Vénérables Juges et Monsieur le Procureur général,
En toute humilité, permettez-moi de lire ma plaidoirie suite à l’accusation du Procureur général, lue le 24 novembre 2020, où une peine de 6 ans d’emprisonnement a été requise contre moi, pour violation de la loi sur l’informatique et la transaction électronique (ITE), article 28.
Ma plaidoirie s’intitule : “L’Indonésie accuse l’Islam”. Car elle est, par essence, semblable à celle écrite par Sukarno dans les années 1930. La différence, c’est qu’à cette époque, Sukarno était confronté à la justice coloniale néerlandaise dans sa lutte pour l’indépendance de l’Indonésie. Moi, aujourd’hui, je me retrouve sur le banc des accusés, dans un tribunal de mon propre pays, parce que je lutte pour l’éducation et le progrès de ma nation, afin qu’elle soit libérée de la domination de l’Islam et qu’elle cesse d’en être l’otage.
Le parcours qui m’a amené jusqu’à cette ‘chaise de douleur,’ a commencé lorsque j’ai pris ma retraite de l’entreprise du chemin de fer indonésien (PT Kereta Api Indonesia). J’ai voulu alors consacrer le reste de ma vie à servir mes semblables. De manière intense, je me suis mis à étudier l’histoire de l’Indonésie, en particulier celle de Sukarno. Tout ce que j’ai appris de ce grand homme, je l’ai mis par écrit dans un livre intitulé : “Sukarno, Père de la Nation Indonésienne“, publié en 2005. Quelques années après, j’ai de nouveau écrit et publié un autre livre intitulé : “Sukarno s’est volontairement coulé afin que Suharto remonte à la surface“, qui résume le transfert du pouvoir de Sukarno à Suharto. Ces deux livres m’ont permis de comprendre le problème qui ne cesse de menacer l’unité de la nation indonésienne. Problème qui risque d’être fatal s’il n’est pas résolu rapidement et complètement.
La lutte pour une Indonésie indépendante fut initiée par Sukarno, à travers son article publié dans le ‘Suluh Indonesia Muda‘ (Torche de la jeune Indonésie), intitulé “Nationalisme, Islamisme, et Marxisme“. Il était déjà conscient que le plus grand défi de l’Indonésie indépendante était la compétition entre ces trois idéologies totalitaires.
Sukarno a cependant essayé d’unir ces trois forces idéologiques pour lutter contre le colonialisme. Il était optimiste en voyant l’exemple des nationalistes et communistes chinois qui avaient collaboré pour créer une Chine indépendante. Les hindouistes et les musulmans ont fait la même chose en Inde contre les Anglais.
Malheureusement, quelques années plus tard, cette espérance s’est révélée illusoire. Car les nationalistes ont été rapidement chassés de la Chine continentale par les communistes. L’Inde s’est divisée entre hindouistes et musulmans, et plus tard les musulmans ont réclamé à être délivrés du contact avec la souillure que sont les non-musulmans (Coran 9.28), en brisant l’unité indienne par la création de deux nouveaux pays : le Pakistan et le Bangladesh.
Ceci s’est également vérifié en Indonésie lorsque déjà le 12 mars 1966 le parti communiste indonésien (PKI) a été dissous, ce qui a favorisé la montée de l’islamisme.
Il y a cent ans, Sukarno pressentait le danger de l’Islam pour l’Indonésie indépendante. Car les islamistes s’efforçaient de former un état islamique, inacceptable pour les nationalistes.
Lors de son exil à Ende, bien avant l’indépendance, Sukarno avait tenté de modérer l’islam à travers de nombreuses critiques, formulées dans un recueil de “Lettres à l’islam“. Et lorsqu’il était à Bengkulu, il a même écrit un article intitulé “L’islam insensé“.
A l’aube de l’indépendance de l’Indonésie (en Août 1945), Sukarno n’a pas caché sa profonde déception vis à vis de l’islam. En effet, les islamistes de l’assemblée constituante ont exigé que le Président indonésien soit de religion musulmane. Ils ont également voulu ajouter “La Charia obligatoire aux musulmans” après “La croyance en Dieu Unique” définie comme premier principe du Pancasila (philosophie nationale indonésienne).
