Voici une critique que l’abbé Pagès a faite de l’entretien de Idriss Aberkane donné à la chaîne Youtube Thinkerview.
Elle est aussi accessible selon ses différentes parties :

Ce qui m’a intéressé dans cette vidéo a été de faire émerger le soubassement musulman d’une pensée qui, pour ne pas le mettre en exergue, et à la faveur d’un discours enchanteur alliant scientisme et spiritualité, islamise en douceur la société.

Je suis tombé un jour sur un entretien vidéo de la chaîne Youtube Thinkerview avec Idriss Aberkane, un personnage surprenant, tant par sa faconde que par ses titres et fonctions universitaires, fortement contestés, sur lesquels je ne vais pas m’arrêter, internet en parle suffisamment.

Je ne vais pas non plus analyser les affirmations d’allure scientifique d’Idriss Aberkane, ce que d’autres ont fait aussi, ni commenter ses offres commerciales, se résumant à vendre des techniques pour (je cite) « améliorer sa qualité de vie, atteindre à plus de joie et de sérénité, à des connaissances nécessaires pour vous libérer, une meilleure utilisation du cerveau pour prendre les décisions de votre vie et agir en pleine conscience, [changer] vos processus mentaux pour vous transformer (…) élargir les esprits, élever les consciences (…) mettre la science au service de l’Homme, de la nature et du futur des générations. » Comme si les enjeux de la liberté relevaient d’une technique ! Sous couvert d’être révolutionnaire, le discours d’Idriss Aberkane est au contraire parfaitement au diapason de la société matérialiste, individualiste et hédoniste à qui il promet le bonheur, dont il a le secret, grâce à une connaissance infinie offrant donc une réalisation de soi infinie… Eve au paradis terrestre a déjà entendu ce propos : « Vous serez comme des dieux ».
Dans une société démocratique où l’exaltation de l’individualisme conduit au totalitarisme, le contrôle social prend la forme de l’offre du bonheur. La malédiction de la souffrance est le problème auquel l’Etat entend remédier grâce à ses thérapeutes, experts en technologies du soi, coaching, contrôle social, et démocratie. La nouvelle religion laïque propose d’atteindre le bonheur grâce au développement des forces personnelles, et Idriss Aberkane, offre la neurosagesse. La recette est simple : les problèmes de la vie ordinaire sont autant de problèmes mentaux, la conscience du mal est en fait pathologique, et si de gens sont inquiets ou pessimistes, c’est parce qu’ils refusent bêtement le bonheur que leur offrent les techniques d’épanouissement personnels et de coaching. En empêchant la société d’être heureuse, ils en sont les tares ! Aussi, toute situation humaine est-elle devenue pour l’Etat occasion de materner, infantiliser, déresponsabiliser, comme on le voit avec son ingérence jusque dans les relations familiales et l’éducation des enfants. C’est au point que les formations intellectuelle, morale, spirituelle, sont remplacées par l’estime de soi… Et l’on va voir en Idriss Aberkane un spécimen d’estime de soi aussi impressionnant que monstrueux. Cette estime de soi qui est aussi utilisée pour conduire l’employé à augmenter ses performances, que pour pousser la personne âgée ou malade à demander son euthanasie. Je ne sais pas si Idriss Aberkane le sait, mais l’une des sources du coaching, dans les années 70, était la secte hindoue « Divine Light Mission », dont le but était de conduire ses membres au bonheur à tout prix, tout comme le coaching considère obligatoire le développement personnel. Pour cette secte, « les individus et les nations mécontents ou insatisfaits ne peuvent jamais promouvoir une paix durable dans le monde », c’est pourquoi les agents du contrôle social ont la mission de transformer, grâce à leurs techniques, la connexion entre les processus neurologiques, le langage, et les modèles de comportements acquis, afin de produire le bonheur ! Bien avant Idriss Aberkane donc, le Gourou Maharaj Ji enseignait des « pratiques fondamentales de paix intérieure » dont la somme représentait une expérience appelée, elle-aussi, ‘connaissance’, terme que traduit celui de « gnose », l’éternelle ennemie de la Foi révélée … Et bien sûr, il n’enseignait aucune règle, croyances ou pratiques éthiques … ce qui n’aurait pas été pour déplaire à Richard Francis Burton, qu’Idriss Aberkane donne comme modèle à la jeunesse… Il faut savoir que ce Richard Francis Burton se déclarait fier d’avoir commis tous les péchés du Décalogue… et qu’il avait entre autres habitudes, lors de ses voyages, de mesurer la longueur du pénis des hommes qu’il rencontrait…

Dans cette vidéo, je vais dévoiler du discours d’Idriss Aberkane quelques-uns de ses mensonges d’ordre philosophique, historique ou religieux, que, curieusement, je n’ai vu nulle part encore être dénoncés.

Ce que je viens de dire de l’influence de la gnose sur la pensée d’Idriss Aberkane se laisse voir en cette réponse : au journaliste lui demandant s’il croit en Dieu, Idriss est incapable de répondre simplement par oui ou par non… Pourquoi ? Parce qu’il est soufi, et que le soufisme est une gnose, c’est-à-dire une connaissance secrète, obscure, inavouable. Certes, il est vrai qu’il y a maintes déformations de l’idée de Dieu, mais il n’en reste pas moins vrai que le mot Dieu en notre culture renvoie nécessairement pour tous à l’Être infiniment supérieur, transcendant, cause et fin de tout, à l’unique et vrai Dieu, révélé par le Christ, tout-puissant, créateur, provident, sauveur, et juge au dernier jour. Si donc Idriss Aberkane ne peut pas dire qu’il croit en Lui, et qu’il éprouve le besoin d’en discuter, c’est parce qu’il a rejeté le Dieu révélé par Jésus-Christ, communément désigné le mot « Dieu », et cela parce que son dieu à lui est celui de la gnose. Or, tout comme Satan ayant rejeté Dieu pour se vouloir lui-même Dieu, sans Dieu et donc contre Dieu, la gnose enseigne à l’homme que Dieu est à inventer, ce qui finalement et immanquablement conduit à se découvrir soi-même Dieu ! Et c’est ce dont va témoigner Idriss dans cette vidéo, et déjà ici : quand il était enfant, il avait une relation avec Dieu, mais maintenant qu’il a été endoctriné par la gnose soufie, il a remplacé sa relation avec Dieu par la relation avec lui-même : il se parle à lui-même… Il n’a plus besoin de parler avec Dieu, qui est devenu un être imaginaire, mais, prenant la place de Dieu, il se parle à lui-même… Voilà où conduit la gnose : à couper l’homme de Dieu pour prendre Sa place. Mais si la gnose, au terme de l’initiation, réussit à faire croire à l’homme qu’il est Dieu, illumination des ténèbres de l’Enfer, elle ne lui expliquera jamais pourquoi, si l’homme est Dieu, l’homme se retrouve dans la condition si lamentable qui est la sienne aujourd’hui … Bref, rien d’étonnant à ce qu’Idriss Aberkane nous vende la solution gnostique de la connaissance !

Idriss est trop intelligent pour se déclarer simplement musulman. Il a besoin de trouver ailleurs les réponses que l’islam ne peut lui donner. C’est pourquoi il est soufi. Le soufisme permet en effet de continuer à se dire musulman – tant il est dangereux de quitter l’islam -, tout en se référant à autre chose, à une révélation ésotérique, transmise soi-disant depuis Mahomet de maîtres à disciples. Il faut dire que cette connaissance a toujours irrité les pouvoirs musulmans, non seulement parce qu’étant secrète elle leur échappait, mais encore parce qu’elle nie frontalement le caractère évident et complet de la révélation d’Allah qu’est le Coran (Coran 4.174 ; 6.38,57 ; 7.145 ; 12.111 ; 16.89 ; 18.1 ; 22.70 ; 44.2 ; 50.4 ; 78.29…).

Ici Idriss affirme croire en Dieu, mais comme il nous l’a dit précédemment, son Dieu n’est pas Celui auquel nous pensons spontanément, le Dieu de Jésus-Christ. Le dieu auquel Idriss veut bien croire doit correspondre aux critères que l’homme estime spontanément convenables pour un dieu, notamment le fait de ne pouvoir être rabaissé. Mais qui d’autre que le démon, père de l’orgueil, a en horreur l’humilité, l’humilité de Dieu, manifestée par l’Incarnation et la Passion du Christ ? Outre qu’en Dieu, grandeur et petitesse s’identifient en Son adorable unité, les musulmans n’ont pas compris qu’en considérant l’Incarnation indigne de Dieu, non seulement ils insultent le Créateur, qui, selon eux, devrait avoir honte de Sa création, mais encore, se jugeant ainsi eux-mêmes indignes de Dieu, ils se vouent au malheur éternel… Si seulement ceux qui crient « Allah ouakbar ! (Allah est le plus grand !) » comprenaient que cela n’a aucun sens, parce qu’étant unique, Dieu n’a pas besoin de Se comparer, et que toute la création montre que Dieu est aussi bien grand que petit, étant le Tout-Autre ! Les savants découvrent chaque jour davantage aussi bien les immensités de l’infiniment grand que les profondeurs de l’infiniment petit, et Dieu cesserait d’être infini en S’incarnant ? Ce que Dieu a fait est très beau (cf. Gn 1.31), et Il n’en rougit pas ! C’est pourquoi Il n’a pas honte d’assumer Son œuvre, notre humanité, qu’Il a créée, afin de la délivrer de nos péchés. Que Dieu soit en Lui-même absolument transcendant, et donc incommunicable, n’empêche pas l’Eglise de croire qu’Il nous aime assez pour, après nous avoir tout donné de ce que nous sommes et de ce que nous avons, mettre le comble à Son Amour en Se donnant Lui-même ! Et pour cela, Se rendre semblable à nous, sinon, comment Le recevoir ? Pourrait-Il faire quelque chose de plus beau ? Et peut-Il ne pas faire ce qu’il y a de plus beau ? Croire cela conduit à aimer Jésus (Mt 10.40), et en aimant Jésus à aimer Dieu et à nous aimer les uns les autres comme Jésus l’a fait (Mc 9.37 ; Mt 18.5 ; Jn 13.34 ; 15.12 ; Ep 4.32-5.8 ; 1 Jn 4.7,8,20,21). Pourrait-il y avoir un Dieu meilleur que celui-là ?

