Dans le cerveau des djihadistes suisses
La pandémie a mis un peu en veilleuse un autre sujet : le terrorisme, et sa présence ici, en Suisse romande. On a passé trop vite sur le procès d’un Vaudois, à Paris, en janvier de cette année, condamné à 15 ans de prison pour soupçon de préparation à des actes terroristes, en Suisse et en France.
Alors nous avons décidé de revenir sur ce procès. Parce que pour la première fois, grâce aux milliers de pages de l’instruction, que nous nous sommes procurées, aux expertises psychiatriques, aux interrogatoires de police, il est possible de comprendre de manière détaillée comment Goran, c’est son nom d’emprunt, s’est radicalisé. Il n’est pas le seul : ce jeune homme d’Yverdon, marié et père d’un enfant, a entraîné dans son délire un autre soldat perdu du Djihadisme, Omer, qui lui est passé à l’acte. C’est Omer, rappelez-vous, qui a assassiné froidement avec un couteau de cuisine en automne dernier Joao, à la gare de Morges, devant sa copine et ses amis.
Alors ces fous d’Allah sont-ils fous tout court, comme l’évoque Sofia Pekmez, notre journaliste, qui a mené cette enquête avec Yannick Tenet ? Pas du tout, vous allez le voir. La soi-disant maladie psychique est une explication trop simple, qui évite de poser les questions qui dérangent, dans un pays, la Suisse, où le thème du terrorisme est encore tabou. Car comment et pourquoi des jeunes qui ont grandi ici en arrivent-ils à devenir « nos » terroristes, comme le dit un de nos experts ? C’est à ces questions que répond ce reportage, pour lequel nous avons abondamment recouru à la technique de l’évocation, inspirée de la fiction, tant les images sont évidemment rares.
Rappelons encore que le premier mars 2021, le Conseil des Etats a refusé une motion qui demandait à ce que les Suisses de retour du jihad, en Syrie ou en Irak par exemple, et qui auraient soutenu ou fait partie d’une organisation terroriste, soient placés en détention préventive à leur retour en Suisse. Les sénateurs ont estimé que cela allait contre l’Etat de droit et que la loi permettait déjà, dans des situations exceptionnelles, de recourir à la détention préventive. Rappelons également que nous voterons sur ce thème, le 13 juin 2021.
Voir aussi : Rapatrier les djihadistes ?
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