes religions autochtones, traditionnelles et païennes. Tout ce qui est antérieur au christianisme est considéré comme plus conforme à l’esprit du pays ou de la nation, comme une forme inaltérée de religion naturelle en contact avec les forces de la nature, souvent matriarcale, magique ou chamaniste. L’humanité sera plus épanouie si elle revient au cycle naturel des festivités (agricoles) et à l’affirmation de la vie en général. Certaines religions « néo-païennes » sont des reconstructions récentes et leur lien avec les formes originaires est douteux, surtout lorsqu’elles sont dominées par des éléments empruntés aux idéologies modernes tels que l’écologie, le féminisme ou même, dans certains cas, les mythes de pureté raciale.105
Occultisme: la connaissance occulte (cachée) et les forces occultes psychiques et naturelles sont à la base de croyances et de pratiques s’inspirant de la « philosophie pérenne » présumée secrète, synthèse de magie et d’alchimie de la Grèce antique d’une part, et du mysticisme juif de l’autre. Un code de secret est imposé aux initiés des groupes et des sociétés chargées de conserver ces connaissances et ces techniques, afin qu’elles restent cachées. Au XIXe siècle, le spiritisme et la Société théosophique introduisirent de nouvelles formes d’occultisme qui ont influencé à leur tour certains courants du Nouvel Âge.
Panthéisme: (du grec pan = toute chose et théos = Dieu) croyance que tout est Dieu, ou parfois aussi que tout est en Dieu, et que Dieu est dans tout (panenthéisme). Chaque élément de l’univers est divin, et la divinité est également présente en toute chose. Cette vision ne laisse pas de place à Dieu comme personne distincte, tel que le conçoit le théisme classique.
Parapsychologie: elle traite des phénomènes tels que la perception extrasensorielle, la télépathie, la télékinésie, le traitement psychique et la communication avec les esprits par l’intermédiaire d’un médium ou channeling. En dépit des critiques acharnées des scientifiques, la parapsychologie ne cesse de se renforcer et s’accorde bien avec l’idée répandue dans certains milieux du Nouvel Âge selon laquelle les hommes possèdent des capacités psychiques extraordinaires, généralement à l’état latent.
Pensée positive: conviction que les individus ont la faculté de changer la réalité physique ou les circonstances extérieures en modifiant leur attitude mentale par des pensées positives et constructives. Dans certains cas, il s’agit de devenir plus conscient de certaines croyances nourries inconsciemment qui déterminent notre vie. Les adeptes de la Pensée positive croient que leur attitude leur donnera la santé et le bien-être, souvent la prospérité, et parfois même l’immortalité
Penser Nouveau: mouvement religieux fondé aux États-Unis au XIXe siècle. Il prend sa source dans l’idéalisme, dont il devint une forme très répandue. Dieu est totalement bon, et le mal n’est qu’une illusion. La réalité fondamentale est la pensée. Et puisque la pensée est la cause des événements de la vie, chacun est responsable, en définitive, de tous les aspects de sa condition.
Psychologie des profondeurs: école de psychologie fondée par C.G. Jung, un ancien élève de Freud. Jung reconnaissait que la religion et les questions spirituelles ont une grande influence sur le bien-être et la santé des individus. Sa méthode se base principalement sur l’interprétation des rêves et l’analyse des archétypes. Les archétypes sont des formes appartenant à la structure héréditaire du psychisme humain, et qui apparaissent dans les motifs récurrents ou les images des rêves, rêveries, mythes et contes de fée.
Rebirthing: Au début des années 1970, Léonard Orr a décrit le rebirthing comme un processus permettant à l’individu d’identifier et d’isoler les domaines non-résolus de sa conscience qui sont à l’origine de ses problèmes actuels.