Tout d’abord, Dieu ne vient pas du grec Zeus, comme l’affirme avec tant d’aplomb Idriss, mais du latin Deus, apparenté à la racine indo-européenne Deiwo désignant la lumière du jour. Ce mot, à la différence de Zeus qui renvoie à un personnage connu de la mythologie grecque, ne dit rien sur Dieu. C’est un mot sans visage, qui désigne un être absolument transcendant. Mais la bonne nouvelle est que Dieu, par définition inconnaissable, a bien voulu Se faire connaître, Se révéler, raison pour laquelle Il nous a parlé, par les Prophètes d’Israël, puis, de façon définitive et parfaite, par le Messie, qui S’est présenté comme LE Fils, renvoyant de ce fait à Celui qu’Il appelait « Abba » (Père). Il nous a ainsi révélé que Dieu est Relation, Communion de personnes, Amour, Trinité. Dieu n’est donc barbu et ne lance des éclairs dans la Chapelle Sixtine que parce que les chrétiens ont voulu annoncer Celui que Jésus appelait Père, Lui dont les pères de la terre reflètent plus ou moins l’image, et peuvent justement être caractérisés par le fait qu’ils portent une barbe, privilège que n’ont ni les femmes, ni les enfants. Quant au fait que Zeus portait aussi une barbe et lançait des éclairs, cela tient à l’intuition des peuples cherchant depuis toujours à connaître Dieu, dont leur parlait la Tradition primitive issue du Paradis terrestre, qu’à leur volonté de se Le représenter, expression inconsciente de leur désir de Son Incarnation. La correspondance de la Révélation chrétienne avec des mythes païens est souvent présentée, en particulier par l’islam, comme preuve du caractère idolâtre du christianisme, alors qu’elle est une preuve de la justesse de la réponse apportée par le Christ à l’attente universelle d’un Sauveur, promis à l’aube de l’humanité (Gn 3.15), et dont toutes les cultures et civilisations ont gardé plus ou moins obscurément le souvenir. L’Église sait lire dans les paganismes la Tradition Primordiale révélée à Adam et Ève, et elle a la joie d’annoncer à tous les peuples son accomplissement en Jésus le Messie ! L’historien juif, Daniel Boyarin, notamment, a montré que l’idée de consubstantialité du Messie avec Dieu n’était pas une innovation chrétienne, mais était déjà présente dans la littérature prérabbinique et dans la Bible elle-même. « Les idées de la Trinité et de l’Incarnation, dit-il, ou du moins les germes de ces idées, étaient déjà présentes parmi les croyants juifs longtemps avant que Jésus n’apparaisse (Le Christ juif, Lexio, 2019, p.123) ». Plutôt donc que rejeter la Révélation divine que tout porte à accepter, il faut reconnaître que le monothéisme trinitaire rejoint à la fois la révélation de l’unicité de Dieu portée par le judaïsme préchrétien, et l’intuition du polythéisme professant la pluralité et l’altérité en Dieu, de sorte que le christianisme conduit chacun de ces deux systèmes religieux à la plénitude de la Vérité par eux imparfaitement entrevue. Dieu aurait-Il pu faire à l’humanité en quête d’unité métaphysique et religieuse un don plus parfait que le christianisme ? Qu’Idriss se rassure donc : en christianisme, aussi vrai que l’Esprit-Saint est représenté par une colombe ou du feu, Dieu n’a pas nécessairement de barbe !

« Ce n’est pas ça l’islam ! » Mais quelle autorité avez-vous, Idriss, pour dire ce qu’est ou ce que n’est pas l’islam ? Ceux qui sont appelés radicalisés ou islamistes pensent que c’est votre islam qui n’est pas le vrai islam et, ils se réfèrent au même Mahomet et au même Coran que vous, qu’ils ont étudié dans les universités islamiques d’Al-Azhar, d’Arabie saoudite, du Pakistan et d’ailleurs, en sorte qu’ils connaissent l’islam du 7ème siècle aussi bien que vous, sinon mieux. Mais alors que Jésus a confié Son autorité au Pape (Mt 16.18-19 ; Jn 21.15-18), Mahomet n’a confié la sienne à personne, en sorte que personne en islam, pas même vous, n’a autorité pour parler au nom de l’islam. Si vous cherchez vraiment la vérité, le fait que l’islam soit génétiquement incapable d’apporter la paix au monde en raison de cette absence d’autorité divine, devrait vous conduire à reconnaître que l’islam ne peut venir de Dieu. Il y aura toujours en effet quelqu’un pour prétendre détenir une compréhension de l’islam meilleure que la vôtre, et personne ne pourra dire le contraire.

Mais qu’est-ce que vous nous racontez ? 7 niveaux de lectures ? Et pourquoi pas 36 ? Plus c’est creux, et plus il faut faire de l’esbrouffe pour s’illusionner et tromper le nigaud. Pourquoi cherchez-vous à nous – et certainement aussi à vous – faire croire que vous comprenez quelque chose au Coran ? Personne ne peut rien comprendre à ce texte qui n’a ni queue ni tête, passant sans cesse du coq à l’âne, tant il est fait de bric et de broc. Même Allah reconnaît qu’il est le seul à pouvoir le comprendre (Coran 3.7)… Dès lors, pourquoi s’intéresser au Coran ? Et si Allah est seul à comprendre ce qu’il dit, pourquoi le dit-il ?

Quel sens cela a-t-il de parler de contexte pour un livre incréé ? Ou bien le Coran est incréé, et alors il est hors de tout contexte, ou bien le Coran est un livre humain et dépendant alors du contexte de sa rédaction. Il faut choisir, mais vous ne pouvez pas continuer à jouer sur les deux tableaux. La référence au contexte marche pour la Bible, qui est écrite par des hommes, mais pas pour le Coran, qui est tombé du Ciel où il est resté à l’identique sur la table gardée d’Allah (Coran 85.22). Vous devriez savoir cela ! Cessez donc de vous illusionner, et de vous faire le serviteur de cette imposture ! Pour un scientifique, ce n’est pas sérieux !

Fantastique ! Vous pouvez faire dire ce que vous voulez au Coran, tout et son contraire ! Les mots n’ont donc pas de sens, ni les règles de grammaire, de style ou d’orthographe. Voilà bien exprimé, avec tout l’aplomb qu’il faut, l’enseignement du néant, la tromperie magique ! « Vous serez comme des dieux ! » Il vous suffit de le dire pour que ce soit vrai ! Mais où est l’infini respect dû à Dieu si l’on peut se substituer à Lui pour Lui faire dire ce que l’on veut ? Et pourquoi parle-t-il s’il n’y a pas moyen d’accéder à ce qu’Il a effectivement dit ? De deux choses l’une, ou Dieu ne parle pas dans le Coran, ou l’associationnisme n’est plus un péché pour l’islam ! Si le texte n’a pas d’autre sens que celui que vous lui donnez, alors, il est facile de comprendre pourquoi l’islam et sa spiritualité du vide plaisent à la culture et à l’art contemporains pour lesquels c’est le sujet regardant qui fait l’œuvre. Marcel Duchamp vous présente un bidet, et vous vous extasiez devant la Joconde ! Je vous vends des cacahuètes, et vous m’achetez des diamants. Avouez que c’est pratique ! Chacun est enfermé dans sa bulle et rien n’existe en dehors, si ce n’est des miroirs aux alouettes. Comment un tel discours pourrait-il ne pas convenir à ceux qui, à l’instar de Satan, rejettent Dieu pour se préférer eux-mêmes ? J’entends la voix de saint Pierre dénoncer « ces hommes souillés et flétris qui mettent leur volupté à vous tromper, alléchant les âmes mal affermies (…) Avec des discours gonflés de vide (…) ils promettent la liberté, alors qu’ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption (…) Fontaines sans eau, nuages poussés par le vent (…) animaux sans raison (…) blasphémant ce qu’ils ignorent (…), êtres maudits, l’obscurité des ténèbres leur est réservée ! (2 P 2.1-22) »

La solution d’Idriss pour supprimer l’islam radical, c’est l’islam sain. Or, d’où vient le radicalisme de l’islam sinon de l’islam lui-même, aussi vrai que sans islam, il n’y a pas d’islamisme. Votre distinction entre islam sain et islam pas sain est un tour de passe-passe récusé par quelqu’un tout aussi musulman que vous, le Président de la Turquie, M. Erdogan, pour qui (je cite) : « L’expression “islam modéré” est laide et offensante. Il n’y a pas d’islam modéré. L’islam est l’islam (Kanal D TV, Août 2007) » (fin de la citation). Il n’y a pas d’islam sain et d’islam pas sain, il n’y a qu’un seul islam, qui produit invariablement les horreurs de l’islam dit radical. Ainsi que Jésus l’enseigne : « Tout arbre bon produit de bons fruits, et tout arbre mauvais produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre gâté porter de bons fruits. (Mt 7.17-19) » La distinction entre islam modéré ou sain, et islam radical ou pas sain, a été forgée pour faire accepter l’islam en Occident, mais elle ne repose sur aucune différence fondamentale puisque l’un et l’autre se réfèrent au même Allah, au même Coran, au même Mahomet. Est-ce que l’on dit, par exemple, qu’une femme est modérément enceinte ? Ou elle l’est, ou elle ne l’est pas. Je pose donc la question : Si un musulman modéré reste musulman, est-ce parce qu’il aime modérément les abominations islamiques, ou bien parce qu’il est modérément humain ? Un bon musulman est en fait un mauvais musulman. La confusion vient de ce qu’est attribuée à l’islam la bonté de la nature humaine, créée bonne, qui réussit à percer chez certains musulmans préférant obéir à leur conscience plutôt qu’à Allah – la conscience étant l’instance permettant au cœur de tout homme d’entendre la petite voix de Dieu l’invitant à fuir le mal et à faire le bien. C’est pourquoi les islamistes tuent les musulmans dits modérés au même titre que les mécréants puisque les uns comme les autres n’obéissent pas au Coran (3.166-167 ; 4.137-139,142,145 ; 9.66-68,73). Suffit-il, face aux attentats, de dire « Ce n’est pas ça l’islam ! », ou bien faut-il reconnaître que les djihadistes ne font que prêcher le Coran et imiter Mahomet ? Et qui ne voit que l’appellation islam sain, ou modéré, suffit à dénoncer l’islam comme mauvais, puisque si l’islam doit être modéré pour être acceptable, c’est donc qu’en lui-même il n l’est pas ! Nul besoin de modérer le christianisme. Plus on imite le Christ, et plus on est aimable, mais plus on imite Mahomet, et plus on est haïssable. Il n’y a qu’un seul Messie, en dehors duquel c’est l’Enfer assuré (Coran 3.55). C’est pourquoi, la solution à l’islam radical n’est pas de prêcher un prétendu islam sain, mais de prêcher le christianisme. Nul danger, jamais, à imiter le Christ ! Idriss Aberkane, ne se rend peut-être pas compte qu’en défendant l’islam, quel que soit l’enrobage sous lequel il nous le présente, il sert l’Antichrist. Qui peut en effet venir APRES le Christ, sinon l’Antichrist ? Jésus nous a avertis : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi. Qui n’amasse pas avec Moi, dissipe. (Mt 12.30) » …

