L’affirmation selon laquelle l’homosexualité n’est pas un choix mérite pour le moins des éclaircissements. Il est vrai que, selon le Catéchisme de l’Église catholique (ci-après CEC), les personnes concernées « ne choisissent pas leur condition homosexuelle » (CEC, no 2358). Est-il pour autant légitime d’essentialiser l’homosexualité, au point d’en faire un déterminisme ontologique ou physique / physiologique de la personne ? Comme on le sait, le prétendu « gène de l’homosexualité » est demeuré introuvable. Une personne n’est (ou ne naît) pas homosexuelle comme elle est (ou naît) homme ou femme, blanche ou noire.

Quelle que soit l’origine de l’homosexualité, la dignité de l’homme est sa liberté

On objectera que le déterminisme dont il s’agit ne relève pas du plan physique, mais psychique (au sens large), comme s’il s’agissait d’une sorte d’habitus entitatif[1] ne permettant pas à la personne d’être autrement[2]. Cette hypothèse est cependant infirmée par les faits, puisqu’il arrive que des personnes cessent d’être homosexuelles[3].

Quant aux actes homosexuels, on ne saurait en faire une suite nécessaire de la « condition homosexuelle », car cela contredirait l’anthropologie révélée qui insiste sur la liberté foncière de l’homme, laissé par Dieu « à son libre arbitre » (Si 15, 14). Ce dernier correspond au « pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. Par le libre arbitre chacun dispose de soi » (CEC, no 1731). Même les multiples conditionnements relevés par les sciences humaines ne doivent ni ne peuvent obscurcir cette précieuse vérité, reçue en ces mots par une grande mystique : « L’âme est libre, libérée du péché dans le sang de mon Fils, et ne peut être dominée si elle ne veut y consentir avec la volonté qui est liée au libre arbitre[4]. » Si la tendance homosexuelle peut certainement être prégnante, elle ne saurait constituer un instinct irrépressible supprimant la liberté.

La vision de la Révélation biblique : une haute idée de toute personne humaine

À une vision anthropologique déterministe et foncièrement fataliste, la Révélation biblique et l’enseignement ecclésial subséquent opposent une approche plus confiante dans les ressources de la nature humaine (surtout aidée par la grâce), et ce non en raison d’un optimisme de principe, mais d’une théologie de la création fondée sur la Révélation. À partir de ce fondement, l’Église refuse de faire des personnes homosexuelles une catégorie d’êtres humains à part, comme si elles seules étaient privées de la possibilité de disposer de soi (voir CEC, no 1731 cité ci-dessus). Au contraire, elle les croit dotées de liberté comme les personnes hétérosexuelles et, partant, capables de maîtriser leurs actes. Il est donc parfaitement cohérent qu’elle les appelle à pratiquer les vertus chrétiennes de maîtrise de soi et de chasteté, notamment, comme tous les autres chrétiens (cf. CEC, no 2359).

Il est navrant de devoir constater que l’enseignement de l’Église en matière d’homosexualité, qui est commandé par une haute idée de la dignité de la personne humaine, qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle, est fréquemment interprété comme un message de mépris. Cest le contraire qui est vrai. Il est significatif à cet égard que le « monde », et parfois les milieux homosexuels eux-mêmes, usent assez souvent d’un langage vulgaire pour parler des intéressés, tandis que l’Église, plus respectueuse, parlera toujours d’une personne homosexuelle, etc.

Ce qui précède n’enlève rien au fait que, dans sa pratique pastorale, l’Église témoigne d’une grande compréhension pour les difficultés et les faiblesses pesant sur la nature humaine déchue. Elle sait, en particulier, que « l’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées, voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d’autres facteurs psychiques ou sociaux » (CEC, no 1735). […]

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