“Garde le commandement” Homélie pour le 26e dimanche C
& 30e anniversaire de mariage de Jean & Marie-Laure
Am 6.1a.4-7 ; Ps 146.6-10 ; 1 Tm 6, 11-16 ; Lc 16, 19-31
« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts qu’ils ne seront pas convaincus. » Autrement dit : Jésus ne Se faisait pas d’illusions sur la bonne foi des gens, leur conversion, et donc leur salut…
Et puisque nous célébrons en ce dimanche, non seulement, comme chaque dimanche, la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, mais encore le trentième anniversaire du mariage de Jean et de Marie-Laure, comment ne pas reconnaître que, précisément, l’enseignement divin au sujet du mariage transmis par Moïse, les prophètes et confirmé par Jésus, est bien peu suivi, et ce jusque dans l’Eglise elle-même. C’est au point qu’aux adultères publics, faussement appelés « divorcés remariés », vivant maritalement, la faculté d’accéder aux sacrements, au gré de leur jugement est maintenant donnée. Comme si modifier la discipline de l’Église ne risquait pas de modifier aussi sa doctrine, selon le principe qu’à force de ne pas vivre comme l’on pense, on finit par penser comme l’on vit… Saint Jean-Paul II avait déjà dénoncé le fait que : « la confusion créée (…) par les divergences d’enseignements (…) au sujet de questions graves et délicates de la morale chrétienne finit par amoindrir, sinon effacer, le véritable sens du péché (Reconciliatio et paenitenia, 18) ». Il y a des révolutions d’autant plus efficaces qu’elles ne sont pas frontales.
Pour l’enseignement bimillénaire de l’Eglise : « aucune circonstance ou finalité, pas même une possible diminution de l’imputabilité ou de la culpabilité, ne peuvent rendre des relations sexuelles en dehors du mariage moralement positives ou agréables à Dieu. Cela vaut pour tous les autres préceptes négatifs des Dix Commandements de Dieu. En effet, ‘’il y a des actes qui, par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, sont toujours gravement illicites, en raison de leur objet’’ (Reconciliatio et paenitentia, 17) ». Et ici l’objet est capital puisqu’il concerne l’amour et la vie, c’est-à-dire ce sans quoi il n’y a pas d’humanité, ni donc d’Incarnation ni de Rédemption.
L’enjeu final des attaques contemporaines contre la famille, la sexualité et la procréation, est de détruire en l’humanité l’image de Dieu, pour qu’elle ne puisse plus connaître Dieu, le vrai Dieu, Dieu qui est Père, Dieu qui est Fils, Dieu qui est Amour, Dieu qui est Famille, et que l’homme ne sachant plus qui il est, de qui il est le fils, soit radicalement perdu… Son avenir sera alors tout tracé : produit par la société marchande, il devra se penser comme un objet, et adorer son Président, sans la volonté de qui il n’existerait pas… ou bien, à l’instar du Démon, se révolter contre sa propre existence. Dans les deux cas, soit celui de l’esclave parfaitement conditionné, soit celui du révolté désespérément haineux, comment ne sera-t-il pas un monstre d’inhumanité ?
En attendant le paradis sur terre que nous prépare la nouvelle religion mondiale, écologique et humanitaire, la société de consommation et de divertissement que décrit Amos, continue à faire oublier Dieu autant qu’elle le peut. Avec le prophète, nous nous attristons de voir la bande des vautrés au pouvoir mépriser Dieu et Sa volonté. Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles, et se croient en sécurité ! Malheur à ceux qui ne se tourmentent guère du désastre de l’Eglise, et de la perdition des âmes ! Ils méritent par leur insouciance et suffisance le sort du riche décrit par Jésus !