Le clash des civilisations existe bel et bien. Il est dans l’ADN de l’islam, aussi vrai qu’Allah, par la bouche du vrai musulman qu’était Abraham (Coran 2.135 ; 3.67), prescrit la guerre universelle et perpétuelle contre tout ce qui n’est pas musulman : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous soyez musulmans ! (Coran 60.4) ». Comme Satan, qui n’existe qu’en s’opposant à Dieu, sans le christianisme, auquel il s’oppose, l’islam n’existerait pas : « Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas ‘Trois’. Cessez ! Ce sera meilleur pour vous ! Allah n’est qu’un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant (4.171 ; 5.73) » ; « Les chrétiens ne sont qu’impureté ! (…) Qu’Allah les extermine ! (Coran 9.28,30) ». L’islam n’est que refus de la foi chrétienne. Sans kâfir, sans mécréant, il n’y a pas de musulman. La profession de foi musulmane, la chahada, est d’ailleurs l’expression de ce refus : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité si ce n’est Allah [autrement dit : Non la Sainte Trinité ! à laquelle je préfère l’inconnaissable Allah ! (2.255 ; 20.110)] et Mahomet est l’envoyé d’Allah [autrement dit : Non à Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur des hommes, à qui je préfère Mahomet, parfait criminel !] ». Un musulman se rassure d’être musulman parce qu’au moins il n’est pas chrétien, sachant que le chrétien, coupable du seul péché qu’Allah ne peut pas pardonner (Coran 4.48), est voué à l’Enfer (48.6 ; 98.6) par Allah, qui égare qui il veut (5.18 ; 6.39 ; 7.155 ; 29.21) ! C’est ainsi qu’être antichrétien est un gage de légitimité islamique, et c’est la raison pour laquelle le conflit avec l’Occident est vital pour l’islam. Ainsi, les régimes musulmans se légitiment aux yeux de leurs populations en permettant la lutte contre les chrétiens. En Afghanistan, au Pakistan, aux Moluques, au Nigéria, en Arabie saoudite, au Soudan, et ailleurs, se convertir au christianisme est sanctionné légalement par la peine de mort. La pression sur les Églises du Proche et du Moyen-Orient est telle que les chrétiens fuient leurs terres pour sauver leur vie. En Syrie, du tiers de la population qu’ils étaient à la fin du XIXe siècle, ils sont aujourd’hui moins de 5%. En 1932, ils formaient au Liban plus de 55% de la population, leur proportion y est à présent inférieure à 30%. En 1948, en Cisjordanie & Gaza, la proportion de chrétiens était de 23%, en 2010 ils ne sont plus que 1,6%. A ces dates, ils étaient 25% en Egypte et au Soudan, et maintenant 10 et 17%. Avant le génocide de 1913-1923, les chrétiens de l’Empire ottoman représentaient le tiers de sa population (4,5M), qui est devenue aujourd’hui musulmane à 99,6% ! En Iran, leur nombre a diminué de 66%. En Irak, en une génération, les chrétiens ont diminué de 90% … Si l’œuvre propre de l’Antichrist est de détruire l’œuvre du Christ (2.193 ; 9.33), est-ce que l’islam ne détruit pas l’Eglise partout où il le peut (Coran 2.193 ; 9.5,29,33) ? Que ce ne soit pas partout parfaitement le cas, ou que la France ait pu avoir comme allié l’Empire ottoman, ne remet pas en cause ce que je viens de dire, car, une chose sont les principes, et autre chose la façon dont ils sont mis en pratique. Ainsi, de même que la France n’a pas toujours été fidèle aux bons principes de la foi catholique de son baptême, et nous ne le voyons que trop aujourd’hui, de même, pour la raison que j’ai précédemment évoquée, à savoir qu’il est possible à un musulman de préférer écouter sa conscience plutôt qu’Allah, un pays musulman peut être infidèle aux principes mauvais de l’islam. La règle reste celle que Jésus a énoncée : aucun arbre mauvais ne peut donner de bons fruits, ni un arbre bon donner de mauvais fruits.

Depuis l’origine du christianisme les chrétiens se sont rendus en Terre Sainte non pour le lucre, comme ose le dire Idriss, mais, comme chacun sait, pour vénérer les Lieux Saints. Et c’est bien tardivement qu’ils voulurent reconquérir la patrie du Christ pour porter secours à leurs coreligionnaires persécutés sous l’inhumaine charia et lors des pèlerinages par les rackets et les multiples agressions. Aussi, lorsqu’augmenta le nombre des pèlerins à l’occasion du millénaire de la mort du Christ, il fallut organiser des troupes armées pour assurer leur sécurité. Voilà la première raison des Croisades. Pour donner une idée de l’ambiance, parmi tant d’autres faits rapportés par l’historien Jacques Heers, voici ce pèlerinage conduit par l’archevêque de Mayence qui fut presque entièrement massacré le 25 mars 1065 par les Bédouins de Ramallah (Histoire des croisades, Perrin, 2014), dignes émules de Mahomet, célèbre pour ses attaques de caravanes. Mais la prise de Jérusalem par les Turcs seldjoukides en 1071 rendit le pèlerinage impossible d’accès, et conduisit l’empereur byzantin Alexis Comnène à demander l’aide des Occidentaux. La deuxième raison des Croisades est donc cette invasion à l’est de l’Europe et en Terre Sainte par les Turcs Seldjoukides, qui contraignit les chrétiens occidentaux à envisager la reprise de Jérusalem, et ce alors même que l’Europe devenue chrétienne cherchait à vivre selon l’esprit de l’Evangile, et c’est la troisième raison pour laquelle il est faux de dire que la raison es Croisades a été la recherche du lucre. L’Eglise avait réussi par exemple à discipliner les humeurs belliqueuses des Européens par des institutions comme la trêve de Dieu ou la paix de Dieu, qui limitaient l’usage des armes sous peine d’excommunication. L’invasion de l’est de l’Europe augmenta la menace de totale submersion musulmane de l’Europe, déjà bloquée à l’ouest par le califat de Cordoue, auquel les Almoravides venaient de prêter main forte au XIe siècle, tandis que le sud du royaume franc était régulièrement pillé par les sarrasins régnant sur les côtes de la méditerranée par la piraterie. Je dénonce donc ici la mystification visant à culpabiliser les chrétiens pour leur action de légitime défense et à présenter les musulmans comme de pauvres victimes agressées sur leurs terres. Car ces terres ne leur appartenaient et ne leur appartiennent toujours pas puisqu’ils les ont conquises par la force. Et comment ne pas dénoncer ici le président Erdogan voulant aujourd’hui s’approprier les îles grecques, lui qui célèbre chaque année en grandes pompes la prise de Constantinople ? Qu’un peuple célèbre la récupération d’une de ses villes se comprend, mais fêter la prise d’une capitale étrangère, qu’est-ce d’autre, sinon se montrer dignes fils du Diable ?

Mais qu’y a-t-il d’étonnant, cher Idriss, à reconnaître que le minaret soit une structure d’origine chrétienne ? Y a-t-il quelque chose de bon en islam qu’il ne l’ait copié ou volé ?

Que la majorité des victimes de l’islamisme soient des musulmans ne remet nullement en cause le choc des civilisations, mais s’explique très bien du fait que l’islam produisant les islamistes, comme le roncier produit les ronces, c’est nécessairement d’abord en pays musulmans que les islamistes produisent les fruits mortifères de l’islam, et ensuite, puisque pour un pieux musulman, les musulmans n’obéissant pas strictement au Coran sont des mécréants, il est licite, sinon un devoir, de les tuer. Quant au fait que les islamistes tirent contre leur propre camp ne peut étonner que ceux qui n’ont pas encore réalisé que l’islam rend foncièrement bête et méchant.

Si lutter contre la radicalisation implique de lutter contre le désespoir, lutter contre le désespoir n’implique pas de promouvoir l’islam. Au contraire même, puisque l’islam plonge dans le désespoir ! En effet, en islam, le salut ne dépend que du bon plaisir d’Allah, qui égare qui il veut (Coran 6.108 ; 111,125 ; 11.119 ; 32.13 ; 33.17), en sorte que la menace de l’enfer tourmente sans cesse le musulman. Et le pire est que l’islam lui fait croire que le seul moyen d’être assuré d’aller au paradis est de mourir au djihad, c’est-à-dire de recevoir la mort en échange de celle qu’il inflige, y compris à des innocents, car Allah s’est engagé à donner sa récompense à celui qui tue ou est tué pour lui (2.154 ; 3.157,169 ; 4.74,101 ; 9.111 ; 47.4,7 ; 61.4). Ce n’est pas beau, ça ?! Cela vaut vraiment la peine de prêcher l’islam, avec l’air innocent des maîtres experts dans l’art de la takiya !

Ce n’est pas sans raison que depuis le règne du calife abbasside Mamoun (786-833), les pays arabes ont traduit autant de livres que l’Espagne en traduit actuellement en un an (Jacques Brasseul, Le déclin du monde musulman : une revue des explications, 2005). Tandis que Jésus nous donne Son Esprit pour nous introduire dans la Vérité tout entière (Jn 15.15 ; 16.13), Allah assujettit le musulman à l’ignorance : « Ô vous qui avez cru ! Ne posez pas de questions sur certains sujets, cela pourrait vous causer du tort (5.101) ». Et comme les sujets ne sont pas précisés, tous sont suspects. Allah dit encore : « En vérité, Nous avons proposé le dépôt de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes, mais tous ont refusé d’en assumer la responsabilité et en furent effrayés, alors que l’homme, par comble d’ignorance et d’iniquité, s’en est chargé ! (33.72) » Allah reconnaît donc que son message est pour les créatures sans raison… et que l’homme qui l’accueille, c’est-à-dire le musulman, est un abîme d’ignorance et d’iniquité… Quel meilleur critique de l’islam pourrait-on trouver que le Coran, lui qui méprise l’homme, et avoue être fait pour des êtres sans raison ?

Attention, nous touchons ici un somment ! Sans s’en rendre compte, Idriss Aberkane nous montre ici le pouvoir de l’islam de transformer en assassins les âmes qu’il soumet. En effet, pour lui, tuer autrui en dehors du cas de légitime défense n’est pas condamné parce qu’un meurtre est un acte monstrueux toujours condamnable, mais parce qu’un tel acte ne sert pas « la cause »… Autrement dit, comme tous les djihadistes, terroristes, et psychopathes, Idriss Aberkane fonctionne avec le principe que la fin justifie les moyens, qu’il n’y a pas d’actes bons ou mauvais en soi, mais seulement en fonction de l’intention qui motive leur exécution. (vidéo de la femme ?)

Quelle mystification ! Quelle imposture ! L’islam se plaint d’être l’objet d’attaques, mais celles-ci ne sont jamais que de la légitime défense ! En effet, qu’apporte l’islam au monde ? Et que pourrait-il apporter après la venue du Christ ? Qui ne voit la différence entre Jésus et Mahomet, l’Evangile et le Coran ? Pendant six siècles le christianisme vivait très bien sans l’islam, et montre par là qu’il n’a pas besoin de l’islam pour exister, par contre l’islam ne peut pas exister sans le christianisme, puisque sa raison d’être est de le calomnier pour justifier son usurpation (Coran 2.193 ; 3.151 ; 4.48 ; 5.56 ; 9.5,28-30,33,123 ; 98.6…). Le propre de l’imposteur est de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, et de calomnier autrui. Et c’est cela qui caractérise l’islam. Il faut avoir le courage de le dire, pour la gloire de Dieu et le salut du monde ! Un ex-musulman me disait récemment hésiter à quitter l’islam de crainte de déplaire à Allah. Mais je vous le dis : ne craignez pas de déplaire à Allah, mais craignez de déplaire au seul et vrai Dieu et à Son Messie ! Qui peut venir APRES le Christ, sinon l’Antichrist ?