Réincarnation: dans le Nouvel Âge, la réincarnation est liée à la notion d’évolution ascendante vers le divin. À l’opposé des religions indiennes ou de celles qui s’en inspirent, le Nouvel Âge voit la réincarnation comme une progression de l’âme individuelle vers une plus grande perfection. Ce qui se réincarne est essentiellement la partie la plus immatérielle ou spirituelle de la personne, et plus précisément c’est sa conscience, cette étincelle d’énergie qui participe de l’énergie cosmique ou « christique ». La mort n’est alors que le passage de l’âme d’un corps à un autre.
Rose-Croix: groupes occultes occidentaux qui pratiquent l’alchimie, l’astrologie, la théosophie et l’interprétation kabbalistique des Écritures. La Fraternité de la Rose-Croix a contribué au renouveau de l’astrologie au XXe siècle, et l’Ancien et Mystique Ordre des Rose-Croix (AMORC) liait le succès à une capacité présumée de matérialiser les images mentales de santé, richesse et bonheur.
Spiritisme: Si les tentatives pour contacter les esprits des défunts ont toujours existé, le spiritisme du XIXe est un des courants qui ont conflué dans le Nouvel Âge. Il s’est développé dans le sillage des idées de Swedenborg et Mesmer, au point de devenir une nouvelle sorte de religion. Madame Blavatsky était un médium, et le spiritisme avait une place importante dans la Société théosophique, bien que l’accent soit mis sur le contact avec les entités d’un passé lointain plutôt qu’avec les personnes décédées récemment. Allan Kardec contribua beaucoup à la diffusion du spiritisme dans les religions afro-brésiliennes. On trouve également des éléments spirites au sein de certains Nouveaux Mouvements Religieux japonais.
Théosophie: terme ancien qui, à l’origine, désignait un type de mysticisme. Attribué aux gnostiques et aux néoplatoniciens grecs, à Maître Eckhart, à Nicolas de Cuse et à Jacob Boehme, il fut repris par la Société théosophique fondée en 1875 par Helena Petrovna Blavatsky et d’autres. Le mysticisme théosophique tend à être moniste, puisqu’il insiste sur l’unité essentielle des composantes spirituelle et matérielle de l’univers. Il s’intéresse aussi aux forces cachées qui rendent possible l’interaction entre matière et esprit, pour que l’esprit humain et l’esprit divin puissent se rencontrer finalement. En cela, la théosophie offre la rédemption mystique ou illumination.
Transcendantalisme: mouvement apparu au XIXe siècle en Nouvelle Angleterre, réunissant des écrivains et des penseurs qui partageaient un ensemble de croyances idéalistes dans l’unité essentielle de la création, la bonté innée de la personne humaine, la supériorité de l’intuition sur la logique et l’expérience pour découvrir les vérités cachées. Son principal représentant fut Ralph Waldo Emerson qui, après avoir abandonné le christianisme orthodoxe au profit de l’unitarisme, passa à un nouveau mysticisme de la nature qui intégrait certaines croyances hindouistes à des tendances plus proprement américaines tels que l’individualisme, la responsabilité personnelle et la nécessité de réussir.
Wicca: ce vieux terme anglais pour désigner les sorcières a été donné à un renouveau néo-païen d’éléments de magie rituelle. Il fut lancé en Angleterre en 1939 par Gerald Gardner qui, en se basant sur des documents d’archives, soutenait que la sorcellerie européenne du Moyen Âge était une ancienne religion de la nature persécutée par le christianisme. Appelé aussi « the Craft » (l’art),ce mouvement essaima rapidement aux États-Unis dans les années 1960, où il rencontra le courant de spiritualité féminine « Women’s spirituality ».
