Beaucoup de personnes ignorent que tout ce qu’elles pensent ne vient pas forcément d’elles… En effet, toute pensée qui nous vient à l’esprit peut être engendrée soit par notre esprit, soit par l’Esprit de Dieu grâce au ministère de notre ange gardien, soit nous être suggérée par un démon… Souvenez-vous de Jésus tenté au désert… Jésus a délivré et délivre encore beaucoup de gens possédés par des esprits impurs (Lc 4.36 ; Ac 5.16, 8.7, 19.12-16), Lorsque l’esprit impur est sorti de l’homme, nous dit Jésus, il s’en va prendre avec lui 7 autres esprits plus mauvais que lui…(Lc 11.24+) C’est-à-dire que les hommes ayant été délivrés du pouvoir du démon mais qui abandonnent le Christ deviennent sept fois pire qu’avant. Au point que la cité terrestre dans l’Apocalypse est dépeinte comme un repaire de toutes sortes d’esprits impurs (Ap 18.2 ; 16.13). St Paul dit que nombreux sont les esprits rebelles (Tt 1.10), et que dans les derniers temps beaucoup renieront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs (1 Tm 4.1 ; Rm 1.28+ KT n° 675). Aussi S. Jean nous demande t-il de ne pas faire confiance à tout esprit (I Jn 4.1-6), mais d’éprouver les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu, d’être constamment vigilant pour discerner qui parle en nous… Et pour savoir d’où viennent nos pensées, il faut regarder où elles nous conduisent. Si suivre telle pensée me conduit à faire le mal, à la tristesse, à mépriser mon prochain, au désespoir, ou à la mort, il est évident qu’elle ne vient pas de Dieu, et que je ne dois pas la suivre mais la chasser de mon esprit. Une pensée qui vient de Dieu ne nous trouble pas, ne nous livre pas à l’impatience par exemple, ne nous enlève pas la paix. Le signe qu’une pensée vient de Dieu, c’est qu’elle nous établit dans la paix.
Si une pensée nous entretient de ce qui est agréable et plaisant au corps, elle vient de l’esprit de la chair qui lutte, nous dit S. Paul, contre la vie de notre esprit (Mt 26.41 ; Rm 8. 5-16 ; Col 2.18 ; Ga 5.17). Par les délectations de la chair, il veut nous faire oublier la vie de notre âme. « Le désir de la chair, c’est la mort. » (Rm 8.6).
Si une pensée nous suggère des pensées de vanité et le désir d’être honoré, il s’agit de l’esprit du monde (1 Co 2.12) dont les vanités sont pires que les pensées de la chair, parce qu’elles développent l’orgueil et nous enlèvent les vraies joies que nous prendrions à contempler non pas les choses humaines, mais les choses du Ciel, grâce au ministère des anges et à leurs enseignements… « Tout ce qui est élevé aux yeux des hommes est objet de dégoût aux yeux de Dieu ! » nous dit Jésus (Lc 16.15).
Si s’élèvent en nous amertume, violence, colère, méchanceté, c’est bien sûr l’esprit du mal, le Diable, qui est à l’œuvre… L’esprit d’amertume, de malice, de colère, de méchanceté est le pire de tous, parce qu’ il nous fait perdre ce qu’il y a de meilleur au monde : la charité, qui est Dieu. Celui qui n’a pas le repos et la paix du cœur ne peut pas jouir de la vision amoureuse de Dieu en qui réside la paix profonde et véritable. Comme le dit le Ps 75.3 : « Dieu a sa demeure dans la paix et son habitation dans Jérusalem »… Ce qui veut dire que Dieu établit sa demeure dans l’âme qui s’occupe surtout à des pensées de paix.
Les pensées que ces trois esprits communiquent et toutes celles qui nous feraient perdre le repos et la paix de notre âme, maintenant ou plus tard, nous devons les fuir comme la mort elle-même.