Mais quelle blague ! Effectivement, une bague de l’ère Viking a été retrouvée en Suède avec l’inscription « pour Allah », mais cela ne dit pas que la personne qui la portait savait ce que signifiait l’inscription, et encore moins qu’elle s’était convertie à l’islam ! Tous les top modèles qui portent aujourd’hui des croix en pendentifs ne sont pas pour autant des chrétiens ! De plus, cette bague est l’unique objet trouvé en cette région attestant d’un lien avec l’islam. Mais peu importe ! L’apologétique musulmane, comme vient de le dire Idriss, ne s’intéresse pas tant aux faits, c’est-à-dire à la réalité, qu’aux perspectives, c’est-à-dire à la manipulation des faits … Et c’est ainsi qu’à partir de cette bague, Idriss en arrive à dire que des Vikings s’étaient convertis à l’islam ! C’est comme cela que s’est bâti l’islam : sur le mensonge. Je rappelle que la société viking et celle de Mahomet reposaient toutes deux sur le pillage, la capture et la vente d’objets précieux, et notamment d’esclaves, qui ont fait les frais de leurs relations commerciales. Si Jésus annonce que tous les hommes créés par l’unique et même Dieu sont frères en Lui (Mt 23.8), Allah, par contre, interdit l’abolition de l’esclavage (Coran 16.71), et octroie à Mahomet le 1/5e des esclaves qu’il capturait … C’est pas beau l’islam ?

Voici un nouvel et magnifique exemple d’apologétique musulmane. Pour vanter la soi-disant excellence de la civilisation musulmane, Idriss Aberkane nous parle de machines si compliquées que seuls les Arabes, qu’il confond avec les musulmans, auraient été capables d’inventer, et donc aussi de réparer, ainsi de l’horloge à eau offerte à Charlemagne par le calife Hâroun ar-Rachîd, laquelle se serait « détraquée »… Mais quelle blague ! Une horloge à eau est si simple qu’elle ne peut pas se détraquer ! En effet, elle n’est constituée que de deux récipients superposés dont l’un reçoit l’eau s’écoulant de l’autre par un petit orifice, ce qui prend un certain temps, une certaine mesure de temps, exactement comme le fait un sablier avec du sable… Voilà le genre de mensonge qu’Idriss est capable de débiter avec l’aplomb du monsieur qui sait tout… Toujours est-il que si remplacer un pot de terre par un autre est un travail « hautement mathématique », on comprend qu’il faille attendre encore longtemps avant qu’émergent des prix Nobel à La Mecque ou à Mogadiscio !

C’est effarant de voir Idriss débiter des mensonges comme si de rien n’était. Et on a l’impression qu’il ne s’en rend même pas compte, tellement cela semble lui être une seconde nature. Le malheur est qu’avant que ses mensonges ne soient dévoilés, Idriss passe pour quelque chose aux yeux des ignorants, et l’islam avec lui. De même qu’à partir d’une bague musulmane il a été capable de nous dire que les Vikings se convertissaient à l’islam, à partir d’une ressemblance homophonique il veut ici nous faire croire que les musulmans auraient inventé la notion d’inconnue en mathématique. Or, les plus anciens problèmes mathématiques font déjà usage du terme « inconnue », au sens de valeur à rechercher. Ainsi du papyrus égyptien appelé Rhind, daté de l’an 33 du règne du pharaon Apophis, de la XVe dynastie, c’est-à-dire dans la première moitié du XVIe siècle avant notre ère. Le scribe Ahmès qui l’a rédigé, annonce même en introduction, que son texte est une copie d’une version plus ancienne d’environ trois siècles. Donc bien avant l’islam, n’est-ce pas ? Du temps de la jâhilîya, c’est-à-dire de la présumée ignorance préislamique, les Egyptiens construisaient des pyramides… Excusez du peu. Mais les Babyloniens eux-aussi posaient des problèmes mathématiques avec des valeurs initialement inconnues. Quant aux mathématiciens indiens, ils travaillaient depuis longtemps sur la racine carrée et sur des problèmes du second degré ayant des solutions non rationnelles. Ils n’avaient pas attendu Al-Khawarizmi. Et même si la notion d’ « inconnue » n’était pas encore très explicite, elle le devint avec le mathématicien grec, Diophante, qui vécut vers le début de notre ère. Son livre, l’Arithmetica, détaille les propriétés de l’« arithmos » (le nombre), l’ancêtre de l’ « inconnue », qui possède une quantité indéterminée d’unités, et qu’il symbolise par la lettre S. L’idée de nommer l’inconnue vient de Diophante, et de personne d’autre, et elle est passée ensuite aux mathématiciens arabes du Moyen Âge (je dis bien « arabes » et non pas « musulmans ») qui en changèrent le nom. Dès le VIIIe siècle les Éléments d’Euclide furent traduits en arabe, ainsi que les travaux du mathématicien indien Brahmagupta. Et c’est à cette époque qu’Al-Khawarizmi reprend les Éléments d’Euclide et présente l’inconnue comme la résolution d’une équation. Si l’on trouve chez lui des avancées par rapport au livre de Diophante, comme le fait que la portée de l’inconnue n’est plus limitée aux nombres rationnels, ou l’introduction d’une notation positionnelle des nombres, il y a aussi des régressions, notamment du fait qu’il ne développe pas le langage symbolique, et s’il nomme l’ « inconnue » « shay », c’est à dire « la chose que l’on recherche », il ne la différencie pas de la notion de solution. Les Andalous, alors sous domination musulmane, écriront ensuite ce mot en caractères latins xay. Et c’est René Descartes, au XVIIe siècle, qui simplifia ce terme en ne gardant que son initiale x. Bref, à vouloir défendre le mensonge, on ne peut que mentir.
Idriss n’a pas encore réalisé que ce qu’il a pu y avoir de bon dans la civilisation islamique ne doit pas être mis au compte de l’islam, mais de personnes islamisées ayant réussi à sauvegarder suffisamment du génie de leur culture antérieure pour le faire fructifier non pas grâce à l’islam, mais en dépit de l’islam. C’est ainsi que les miniatures perses du XIVème siècle ne rendent pas témoignage au génie artistique de l’islam, puisque l’islam, refusant l’Incarnation, qui est la manifestation de la Vérité, refuse aussi nécessairement la représentation. De même, l’architecture des mosquées turques est empruntée aux cathédrales byzantines, et les superbes mosaïques du Dôme du Rocher sont l’œuvre de céramistes arméniens. Les musulmans ne sont pas les inventeurs des chiffres, mais les Indiens, et si Al-Khawarizmi est présenté comme le père de l’algorithme, les anciens Babyloniens et Égyptiens savaient résoudre des équations du premier et second degré bien avant Euclide. Mais pour idéaliser l’islam, il faut humilier la civilisation occidentale, et en fin de compte la religion chrétienne qui en est l’âme. Sans la civilisation occidentale, les musulmans auraient-ils par exemple connu la civilisation égyptienne ? C’est elle qui a inventé l’horloge à eau, et non pas la civilisation musulmane, comme voudrait nous le faire croire Idriss. Par contre, la mystification et la réécriture de l’histoire relèvent manifestement de la science islamique.

« N’attendez d’applaudissements que de vous-même. » C’est impressionnant comme l’amour de soi préféré à l’amour du vrai Dieu conduit à la vanité, à l’insignifiance, à l’aveuglement de l’esprit. Quel est le minable, le vaniteux, le vicieux, l’orgueilleux, le criminel qui n’est pas capable de s’applaudir lui-même pour cacher à sa conscience la laideur de son âme ? Attendre d’être félicité par Dieu, l’unique et vrai Dieu, c’est autrement plus exigeant …
Le plus libre et le plus noble serait celui qui suit ses propres lois ? Mais quelle bêtise ! Une loi, par définition, suppose l’altérité, soit de Dieu, soit de l’Etat, et des intérêts en commun, qu’il s’agit de respecter. Tout le contraire donc de ce que raconte Idriss. Mais il est vrai que lorsqu’on se prend pour Dieu, on peut bien aussi se donner des lois, ce qui permet de les transgresser sans craindre de déplaire à leur auteur…
Un dogme, par définition, est est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible formulée par une autorité légitime. Pour les catholiques, les dogmes sont l’expression certaine de la vérité révélée par le Christ, dont les paroles ne passeront jamais (Lc 21.33), comme Dieu est éternel et immuable. Quel bonheur donc de pouvoir bâtir sa vie sur du solide, et échapper à la fuite perpétuelle vers l’absurde ! Combien malheureux et misérable est celui qui méprise le témoignage que Jésus est venu rendre à la vérité, au prix de Sa mort et de Sa résurrection, pour lui préférer l’inanité et bientôt la folie de son propre moi gonflé d’orgueil puant et criminel ! Refuser de vivre dans la pensée d’un autre, c’est se prendre pour le meilleur, pour le centre du monde, pour l’unique, c’est refuser d’accueillir et d’être accueilli, et donc d’aimer. C’est se vouer à la solitude, à la stérilité, et en fin de course à l’Enfer. Mais lorsque cet autre est Dieu, comment pourrais-je ne pas vouloir vivre avec Lui, dans Sa pensée, par laquelle Il m’a créé, et par laquelle Il me donne maintenant d’être ? Comment pourrais-je ne pas faire mienne cette pensée de Dieu pour être ce qu’Il veut que je sois ?

Si les gens savaient qu’ils vont en Enfer, ils donneraient leur vie au Christ !

Supplément :

« Le plagiat est avéré » : Polytechnique propose d’annuler la thèse de l’essayiste Idriss Aberkane

Idrisse Aberkane
– se présente comme professeur à Polytechnique, ce qu’a démenti officiellement l’institution. En fait il a été doctorant à Paris-Saclay, dans un laboratoire basé sur le campus de Polytechnique.

– se présente comme affilié au CNRS, ce que dément une recherche dans l’annuaire du CNRS qui pourtant comprend même les personnels des universités qui font leur recherche dans un labo où le CNRS a des billes.

– se présente comme enseignant-chercheur à Centrale Supélec alors que cette institution aussi l’a démenti officiellement. Il est en fait enseignant au MS Stratégie et développement d’affaires internationales de EM Lyon, co-accrédité par Centrale-Supelec https://t.co/ArJEXdPDBd

– se présente comme chercheur affilié à Stanford alors qu’il est “affiliate scholar” du Kozmetsky Global Collaboratory, qui est lui même une organisation philanthropique affiliée à Stanford. Au final il n’est pas dans l’annuaire de Stanford https://t.co/G5A2UvK9GF

– se présente comme “interne à l’université de Cambridge”, c’est à dire qu’il a été stagiaire (“intern” en anglais) là bas un été.

– se présente comme émissaire de l’UNESCO. Il est en fait Ambassadeur de UniTwin CS-DC, un organisme faisant le lien entre UNESCO et université dont font partie les directeurs de sa 2eme thèse. Il n’est jamais nommé sur le site de l’UNESCO proprement dit.

– se présente comme Normalien, ce qui veut dire avoir réussi le concours d’entrée à l’école Normale Supérieure (concours d’entrée dans la fonction publique) et y avoir suivi ses études comme fonctionnaire stagiaire. Il y a bien suivi des études, mais en tant qu’auditeur admis sur dossier. Je connais des auditeurs des ENS très bie, c’est le plus petit abus de langage de la liste.

