Loué soit Jésus-Christ !
“Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5.48)”
Voilà un commandement, qui n’est pas pour nous rabaisser ! Peut-être dira-t-on qu’il ne s’agit pas d’un commandement, mais d’un souhait ? Il n’y a pas vraiment de différence, car, pour celui qui aime Notre Seigneur, Ses désirs sont des ordres … Mais comment, étant ce que nous sommes, pourrions-nous prétendre à quelque perfection que ce soit ? Pourquoi Jésus demande-t-Il, nous commande-t-Il pareille folie (que Dieu me pardonne cet excès de language !) ? Il faut remarquer donne cet ordre à la fin du chapitre 5 de l’Évangile selon saint Matthieu, lequel contient, avec les Béatitudes, l’ordre d’aimer jusqu’à nos ennemis … Vraiment, le Christ ne peut pas nous demander plus ! Et c’est là – soit dit en passant – une preuve de Sa divinité, car qui peut commander la perfection divine, sinon Dieu ? Dieu, qui, seul, peut aussi donner le pouvoir de réaliser ce commandement. Sans quoi, un tel propos ne serait qu’orgueil et folie. Mais peut-être quelqu’un dira-t-il qu’il n’a pas d’ennemis ? Alors, certes, il pourra penser que le précepte de Jésus s’entend d’une disposition. Pour autant, Jésus n’a-t-Il pas d’ennemis aujourd’hui ? Et si nous sommes unis à Jésus, ne sont-ils pas alors aussi les nôtres ? Et Dieu sait si Jésus a des ennemis ! y compris dans Son Église, comme saint Paul s’en plaignait déjà (Ga 2.4 ; 2 Co 11.26 ; Ph 3.18) – Qui sont-ils ? Ils sont légion. La Bête de l’Apocalypse cherchant à détruire la Femme et son Fils, l’Église et les chrétiens, a sept têtes (Ap 12.3), sept étant le chiffre de la perfection, de la perfection dans le mal. Si l’on prend la franc-maçonnerie, contre laquelle s’est vaillamment battu saint Maximilien Kolbe, le judaïsme, la gnose, l’islam, le protestantisme, le communisme, le wokisme, et j’en passe, tous ont en commun la même raison d’être : haïr le Christ et Son Eglise … Mais finalement, tous nos ennemis, tous les ennemis humains de Jésus-Christ, ne sont que des pantins manipulés par les démons, lesquels sont nos vrais ennemis, comme l’enseigne encore saint Paul : « Ce n’est pas contre des hommes de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Princes des ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air. (Ep 6.12) »
Tout vendre signifie s’en remettre totalement à Dieu pour la conduite de la vie, s’abandonner à Sa divine providence. Condition évidemment nécessaire pour suivre Jésus, qui est le Chemin. C’est aussi apprendre à connaître la Vérité, afin de vivre de la vraie vie, de la vie de Dieu. Saint Jérôme disait qu’ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ, c’est pourquoi commençons par méditer ce que nous dit la Bible. Nous savons que pour découvrir le sens d’un verset comme celui-ci : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5.48) », il faut prêter non seulement attention à son contenu, mais aussi à l’unité de l’Écriture tout entière, et au sens que la Tradition de l’Église lui a déjà reconnu et avec lequel aucune juste interprétation ne peut se trouver en contradiction. Ainsi seulement est-il possible d’échapper aux délires de la subjectivité.