Un mot pour ceux qui s’imagineraient que la vie en Enfer n’est pas aussi affreuse qu’on le dit, puisqu’il y aurait quand même de la compassion, au moins celle d’un homme voulant sauver ses frères, pensée qui au passage fait passer Dieu pour un être cruel, puisque capable de condamner au malheur éternel un être qui a tout de même le souci de son prochain. En fait, explique Dieu le Père à sainte Catherine de Sienne, cet homme, voyant qu’il ne pouvait obtenir une remise de ses peines, cherchait seulement à s’épargner celles encore à venir. En effet, il avait entraîné ses frères sur le chemin de la perdition par son mauvais exemple. Son châtiment allait donc augmenter avec leur sanction. Voilà pourquoi il souhaitait maintenant leur conversion… Ce faisant, il n’agissait donc nullement par charité, mais uniquement et comme il l’avait toujours fait durant sa vie terrestre, en vue de son seul intérêt… Car on ne se convertit pas une fois la mort venue. On reste pour toujours tels qu’elle nous a trouvés… Où l’on voit la justesse de la distinction du jugement particulier, à l’instant de la mort, et du jugement dernier, qui permettra de mesurer l’exacte et définitive mesure de bien ou de mal fait par chacun.
Bref, ce n’est pas sans raison qu’à son disciple Timothée saint Paul demandait de « garder le commandement de Dieu sans tache et irréprochable ». Sans tâche et irréprochable, parce que Dieu « garde à jamais Sa fidélité », et que créés à Son image, il nous revient d’être fidèles. Seul l’Amour est fidèle ! Pourquoi, nous, catholiques, sommes-nous la seule institution dans le monde à ne pas avoir légalisé le divorce ? Parce que nous croyons que Jésus, l’Amour incarné, ayant remporté, par Sa mort et Sa résurrection, la victoire sur tout mal, il nous est possible, unis à Lui par la grâce donnée dans les sacrements, d’aimer en Lui, par Lui et comme Lui, du même amour dont Il nous aime ! Fidèlement ! Jusqu’au bout ! Et c’est pourquoi le mariage est un grand sacrement, le signe et l’instrument de l’union du Christ et de l’Eglise (Ep 5.32). Célébrer l’anniversaire du mariage de Jean et de Marie-Laure, c’est donc proclamer avec eux que l’Amour existe, et que Dieu est fidèle !
Garder le commandement de Dieu sans tâche, c’est aussi, nécessairement, rester fidèle à cette bonne nouvelle telle que le Christ l’a prêchée et telle que l’Église l’a toujours proclamée, sans quoi nous n’appartiendrions pas à cette même et unique Église. J’en vois qui la quittent en raison des hérésies qui aujourd’hui la corrompent si massivement et profondément. Mais que veut le Démon sinon qu’il n’y ait plus personne dans l’Eglise ? Il nous faut donc lui rester fidèles, y témoignant à temps et à contretemps de la foi donnée une fois pour toutes (He 10.10 ; Jude 1.3), chacun n’aura à rendre compte au dernier jour que pour soi-même (Rm 14.12). Nous ne devons pas accepter de changement de doctrine ou de morale, même sous couvert de charité ou de miséricorde. Et nous ne devons pas non plus céder à ceux qui veulent nous font passer pour des méchants, des sans cœurs, « des rigides ». Beaucoup succombent à ce piège, craignant plus que tout de déplaire au monde, mais non pas à Dieu (1 Jn 2.15). C’est ainsi qu’ils en viennent à accuser l’Église d’abus de pouvoir parce qu’elle jugerait de l’état de grâce des adultères publics en leur refusant la communion eucharistique. Or, non seulement l’Eglise refuse la communion eucharistique à tout pécheur notoire, mais elle ne fait là que prendre acte d’une situation scandaleuse qui contredit l’unité visible des réalités visibles que sont l’Eglise et les sacrements. Nous n’appartenons pas à une Eglise de gnostiques, mais à celle du Dieu incarné, qui S’est rendu visible et donc reconnaissable. L’Église ne mesure pas l’état de grâce des personnes, mais veille à sauvegarder la lisibilité des signes par laquelle elle annonce la bonne nouvelle du salut aux pécheurs repentants. Elle garde la parole du Christ qui interdit de donner aux chiens ce qui est sacré et ses trésors aux porcs (Mt 7.6). Et qu’y a t-il de plus sacré que le Corps du Christ ? « La réalité, c’est le Corps du Christ. (Col 2.17) »
En nous nourrissant du Corps du Christ, Sa chair devient notre chair, nous devenons le Corps du Christ, l’Épouse du Christ, l’Église !
Bienheureux les invités au Repas des Noces de l’Agneau !
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