On le sait, n’est-ce-pas, l’islam et la musulmanité sont tout à la fois le passé glorieux et le futur brillant de l’Europe en général et de la France en particulier. Après tout, M.Debbouze n’affirmait-il pas que « L’islam est en Europe depuis 3000 ans » ? Et le vice-président d’une précédente commission européenne, M.Timmermans, que « l’islam fait partie de l’Europe depuis 2000 ans » ?

Avec d’aussi glorieux parrainages, entendre M. Gérald-Moussa Darmanin déclarer qu’« au regard de l’histoire, s’il y a une religion qui a moins de difficultés à travailler avec la République, c’est l’islam… [avec l’islam, j’ai toujours eu] un dialogue plus facile, une discussion plus spontanée qu’avec les autres cultes », c’est finalement presque service minimum.

Mais les mythes ont toujours besoin d’entretien. Dans ce cadre d’une France quasi-éternellement musulmane à l’insu de son plein gré, la grande mosquée de Paris avait organisé le 29 novembre 2023 une conférence sur « Victor Hugo et l’Islam », animée par M.Louis Blin, auteur d’un récent ouvrage au titre identique.

Une courte présentation indiquait que :

« Le Prophète de l’islam et le Coran reviennent à une centaine de reprises dans l’œuvre de Victor Hugo. Ce dernier a cherché dans le Coran une voie de pénétration du divin et a trouvé dans le Prophète un modèle auquel s’identifier. L’islam a représenté une source pour étancher sa soif eschatologique et un objet d’inspiration et de méditation dans sa quête éperdue de spiritualité. Victor Hugo a surmonté les préjugés islamophobes de sa jeunesse grâce à une maturation et à une ouverture œcuménique qui lui ont permis de découvrir la richesse de la foi musulmane ».

D’où, fin de la présentation, la mise en évidence du rôle joué par l’islam dans l’œuvre hugolienne et « partant, dans le patrimoine littéraire français ». On va pouvoir reconstruire le Lagarde & Michard !

Plaisir des coïncidences, le dénommé Georges Abitbol, au CV totalement inconnu du rédacteur et juste un mois plus tard, proposait sur X une recension de quelques extraits d’auteurs de ce patrimoine littéraire français à propos de l’islam (citations reprises telles quelles, sans vérification) :

De quoi préciser quelque peu ces rapports réciproques.

  • « C’est un malheur pour la nature humaine lorsque la religion est donnée par un conquérant. La religion mahométane, qui ne parle que de glaive, agit encore sur les hommes avec cet esprit destructeur qui l’a fondée. (Montesquieu, De l’esprit des lois) »
  • « Les musulmans sont animés de la rage de la malfaisance. Rien n’est plus terrible qu’un peuple qui n’ayant rien à perdre, combat à la fois par esprit de rapine et de religion. (Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie) »
  • « La religion de Mahomet condamne à un esclavage éternel et à une incurable stupidité toute cette vaste portion de la terre où elle a étendu son empire. (Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit»
  • « Tous les éléments de la morale et de la société politique sont au fond du christianisme, tous les germes de la destruction sociale sont dans la religion de Mahomet. (Chateaubriand, Mémoires d’Outre-tombe) »
  • « L’islamisme est le culte le plus immobile et le plus obstiné. Le Coran arrête toute science et toute culture. Le mahométan ne lit rien, parce que tout ce qui n’est pas dans le Coran est mauvais et qu’il renferme tout. Mahomet eut le sentiment vrai du caractère de sa religion lorsqu’il lui donna pour symbole le croissant de la lune dont la lumière est trompeuse et sans chaleur. (Vigny, Journal d’un poète) »
  • « J’ai beaucoup étudié le Coran à cause surtout de notre position vis-à-vis des populations musulmanes en Algérie et dans tout l’Orient. Je vous avoue que je suis sorti de cette étude avec la conviction qu’il y avait eu dans le monde, à tout prendre, peu de religions aussi funestes aux hommes que celle de Mahomet. Elle est à mon sens la principale cause de la décadence aujourd’hui si visible du monde musulman et quoique moins absurde que le polythéisme antique, ses tendances sociales et politiques étant, à mon avis, infiniment plus à redouter, je la regarde relativement au paganisme lui-même comme une décadence plutôt que comme un progrès. (Tocqueville, Œuvres, papiers et correspondances) »
  • « L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. (Renan, Conférence à la Sorbonne, ‘L’islamisme et la science », 1883) »

Un lecteur des tweets de M.Abitbol avait ajouté cette citation de M. Lévi-Strauss :

« Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables ; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une « néantisation » d’autrui, considéré comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d’une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s’avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle équivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants » (dans Tristes tropiques).

Et puisque l’islam est européen, ajoutons ce bonus d’Outre-Rhin proposé par M.Abitbol lui-même :

« Le Coran, ce méchant livre, a suffi pour fonder une grande religion, satisfaire pendant 1200 ans le besoin métaphysique de plusieurs millions d’hommes ; il a donné un fondement à leur morale, leur a inspiré un singulier mépris de la mort et un enthousiasme capable d’affronter des guerres sanglantes et d’entreprendre les plus vastes conquêtes. Or, nous y trouvons la plus triste et la plus pauvre forme du théisme. Peut-être le sens nous en échappe-t-il dans les traductions. Cependant, je n’ai pu y découvrir une seule idée un peu profonde. (Schopenhauer, Le Monde comme Vouloir et comme Représentation, 1844) »

Alors, nous sommes bien obligés de nous incliner : oui, l’islam a parfois été traité par des penseurs et littérateurs français et européens. Pour, apparemment, être irrémédiablement considéré comme totalement incompatible avec leur culture. Et puis, Debermans et Timmbouze sont arrivés et ont apparemment grippé la machine à penser …

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