Dans l’Ancien Testament, on ne dit pas que Dieu est parfait, mais qu’Il est saint, c’est-à-dire qu’Il est d’un tout autre ordre que celui de ce monde. Ce sont ses œuvres qui sont parfaites, c’est-à-dire accomplies, achevées. Lorsque Dieu façonne son peuple, Il le façonne à Son image : saint, et donc séparé de ce qui est profane. Ce qui lui est ainsi consacré doit être intact, sans défaut, parfait : « Vous n’offrirez pas au Seigneur d’animal aveugle, estropié, mutilé … (Lv 22.22) » Ainsi Dieu demande-t-il aux Hébreux de se sanctifier : « Soyez saints, car Je suis saint.(Lv 11.44,45 ; 19.2 ; 20.7 ; 21.8,26) » La même loi vaut pour les prêtres (Lv 21.17-23), et à un certain degré pour tout le peuple, soumis à l’observance des règles du pur et de l’impur (Lv 11-15).1 A l’intégrité physique des prêtres doit s’ajouter, comme pour tout membre du peuple saint, l’intégrité morale, l’offrande d’un cœur parfait, parce que sincère et fidèle (Dt 10.12 ; 1 R 8.61), dans l’obéissance aux commandements divins et la lutte contre le mal (Dt 17.7,12). Ainsi, le Seigneur demande-t-Il à Abraham : « Marche en Ma présence et sois parfait. (Gn 17.1) » ― ce que l’islam traduit par : « sois soumis », « soumis » signifiant « musulman » (Coran 3.67 ; 6.161 ; 16.120) ! En sorte qu’Abraham était musulman. Bien sûr ! Juifs et musulmans cherchent la perfection dans la pratique de leur Loi : « Heureux, parfaits en leur voie, ceux qui marchent dans la Loi de YHWH. (Ps 119.1) » ; « Quiconque obéit à Allah et à Son messager sera victorieux. (Coran 33.71) » Or, un homme aussi parfait que Job, « homme intègre et droit, craignant Dieu et se tenant éloigné du mal (Jb 1.1) », a été accablé de malheurs … A quoi sert la pratique de la Loi du Seigneur si elle ne donne pas le bonheur ? La question appelle une réponse … une réponse que donnera le Messie.
Dans le Nouveau Testament, le Messie a fustigé la suffisance procuré par une pratique toute humaine de la Loi. En révélant que le Dieu trois fois saint (Is 6.3) est Amour (1 Jn 4.8,16), Il a transféré l’exigence de perfection mise dans l’intégrité, à la réception de l’amour gratuit de Dieu, à donner en retour par devoir de reconnaissance tout aussi gratuitement (Mt 10.8). Il ne cherche pas à imiter les prétendus justes, qui fuient les pécheurs, car ce sont ces derniers qu’Il est venu sauver (Mt 9.12 ; Lc 19.10), et même rendre parfaits. Lui, « l’Agneau sans défaut (1 P 1.19) », annoncé par les prescriptions du Lévitique, a pris nos péchés, pour nous en délivrer, et nous rendre ainsi parfaits (He 10.14), par pure grâce (Rm 3.24 ; Ga 2.21). Impossible dès lors de se prévaloir de quelque mérite personnel pour recevoir cette grâce, mais il faut imiter le Christ dans l’humilité et le détachement qu’Il propose au jeune homme riche. Si tous ne sont pas appelés à pratiquer les mêmes renoncements, nous devons tous garder un cœur libre pour aimer, ce qui est la perfection des enfants de Dieu (Col 3.14 ; Rm 13.8-10), aussi vrai que le passage parallèle en Lc 6.36 remplace le mot « parfait » par celui de « miséricordieux ».
Pour ressembler à son Père du Ciel, le chrétien doit non seulement se garder du mal, mais se soucier du méchant (Rm 5.8), l’aimer, œuvrer à vaincre le mal par le bien (Rm 12.21 ; 1 P 3.9) : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. (Mt 5.39) » Aussi vrai que la vie avance toujours, impossible de se croire jamais arrivé à la perfection. Qui dirait aimer assez n’aimerait plus, ou toujours pas. De même, qui pourrait dire connaître assez Dieu ? Le chrétien est habité par un feu dévorant qui lui fait dire comme saint Paul : « Je n’ai pas encore remporté le prix, ou atteint la perfection ; Non, mais je cours, pour tâcher de l’obtenir, ayant été saisi par Jésus Christ. Frères, je ne pense pas avoir remporté le prix ; mais oubliant le chemin parcouru, je vais droit devant, je cours au but, qui est le bien que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus. (Ph 3.13-15) »
Quelle différence donc entre sainteté et perfection ?
Je répondrais que substantiellement, la différence est la même que celle qu’il y a entre le sacrement de baptême et le sacrement de confirmation. Le baptême nous rend saints en nous lavant de nos péchés, en nous donnant l’Esprit-Saint et les vertus théologales pour vivre sous Sa conduite, ainsi devenons-nous enfants de Dieu. Avec la confirmation nous recevons le même Esprit-Saint, mais avec ses dons, pour que nous puissions témoigner du Christ jusqu’au martyr, devenir parfait en rendant amour pour amour. Recevoir est une chose, vouloir donner en est une autre. Dieu donne sans condition, même s’Il attend que nous rendions amour pour amour. Dans un cas, nous sommes gratuitement rendus saints, et dans l’autre, nous recevons ce dont nous avons besoin pour librement devenir parfaits en sainteté. On peut être saint sans être parfait, mais on ne peut être parfait sans être saint, comme il n’y a pas de Nouvelle Alliance sans l’Ancienne, ni de miséricorde sans justice, ni de grâce sans loi.