C’est pourquoi, il nous faut jour et nuit nous efforcer d’abattre en toutes rencontres, l’esprit de la chair, l’esprit du monde, mais surtout l’esprit de malice qui est le pire de tous et celui dont le contact souille le plus. Et pour cela, il est non seulement très utile de connaître les ruses du démon qui va jusqu’à se déguiser en ange de lumière, pour mieux nous tromper (2 Co 11.14), mais encore, il faut savoir que l’esprit de l’homme est parfois tellement subjugué par ces trois esprits et si bien réduit par eux en esclavage que l’âme en vient à jouer vis-à-vis d’elle-même le rôle de chacun de ces esprits… C’est ce qui arrive lorsqu’on s’est familiarisé avec ces esprits, que l’on a pris l’habitude de consentir aux mauvaises pensées qu’ils suggèrent. L’on devient alors si charnel, si mondain, si mauvais, si méchant, si révolté, que de soi-même et sans l’inspiration d’aucun des trois, l’on conçoit et l’on enfante les mouvements de la sensualité, les désirs des vanités mondaines, et, pire, les pensées amères et perverses, les médisances, les appréciations injustes et les mauvais soupçons.
En pareil cas, il devient alors difficile de distinguer si c’est notre propre esprit qui parle en nous ou s’il ne fait que suivre la voix des autres. Mais après tout, qu’importe, puisque le langage est le même ?
- S’il s’agit d’un démon, évidemment ne l’écoutez pas et n’ayez pas peur ! Car une des armes du Démon est précisément la peur qu’il suscite et par laquelle nous lui reconnaissons le pouvoir qu’il va alors utiliser… mais implorez la miséricorde de Dieu chassez-le au nom de Jésus (Lc 9.50), et si vous obéissez à un directeur de conscience sage et expérimenté, vous serez alors fort pour triompher de celui qui vous attaque.
- S’il s’agit de votre propre esprit, reprenez-le vivement et gémissez d’être ainsi devenu l’esclave des démons ; confessez-vous d’avoir consenti habituellement aux suggestions de l’ennemi et recevez le pardon pour vos péchés : par ce moyen et la grâce aidant, vous pourrez recouvrer votre liberté.
Votre liberté reconquise, il vous deviendra facile de reconnaître ensuite si c’est votre propre esprit ou l’un des trois autres qui parle en vous.
Pour juger de l’origine des pensées, ayez recours :
- au témoignage de votre conscience,
- à celui de votre directeur,
- examinez si vous avez reçu l’absolution pour tous vos péchés passés,
- et si vous en avez fait une juste pénitence.
Cela fait, sachez que toutes les pensées qui surviennent après une bonne confession, et qui vous excitent encore aux mêmes fautes, vous sont suggérées par d’autres esprits que le vôtre. Quelques pressantes, honteuses et multipliées qu’elles soient, –du moins dans les commencements– vous ne méritez aucun blâme. A moins que vous ne mettiez de la négligence à les repousser. Mais de lutter fermement contre elles vous obtiendra de mériter :
1) une remise des peines du Purgatoire que vous ont peut-être valu vos péchés passés,
2) des grâces abondantes pour cette vie,
3) et une grande récompense dans le Ciel.
Encore une fois, la faiblesse d’une âme et l’habitude qu’elle a contractée de pécher, peuvent la réduire à un tel degré de misère qu’elle remplit, en véritable esclave du péché, le rôle même du diable ; sans y être poussée par aucun autre esprit, elle s’excite elle-même de plus en plus au mal. Elle n’a pas la nature du diable, mais elle assume sa fonction, et, parce qu’elle joue son rôle, qui est d’exciter au mal, elle mérite d’être appelée diabolique. Et cependant, en dépit de cet assujettissement au péché et de cette façon de faire satanique, parce que Jésus nous a délivrés du pouvoir du Démon (1 Jn 3) l’âme peut recouvrer sa liberté au moyen de la
1) contrition,
2) de la confession et
3) de la pénitence.
Ainsi celui que sa conduite rendait digne d’être réprouvé et maudit peut trouver le salut et même prendre rang parmi les plus grands saints de Dieu !
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