Dans “Le conseil des Neuf” (Panitia Sembilan), Sukarno restait le seul à défendre une constitution qui soit nationaliste. Se trouvant dans l’impasse, il n’a pu retenir ses larmes. Le texte préambule de la Constitution fut approuvé sous le nom de la charte de Jakarta (Piagam Jakarta).
Mais fort heureusement, il y avait là un officier de la marine japonaise qui a fait savoir à cette assemblée que l’Indonésie orientale, majoritairement chrétienne, refuserait de rejoindre l’Indonésie indépendante à de telles conditions. Finalement, les obligations islamiques ont été retirées de la Constitution. Sukarno a ainsi réussi à faire échouer la création d’un Etat islamique en Indonésie.
L’occasion d’établir une Constitution islamique s’est à nouveau présentée lorsqu’il fallut former une nouvelle Assemblée constituante suite aux élections générales de 1955. Voyant le danger d’une occupation majoritaire des sièges par les islamistes, Sukarno a fait revivre le parti communiste indonésien. Cette manœuvre s’est révélée efficace : les islamistes n’ont pas obtenu les deux tiers des sièges.
Le texte de la nouvelle Constitution, votée par trois fois, restait préservée de tout élément islamiste. Cela aboutit au décret présidentiel qui décida le retour à la première constitution de 1945. Encore une fois, Sukarno réussit à faire échouer la Création d’un État islamique par la voie constitutionnelle.
Le président Suharto, en tant que successeur de Sukarno, a continué la lutte préventive contre l’islamisme. Durant ses trente-deux années de gouvernement, Suharto a enraciné le sentiment nationaliste chez les élites indonésiennes. Lors de la réforme démocratique, certains parlementaires étaient bien conscients que les islamistes chercheraient à s’imposer par la voie constitutionnelle, mais aussi par la rébellion armée. En 1949, les Darul islam se sont révoltés pour créer l’État islamique indonésien. Matés en 1961, leur idéologie reste toutefois intacte jusqu’à nos jours sous forme de terrorisme. Cela risque de continuer tant que l’islamisme sera permis en Indonésie.
L’islamisation de l’Indonésie se fait également par la promulgation de lois à caractère islamique. Comme celles sur le Hajj (pèlerinage à la Mecque), le zakat (racket ou impôt appelé aumône), et la garantie des produits halal (islamiquement licite). Ces lois sont soutenues par des institutions gouvernementales favorisant l’Islam, comme le Ministère des religions, l’Université Islamique d’Etat (UIN), ainsi que le Tribunal religieux.
Ces lois et institutions entretiennent ainsi l’existence subtile d’un État islamique au sein de l’État indonésien … Son existence est comparable à celle d’un parasite ou d’une cellule cancéreuse. La laisser vivante peut provoquer la mort.
Outre cela, le budget de l’État indonésien consacré aux affaires islamiques est relativement élevé. Cela n’a pas engendré des progrès mais des revers. Le système éducatif en Indonésie est considéré comme médiocre par rapport aux autres pays.
L’Islam a causé beaucoup de tort à l’Indonésie, et ses victimes sont innombrables, à commencer par celles de la révolte des Darul Islam, avec le massacre de plus de 500.000 membres et sympathisants du parti communiste indonésien (PKI) suite aux événements du 30 septembre 1965, jusqu’aux divers actes terroristes d’aujourd’hui. Et malgré tout cela, l’islam n’est pas considéré comme une idéologie dangereuse par la société, car il a deux faces. Outre une idéologie politique, l’islam est vu comme une religion comme les autres, à l’égal de l’hindouisme, du bouddhisme, du christianisme et du confucianisme !
L’islam, comme une pièce de monnaie, a deux faces. D’un côté, une idéologie politique, de l’autre, une religion. De nombreux politiciens se servent de l’islam en tant qu’idéologie politique pour asseoir leur pouvoir. Leurs manœuvres sont habilement recouvertes d’islam-religion. Cela donne l’impression que toutes leurs actions contribuent au bien-être de l’Oumma (communauté musulmane). En revanche, les musulmans ordinaires aiment l’islam-religion, et nient que l’islam soit une idéologie politique, qu’ils considèrent comme une déviation. Or, dans le Coran se trouve de nombreux versets relatifs à l’exercice du pouvoir, à une loi prescrivant jusqu’à l’ordre de combattre les mécréants parce que mécréants. Mahomet lui-même joue sur deux tableaux : d’un côté le chef religieux, de l’autre le chef de guerre.