Saint Paul distingue bien parmi les chrétiens ceux qui sont « encore charnels », « comme des enfants », et ceux qui sont « spirituels (1 Co 3.1-3) ». Ce qui les distingue est que chez les premiers on trouve « jalousies et disputes (…) une conduite tout humaine ». Quand on contemple la Passion de Jésus, qui Se taisait alors même qu’Il était injustement accusé, on comprend que les disputes pour des intérêts personnels n’appartiennent pas à la vie chrétienne parfaite, et lorsqu’on jalouse, n’est-ce pas que l’on dit alors à Jésus : « Ton amour pour moi ne suffit pas à me rendre heureux. Moi, pour être heureux, il me faudrait en plus de Ton amour, ceci, ou cela. » ? Or, rien n’existe en dehors de Dieu. Donc, en recevant Jésus — et par excellence dans la communion eucharistique —, nous recevons Dieu et tout ce qui existe, donc rien ne peut nous manquer. Ou alors, nous n’avons pas la Foi. Il nous faut mettre en œuvre notre foi ! C’est ce que demande saint Pierre : « Le Démon rode comme un lion cherchant qui dévorer. Résistez-lui par la force de votre foi. (1 P 5.8) » L’exercice de la Foi permet dans ce cas précis d’échapper au démon de la jalousie, qui fait tant de mal à ceux qui ne savent pas s’en défendre … Il nous faut apprendre à nous suffire de Jésus… Là est le secret de la perfection des chrétiens. Jésus est Dieu. Jésus Se donne à nous. Jésus nous suffit. Ceux qui ne connaissent pas Dieu et Son amour sont les esclaves des idoles formées par leurs désirs cherchant quelque chose à aimer en ce monde.
Aussi, saint Paul demande-t-il :
• « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. (Rm 12.2) »
Ce verset nous apprend que nous devons nécessairement prendre nos distance d’avec le monde païen, mais a fortiori aujourd’hui où il devient chaque jour plus antichrétien. « L’amour du monde est inimitié contre Dieu. Celui qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu (Jc 4.4) », dit saint Jacques. Cette prise de distance est l’œuvre de la conversion, aussi nécessaire que ce que le monde n’est pas Dieu, et que le monde construit aujourd’hui par les hommes qui rejettent le Christ, est « une structure de péché », pour reprendre une expression de saint Jean-Paul II, c’est-à-dire que les lois y conditionnent les âmes à pécher, ou du moins à accepter que d’autres pèchent. C’est la voie large et spacieuse qu’il est facile de suivre et conduit en Enfer. Ce sont des solutions apparentes apportées aux problèmes des hommes au prix de l’apostasie de la Vérité. Combien donc nous est-il nécessaire de voir les choses comme Dieu les voit, non par l’effet d’une géniale intelligence, mais par l’action de l’Esprit de Dieu, que nous avons eu la grâce de recevoir le jour de notre baptême, et qui parle au cœur de qui ne veut que faire la Volonté de Dieu. N’importe quel chrétien est ainsi capable de discerner ce qui est bon, agréable, parfait, aux yeux de Dieu, par « connaturalité », puisqu’ayant le même esprit que Lui. Il ne s’agit donc ni de rejeter le monde créé bon par Dieu, ni de se laisser berner par le Prince de ce monde qui est allé jusqu’à l’offrir au Seigneur Jésus en échange de son adoration, mais il s’agit de « discerner ce qui est bon, agréable et parfait ». Si l’Esprit nous est donné sans mesure pour nous unir à Dieu (« Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. (1 Co 6.17) »), il faut, pour tout ce qui regarde notre vie en ce monde, accepter d’y jouer le rôle que Dieu veut, et pas un autre, ou plus que ce que nous devons. Aller au-delà nous mettrait en situation de perdition puisque nous n’aurions pas la grâce pour le vivre. La perfection est certainement de suivre le chemin indiqué par Bernanos, celui de l’humilité, à qui Jésus suffit : « Il est plus facile que l’on croit de se haïr. La grâce est de s’oublier. Mais si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. »
• « C’est bien de sagesse dont nous parlons parmi les parfaits, mais non d’une sagesse de ce monde ni des princes de ce monde, voués à la destruction. (1 Co 2.6) »