7.3. Hauts lieux du Nouvel Âge
Esalen: communauté fondée à Big Sur, en Californie, en 1962 par Michael Murphy et Richard Price. Son but principal était d’arriver à l’auto-réalisation au moyen du nudisme et des visions et à l’aide des « thérapies douces ». Devenu l’un des principaux centres du Mouvement du Potentiel Humain, elle répandit les
idées de la médicine holistique dans le monde de l’éducation, de la politique et de l’économie au moyen de cours de religions comparées, mythologie, mysticisme, méditation, psychothérapie, élargissement de la conscience, et ainsi de suite. Avec Findhorn, elle est considérée comme un des hauts lieux du développement de la conscience du Verseau. L’Institut soviéto-américain d’Esalen coopéra avec les fonctionnaires soviétiques à un projet de promotion de la santé.
Findhorn: cette communauté agricole holistique créée par Peter et Eileen Caddy réussit à faire pousser des plantes énormes avec des méthodes non-orthodoxes… « La fondation de la communauté de Findhorn en Écosse en 1965 fut un jalon important dans le mouvement dit Nouvel Âge. En effet, Findhorn ‘incarnait ses grands idéaux de transformation’. La recherche d’une conscience universelle, l’objectif de l’harmonie avec la nature, la vision d’un monde transformé et la pratique du channeling, qui deviendront les signes distinctifs du mouvement Nouvel Âge, étaient présents à Findhorn dès sa fondation. Le succès de cette communauté en fit un modèle et/ou une source d’inspiration pour d’autres groupes, tels que celui des Alternatifs à Londres, celui d’Esalen à Big Sur en Californie, et l’Institut Open Center and Omega de New York ».106
Monte Verità: communauté utopiste située près d’Ascona en Suisse. Depuis la fin du XIXe siècle, c’est le lieu de rendez-vous des membres européens et américains de la contre-culture dans les domaines de la politique, de la psychologie, de l’art et de l’écologie. Les conférences d’Eranos s’y tiennent chaque année depuis 1933, réunissant les grands luminaires du Nouvel Âge. Son annuaire révèle l’intention de créer une religion mondiale intégrée.107 Il est fascinant de consulter la liste de ceux qui se sont réunis au cours de toutes ces années à Monte Verità.
8
RÉFÉRENCES
8.1. Documents du magistère de l’Église catholique
Jean-Paul II, Discours aux évêques américains de l’Iowa, du Kansas, du Missouri et du Nebraska en visite « Ad Limina » 28 mai 1993.
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8.2. Études chrétiennes
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9
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
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1Paul Heelas, The New Age Movement. The Celebration of the Self and the Sacralization of Modernity, Oxford (Blackwell) 1996, p. 137.
2Cf. P. Heelas, op. cit., p. 164 ss.
3Cf. P. Heelas, op. cit., p. 173.
4Cf. Jean Paul II, Lettre Encyclique Dominum et vivificantem (18.5.1986), 53.
5Cf. Gilbert Markus o.p., « Celtic Schmeltic », (1) in Spirituality, vol. 4,
November-December 1998, No 21, pp. 379-383; et (2) in Spirituality, vol. 5,
January-February 1999, No 22, pp. 57-61.
6Jean Paul II, Entrez dans l’espérance, Paris (Plon) 1994, p. 147.
7Cf. en particulier Massimo Introvigne, New Age & Next Age, Casale Monferrato (Piemme) 2000.
8M. Introvigne, op. cit., p. 267.
9Cf. Michel Lacroix, L’Ideologia della New Age, Milano (il Saggiatore) 1998,
p. 86. Le mot « secte » n’est pas employé ici dans un sens péjoratif, mais simplement pour indiquer un phénomène sociologique.
10Cf. Wouter J. Hanegraaff, New Age Religion and Western Culture. Esotericism in the Mirror of Secular Thought, Leiden-New York-Köln (Brill) 1996, p. 377 et ailleurs.
11Cf. Rodney Stark and William Sims Bainbridge, The Future of Religion. Secularisation, Revival and Cult Formation, Berkeley (University of California Press) 1985.
12Cf. M. Lacroix, op. cit., p. 8.
13Le cours suisse « Theologie für Laien » intitulé Faszination Esoterik expose cela de façon très claire. Cf. « Kursmappe 1 – New Age und Esoterik », texte pour accompagner des diapositives, p. 9.