Aux yeux de Sukarno, l’islam-religion mérite beaucoup de critiques. Dans ses Lettres à l’islam, écrites depuis son exil à Ende, Sukarno recommande à ce que les sciences soient enseignées dans des écoles coraniques, afin que leurs diplômés soient en mesure de concurrencer leurs adversaires. Sukarno a accusé l’étroitesse d’esprit des musulmans de cette époque qui considéraient l’écoute de la radio comme haram ! Evidemment, cette grossière condamnation a causé bien des ignorances, et conduit à la pauvreté.
Pour Sukarno, l’islam fait également obstacle à la vie civique. Il a donc exhorté les Indonésiens musulmans à être “Indonésiens de religion musulmane”, et non des “musulmans vivant en Indonésie”. Autrement dit, une religion peut exister ou disparaître en Indonésie, mais pas l’Indonésie. Un “Indonésien de religion musulmane” abandonnera volontiers l’islam si celui-ci apparaît comme une fausse religion. Mais qu’en serait-il pour “un musulman vivant en Indonésie” ?
Pour aider la société a prendre conscience du danger de l’islam, je pense que le rapport entre les religions et la nation doit être abordé de manière ouverte et civilisée. Toutes les religions ont le droit d’exister en Indonésie tant qu’elles participent au progrès de l’éducation et du développement. Une religion qui profite ou sape la nation pour ses propres intérêts ne doit pas être tolérée en Indonésie.
Après avoir soigneusement étudié le problème que l’Indonésie doit affronter, j’ai trouvé en moi le courage de lutter pour éduquer et construire la nation.
Le 23 décembre 2009, le Procureur de la République a publié un décret interdisant la diffusion de tous mes livres sur l’ensemble du territoire indonésien. J’ai aussitôt saisi la Cour suprême le 13 octobre 2010, et celle-ci m’a donné raison. Cependant, la plupart des librairies n’osent pas remettre en vente mes ouvrages …
La Cour Suprême indonésienne a déclaré que l’index avait été supprimé depuis un certain temps, autrement dit, le Gouvernement indonésien n’a aucun droit d’interdire la diffusion de quelque ouvrage que ce soit. Ceux qui ne sont pas d’accord avec le contenu d’un livre devraient pouvoir en débattre. En effet, le débat fait partie de la liberté d’opinion que les Indonésiens venaient alors d’obtenir.
J’ai souhaité que la discussion autour de mes ouvrages implique des musulmans. Je considère que les fidèles de l’islam sont répartis en deux catégories : les fidèles et les oulémas. Les fidèles, en général, ne connaissent pas en profondeur la doctrine de l’islam. Ils pensent que les oulémas et les intellectuels musulmans la comprennent parfaitement et sont capables de répondre à toutes les questions relatives à l’islam.
J’ai alors tenté d’inviter des intellectuels musulmans à en discuter dans des forums. Je suis venu à l’université islamique d’État (UIN) de Ciputat, et j’ai pu y rencontrer le professeur Azumasoli Azro dans son bureau. Je lui ai proposé une discussion, mais mon invitation a été déclinée. De même, avec l’Université islamique de Yogyakarta. Mon effort pour discuter le bien fondé de l’islam avec des intellectuels musulmans a été vain. J’ai été déçu par l’attitude des intellectuels musulmans, car ils étaient censés capables d’aborder toutes les problématiques de manière scientifique, argumentée, à la différence de la plupart des musulmans, qui eux, préfèrent seulement croire sans se poser des questions. C’est dommage, parce qu’il existe bien des incompatibilités entre l’islam et la démocratie. Ce point demande à être résolu, sous peine de devenir une bombe à retardement dans notre société.
Tifatul Sembiring, ministre de l’information et de la communication, a déclaré : “Il est important de trancher si le prophète Issa (Jésus dans le Coran) a vraiment été crucifié ou non”. Cette déclaration a irrité de nombreux musulmans qui estiment qu’il n’est pas permis de remettre en question la croyance d’autrui. Le sujet n’a finalement plus jamais été abordé. Dans les Évangiles, les quatre évangélistes ont unanimement rapporté la crucifixion de Jésus face à de nombreux témoins. Dans le Coran, le prophète Issa n’a pas été crucifié, mais il a été remplacé par un sosie. Cette divergence ne peut être tolérée sous prétexte qu’à chacun sa foi, car une foi saine doit être basée sur la Vérité. En effet, la question de savoir si Jésus a été crucifié ou non ne peut pas être tranchée par le glaive de la religion, mais avec celui de l’histoire. Il est totalement absurde de vouloir justifier les deux versions, car en réalité il n’y en a qu’une qui est vraie.