Ce verset nous apprend qu’il y a parmi nous des parfaits … et d’autres qui ne le sont pas. Il en est ainsi parce qu’il faut un certain temps pour devenir parfait, du fait que nous sommes dans le temps, et que le temps est une suite d’instants, que l‘on traverse progressivement. Il faut donc du temps pour devenir ce que nous devons être. C’est pourquoi, par exemple, l’Église impose des délais pour accéder aux différents sacrements. Reste qu’au terme sont parfaits ceux qui ignorent la sagesse de ce monde … tant ils ne veulent pas être contaminés par les fausses valeurs et richesse de ses chefs manipulés trop souvent par les démons … Saint Paul est catégorique sur la nécessité de se purifier entièrement de l’état d’esprit qui règne en ce monde : « Que nul ne s’abuse lui-même ! Si quelqu’un parmi vous croit être sage à la façon de ce monde, qu’il se fasse fou pour devenir sage ! (1 Co 3.18) ». Il serait facile de présenter la folie de ce monde qui appelle bien ce qui est mal et mal ce qui est bien, qui prend pour un progrès des mœurs la légalisation de l’avortement ou de la contraception, le soi-disant mariage homosexuel, etc. Et vous voyez que même des évêques, et le Pape lui-même, encouragent le mariage civil des homosexuels, et vont jusqu’à les bénir, imposant ainsi à Dieu de bénir ce qu’Il condamne ! Si Dieu a détruit Sodome et Gomorrhe à cause de ce péché, n’était-ce pas un avertissement pour nous ? Oui, « Ce qui est élevé aux yeux du monde est objet de dégoût aux yeux de Dieu. (Lc 16.15) » dit Jésus. Combien nous devons êtes dégoûtés de ce que le monde estime, lui, comme étant un bien, un droit, le bonheur !
• « Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait ; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. Non, frères, je ne me flatte point d’avoir déjà saisi ; je dis seulement ceci : oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus. Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ; et si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. (Ph 3.12-15) »
Saint Paul dit ici qu’il n’est pas encore devenu parfait … car il n’est pas encore mort ! Seule la mort en effet confirmera dans la perfection ceux qui déjà sont parfaits, c’est-à-dire ceux qui vivent en aimant Dieu de tout leur cœur et leur prochain comme eux-mêmes, ce que faisait saint Paul et raison pour laquelle il se désigne trois versets plus loin comme faisant partie des « parfaits ». En parlants de ceux qui parmi ses interlocuteurs sont parfaits, il ne fait pas là allusion à un secte ésotérique d’initiés, mais aux spirituels, qu’il désigne au début du chapitre suivant, ceux qui vivent continuellement sous la conduite des motions de l’Esprit-Saint (cf. 1 Co 14.20 ; Col 4.12 ; He 5.14 ; Mt 19.21), qui sont prêts à mourir en martyr, vivant dans ce désir … Jésus demande à qui veut Le suivre de prendre sa croix chaque jour (Lc 9.23), une croix étant bien faite pour souffrir et mourir … On entend retentir le cri de saint Thomas au moment de retourner voir Lazare : « Allons, et mourons avec Lui ! (Jn 11.16) », ou sainte Thérèse de l’Enfant Jésus au moment d’entrer dans son éternité : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie. » Comme l’enseigne la Didaché, ou Doctrine du Seigneur transmise par les Apôtres aux nations, ouvrage écrit dans le premier siècle : « Vous, aimez ceux qui vous haïssent, et vous n’aurez pas d’ennemis. Abstenez-vous des désirs charnels et corporels. Si quelqu’un te donne une gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre, et tu seras parfait. (I.4) » Ces parfaits, saint Paul les distingue des petits enfants dans le Christ qui sont encore des êtres de chair (1 Co 3.1), parce qu’ils n’ont pas encore « crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises (Ga 5.24) ».
• « C’est lui que nous annonçons, avertissant tous les hommes, les instruisant en toute sagesse, afin que nous rendions tout homme parfait dans le Christ Jésus. (Col 1.28) »
Il est donc bien clair que pour saint Paul, être parfait n’est par réservé à une élite, mais que tout homme est appelé à l’être …
• « Épaphras, votre envoyé, vous salue. Voilà un vrai serviteur du Christ, toujours occupé à vous soutenir par sa prière pour que vous restiez parfaits et produisiez tous les fruits que Dieu désire. (Col 4.12) »
Nous apprenons ici qu’être parfait n’est pas une assurance d’impeccabilité, ni de fidélité, mais implique, sans aucun doute, le souci constant et sincère du bien spirituel d’autrui et de la gloire de Dieu.
