Autant il y a danger pour une âme qui a péché à ne point reconnaître sa faute, en demander le pardon et en faire pénitence, autant, et même plus encore, il est périlleux de se croire coupable de toutes les pensées et de tous les mouvements de péché qui nous assaillent. Une telle imputation aurait vite faussé la conscience et pourrait abîmer une vie entière dans le désespoir. Voilà où l’on aboutirait pour n’avoir pas su discerner les esprits !
Ce discernement s’acquiert par l’expérience même, pour peu que l’on s’examine attentivement, aussitôt après s’être purifié par la confession. A ce moment, l’âme ressemble à une feuille de papier blanc sur laquelle on peut tout écrire. Et sur cette feuille, sont à la fois pressés d’écrire Dieu et son ange d’une part, le diable de l’autre. Mais il dépend du libre choix de l’âme d’en donner liberté à qui elle veut ; et c’est ce qu’elle fait par le consentement.
Une mauvaise pensée ou un mouvement intérieur vous pousse t-il au péché que vous venez de désavouer dans la confession ? Ce n’est pas autre chose que le discours tenu à votre âme par un démon qui cherche à y écrire de nouveau la même faute. Ce n’est pas une suggestion de votre propre esprit, car à ce moment rien de pareil n’est écrit en votre âme : tout y a été effacé par l’absolution ; votre âme a recouvré l’état de grâce donné au baptême, elle est nette et pure. Rien n’y reste du péché, sinon une volonté fragile, mais libre, que l’habitude incline vers le mal plutôt que vers le bien, mais cependant plus capable de bien que de mal, grâce à cette pureté de l’âme et à la vertu du sacrement de Pénitence. Elle n’a donc par elle-même rien qui puisse lui faire penser et la porter au mal. Les pensées qui se présentent à elle, bonnes ou mauvaises, ne sont pas d’elle ; ce qui lui appartient, ce n’est que le consentement, soit au bien, soit au mal.
C’est le mérite ou la malice de ce consentement qui rendent l’âme digne de récompense ou de châtiment.
Chaque fois qu’une bonne pensée se présente à notre esprit, qui nous porte à la chasteté ou à la tempérance, ou à la pauvreté volontaire, à la patience, l’humilité ou la charité, il est certain qu’elle nous est dictée par l’Esprit de Dieu ou l’un de ses messagers.
Mais si, nous l’avons vu, une longue habitude de céder aux esprits mauvais peut rendre l’âme si charnelle, si mondaine, et si pleine de malice qu’elle fait sien leur office à tous trois, à l’opposé, la pratique assidue du bien peut rendre l’âme toute spirituelle : elle s’affermit alors contre l’esprit de la chair par la pureté de sa vie et la dévotion ; elle triomphe de l’esprit du monde et devient comme céleste par la pauvreté volontaire et l’humilité, tandis que la paix, la charité et la tranquillité du cœur la font si bonne qu’elle triomphe avec l’aide de la Grâce de l’esprit de malice, de colère et de méchanceté. Alors ces bonnes pensées, qui autrefois lui venaient d’ailleurs, elle pourra désormais se les suggérer à elle-même, à son gré, à tout instant, autant que notre fragilité le permet en cette vie.
Daigne Jésus nous donner sa grâce pour consentir au bien et résister au mal ! Amen.
Je vous recommande de prier souvent les litanies de l’humilité, que je vais prier maintenant avec vous et pour vous :
Jésus, doux et humble de cœur,
R. Rendez mon cœur semblable au vôtre !
De ma volonté propre,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être estimé,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être affectionné,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être recherché,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être honoré,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être loué,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être préféré,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être consulté,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être approuvé,délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être compris,délivrez-moi Seigneur !
Du désir d’être visité,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être humilié,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être méprisé,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être rebuté,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être calomnié,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être oublié,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être raillé,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être soupçonné,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être injurié,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être abandonné,délivrez-moi Seigneur !
De la crainte d’être refusé,délivrez-moi Seigneur !
Que d’autres soient plus aimés que moi, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres soient plus estimés que moi,, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres grandissent dans l’opinion et que je diminue, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres soient loués et que je sois oublié, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres soient employés et que je sois mis de côté, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres soient préférés en tout, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Que d’autres soient plus saints que moi, pourvu que je le soit autant que je puis l’être, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
D’être inconnu et pauvre, Seigneur, je veux me réjouir, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
D’être dépourvu des perfections naturelles du corps et de l’esprit, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on ne pense pas à moi, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on m’occupe aux emplois les plus bas, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on ne daigne même pas se servir de moi, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on ne me demande jamais mon avis, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on me laisse à la dernière place, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on ne me fasse jamais de compliment, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
Qu’on me blâme à temps et à contretemps, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
V. Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !
R. Car le Royaume des Cieux est à eux.
Prions
Dieu, qui résistez aux orgueilleux et donnez votre grâce aux humbles, accordez-nous la vraie humilité, celle dont votre Fils unique a donné l’exemple à ses fidèles, pour que jamais l’orgueil en nous ne provoque votre colère, mais qu’au contraire notre soumission attire sur nous les dons de votre grâce. Par le même Jésus-Christ, votre Fils.
Une phrase a retenu mon attention :
“…. autant, et même plus encore, il est périlleux de se croire coupable
de toutes les pensées
et de tous les mouvements de péché qui nous assaillent. Une telle imputation aurait vite faussé la conscience… ”
Cela est libérateur, je ne les ai pas sollicité, donc qu’ils disparaissent.
Une prière me rassure :
“Que d’autres soient plus saints que moi, pourvu que je le sois autant que je puis l’être, accordez-moi, Seigneur, de le désirer !”