14Ce terme était déjà utilisé dans le titre de The New Age Magazine, par le Rite maçonnique écossais d’ancienne obédience dans la juridiction Sud des États-Unis dès 1900. Cf. M. York, « The New Age Movement in Great Britain », in Syzygy. Journal of Alternative Religion and Culture, 1: 2-3 (1992), Stanford CA, p. 156, note 6. Le calendrier et la nature exacte des changements du Nouvel Âge sont interprétés différemment par plusieurs autheurs; estimation de calendrier allant de1967 à 2376.
15À la fin de 1977, Marilyn Ferguson envoya un questionnaire à 210 « personnes engagées dans la transformation sociale », qu’elle appela « Conspirateurs du Verseau ». La question suivante est intéressante: « Lorsqu’on a demandé aux personnes interrogées de citer des individus dont les idées les ont influencées, soit à travers un contact personnel, soit par leurs écrits, ceux qui furent le plus souvent nommés, dans l’ordre de fréquence, furent Pierre Teilhard de Chardin, C.G. Jung, Abraham Maslow, Carl Rogers, Aldous Huxley, Robert Assagioli, et J. Krishnamurti. Parmi les autres noms souvent mentionnés: Paul Tillich, Hermann Hesse, Alfred North Whitehead, Martin Buber, Ruth Benedict, Margaret Mead, Gregory Bateson, Tarthang Tulku, Alan Watts, Sri Aurobindo, Swami Muktananda, D.T. Suzuki, Thomas Merton, Willis Harman, Kenneth Boulding, Elise Boulding, Erich Fromm, Marshall McLuhan, Buckminster Fuller, Frederic Spiegelberg, Alfred Korzybski, Heinz von Foerster, John Lilly, Werner Erhard, Oscar Ichazo, Maharishi Mahesh Yogi, Joseph Chilton Pearce, Karl Pribram, Gardner Murphy, et Albert Einstein ». The Aquarian Conspiracy. Personal and Social Transformation in Our Time,
Los Angeles (Tarcher) 1980, p. 50 (note 1) et p. 434, traduit en français sous le titre Les enfants du Verseau. Pour un nouveau paradigme.
16W.J. Hanegraaff, op. cit., p. 520.
17Irish Theological Commission, A New Age of the Spirit? A Catholic Response to the New Age Phenomenon, Dublin 1994, chap. 3.
18Cf. The Structure of Scientific Revolutions, Chicago (University of Chicago Press), 1970, p. 175.
19Cf. Alessandro Olivieri Pennesi, Il Cristo del New Age. Indagine critica, Cité du Vatican (Libreria editrice vaticana) 1999, passim, mais spécialement pp. 11-34. Voir aussi le paragraphe 4 ci-dessous.
20Il vaut la peine de rappeler les paroles de cette chanson, qui se sont vite gravées dans l’esprit de toute une génération d’Américains et d’Européens:
“Quand la lune sera dans la septième maison, et Jupiter aligné sur Mars, / la paix guidera les planètes, et l’amour conduira les étoiles. / Voici que se lèvera l’Ère du Verseau… / Harmonie, loyauté, clarté, sympathie, lumière et vérité; / personne ne supprimera la liberté, personne ne musellera l’esprit; / la mystique nous donnera de comprendre et l’homme reprendra à penser, / grâce au Verseau…”
21P. Heelas, op. cit., p. 1 ss. Le Journal de la Berkeley Christian Coalition d’août 1978 présente ainsi les choses: « Il y a juste dix ans, la spiritualité ‘funky’ basée sur les drogues des hippies et le mysticisme des yogi orientaux étaient circonscrits à la contre-culture. Aujourd’hui, il se sont tous deux introduits dans le courant principal de notre mentalité culturelle. La science, les professions de la santé et les arts, pour ne pas parler de la psychologie et de la religion, sont engagées dans une reconstruction fondamentale de leurs prémisses de base ». Cité dans Marilyn Ferguson, op.cit., p. 370 ss.