• Il nous appartient de « parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ. (Ep 4.13) »
Autrement dit : on ne devient pas parfait coupé des autres membres du Corps du Christ.
• « Vous le savez : bien éprouvée, votre foi produit la constance ; et la constance s’accompagne d’une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer. (Jc 1.4) »
« Patience » a la même racine étymologique que « pâtir », qui veut dire « souffrir ». Le Christ, qui est notre maître, « apprit, de ce qu’Il souffrit, l’obéissance, et ainsi rendu parfait, Il est devenu pour tous ceux qui Lui obéissent la cause du salut éternel (He 5.8-9) ». L’épreuve est là pour nous donner l’occasion de faire la preuve de ce que nous voulons, et donc de ce que vous valons. Devant la Croix, celui qui n’aime pas, change de chemin, celui qui aime prend la croix et continue. Ainsi la Croix devient pour lui le signe, la preuve de son Amour. Seul en effet l’Amour donne la force de porter la Croix. Jésus nous dit encore : « C’est par votre constance que vous sauverez vos vies. (Lc 21.19) »
• « Car nous péchons tous en beaucoup de choses. Si quelqu’un ne pèche pas en parole, c’est un homme parfait, capable de maîtriser aussi tout le corps. (Jc 3.2) »
Nous apprenons ici que la perfection commence, implique la maîtrise de la langue, en effet, le langue est l’outil de la pensée, et la parole son expression. C’est dire qu’elle est au cœur de l’être humain, raison pour laquelle Jésus annonce « Je vous le dis : au jour du Jugement, les hommes rendront compte de toute parole oiseuse qu’ils auront proférée. Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié, ou que tu seras condamné. (Mt 12.36-37) » En effet, « chaque arbre se connaît à son fruit. On ne cueille pas des figues sur des épines, ou des raisins sur des ronces. L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et le méchant tire de mauvaises choses de son cœur mauvais ; car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. (Lc 6.44-45) »
• « Mais celui qui garde sa parole, c’est en lui véritablement que l’amour de Dieu est parfait ; par là nous connaissons que nous sommes en lui. (1 Jn 2.5) »
Si l’amour de Dieu devient parfait en celui qui garde la Parole de Dieu, à l’instar de ce que fit la Vierge Marie (Lc 2.19), et qu’il fasse l’expérience d’être ainsi en Dieu, alors l’amour de Dieu devient parfait en lui, et sans doute, lui-même devient-il parfait en l’amour de Dieu.
• « Personne n’a jamais vu Dieu ; mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. (1 Jn 4.12) »
Voilà donc l’ingrédient nécessaire à l’obtention de la perfection que Dieu veut pour nous : l’amour les uns pour les autres, à la suite du Christ, qui nous a Lui-même aimés du plus grand amour qui soit : jusqu’au don de sa vie.
• « J’ai vu les limites de toute perfection : Tes volontés sont d’une ampleur infinie. (Ps 119.96) »
Lorsque le psalmiste parle ainsi, il montre que tout ce qui est humain est insuffisant pour obtenir la perfection souhaitée. La perfection à laquelle il pense est celle de l’amour, qui donne la plénitude du bonheur, et donc l’assurance du salut. Ainsi saint Jean écrit-il :
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- « La perfection de l’amour en nous, c’est que nous ayons une confiance assurée au jour du jugement ; car tel est Jésus-Christ, tels nous sommes aussi dans ce monde. Il n’y a pas de crainte dans l’amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n’est point parvenu à la perfection de l’amour. (1 Jn 4.17-18) »
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Addendum :
« N’appelez personne « Père », car vous n’en avez qu’un, le Père céleste. (Mt 23.9) »
Parmi les arguments utilisés par ceux qui cherchent à prouver que l’Église catholique serait infidèle à l’Évangile, il y a le fait qu’Elle appelle les prêtres « père », ce qui serait en contradiction avec la volonté de Jésus qui demande : « N’appelez personne votre Père sur la terre : car vous n’en en avez qu’un, le Père céleste. (Mt 23.9) »
A cela il faut répondre que nous trouvons dans l’Évangile lui-même que le mot « Père » n’est pas toujours appliqué à Dieu… Ainsi, par exemple,
- S. Matthieu écrit-il que Zébédée était le père de Jacques et de Jean (Mt 4.21). S. Matthieu aurait-il donc trahi l’Évangile ? Et comment aurait-il alors dû dire s’il ne devait pas employer le mot de « père » ? « Procréateur » pas plus que « géniteur » ne disent exactement ce que dit le mot « père »…
- S. Paul ne revendique t-il pas sa paternité lorsqu’il écrit aux Corinthiens : « Auriez-vous des milliers de pédagogues dans le Christ que vous n’avez pas plusieurs pères, car c’est moi qui, par l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus ! (1 Co 4.15) » ?
