« Sa descendance t’écrasera la tête, et toi, tu la meurtriras au talon (Genèse 3,18) »
Le prophète Michée parle de « Celle qui doit enfanter (Michée 5,2) » en se référant à la grande prophétie d’Isaïe donnée 30 années auparavant, qui annonçait le signe que le Seigneur donnerai un jour à la maison royale de David : « Voici que la Vierge est enceinte, elle enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire “Dieu avec nous” » (Is 7,14), mais il se réfère aussi certainement à la Femme annoncée dans la Genèse, dont la descendance « écrasera la tête du serpent » (Gn 3,15). Elle est également « la racine de Jessé » (Is 11,1) sur laquelle poussera la fleur du Messie, « l’élue » (Tb 13,11), « l’épouse » du Cantique des cantiques, « la plus belle des femmes » (Ct 5,9) qui « séduit le Roi » (Ps 46,12), étant « comme le lys au milieu des chardons » (Ct 2,2), « sans tache aucune » (Ct 4,8). Elle sera également « la femme qui entourera l’homme » selon la prophétie de Jérémie (31,21-22), « la Fille de Sion » qui danse et se réjouit de porter le Roi d’Israël « en son sein (littéralement : en ses entrailles de mère) » (Za 2,14-15), qui accouchera miraculeusement (Is 66,6-8), qui restera éternellement « une fontaine scellée » (Ct 4,12) et « une porte fermée » (Ez 44,1-2). Marie est aussi l’image la plus parfaite d’Israël qui attend le Christ et l’icône de l’Église qui le prolonge, en ayant été également celle qui a été le plus avec lui durant toute sa vie, pendant les 9 mois de la grossesse, puis les 30 ans de la vie cachée et finalement les 3 années de la vie publique de Jésus.
Dans la tradition juive,
ces textes ont toujours été attribués à la mère du Messie qui est la seule autre personne annoncée par les prophéties bibliques, avec également la figure du Précurseur du Messie, évoquée de manière plus furtive, en seulement deux passages de Malachie (Ml 3,1 et 4.5-6). Etant donné que cette tradition juive affirme que « tous les prophètes sans exception, n’ont prophétisé que pour les jours du Messie » (Talmud, traité Sanhédrin – fol. 99 recto; Sabbat, fol. 63 recto ; Berahhot, fol. 54 verso.) elle ne se prive jamais de rechercher dans toutes les images, personnes, figures et thématiques bibliques un lien avec l’avènement du Messie et c’est ainsi que beaucoup d’autres textes peuvent être attribués à la mère de « Celui qui doit venir » (Mt 11,3).
Dans l’accomplissement chrétien,
qui reconnait le Christ Jésus comme « le centre du cosmos et de l’Histoire » (Jean-Paul II – Redemptor Hominis 1), la place éminente de sa mère, la Vierge Marie sera bien évidemment mise en lumière puisque c’est elle, seule, qui a répondu au nom de toute l’humanité son « Fiat » à l’Incarnation du Fils de Dieu et qui a ainsi permis et scellé cette Alliance nouvelle et éternelle par laquelle nous sommes sauvés.
L’Hymne Acathiste et les Pères de l’Église feront ainsi après Pâques, dans la lumière du Christ ressuscité et au-delà de ce que pouvait en percevoir la Synagogue antique, une relecture typologique de toutes ces images, figures et prophéties de l’Ancien Testament pour y reconnaître « dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium, n°55). C’est ainsi qu’on dira, par analogie, et en méditant le mystère de l’Incarnation, que la Vierge elle aussi a été couverte par la nuée divine (cf. Ex 40,34) comme le Mont Sinaï (Ex 19,18 ; 24,16), l’Arche (Ex 25,10) et le Temple (1 R 6,2), et qu’elle est devenue ainsi à l’Annonciation l’Arche de la Nouvelle Alliance « dorée par l’Esprit » (Hymne Acathiste cf. Ex 25,11), qui porte l’Emmanuel « Dieu avec nous » (Is 7,14) et qui renferme le gage précieux de l’alliance de Dieu avec les hommes.