Il existe beaucoup de divergences entre les récits historiques écrits dans le Coran et ceux de la Bible. Cela nécessite d’être clarifié ouvertement, non pour l’intérêt d’une religion, mais pour le bien-être de la société. Si cette divergence est maintenue, elle risque de provoquer la discorde et l’hostilité et cela se terminera dans la violence. L’histoire nous l’a montré : des églises incendiées, des temples vandalisés. Il y a même eu un attentat à la bombe visant à détruire le Borobudur (grand monument emblématique de l’Indonésie).
Je suis persuadé que la terreur islamiste continuera, tant que les intellectuels musulmans éviteront d’aborder l’Islam en profondeur, de manière ouverte.
Je me souviens de l’action audacieuse de Sukarno à Bengkulu, qui, en 1941, a vivement protesté contre la fatwa des oulémas du “Majelis islam A’la Indonesia” interdisant le don du sang aux ennemis et aux non-musulmans lors d’une guerre. Voulant imiter son action, j’ai cherché un moyen pour me faire entendre en écrivant sur les réseaux sociaux. Le contenu de mes écrits publiés en ligne était légal, garanti par la loi indonésienne sur la liberté d’opinion. J’affirme pouvoir expliquer et justifier leur contenu. Au début, j’ai écrit sur yahoo group et blogspot.com, ensuite sur facebook et enfin sur twitter. De 2009 à fin 2016, mes écrits étaient largement diffusés. Certains étaient même devenus viraux, sans que cela soit mis en cause par la justice. Mais le 5 janvier 2017, de manière tout à fait inattendue, j’ai été arrêté par la police. Lors du procès, six policiers se sont présentés comme témoins, car la plainte a été également déposée par un policier. Ils se sont tous plaints de la même chose, et pourtant aucun d’entre eux n’a affirmé en être victime. Le seul témoin expert alors présent était le Vice Secrétaire général du Conseil indonésien des oulémas (MUI). Selon l’avis d’un juriste, ce procès est nul, car l’absence de victime signifie l’absence de crime. Je ne devais pas être condamné. Mais le tribunal du district de Jakarta Sud m’a toutefois condamné à deux ans et six mois d’emprisonnement, avec un sursis de trois mois.
Puisque le seul expert présent lors de ce procès était le Vice Secrétaire général du Conseil indonésien des oulémas (MUI), j’ai pensé naturellement que ma condamnation était voulue par le MUI. J’ai appris récemment que le tribunal de Tanjung Balai a condamné Méliana, une sino-indonésienne bouddhiste qui s’était plainte de la nuisance sonore d’un muezzin, à un an et six mois de prison … Quant à ceux qui ont vandalisé des pagodes, ils ont été condamnés à moins de trois mois. En voyant cela, je pense que la justice indonésienne est pro-islamiste, ou plutôt que la loi indonésienne est prise en otage par l’islam.
En ce qui me concerne, je devais passer trois ans, deux mois et vingt-huit jours en réclusion criminelle. J’ai pu saisir la commission des droits de l’homme pour les avertir de cette injustice à mon égard, car mes actions n’ont causé de dommage à personne et n’ont fait aucune victime. La commission des droits de l’homme m’a orienté vers les procureurs et commissions judiciaires. Mais ni l’un ni l’autre n’avaient autorité pour changer la décision de justice …
Je me suis donc tourné de nouveau vers la commission des droits de l’homme et elle m’a conseillé de faire appel. Malheureusement jusqu’à présent je n’ai pas eu le temps de m’en occuper. J’ai été mis en prison à cause de messages postés sur Facebook et Twitter. Il vous faut tout de même savoir que ceux de Facebook n’étaient en réalité pas les miens, mais ceux de quelqu’un d’autre qui a piraté mon nom et mes photos. Ceux-ci ont disparus depuis. Par contre, mes messages sur Twitter restent toujours accessibles, et ils continuent à être commentés par des internautes. Etrangement, mon blog sixwaystowardgod.blogspot.com qui avait été bloqué par le Ministère d’information et de la communication avant mon arrestation, a été débloqué sitôt après mon incarcération.