– dit avoir fait le “Cogmaster”, le Master Recherche en Sciences Cognitives co-habilité entre autre par l’ENS de la rue d’Ulm. Il n’est pas recensé dans la liste des anciens élèves. http://sapience.dec.ens.fr/cogmaster/www/f_01_archives.php

– se présente comme comme ayant 3 “PhD” dans des domaines très différents soutenus à un an d’intervalle. En anglais PhD veut dire doctorat et correspond à une thèse d’au moins 3 ans, mais le terme n’est pas légalement protégé en France. Le premier “PhD” a été obtenu auprès d’une institution https://t.co/GgX5MI3otr non agrémentée par l’état. Elle demande des droits d’inscription très élevés (8 650 € par an pour s’inscrire puis 600€ de « droit de soutenance »). Je n’ai pas dit que ce diplôme bidon a été “acheté”, mais bon, on sait tous ce que valent les écoles qui ont des pubs dans le métro.

– le second doctorat soutenu le 16-06-2014 en littérature comparée avec comme président du jury un prof d’informatique : http://theses.fr/2014STRAC005 En tant que physicien j’ai du mal à juger de la pertinence de la thèse, mais l’informaticien a dû avoir du mal aussi. Pourtant il a dû apprécier puisque lui comme plusieurs autres membres de ce jury se sont retrouvés dans le jury de son 3ème doctorat.

– Il n’a qu’une seule publication recensée qui ait été revue par les pairs (jugée par d’autres spécialistes du domaine) et il s’agit d’un résumé pour une conférence quand il avait 21 ans et qui n’a pas donné lieu à un article ensuite.

Vous allez dire que je m’acharne et qu’il dit quand même des trucs bien. Mais peut-on être imprécis voire malhonnête dans la présentation de son propre parcours et être pertinent sur le reste ? Non, et c’est pour ça que la fraude est le péché majeur des scientifiques. La science repose sur l’honnêteté des chercheurs. Donc si tu te montres malhonnête, tu te disqualifies scientifiquement car on ne peut plus te croire. On peut être maladroit, imprécis, faire des erreurs. Mais malhonnête, c’est inacceptable.

(Ce dernier paragraphe est une citation quasi intégrale de @tomroud sur Twitter)

C’est d’autant plus énervant qu’il y a beaucoup d’autres vulgarisateurs scientifiques honnêtes et brillants qui n’ont pas droit à leur article dans le Monde une semaine après avoir fait la couverture du Point. Certains sont “juste” doctorants et communiquent notions et passion scientifiques à merveille. Pas besoin de tricher sur son CV. Ca serait bien si les références scientifiques des média grand public n’étaient ni Idriss, ni les Bogdanoff ni Madame Soleil.

Edit du 26/10/2016 à 11h: Ces informations ont été glannées depuis plusieurs mois par la communauté Twitter des scientifiques francophones, entre autres @frestagn, @sacquin_mo, @b_abk6, @a_berut, @mrgxprz, @mixlamalice, @bat__go, @notSoJunkDNA et j’en oublie. Si vous avez des précisions, si vous pouvez démentir mes informations, n’hésitez pas à le dire en commentaire, je mettrais à jour. (Source)

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Idriss Aberkane ou le danger de la poudre aux yeux

par Thibaut Charron, cc@francois — eventpixr.net

Ne vous laissez pas endormir par les charmeurs de serpents. Réfléchissez. Décryptez. Prenez du recul. Analysez. Il y a toujours un message dans ce qu’on veut vous dire, et ce n’est pas toujours celui qu’on croit.
Je vois ces derniers temps tourner les conférences d’Idriss Aberkane.
Idriss est un chantre de ce qu’il appelle “l’économie de la connaissance”. Basiquement, cette thèse peut se résumer ainsi : “Quand j’ajoute mon kilo de riz à ton kilo de riz, je me retrouve sans riz et toi avec 2 kilos de riz. Quand j’ajoute ma connaissance à ta connaissance, non seulement nous avons toujours nos connaissances respectives, mais nous pouvons bénéficier de celles de l’autre, voire potentiellement en créer de nouvelles. Il est donc plus facile de créer des richesses avec de la connaissance qu’avec des matières premières”
Je vous laisse regarder au moins cette vidéo qui dure 8 minutes :

Mais nous allons nous appesantir sur cette conférence, qui dure 2h20.

Au-delà de la malhonnêteté intellectuelle initiale, qui consiste à dire que l’humanité pourra continuer à produire des richesses en exploitant uniquement des connaissances et non des matières premières (cher ami, il nous faudra des matières premières au moins nous nourrir, si ce n’est produire de l’énergie et même de la technologie), j’aimerais revenir sur un certain nombre de points qui m’ont fait prononcer le mot “escroc”.
Invérifiable
« Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées »
– Winston Churchill (?)
Idriss est le spécialiste du fait ou du chiffre invérifiable sur le moment, voire de la donnée dissoute dans un jargon scientifico-technique, mais sur lequel il s’appuie pour démontrer le reste de son discours. On peut trouver de nombreux exemples dans ses conférences, je ne vous les liste pas. Il y en a sûrement une bonne partie de véridiques, comme l’historique de carrière de Steve Jobs ou le fait que l’aéronautique s’inspire des peaux de requin.
Celui que je voudrais souligner c’est celui des “équations de l’économie de la connaissance”, qu’il présente ici.
K(A∧B) > K(A) ∧ K(B)
“La somme de deux connaissances possédées ensemble est plus importante que la somme de deux connaissances possédées séparément.”
φ(k) ∝ At
“Le flux de connaissances (?) est proportionnel à l’attention multipliée par le temps “
Ce qu’il ne précise pas dans sa présentation, c’est que ces équations (qu’il qualifie de très belles) sont les siennes. On peut les trouver dans son propre papier sur la nooénocomie.
Ce qu’il présente donc comme des vérités prouvées, noyées dans un langage mathématique imparable, et qu’il utilise pour valider l’ensemble de ses thèses sont donc… le fruit de son propre travail. On peut d’ailleurs remarquer que dans son article, le ton est bien moins définitif que dans sa présentation, puisque le conditionnel (“may”) est de mise.
C’est pour moi une forme d’argument circulaire, où notre ami Idriss se sert d’éléments de sa conclusion pour prouver sa théorie. Il gagne d’ailleurs un paquet de points issus de cette liste au cours de sa conférence.
Ce sont à mon sens des méthodes de gourou, qui appellent à suivre sans réfléchir, qui endorment, plus que qui convainquent.
Politique
“Et alors ?” me direz-vous.
Et alors ? Puisque si Idriss a une thèse, qu’il essaie de la démontrer par des moyens réthoriques à sa disposition, d’exagérations et d’exemples généralisés, fort bien.
Là où ça devient insidieux, c’est que l’on peut percevoir des éléments politiques au sein de son discours, que l’on peut gober tout cru là encore si on n’y prête pas attention, puisqu’englobés dans des vérités toutes faites et des notions démagogiques acceptées facilement.
“Ne pas produire des déchets c’est mieux que d’en produire.” OK.
“Les matières premières sont finies, les connaissances sont infinies.” OK.
“La nature est un livre qu’il suffit d’apprendre à lire pour en tirer des connaissances.” OK.
Et puis, soudain :
“La seule solution [serait] la décroissance : c’est faux” (1h29min30sec)
“[La production de déchets humaine] fait figure de plaisanterie à côté de la phase de Grande oxydation.” (1h39min20sec)
“Qui pense que l’humanité a joué à World of Warcraft pendant 250 ans, l’âge des États-Unis ? C’est pas mal, 250 ans en heure/homme, une PME elle en fait des trucs avec ça !” (57min20)
Ce ne sont que quelques exemples.
Ces dernières phrases, on peut :
ne pas être en accord avec elles (quand l’humanité consomme chaque année trop de ressources pour que sa Terre puisse les régénérer pour l’année suivante, la décroissance peut sembler être une option valide)
en contester le sens moral (la Grande oxydation est d’origine bactérienne, la pollution humaine est consciente et maîtrisable + dire que la différence de 0,99% d’espèce disparues entre les cas fait toute la différence est la définition même de la malhonnêteté intellectuelle lorsque le pourcentage de base est 99% de disparition des espèces)
les trouver éminemment partisanes (le temps de loisir de l’humanité pourrait être utilisé par des entreprises pour produire des richesses ?!)
Ces phrases sont pourtant, à mon sens, le cœur du message. Entourées de vérités générales, elles sont acceptées comme une lettre à la Poste.
Mais citer les grands entrepreneurs et les grandes start-up américaines comme modèles de réussite n’est pas anodin. L’économie de la connaissance ne consiste pas à sauver l’humanité. Elle vise à engranger du profit, en causant moins de dégâts et en utilisant mieux les ressources. Ce qui (et là, c’est mon avis) est moins négatif que le capitalisme initial et sauvage, mais constitue un néo-libéralisme pseudo-écologique et pseudo-durable qui n’est pas sans danger.
Edit du 29/10/2016 : cet article de Kevin Amara détaille en profondeur les causes et conséquences de cette “nuisance progressiste”.
Toutes les conférences d’Idriss Aberkane consistent à pourtant faire accepter ce parti-pris, en vantant les mérites de l’entreprenariat, de l’innovation, en orientant les données, et en avançant des thèses présentées comme vérités générales. Je demande à ce qu’on m’explique comme j’arrive à payer un loyer avec de la connaissance, à remplir un moteur avec de la connaissance ou à fabriquer du pain avec de la connaissance (et de la connaissance seulement).
Devise
Voilà le concept qu’Idriss répète en boucle pendant ses présentations.
“Toute révolution est passée par les phases : ridicule, dangereux, évident.”
S’il n’est pas assez malhonnête pour ne pas signaler que tout ce qui est ridicule n’est pas forcément révolutionnaire, ça ne l’empêche pas de se servir de cet adage (qu’il aurait tiré de L’Art de Vivre de Schopenhauer) pour valider certains points de son argumentaire lorsque le public y réagit.
“Vous trouvez ça ridicule, hein ?” *clin d’oeil appuyé*
Et paf, argument validé.
Voilà le fonctionnement global des conférences d’Idriss Aberkane. Sous couvert d’un discours démagogique et même, j’en conviens, souvent positif, la philosophie néo-libérale se vêtit de charmants atours. Elle n’est pourtant pas si différente que d’habitude.
C’est ce que j’ai vu. Qu’en pensez-vous ?
Edit du 05/10/16 : je ne suis visiblement pas le seul à avoir des doutes sur les méthodes d’Idriss Aberkane.
Par ailleurs, sa page Wikipedia et son contenu fait débat parmi la communauté.
Edit du 27/10/2016 : quand Le Monde consacre un article à Idriss Aberkane, il le désactive dès le lendemain “à la suite de plusieurs alertes faisant mention d’erreurs dans la description [de son] parcours”.
Abus dans la présentation de son parcours qui sont résumés ici.

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La nuisance progressiste : l’exemple d’Idriss Aberkane (par Kevin Amara)

Les vidéos d’Idriss Aberkane circulent beaucoup, en ce moment, sur le web ; sorti de l’ombre depuis quelques mois, ce « chercheur en neurosciences cognitives » écume à présent les amphis des facultés, a été adoubé par TedX, laboratoire du mondialisme, voit ses idées reprises par une majorité toujours croissante de la population, et son nom diffusé sur tous les réseaux sociaux.

