Chers Cédric et Élisabeth, nous sommes heureux, nous, vos familles et vos amis, d’être ici aujourd’hui pour rendre grâce avec vous de votre amour, que notre Seigneur daigne bénir pour en faire un signe efficace de Son Amour, de Son Amour pour vous et pour tous ceux avec qui vous serez en relation.
Nous voici rassemblés en cette église pour prier tous ensemble Dieu pour vous, en ce jour de vos noces, Lui demander de Lui-même vous unir lorsque vous échangerez vos consentements, et qu’Il daigne communiquer à votre amour les caractères du Sien. La prière est vitale. Dans la première lecture, nous voyons Tobie, nouveau chef de famille, affirmer la nécessité de la prière pour obtenir la grâce et la protection du Seigneur ( Cf. Tb 8 4). C’est là en effet l’un des trois secrets d’une vie conjugale réussie : la prière conjugale quotidienne. Autrefois, on ne voyait dans le peuple chrétien, comme aujourd’hui, tant de divorces et de difficultés dans les familles. Pourquoi ? Parce que l’on priait en famille ! Les époux avaient conscience que l’amour vient de Dieu et conduit à Dieu, qui est Lui-même l’Amour (Cf. 1 Jn 4 8, 16), et que donc il ne peut se vivre qu’en relation à Dieu, ce qu’est précisément la prière. Non seulement leur prière les maintenait en communion avec la Source de leur amour à laquelle celui-ci puisait sans cesse de nouvelles énergies, mais encore elle constituait pour leur foyer un rempart contre les assauts de Satan désireux de détruire l’homme et le premier lieu de son humanisation : la famille. Toi donc, mon cher Cédric, tu reçois aujourd’hui, en tant que nouveau chef de famille, à l’instar de Tobie, la charge de conduire la communauté familiale que Dieu te confie sur les chemins, certes, de la vie ici-bas, mais d’abord sur ceux de la vie éternelle…
Alors, si Dieu est bien pour vous Celui qui vous unit aujourd’hui, Il ne cessera pas de le faire, puisqu’Il est éternel, et c’est pourquoi, avec le psaume que nous avons entendu, vous pourrez sans cesse jouir de votre union dans la communion avec Lui en chantant avec le psaume :
« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. […] Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car Tu es avec moi : Ton bâton me guide et me rassure (Ps 22 1, 4) » !…
« Ton bâton (Ps 22 4) », Seigneur, c’est Ta Croix, par laquelle Tu nous as aimés jusqu’au bout, jusqu’à en mourir, en sorte que la Croix est devenue, pour les croyants, le signe de l’amour plus fort que tout et que la mort même. Désormais, unis par le sacrement de mariage à Celui du Christ victorieux de tout mal, votre amour aura beau rencontrer toutes sortes d’épreuves que vous pourrez, avec saint Paul, proclamer en toute assurance : « En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a tant aimés (Rm 8 37) ».
C’est parce que Dieu nous aimés jusqu’à la folie de la Croix, prenant sur Lui tous nos péchés pour les enfouir avec Lui dans la mort, nous lavant dans Son Sang, que nous savons que l’amour peut ressusciter dans le pardon. Et c’est là le deuxième secret de la réussite d’une vie conjugale : ne pas chaque soir s’endormir sans s’être demandés, comme à Dieu, pardon des manquements à l’amour de la journée écoulée…
Le troisième secret est le dialogue, le partage de ce qui fait la vie de chacun. Tout le monde sait qu’un couple qui ne dialogue plus a cessé de vivre en tant que couple. Dialoguer suppose évidemment que l’on ait quelque chose à partager… d’où la nécessité de se cultiver, de s’enrichir, non seulement de connaissances nouvelles, surtout spirituelles, par l’expérience de la communion personnelle avec le Dieu vivant, mais encore de vertus, afin que devenant sans cesse meilleur, la joie du partage ne cesse pas de grandir pour la joie de son conjoint.
Jésus rappelle dans l’Évangile que l’amour implique la fidélité (Jn 14.15). Seul l’amour en effet est fidèle. Seul l’amour donne et se donne, et parce que l’on ne peut se donner qu’une fois, on ne peut aussi se donner qu’à une personne… La fidélité est la preuve de l’amour. Parce que l’amour est nécessairement unique, l’amour est nécessairement fidèle. La fidélité, ce n’est pas « s’engager à ne pas se quitter », mais « s’engager à tout faire pour rester ensemble », ce qui implique une vision non pas statique mais dynamique de la relation, une inventivité toujours en éveil, bref, un amour vivant qui croit sans cesse. Si l’amour a pour fin d’unir ceux qui s’aiment au point qu’ils ne fassent plus qu’un, c’est parce que Dieu Lui-même, qui est Amour (Cf. 1 Jn 4 8, 16), est ainsi : les Personnes divines ensemble ne constituent qu’un seul et même Dieu. Et c’est parce que la deuxième Personne de la Trinité S’est faite Chair en notre Seigneur Jésus-Christ et a conduit l’amour à la victoire sur la croix en nous aimant jusqu’à la fin avec un cœur humain, qu’il est désormais devenu possible de tenir le pari de l’amour : tout donner et se donner soi-même, comme Jésus et par Jésus seul. Seul Jésus donne à l’amour humain la grâce, par le sacrement de mariage, de connaître la victoire sur toute faute et la mort qui en est la conséquence ultime et définitive : car Il est ressuscité et vit désormais à jamais ! Qu’il en soit ainsi aussi de vous et de votre amour !
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