22Cf. Chris Griscom, Ecstasy is a New Frequency: Teachings of the Light Institute, New York (Simon & Schuster) 1987, p. 82.
23Voir le lexique des termes New Age, § 7.2 ci-après.
24Cf. W.J. Hanegraaf, op. cit., Leiden-New York-Köln (Brill) 1996, chapitre 15 (« The Mirror of Secular Thought »). Le système des correspondances, qui provient manifestement de l’ésotérisme traditionnel, a pris une nouvelle signification pour ceux qui (consciemment ou pas) suivent Swedenborg. Alors que, dans la doctrine ésotérique traditionnelle, chaque élément naturel porte en lui la vie divine, pour Swedenborg la nature est le reflet inanimé du monde spirituel vivant. Cette idée est au cœur de la vision post-moderne d’un monde désenchanté et des différentes tentatives pour le « ré-enchanter ». Mme Blavatsky rejette les correspondances, et Jung a beaucoup relativisé la causalité au profit d’une conception ésotérique du monde des correspondances.
25W.J. Hanegraaff, op. cit., pp. 54-55.
26Cf. Reinhard Hümmel, « Reinkarnation », in Hans Gasper, Joachim
Müller, Friederike Valentin (eds.), Lexikon der Sekten, Sondergruppen und Weltanschauungen. Fakten, Hintergründe, Klärungen, Freiburg-Basel-Wien (Herder) 2000,
pp. 886-893.
27Michael Fuss, « New Age and Europe – A Challenge for Theology », in Mission Studies Vol. VIII-2, 16, 1991, p. 192.
28Ibid., loc. cit.
29Ibid., p. 193.
30Ibid., p. 199.
31Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux évêques de l’Eglise
Catholique sur quelques aspects de la méditation chrétienne (Orationis Formas), 1989, 14. Cf. Gaudium et Spes, 19; Fides et Ratio, 22.
32W.J. Hanegraaff, op. cit., p. 448 ss. Ces objectifs sont tirés de la version finale (1896), des versions antérieures à celle-ci mettant l’accent sur l’irrationalité du « fanatisme » et l’urgence de promouvoir une éducation non sectaire. Hanegraaff cite la description de J. Gordon Melton de la religion New Age qui prend racine dans la tradition « occulte métaphysique » (ibid., p. 455).
33W.J. Hanegraaff, op. cit., p. 513.
34Thomas M. King s.j., « Jung and Catholic Spirituality », in America, 3 April 1999, p. 14. L’auteur fait remarquer que les adeptes du Nouvel Âge « citent des passages ayant trait au I Ching, à l’astrologie et au Zen, tandis que les catholiques citent des passages ayant trait aux mystiques chrétiens, à la liturgie et à la valeur psychologique du sacrement de la réconciliation » (p. 12). Il fait aussi la liste des personnalités catholiques et des institutions spirituelles clairement inspirées et guidées par la psychologie junghienne.
35Cf. W.J. Hanegraaff, op. cit., p. 501 ss.
36Carl Gustav Jung, Wandlungen und Symbole der Libido, quoted in Hanegraaff, op. cit., p. 503.
37Sur ce point cf. Michel Schooyans, L’Évangile face au désordre mondial, avec une préface du Cardinal Joseph Ratzinger, Paris (Fayard) 1997.
38Cité dans le texte de la Communauté Maranatha The True and the False New Age. Introductory Ecumenical Notes, Manchester (Maranatha) 1993, 8.10 – la numération de pages originale n’est pas spécifiée.
39Michel Lacroix, L’Ideologia della New Age, Milano (il Saggiatore) 1998,
p. 84 ss.
40Cf. la présentation des idées de David Spangler dans Actualité des religions nº 8, septembre 1999, p. 43.
41M. Ferguson, op. cit., p. 407.