Il accompagne un discours patelin — ce que nous nous proposons de mettre en lumière ici — de grands gestes de ses mains baguées et n’hésite pas à sourire à propos, afin de séduire son public. Jamais avare d’un bon mot et d’une formule choc, amateur d’anglicismes high-tech, il sait trouver l’oreille des moins attentifs.

Son credo : l’humanité se trompe et son modèle civilisationnel est relativement défectueux. On ne peut qu’abonder dans son sens. C’est lorsqu’il propose le médicament que nous regrettons aussitôt d’avoir peu ou prou le même diagnostic. Selon Idriss Aberkane, notre problème ne relève pas d’un excès de science et de technologisme (la prédominance de la technologie sur le stratégique et le politique), mais d’une carence en la matière. Selon lui, il ne nous faut pas rompre avec le système qui nous a mené à l’impasse où nous sommes, mais simplement opérer une transition amphigourique qui nous conduirait vers des lendemains qui chantent. Grâce à ce même système technique. Voyez-vous ça.

Une nouvelle Renaissance
Ce qu’Aberkane met en exergue, et se propose de démontrer, c’est la réalité tangible d’une nouvelle Renaissance à l’œuvre sur le continent Terre.

Rappel des faits. La découverte – ou plutôt la redécouverte, les asiatiques ayant été les premiers à en appréhender la technique – de l’imprimerie, a permis au continent européen une redécouverte de son héritage et une expansion formidable du savoir. Voilà ce qui est écrit dans les livres d’Histoire. L’histoire avec une grande hache.

En réalité, elle a agrandi les lignes de démarcation entre un peuple qui ne disposait pas des moyens nécessaires d’accéder à ce savoir, et les élites intellectuelles, alors rassemblées en différents réseaux, en structures ordonnées. Jusque-là, les universités disposaient d’un quasi-monopole dans le domaine du savoir officiel et de la diffusion de l’information, monopole qui s’est effrité suite à l’apparition de l’imprimerie et qui a donné naissance coup sur coup au monde bourgeois et à la société technicienne. Le point de départ du capitalisme étant, selon Lewis Mumford, l’invention du pendule et la fragmentation des journées en heures. La cristallisation du savoir qui s’est vue accentuée grâce à l’imprimerie et la coupe systématique des humanités en divers petits ensembles disparates ont altéré le savoir, jusqu’à en modifier les fonctions mêmes.

Ainsi, Simone Weil écrivait, dans L’enracinement, et ce dès 1949 :

« De nos jours, un homme peut appartenir aux milieux dits cultivés, d’une part sans avoir aucune conception concernant la destinée humaine, d’autre part sans savoir, par exemple, que toutes les constellations ne sont pas visibles en toutes saisons. On croit couramment qu’un petit paysan d’aujourd’hui, élève de l’école primaire, en sait plus que Pythagore, parce qu’il répète docilement que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait il ne regarde plus les étoiles. Ce soleil dont on lui parle en classe n’a pour lui aucun rapport avec celui qu’il voit. On l’arrache à l’univers qui l’entoure, comme on arrache les petits Polynésiens à leur passé en les forçant à répéter : « Nos ancêtres les Gaulois avaient les cheveux blonds ».

Ce qu’on appelle aujourd’hui instruire les masses, c’est prendre cette culture moderne, élaborée dans un milieu tellement fermé, tellement taré, tellement indifférent à la vérité, en ôter tout ce qu’elle peut encore contenir d’or pur, opération qu’on nomme vulgarisation, et enfourner le résidu tel quel dans la mémoire des malheureux qui désirent apprendre, comme on donne la becquée à des oiseaux. D’ailleurs le désir d’apprendre pour apprendre, le désir de vérité est devenu très rare. Le prestige de la culture est devenu presque exclusivement social, aussi bien chez le paysan qui rêve d’avoir un fils instituteur ou l’instituteur qui rêve d’avoir un fils normalien, que chez les gens du monde qui flagornent les savants et les écrivains réputés ».

Ce qui est vrai concernant l’imprimerie l’est tout autant au sujet du tout numérique. 88% des utilisateurs de l’internet vivent dans les pays industrialisés, contre 0,3% dans les pays pauvres. A quoi il faut bien évidemment ajouter le fait que si l’écart existe entre différents pays, il existe à plus forte raison entre habitants riches et pauvres d’un même pays. Il existe deux Internet, celui des classes populaires, et celui de la bourgeoisie.

De l’info gratuite, sur internet, on ne trouve que ça. Réseaux sociaux et journaux dits citoyens ou alternatifs pullulent, et il est relativement aisé de recevoir une information en temps réel (c’est bien de s’en prémunir qui pose véritablement problème). En revanche, des contenus gratuits qui aident à comprendre en substance, d’un point de vue biocentriste et non anthropocentriste, avec un travail de fond, ce que signifie telle ou telle information, disparaissent progressivement. Le journalisme sera payant, il l’est déjà, ne nous leurrons pas.

De plus, les sites qui se proposent d’offrir une information gratuite ne peuvent fonctionner que grâce à la publicité : ainsi, l’écart est encore significatif entre une population qui dispose des moyens financiers de se protéger contre les différents virus et les différentes attaques numériques, et une population soumise à ces dangers et qui ne peut simplement pas acheter les moyens de sa protection.

La fracture numérique est d’autant plus palpable qu’elle ne concerne pas uniquement ceux qui ont – ou qui n’ont pas — accès à Internet : elle concerne d’abord et avant tout l’utilisation même qui en est faite par ceux qui disposent d’un accès à cet outil.

Aberkane insiste férocement sur un point : la découverte récente du super-amas de galaxies appelé Laniakea est comparable à la découverte de l’héliocentrisme et aux grandes découvertes géographiques de la Renaissance. Or, cet argument n’a aucun sens. En effet, nous parlons là d’un lieu totalement inatteignable dans l’immédiat, et qui de fait, limite donc l’impact de sa découverte. Les trouvailles successives du monde scientifique ne peuvent pas amener de révolution artistique, culturelle, ou philosophique, dans la mesure où elles dépeignent des mondes si petits (on pense à la physique quantique) ou si éloignés (à l’instar de Laniakea) qu’il n’est tout simplement pas possible pour tout un chacun d’avoir prise sur ces dernières. De plus, comparer cela avec la découverte de l’héliocentrisme de Copernic se révèle totalement abusif : l’astronomie moderne n’en est pas ressortie transformée, jusque-là.

(Cette étude parue en septembre 2014 dans le journal Nature est citée une quarantaine de fois, ce qui la place dans les études qui ont eu un certain retentissement, mais n’en fait pas une « révolution », en effet le journal Nature ayant un Impact factor [1] de 38, un article publié dans ce journal est en moyenne cité 38 fois deux ans après sa parution). Source

Le paradigme défendu par Aberkane s’effondre alors devant les faits : rien ne laisse présupposer qu’une nouvelle Renaissance soit à l’œuvre, et si nouvelle Renaissance il devait y avoir, gageons que ce ne serait pas une époque marquée une fois encore par le dieu progrès.

Économie de la connaissance
« L’avenir économique mondial appartiendra à ceux qui sauront faire circuler la connaissance à la fois beaucoup mieux et beaucoup plus vite ».

Ces quelques mots d’Idriss Aberkane contiennent en germe une bonne partie de ce qu’il faut combattre dans son discours, discours qui s’emboite parfaitement dans notre époque : le capitalisme se retrouve en effet confronté à une nouvelle crise de surproduction majeure, et il lui est nécessaire de prendre une autre forme afin de continuer son expansion.

Or, Aberkane a trouvé là une pierre philosophale : il s’agit de transformer un produit A en produit B, et pour ce faire, les illusions du marketing n’y suffiront pas. Il convient alors de mettre en place un nouveau paradigme, qui fonctionnerait en utilisant les mêmes modalités que l’ancien, in fine, mais s’ajusterait sur un nouveau modèle, dont Aberkane trace ici les contours.

Si l’avenir appartient à ceux qui sauront faire circuler la connaissance, se pose la question de savoir à qui appartiennent les moyens de circulation de la connaissance, dès à présent.

Alain Mauldin, le directeur de la recherche de TeleGeography répond à cette question : « Pour les communications internationales, plus de 99% du trafic passe par les câbles sous-marins ». « Les satellites sont utiles pour les communautés rurales et les lieux très isolés. Le principal avantage du câble, c’est que c’est beaucoup moins cher ».

Ainsi, ce sont donc 300 câbles qui supportent la quasi-totalité du trafic Internet mondial, et ces câbles appartiennent bien évidemment aux entreprises privées. Le plus long câble sous-marin en fibre optique actuellement en service, le SEA-ME-WE 3, mesure 40.000 kilomètres de long, soit presque la circonférence de la Terre. Il avait été mis en service en 1999 au terme d’un projet commun reliant 92 opérateurs internationaux, dont France Télécom. Ce câble relie 33 pays sur quatre continents (l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Australie) et compte 39 points d’atterrissement. Le câble sous-marin SEA-ME-WE 5, fruit d’un accord entre Orange et une douzaine d’autres partenaires du secteur, sera mis en service fin 2016 : long d’environ 20.000 kilomètres, il reliera Singapour et la France. Facebook et Google ont annoncé dernièrement leur projet de création d’un câble sous-marin à travers l’océan Pacifique : ce câble long de 12.800 kilomètres, dont la construction va démarrer fin 2017, devrait être mis en service à l’été 2018.

Carte des câbles sous-marins à l’échelle mondiale

Si les câbles appartiennent aux industriels, il est aisé d’en conclure que le contenu qu’ils propagent leur appartient tout autant. On peut me couper mon accès Internet du jour au lendemain, on ne peut pas me retirer du crâne la connaissance que j’y ai mise.

Selon Aberkane, l’un des avantages de l’économie de la connaissance serait tout simplement le fait que nous serions aux prises avec une économie qui ne serait plus figée en un endroit géographique. Ainsi, un puits de pétrole se trouve au Canada ou en Sibérie, et il est nécessaire de se fixer X temps à cet endroit pour en extraire le pétrole susmentionné. Or la connaissance peut pour sa part se transmettre n’importe où, via n’importe quel biais – conférence ou appel Skype, qu’importe – et c’est ce qui en ferait sa richesse. Il introduit là son « système monétaire » (si Aberkane propose une révolution, il ne va pas jusqu’à proposer l’abolition de l’argent en tant qu’unité de stockage ou modalité d’échange…) : les atts. Att, pour attention. L’attention portée à tel ou tel orateur, à telle ou telle personne qui se proposerait de transmettre son savoir. « Lorsque je partage du matériel, je le divise, lorsque je partage de l’immatériel, je le multiplie » : faisant sienne la citation de Soudoplatoff, il essaye tant bien que mal de démontrer que les atts seraient en soi révolutionnaires, et qu’ainsi, un chômeur serait plus riche que n’importe quel patron du CAC 40.