La Vierge Sainte est également relue par exemple comme plusieurs symboles importants de la Bible :
L’Arbre de la Vie (Gn 3,22) « dont le fruit splendide nourrit les croyants » (Hymne Acathiste)
L’Arche de Noé (Gn 6,9) « qui abrite tous les pécheurs de la terre » et qui nous libère du déluge de la faute »
La Montagne (Gn 7,9) « dont la hauteur dépasse la pensée des hommes »
La Colombe de Noé (Gn 8,11) « qui apporte au monde le rameau de la paix »
L’Échelle de Jacob (Gn 28,12) « en qui Dieu descend sur la terre »,
Le Buisson Ardent, où Dieu se cache au milieu des flammes, et l’humble arbrisseau des point atteint du feu et conserve son intégrité (Ex 3,2)
La Nuée féconde (Ex 16,10) qui fait descendre sur la terre le juste et la justification (Is 45,8 ).
La Colonne de Feu (Ex 13,21) « qui illumine notre marche dans la nuit »
La Mer (Ex 14,28) « où trouve sa perte le Pharaon qui nous tient dans l’esclavage du péché »
L’Abime (Ex 15,5) « à la profondeur insondable »
Le Rocher de Moïse (Ex 17,6) « d’où jaillit la Source qui abreuve les assoiffés »
Le Havre de Paix (Nb 35,28) « pour ceux qui se débattent dans les remous de la vie »
La Verge d’amandier d’Aaron, qui sans racine et sans sève de la terre fleurit et produit un fruit miraculeux (cf. Nb 17,8 )
Le Pays (Ex 13,5) « ruisselant de lait et de miel »
La Belle Terre de la foi (Dt 28,8) « où s’accomplit la promesse »
Elle est annoncée aussi par l’image du Temple et de ses composants, étant par analogie :
Le Tabernacle (Ex 29,41) « du Dieu vivant»
La Table (Ex 25,23-30) « qui offre la Réconciliation en plénitude »
Le Vase sacré renfermant la manne céleste en réserve dans le Tabernacle devant le Seigneur » (Ex 16,33)
et elle est vraiment, « le Temple du Dieu de toute immensité »
Elle est également entrevue à travers des images bibliques ou d’autres paraboles naturelles comme :
L’Etoile (Si 50,6) « qui annonce le lever du soleil »
La Toison de Gédéon (Jg 6, 37-40) « qui recueille la rosée du Ciel »
La Chambre nuptiale (Tb 6,13) « où Dieu épouse notre humanité »
Le Porche du mystère (Ez 40,16-48) « enfoui depuis des siècles »
La Tour solide de David (Ct 4,4) « qui garde l’Église »
Le Rempart inébranlable (2 R 14,13) « de la Cité de Dieu »
L’Aurore (Ps 130,6) « qui précède le lever du Soleil »
La Lune (Ct 6,10) « qui reflète la lumière du soleil »
Le Trône (2 Sa 7,13) « du Roi »
et elle est bien (Ps 46,5-6) « la Demeure très sainte de Celui qui siège au-dessus des Séraphins »
De même, quantités d’attitudes ou de personnages bibliques sont relus comme des annonces de certains aspects de la vie ou de la mission de la Vierge :
Ève, reconnue comme « la Mère de tous les vivants » (Gn 3,20)
Sarah, qui ne pouvait enfanter sinon miraculeusement « le fils de la promesse » (Gn 17,17)
Rebecca, celle qui fut « choisie par Dieu » pour son élu (Gn 24,15)
Rachel, la « bien aimée » qui pleure ses enfants de Bethléem (Jr 31,15)
Déborah, qui conduit le peuple Israël et « chante sa victoire » (Jg 5,12)
Myriam, sœur de Moïse, qui chante entraine Israël dans un cantique nouveau (Ex 15,21)
Judith, « bénie entre toutes les femmes » qui frappe à la tête notre ennemi (Jt 13,18)
Esther, qui intercède pour son peuple et conquiert la bienveillance du Roi (Est 8,4)
Anne, qui enfante Samuel par miracle et chante son cantique d’action de grâce
Tamar, qui perpétue la tribu de Juda (Gn 38,1-30)
Léa, qui n’enfante plus après avoir atteint la limite de la perfection (Gn 29,35)
Ruth, « humble servante » qui le glorifie son Seigneur (Rt 3,9)
La Mère des Maccabées, qui reste debout devant le martyr de ses fils (2 Mac 7,22-28)
Le prophète Elie, qui fut enlevé au Ciel dans un char de feu (2 R 2,11)
Marie est vraiment « la Reine, assise à la droite du Roi » (Ps 45,10-18)
« Telle est l’admirable Vierge annoncée dès les premiers jours du monde, prédite par les prophètes, figurée tant de fois dans l’Ancien Testament » (Paul Drach – DHES 2 page 9)
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