42Ibid., p. 411.
43« Être Américain… c’est précisément imaginer un destin plutôt que d’en hériter un. Nous avons toujours été des hôtes du mythe plus que de l’histoire »: Leslie Fiedler, citée dans Marilyn Ferguson, op. cit., p. 142.
44Cf. P. Heelas, op. cit., p. 173 ss.
45David Spangler, The New Age, Issaquah (Mornington Press) 1988, p. 14.
46P. Heelas, op. cit., p. 168.
47Voir l’ouvrage de Michel Schooyans, L’Évangile face au désordre mondial, avec une préface du cardinal Joseph Ratzinger, Paris (Fayard) 1997.
48Cf. Our Creative Diversity. Report of the World Commission on Culture and Development, Paris (UNESCO) 1995, qui montre l’importance donnée à la célébration et la promotion de la diversité.
49Cf. Christoph Bochinger, « New Age » und moderne Religion: Religionswissenschaftliche Untersuchungen, Gütersloh (Kaiser) 1994, notamment le chapitre 3.
50Les lacunes des techniques qui ne sont pas vraiment des prières sont exposées plus loin, au § 3.4, « Mystique chrétienne et mystique New Age ».
51Cf. Carlo Maccari, « La ‘mistica cosmica’ del New Age », in Religioni e Sette nel Mondo 1996/2.
52Jean Vernette, « L’avventura spirituale dei figli dell’Acquario », in Religioni e Sette nel Mondo 1996/2, p. 42 ss.
53Jean Vernette, loc. cit.
54Cf. J. Gordon Melton, New Age Encyclopedia, Detroit (Gale Research 1990), pp. xiii-xiv.
55David Spangler, The Rebirth of the Sacred, London (Gateway Books) 1984, p. 78 ss.
56D. Spangler, The New Age, op. cit., p. 13 ss.
57Jean Paul II, Lettre Apostolique Tertio Millennio Adveniente (10.11.1994), 9.
58Matthew Fox, The Coming of the Cosmic Christ. The Healing of Mother Earth and the Birth of a Global Renaissance, San Francisco (Harper & Row) 1988, p. 135.
59Cf. le document publié par le Comité pour la Culture de la Conférence épiscopale argentine: Frente a una Nueva Era. Desafío a la pastoral en el horizonte de la Nueva Evangelización, 1993.
60Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Orationis Formas, 23.
61Ibid., 3. Voir les paragraphes sur la méditation et la prière contemplative dans le Catéchisme de l’Église Catholique, §§. 2705-2719.
62Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Orationis Formas, 13.
63Cf. Brendan Pelphrey, « I said, You are Gods. Orthodox Christian Theosis and Deification in the New Religious Movements » in Spirituality East and West, Easter 2000 (No. 13).
64Adrian Smith, God and the Aquarian Age. The new era of the Kingdom, Great Wakering (McCrimmons) 1990, p. 49.
65Cf. Benjamin Creme, The Reappearance of Christ and the Masters of Wisdom, London (Tara Press) 1979, p. 116.
66Cf. Jean Vernette, Le New Age, Paris (P.U.F.) 1992 (Collection Encyclopédique Que sais-je? ), p. 14.
67Catéchisme de l’Église Catholique, § 52.
68Cf. Alessandro Olivieri Pennesi, Il Cristo del New Age. Indagine Critica, Cité du Vatican (Libreria Editrice Vaticana) 1999, notament les pages 13-34. La liste des points communs se trouve p. 33.
69Credo de Nicée-Constantinople.
70Michel Lacroix, L’Ideologia della New Age, Milano (Il Saggiatore) 1998,
p. 74.
71Ibid., p. 68.
72Edwin Schur, The Awareness Trap. Self-Absorption instead of Social Change, New York (McGraw Hill) 1977, p. 68.
73Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, §§ 355-383.
74Cf. Paul Heelas, The New Age Movement. The Celebration of the Self and the Sacralization of Modernity, Oxford (Blackwell) 1996, p. 161.