- La Mère de Jésus retrouvé au Temple Lui dit : « Vois ! ton père et moi, nous Te cherchons, angoissés… (Lc 2.48) », aurait-Elle donc péché en Lui disant cela, si peu que ce soit, Elle, la sans-péché, l’Immaculée Conception ?
- Et Jésus Lui-même utilise le mot de « Père » pour d’autres personnes que le Sien, lorsqu’Il dit, par exemple : « Qui aime son père plus que Moi n’est pas digne de Moi. (Mt 10.37) » ; ou : « Honore ton père et ta mère. (Mt 15.4) », ou encore à ceux qui ne voulaient pas croire en Lui : « Vous avez pour père le diable. (Jn 8.44) » ?Jésus Se renierait-Il donc Lui-même ? Allons ! Cf. encore Gn 17.4 ; Nb 12.14 ; Jr 7.7 ; Mt 3.9 ; 15.6 ; 19.5,19,29 ; 21.31 ; 23.30,32 ; Mc 13.12 ; Lc 1.73 ; 11.11 ; Jn 6.49…
L’accusation que nous dénonçons montre combien s’égarent ceux qui veulent comprendre l’Écriture Sainte à l’aide de leur seule intelligence, au mépris de l’avertissement de S. Pierre disant : « Avant tout, sachez-le : aucune prophétie d’Écriture n’est objet d’explication personnelle. (2 P 1.20) » C’est en effet seulement dans la Communion de l’Église que l’Esprit-Saint révèle le sens de la Parole de Dieu. Et quel est-il ici ? Eh bien, en demandant de n’appeler personne “père”, Jésus a voulu non seulement nous inviter à vivre avec Dieu Source de notre existence comme un enfant vis-à-vis de son père, c’est-à-dire dans la gratitude, l’humilité, l’obéissance et la confiance, mais Il a encore voulu nous révéler la Première Personne de la Sainte Trinité comme étant LE Père, en un sens absolu, c’est-à-dire Père de Lui-même et en Lui-même, Principe sans principe, Lui « de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom (Ep 3.15) » , en sorte que le mot « Père » est Son nom propre.
De même donc que l’homme devient père en communiquant la vie humaine et temporelle, de même l’Église appelle « père » les prêtres parce qu’eux aussi, au moyen de la prédication de l’Évangile et des sacrements, communiquent la vie — non pas la vie naturelle et mortelle, mais la vie divine et éternelle, celle du Christ, à nous donnée au prix de Sa mort sur une croix…
Bref, la critique que notoirement les héritiers de la Réforme font de cet usage de l’Église d’appeler « Père » les prêtres procède, évidemment, de leur refus viscéral de l’autorité de l’Église incarnée par les membres de sa hiérarchie. Refus de l’autorité érigé en principe, celui du libre examen, à la source de la Révolution française, de celle de mai 68 où il était interdit d’interdire, et de la société d’aujourd’hui où le père n’étant plus honoré, celle-ci éclate faute de repères. Remarquons, pour finir, comment s’il est bienvenu d’invoquer de la devise républicaine la liberté et l’égalité, il n’en va pas de même de la fraternité … Et pourquoi ? sinon parce que se dire frères implique l’existence du même Père, de Dieu donc, Lui que tels des fils ingrats nous ne voulons ni reconnaître ni aimer et à qui nous ne voulons plus obéir …
Que l’Esprit de Dieu daigne nous donner, comme à saint Paul, de « fléchir les genoux en présence du Père de qui toute paternité, au Ciel et sur la terre, tire son nom (Ep 3.14-15) », de sorte que nous puissions tous nous aimer comme des frères en Jésus et comme Jésus ! Ainsi soit-il !
- Principe repris après la venue du Christ aussi bien par le judaïsme que l’islam (casher/passoul ; halal/haram) [↩]
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