La démonstration est alambiquée mais mérite que l’on s’y arrête : le chômeur disposant de plusieurs heures quotidiennes d’attention (soit un volume conséquent d’atts), il aurait ainsi plus de richesse que Serge Dassault, ce dernier étant bien trop occupé pour passer plusieurs heures hebdomadaires à apprendre le piano ou mémoriser la localisation des différentes galaxies. Or, l’homme ne se nourrit pas encore de connaissance, et il lui est nécessaire – c’est trivial, convenons-en – de se nourrir d’aliments pour simplement vivre. Le propos est au mieux grotesque, au pire, volontairement clivant.

Quant à la volonté de « délocaliser la connaissance », de la rendre totalement indépendante d’une quelconque localisation géographique, il apparait évident que la volonté de sortir l’homme de son environnement est appliquée ici au grand jour. Plus d’attaches, plus d’enracinement : un homme uniquement mû par sa soif de connaissances jugée inextinguible, et qui bourlinguerait sur la planète à l’affut de telle ou telle nouvelle connaissance, de tel ou tel nouveau savoir. On rappellera à Aberkane que nous avons totalement oublié les propriétés, et pire encore, l’utilisation qui était encore quotidienne quelques décennies auparavant des plantes et herbes médicinales que l’on trouve sous nos contrées. Nous avons Wikipédia, qui est une somme de connaissances, mais le cerveau collectif a oublié jusqu’à la distinction qu’il convient de faire entre la châtaigne et le marron. Notre époque est riche d’informations mais bien pauvre d’expériences.

Que valent trois kilos de connaissance ?
Idriss Aberkane poursuit alors en affirmant qu’un « kilo de connaissance plus un kilo de connaissance égalent trois kilos de connaissance », et se félicite de savoir que Bill Gates, l’une des fortunes les plus colossales au monde, ne vend pas du matériel mais de l’immatériel : du logiciel.

Une fois de plus, Aberkane prouve là sa méconnaissance des réalités concrètes… ou choisit volontairement de les occulter.

Les composants nécessaires à la fabrication d’un ordinateur, lui-même nécessaire à la création de tel ou tel logiciel, nécessitent un lent travail d’extraction, d’ouvrir sempiternellement de nouvelles mines, et/ou d’élargir les anciennes, et nous enferment toujours plus dans la société industrielle. Rien n’est immatériel, en soi. Même la moindre note de musique reste le produit d’un instrument…

Or, si la connaissance est le nouveau pétrole, les énergies vertes sont le nouvel investissement.

Aberkane prend en exemple la guerre civile américaine et se propose d’en expliquer les facteurs et la finalité. Selon lui, la cause profonde de cette guerre aurait été l’incroyable bond de productivité des pays du Nord après que ces derniers soient passés à l’industrie, et à la machine à vapeur. Une machine à vapeur produisant nettement plus, et dans un temps bien plus court, qu’un groupe d’esclaves, le Sud n’aurait plus été en mesure de rivaliser, et aurait ainsi fini par déclarer la guerre à son voisin. Cependant, il oublie – à nouveau – une chose : le moteur de l’industrialisation n’est pas simplement la connaissance ayant permis de créer les machines et de les agencer entre elles pour les rendre productives, c’est aussi et surtout l’exploitation des ressources énergétiques comme le charbon et le pétrole. Le changement de paradigme ne vint pas d’une quelconque industrialisation pour ainsi dire métaphysique, ce furent tout simplement les ressources énergétiques ponctionnées à la terre qui permirent de produire une énergie incommensurable par rapport au travail des esclaves.

Lorsqu’il se déclare, béat comme un nouveau-né, heureux que les coréens se retrouvent à exporter plus que la Russie (par le truchement de leurs ventes d’écrans, de divers satellites…), il oublie de spécifier quelles sont les conditions de production de ces objets.

C’est bien là l’impasse de la réflexion magique d’Aberkane : il prend soin de ne jamais signifier que tout cela ne pousse pas sur les arbres, que les minerais, métaux, terres rares, et autres matières premières nécessaires à l’industrialisme engagent un processus minier dévastateur pour les biomes et que la question qui importe réellement n’est pas de savoir quoi exploiter pour produire de l’énergie, mais bien plutôt de savoir comment apprendre à s’en passer.

Ainsi, lorsque l’économie bleue nous fait la promesse d’un monde sans déchets, elle oublie simplement que c’est l’économie même qui nous impose la présence de ces déchets, que les déchets sont inhérents à la société industrielle. Elle se propose ainsi de régler un problème intrinsèque aux solutions qu’elle préconise.

Le biomimétisme, une solution pour le vivant ?
« Tant que les objets, animés ou inanimés, étaient considérés comme la demeure d’un esprit, tant que l’on s’attendait à voir un arbre ou un bateau se conduire comme une créature vivante, il était quasi impossible d’envisager concrètement un fonction mécanique spécifique. L’ouvrier égyptien, lorsqu’il réalisait le pied d’une chaise, le façonnait pour représenter le pied d’un bœuf. De cette manière, le désir naïf de reproduire le monde vivant, pour conjurer les géants et les djinns, au lieu de concevoir leur équivalent abstrait, retarda le développement de la machine. La nature facilite souvent de telles abstractions. Le cygne, en déployant ses ailes, peut suggérer la navigation à voile ; le nid de frelon peut suggérer le papier et le corps est une sorte de microcosme de la machine. Les bras sont des leviers ; les poumons, des soufflets ; les yeux, des lentilles ; le cœur, une pompe ; le poignet est un marteau ; les nerfs sont un système télégraphique connecté avec une station centrale. Dans l’ensemble, les instruments mécaniques furent inventés avant que les fonctions physiologiques aient été exactement décrites. La machine la moins efficace est en cela une imitation mécanique réaliste de l’homme ou de l’animal : la technique a retenu le nom de Vaucanson pour son métier à tisser plutôt que pour son canard mécanique, d’aspect vivant, qui absorbait de la nourriture et remplissait aussi les fonctions de digestion et d’excrétion.

La technique n’a pu progresser que lorsqu’il a été possible d’isoler un système mécanique d’un réseau entier de relations. Le premier aéroplane, comme celui de de Vinci, essayait de reproduire des ailes d’oiseaux. En 1897, l’aéroplane de Clément Ader, qui se trouve au Conservatoire des arts et métiers à Paris, rappelait la forme d’une chauve-souris et ses hélices, comme s’il était nécessaire d’épuiser toutes les possibilités zoologiques, étaient faites de bois mince, fendu, pour imiter les plumes d’oiseau. On croyait que le mouvement réciproque – comme celui des bras et des jambes – était la forme « naturelle » du mouvement, croyance qui explique l’opposition que rencontra la première turbine. Au début du XVIIe siècle, dans un plan de machine à vapeur, de Giovanni Branca, la chaudière avait la forme d’une tête et d’un torse humains. Le mouvement circulaire, l’un des attributs les plus fréquents et les plus utiles des machines perfectionnées, est de ceux que l’on rencontre le moins dans la nature. »

— Lewis Mumford, « Technique et Civilisation »

L’idée de s’inspirer de la nature accompagne depuis toujours la progression technologique. Présenter le concept du biomimétisme (« et c’est là que le biomimétisme est une révolution sociale ») comme révolutionnaire, c’est être entièrement ignorant de l’histoire du développement technique de l’homme.

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Parmi les questions que nous devons nous poser est donc la suivante : quelles sont les premières applications de ce biomimétisme ? Après quelques recherches, on trouve le premier exemple d’un centre commercial inspiré par les termites. La caractéristique principale de la termitière est d’avoir une température interne qui ne change jamais, indépendamment des conditions météorologiques que l’on trouve à l’extérieur de celle-ci. Un architecte a donc utilisé ce procédé afin de concevoir un centre commercial qui utilise la ventilation naturelle : il absorbe la chaleur tout au long de la journée, tandis que de l’air, grâce à un système sophistiqué d’ouvertures, rentre par le bas du bâtiment. De grandes cheminées évacuent l’air chaud qui remonte alors par convection. Les murs restituent la chaleur la nuit, lorsque l’air est devenu plus froid. Une partie de l’air frais se stocke dans les dalles du bâtiment, ce qui permettra de ralentir le réchauffement du lendemain. De substantielles économies d’énergie, et des possibilités de consommation améliorées dans les grands temples du business. Merci le biomimétisme.

On trouve également un adhésif inspiré directement par un lézard.
Le gecko est un gros lézard qui a la capacité de se déplacer sur un plafond, à l’envers donc, grâce à sa peau qui utilise une force adhésive particulière. Ni une ni deux, grâce au biomimétisme, l’industrie a pu créer une application révolutionnaire qui permet aux utilisateurs de coller leurs smartphones n’importe où, n’importe quand, afin de se prendre en photo soi-même, devant son poste de télévision. Futé, hein ?

Il serait trop long et trop fastidieux de lister là toutes les possibilités offertes par le biomimétisme, et ce n’est pas l’objet de notre article. Il faudrait également digresser sur le transhumanisme, qui apparait déjà et apparaitra forcément de manière exponentielle, tant il est contenu en germe dans cette idée nocive. A quand les yeux de mouche pour permettre aux aveugles de voir ? Faut-il s’inquiéter de voir les budgets énormes alloués au département R&D de Google ?

Examinons le double problème posé par le fil de byssus (nom de la colle produite par la moule, sécrétée par la glande de byssus, voir schéma), qui permet à la moule de se fixer n’importe où, dans une eau salée, et qui intéresse donc grandement les industriels.

D’une part, il faudrait prendre du recul, un recul salutaire et humble : afin de copier de manière industrielle cette colle, il nous est nécessaire d’employer un nombre conséquent de laboratoires et certains des esprits les plus cultivés … tout cela afin de reproduire ce que cette dernière fait naturellement. D’autre part, afin de produire un kilo de cette colle, il faudrait 10.000 moules. Rien que ça. Les industriels n’ont donc d’autre choix, afin de produire des molécules fonctionnelles, que de s’orienter vers le clonage des gènes de moules.

Le non-sens & la nuisance des idées d’Idriss Aberkane
Le biomimétisme mis en avant par Idriss Aberkane est au service de toujours plus d’industrialisme — il propose de s’inspirer de la nature pour le développement de puces intels, pour l’électronique en général, pour le revêtement des avions, pour toutes sortes de hautes-technologies polluantes, consommatrices et aliénantes — , voire même de militarisme — citons-le, à propos du blindage de l’ormeau, un coquillage : « ça peut vous blinder un char Leclerc […] et c’est moins dangereux à fabriquer par rapport à une usine AZF ». Il s’extasie également de ce que BASF (sic) s’est inspiré de la peau de requin pour créer une peinture « antifouling » (rappelons qu’une peinture antifouling est « une peinture contenant des biocides » (re-sic)). Il semble ne se poser aucune question morale et ne rien comprendre à l’écologie planétaire ; en somme, sa compréhension des problèmes auxquels l’humanité et la planète font face est totalement inepte.