75A Catholic Response to the New Age Phenomenon, Irish Theological Commission 1994, chapitre 3.
76Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Orationis Formas, 3.
77 Ibid., 7.
78William Bloom, The New Age. An Anthology of Essential Writings, London (Rider) 1991, p. xvi.
79Catéchisme de l’Église Catholique, § 387.
80Ibid., § 1849.
81Ibid., § 1850.
82Jean Paul II, Lettre apostolique sur le sens de la souffrance humaine (Salvifici dolo- ris – 11.2.1984) 19.
83Cf. D. Spangler, The New Age, op. cit., p. 28.
84Cf. Jean Paul II, Lettre Encyclique Redemptoris Missio (7.12.1990) 6 et 28, et la Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi Dominus Jesus (6.8.2000), 12.
85Cf. R. Rhodes, The Counterfeit Christ of the New Age Movement, Grand Rapids (Baker) 1990, p. 129.
86Helen Bergin o.p., « Living One’s Truth », in The Furrow, janvier 2000,
p. 12.
87Ibid., p. 15.
88Cf. P. Heelas, op. cit., p. 138.
89Elliot Miller, A Crash Course in the New Age, Eastbourne (Monarch) 1989, p. 122. Pour une documentation sur l’attitude fortement anti-chrétienne du spiritisme, cf. R. Laurence Moore, « Spiritualism », in Edwin S. Gaustad (ed.), The Rise of Adventism: Religion and Society in Mid-Nineteenth-Century America, New York 1974, pp. 79-103, et aussi R. Laurence Moore, In Search of White Crows: Spiritualism, Parapsychology, and American Culture, New York (Oxford University Press) 1977.
90Cf. Jean Paul II, Lettre Encyclique Fides et Ratio (14.9.1998), 36-48.
91Cf. Jean Paul II, Discours aux Évêques américains de Iowa, Kansas, Missouri et Nebraska à l’occasion de leur visite « Ad Limina », 28 mai 1993.
92Cf. Jean Paul II, Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Africa (14.9.1995), 103. Le Conseil Pontifical pour la Culture a publié un guide qui recense ces centres dans le monde entier: Catholic Cultural Centres (3ème édition, Cité du Vatican, 2001).
93Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Orationis Formas, et le chapitre 3 ci-dessus.
94Il s’agit d’un domaine où le manque d’information peut permettre à des groupes dont le vrai programme est hostile au message de l’Évangile d’induire ces responsables de l’éducation en erreur. C’est le cas en particulier dans les écoles, où un auditoire de jeunes curieux et obligés d’écouter est un objectif idéal pour le marchandisage idéologique. Cf. le caveat in Massimo Introvigne, New Age & Next Age, Casale Monferrato (Piemme) 2000, p. 277 ss.
95Cf. J. Badewien, Antroposofia, in H. Waldenfels (ed.) Nuovo Dizionario delle Religioni, Cinisello Balsamo (San Paolo) 1993, p. 41.
96Cf. Raúl Berzosa Martinez, Nueva Era y Cristianesimo, Madrid (BAC) 1995, p. 214.
97Helen Palmer, The Enneagram, New York (Harper-Row) 1989.
98Cf. le document, cité ci-dessus, de la Conférence épiscopale argentine.
99J. Gernet, in J.-P. Vernant et al., Divination et Rationalité, Paris (Seuil) 1974, p. 55.
100Cf. Susan Greenwood, « Gender and Power in Magical Practices », in Steven Sutcliffe and Marion Bowman (eds.), Beyond New Age. Exploring Alternative Spirituality, Edinburgh (Edinburgh University Press) 2000, p. 139.
101Cf. M. Fuss, op. cit., pp.198-199.
102Cf. Carlo Maccari, La « New Age » di fronte alla fede cristiana, Leumann- Torino (LCD) 1994, p.168.
103Cf. Hanegraaff, op. cit., pp. 283-290.
104Pour un traitement bref mais clair du Mouvement du Potentiel Humain, voir Elizabeth Puttick, « Personal Development: the Spiritualisation and Secularisation of the Human Potential Movement », in: Steven Sutcliffe and Marion Bowman (eds.), Beyond New Age. Exploring Alternative Spirituality, Edinburgh (Edinburgh University Press) 2000, pp. 201-219.
105Sur ce dernier point très délicat, voir l’article de Eckhard Türk « Neonazismus » in Hans Gasper, Joachim Müller, Friederike Valentin (eds.), Lexikon der Sekten, Sondergruppen und Weltanschauungen. Fakten, Hintergründe, Klärungen, Freiburg-Basel-Wien (Herder) 2000, p. 726.
106Cf. John Saliba, Christian Responses to the New Age Movement. A Critical Assessment, London, (Geoffrey Chapman) 1999, p. 1.
107Cf. Michael Fuss, op. cit., pp. 195-196.
Bonjour, mon Père. Une connaissance m’a fait connaître une thérapie appelée “Access Bars”. Le but est de stimuler certaines zones du cerveau pour procurer de la détente, mais ce qui m’étonne, c’est le récit d’une sorte de phrase préparée à l’avance afin de réussir la thérapie, lorsqu’elle échouerait sans cette phrase.
Est-ce du nouvel âge, donc un péché de ” subir” cette thérapie.
De même, l’acupuncture est-elle un péché de nouvel âge ? Doit-on jeter un livre ou une autre œuvre fictive qui en fait rapidement allusion, et une seule fois (en disant toutefois que cela a soulagé les douleurs d’une personne (fictive), qu’elle a apprécié) ? Peut-on vendre cette œuvre ?
Merci pour votre réponse.
Loué soit Jésus-Christ !
Sans aucun doute votre premier cas rentre-t-il dans le cadre des pratiques New-Age et là, certainement démoniaque, ce que je ne dirais pas nécessairement pour le second.
Bonjour,
Si je puis me permettre, l’Acupuncture n’est pas une fantaisie de charlatan, ou une pratique New-Age.
Il n’y a pas de message spirituel tarabiscoté afin de donner une pseudo-sagesse supérieure à cette discipline médicale. (Comme dans le Yoga).
Il existe en France des praticiens très sérieux, ne flirtant pas franchement avec le New-Age, j’en connais personnellement ayant pignon sur rue et obtenant des résultats médicaux très satisfaisants.
Pour certaines pathologies c’est même une très bonne alternative aux traitements médicamenteux.
Je ferais un parallèle aussi avec le Yoga, qui est avant tout une discipline physique plutôt que spirituel.
Les “inventeurs” du Yoga ayant avant tout recherché le bien-être du Corps et non celui de l’esprit.
Le Yoga est aujourd’hui une victime emblématique du New-Age, car toute une logorrhée imbécile s’est greffée dessus, ce qui est dommage car son impact sur l’anatomie est particulièrement positive.
Le yoga fait partie des traditions qui confluent dans le Nouvel Âge, avec “les pratiques occultes de l’Égypte ancienne, la kabbale, le gnosticisme des premiers siècles du christianisme, le soufisme, le savoir druidique, le christianisme celtique, l’alchimie médiévale, l’hermétisme de la Renaissance, le bouddhisme zen“…
Cf. https://www.youtube.com/results?search_query=verlinde+yoga
Bonjour monsieur l’abbé.
Effectivement, toutes ces pratiques servent à éloigner l’homme du Christ. Il y a beaucoup d’acupuncteurs en france, certains pratiquant meme gratuitement, mais l’acupuncture peut paraitre anodine , mais en réalité, c’est une pratique paranormale, donc liée aux forces démoniaques.
La plupart des pratiquants d’acupuncture ne le savent pas, vu que souvent , c’est une “pratique” qui se transmet de génération en générations.