C’est encore plus clair et manifeste lorsqu’on l’entend se lamenter de ce que le « cône du pacifique » (Conus geographus), un coquillage venimeux que l’on retrouve dans l’océan Indien et l’ouest de l’océan Pacifique, est « vendu à trois dollars sur les marchés parce qu’il est joli », ce qui, pour lui, est représentatif de ce que « nous brûlons la nature au lieu de la lire », puisqu’il s’agirait « d’une des utilisations les plus débiles que l’on pouvait faire de ce coquillage ». Pourquoi ? Parce que, nous explique-t-il, sa toxine (« très utilisée dans les neurotechnologies », qui « permet un niveau de détail incroyable », aussi utilisée pour des « nanotechs » et « en chirurgie »), très demandée (« sachant que la demande mondiale est supérieure au kilo » et qu’il y a une « très grosse demande mondiale qui ne fait qu’augmenter ») se vendrait à « 800 dollars le milligramme ». Ce qui fait du « 800 millions de dollars le kilo », s’exclame-t-il ensuite, assez fièrement (« à côté l’or et le platine c’est du terreau de jardin », blague-t-il). Donc, pour Idriss Aberkane, ce coquillage devrait être exploité, ceci ne posant aucun problème et ne faisant aucun doute, seulement, il ne devrait pas être vendu si peu cher et simplement pour sa beauté, mais devrait être vendu cher et utilisé par le secteur des hautes-technologies. L’exploitation de la nature, oui, mais pour le développement high-tech et l’industrialisme avant tout.

« Si on exploite la nature comme une source de matière première, on est destiné à la diviser et à la détruire ». Là encore, le caractère insidieux de sa pensée apparait nettement. Lui qui fait l’apologie de toujours plus de développement hautement technologique, de nanotechnologies en tous genres, d’où pense-t-il que proviennent les matières premières nécessaires à tout ceci ?

« Si on l’exploite aussi comme une source de connaissance, eh bien il n’y a plus de conflit d’intérêt entre croissance et nature ». On comprend ici son véritable objectif, qui est de servir l’idéologie de la croissance. Soulignons le « aussi », qui implique que, pour lui, la nature doit bien être exploitée comme une source de matières premières, et donc selon ses propres mots, « on est destiné à la diviser et à la détruire ».

« La nature, en fait, elle est high-tech ». Finalement, Idriss Aberkane n’est qu’un nouvel apologiste de toujours plus de la même chose, de toujours plus de développement hautement technologique, de toujours plus d’idéologie de croissance et de toujours plus d’exploitation de la nature. Seulement, son apologie de ce qui constitue en réalité les maux que nous devrions combattre se dissimule derrière une admiration (perverse) de la nature (en vue de continuer son exploitation).

(C’est là toute la nuisance que constitue l’économie bleue, qui ne se défend pas de s’inscrire dans la continuité de ce qui est déjà en place, comme on peut le lire sur le site de la RTBF : « Après l‘économie rouge, l’économie verte, voici L’ÉCONOMIE BLEUE. Inventée après 16 années d’expérimentation avant d’être théorisée et appliquée à de nombreux projets, l’économie bleue se présente comme une poursuite du développement de l’économie verte. » Pour une critique plus détaillée du changement spécieux que propose l’économie bleue, vous pouvez lire cet article de John Michael Greer sur les énergies renouvelables, ou celui écrit par Kim Hill de Deep Green Resistance Australie, ou encore l’interview d’Ozzie Zehner, auteur du livre « les illusions vertes ».)

Idriss Aberkane ne souhaite absolument pas freiner le progrès hautement technologique, aliénant, destructeur et autoritaire, mais au contraire le stimuler, tout en imaginant le réformer, le faire magiquement passer de mauvais à bon sans fondamentalement changer quoi que ce soit ; il ne souhaite pas s’affranchir de l’idéologie de croissance, mais tente de faire croire qu’elle peut profiter à toutes et à tous, à l’humanité et au monde (bien qu’il ne s’attarde pas sur le bien-être des autres espèces, leur situation, etc.).

Sa popularité et sa présence médiatique sont extrêmement logiques. Le pouvoir en place, la société industrielle de croissance, « technolâtre et marchande » (Elie de Senancour), n’a rien à craindre de sa part, bien au contraire. Sa popularité témoigne aussi (à l’instar de la plupart des buzzs) de l’absence d’esprit critique de la part du grand public et de sa mauvaise compréhension de la problématique de notre temps — mauvaise compréhension ordonnancée et administrée par tout l’appareillage de l’État corporatiste.

Il suffit de voir comment nombre de personnes, d’associations & d’organisations soi-disant dissidentes, qui prétendent s’opposer au système et à l’ordre établis (mais qui ne comprennent souvent pas que c’est à une culture entière qu’ils devraient s’opposer), sont toujours subjugués et impressionnés par quiconque sort d’une grande école de la société même qu’ils pensent contester ; il suffit de voir la révérence avec laquelle ils mentionnent les diplômés des prestigieuses écoles — ces titres de noblesse modernes — où les élites dirigeantes de nos sociétés industrialisées sont formées. Ainsi, on peut lire d’Idriss Aberkane qu’il est un « jeune et brillant chercheur (Supélec, Polytechnique, Stanford…) » ou encore, dans Ouest France « à 29 ans, il est titulaire de trois doctorats […] Et son titre est long comme le Danube : professeur à Centrale-Supélec, chercheur à Polytechnique, chercheur affilié à Stanford (États-Unis) et ambassadeur de l’Unitwin (un réseau d’universités, sous le patronage de l’Unesco), section « systèmes complexes ». Le jeune homme est une tête. »

Que ceux qui défendent l’organisation sociale dominante, la civilisation industrielle, soient subjugués et admiratifs devant ceux qui réussissent le mieux au sein de ses plus prestigieux organes éducatifs est compréhensible et logique. Que ceux qui comprennent qu’elle est nuisible et prétendent s’y opposer le soient aussi est absurde et illogique. Être diplômé d’une (grande) école de la culture officielle de la civilisation industrielle n’a rien de prestigieux, ni ne confère aucune position d’autorité, au contraire. Il s’agit en réalité d’un gage de soumission, de la preuve d’un endoctrinement culturel effectif, même si, bien sûr, il est possible d’être diplômé par une école de la société à laquelle on s’oppose par ailleurs. Les diplômes officiels ne devraient rien signifier dans les milieux contre-culturels, comme aux yeux de ceux qui cherchent à décoloniser leur imaginaire, à penser librement, indépendamment des normes culturelles dominantes. Comme formulé dans le « Discours préliminaire de l’Encyclopédie des Nuisances » de 1985 :

« Quant à nous, nous pouvons légitimement nous dire des déserteurs de la culture officielle : étant donné la qualité de son personnel actuel, il ne paraîtra sans doute pas trop présomptueux d’affirmer que chacun d’entre nous aurait pu réussir très facilement dans n’importe laquelle des carrières qu’elle propose. Et l’efficacité de cette Encyclopédie se mesurera, entre autres, à notre capacité de susciter dans le camp ennemi d’autres désertions, de la part de ceux qui sont susceptibles de comprendre que nous leur donnons l’occasion d’un meilleur emploi de leurs talents et de leurs connaissances. Mais nous sommes bien décidés à ne laisser subsister parmi nous aucune sorte de prestige intellectuel susceptible de fonder une autorité quelconque sur la suite du processus. Aussi appliquerons-nous sans exception la règle pratique de l’anonymat à tous les textes que nous publierons. Cette règle permettra de sélectionner parmi les transfuges ceux qui sont effectivement décidés à ruiner leur spécialité et le système qui les emploie, sans rechercher un prestige subversif qui les mettrait en mesure de se vendre ensuite un peu plus cher que leurs collègues. Nous ne pouvons accepter parmi nous que ceux qui répugnent également à devenir fameux dans un monde infâme. »

Son buzz, comme beaucoup d’autres, est le résultat de l’établissement d’un climat social qui encourage ce phénomène, dépourvu de tout caractère subversif ou révolutionnaire. Les buzzs comme l’explique Ugo Bardi, se propagent principalement en raison de leur simplicité et de leur caractère rassurant. Ce qui se vérifie ici, le discours d’Idriss Aberkane est simpliste (il suffit de réformer quelques paramètres de notre développement technologique) et rassurant (pour que nous profitions d’une civilisation vraiment géniale).

Un autre point important à souligner et qui devrait suffire à lui seule à démontrer en quoi Idriss Aberkane est un ennemi des luttes sociales et un bon soldat de la sphère corporatiste : parmi ses clients, on retrouve le MEDEF Gironde, GDF Suez, Engie et Eiffage, pour n’en citer que quelques-uns.

L’un des objectifs que vise la médiatisation d’Aberkane – n’ayons pas peur de le dire – est à terme de promouvoir le contrôle de l’ADN, c’est-à-dire, ni plus ni moins, le contrôle immédiat et définitif de toute l’humanité. Il ne tait pas uniquement le fait que la plupart de ces brillantes inventions appartiennent et continueront d’appartenir aux industriels par le truchement des brevets, outils de contrôle par excellence, il fait l’impasse, volontairement, sur le fait qu’à terme, tout aura été analysé, contrôlé, et sera devenu propriété privée, et lucrative.

Cette rentabilisation totale du monde ne saurait nous sauver. Pire, elle participe à creuser toujours plus le trou dans lequel nous nous enfonçons. La matérialité demeurera un facteur de première importance, et il faut combattre le paradigme d’Aberkane, qui n’est autre qu’une tentative de rendre indépassable la société industrielle en l’identifiant, dans l’esprit de tous, à la Nature. Ses produits devront être beaux, comme les produits de la nature le sont. Ses produits devront être dégradables ou réutilisables à l’infini, comme la moindre feuille de n’importe quel arbre… ou la pensée magique, déconnectée des réalités de l’industrialisme.

Finissons en répétant tel un mantra la phrase fétiche d’Aberkane : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. » Phrase qu’il emprunte sans jamais le citer à Schopenhauer.

Répétons-la à l’envi, car nous sommes parfaitement d’accord avec cette assertion. La lutte pour en finir avec la société industrielle et la civilisation est ridiculisée. Viendra bientôt le temps de l’opposition : lorsque les premières digues tomberont, que le pétrole sera raréfié, que les gens comprendront que ce ne sont pas deux éoliennes qui sauveront la planète, et que ce qu’il leur est proposé depuis plusieurs années comme une alternative n’est en fait qu’une illusion : une volonté de repeindre le gris en vert.

Gageons enfin que lorsque nous en aurons terminé avec la société industrielle… la vie nouvelle sera considérée comme une évidence limpide.

PS : Il est relativement navrant de devoir écrire un billet sur pourquoi un type qui passe à la télévision, à la radio, écrit pour un journal comme Le Point, travaille pour le MEDEF Gironde, Engie, Eiffage, le BPCE et des entreprises de placement monétaire, entre autres, qui est invité par le MEDEF Vendée, dont les héros sont Sergueï Brin (Google), Mark Zukerberg (Facebook), Elon Musk (Tesla), & qui fait activement la promotion de toujours plus de hautes technologies et d’exploitation organisée de la nature, n’a rien d’un révolutionnaire, ni d’un activiste d’aucune sorte, bien au contraire. Aujourd’hui comme hier, il semblerait que beaucoup de gens, au sein des masses dépolitisées comme au sein des soi-disant mouvements d’opposition, continuent à oublier que « La révolution ne sera pas télévisée », comme le chantait Gil Scott-Heron en 1970, pas plus qu’elle ne consistera en un réformisme illusoire, promettant de résoudre les problèmes générés par certaines activités et organisations sociales humaines à l’aide de ces mêmes activités et organisations.

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