J’ai été accusé pour incitation à la haine et à l’hostilité. Mais avec le temps celle-ci s’est avérée fausse. A l’époque où j’ai été arrêté, il y avait de grandes manifestations contre Ahok (Gouverneur chrétien de Jakarta, accusé de blasphème), mais elles n’avaient rien à voir avec mes écrits. Je me suis donc demandé pourquoi j’avais été emprisonné si longtemps et à qui a profité ma condamnation ? Elle a plutôt causé du tort à l’Etat qui a dû me nourrir pendant toute ma détention …
Quelques mois après ma sortie de prison, j’ai repris la lutte pour l’éducation et le progrès de la nation. Les islamistes sévissaient sur les réseaux sociaux, et nous nous sommes affrontés dans les commentaires. J’ai réalisé une courte vidéo que j’ai mise en ligne sur ma chaîne youtube “Ir Darmawan”. Par la suite, tous les matins, j’ai fait une courte vidéo qui commentait les sujets de société, très discutés sur les réseaux sociaux. Le 8 Août 2020, j’en avais réalisé quatorze et elles ont reçu de nombreux commentaires, positifs comme négatifs. Cela m’a permis de constater un certain progrès vers l’ouverture d’esprit. Mais à ma grande surprise, au soir du 8 août 2020, un groupe d’hommes est venu me prendre à mon domicile. J’ai été traîné dans la rue et battu. Heureusement, il y avait là des policiers qui m’ont sauvé la vie et m’ont ensuite amené au commissariat de Bandung.
A mes yeux, une persécution conduite par des hommes se revendiquant de l’islam est une violation grave des droits de l’homme. La violence qu’ils m’ont infligée a prouvé la véracité de mes propos dans l’une de mes vidéos intitulée ‘Klepon’, disant que l’islam, style de vie choisi par Mahomet, est dégradant, marqué par la violence et le despotisme, se servant de l’Islam à des fins politiques. En arrivant au commissariat, j’ai été informé qu’une plainte avait déjà été déposée contre moi par une personne heurtée par le contenu de mes vidéos YouTube. J’ai donc demandé à cet individu : “Pourquoi ne m’avez-vous pas contredit par la voie des réseaux sociaux ?” Il m’a répondu “Pour ne pas provoquer la colère des masses”. Sa réponse a encore montré la véracité de mes propos dans la vidéo ‘Klepon’. La pratique de l’islam pose manifestement problème à la culture indonésienne qui met en avant le dialogue pour résoudre les différends de manière polie et respectueuse.
Aux yeux de la loi, le sentiment d’être offensé ne peut pas être pris comme motif valable pour déposer plainte. En effet, un sentiment reste subjectif, et la loi exige l’objectivité. Se sentir offensé ne relève pas du délit de diffamation : les dommages causés par un acte diffamatoire peuvent être mesurés de manière objective.
Je n’ai aucun droit d’interdire aux autres de vénérer Mahomet comme prophète et apôtre. Réciproquement, les fidèles de Mahomet n’ont pas à me forcer à le reconnaître comme prophète. D’autant plus, qu’à ma connaissance, le terme prophète n’existe que dans la tradition israélite, et celui d’apôtre est propre au christianisme. Ce dernier fait allusion aux premiers disciples du Christ. Il n’y a pas de prophète en Indonésie, tout comme il n’existe pas d’apôtre au Japon. Tous les prophètes sont d’ascendance israélite.
Comme Indonésien, mon modèle est Sukarno. Il a fait beaucoup de bien à l’Indonésie. Je suis offensé si un Indonésien parle mal de lui, mais je ne vais pas porter plainte au commissariat de police pour cela. Ce que je vais faire, c’est écrire sur ce que Sukarno a fait de bien pour l’Indonésie. Si le sentiment d’une personne en particulier est protégé par la loi, il doit en être ainsi pour tous. Et nous pouvons imaginer que, si une telle justice est appliquée, cela engendrera des troubles d’ordre public. Ceux qui croient que Jésus est Dieu se sentiront offensés par ceux qui déclarent qu’il est seulement un prophète. De même, ceux qui méditent devant une statue du Bouddha se sentiront sûrement lésés par ceux qui les traitent d’idolâtres … Nous, en tant qu’Indonésiens, sommes censés être offensés par les propos de certains qui enseignent qu’il faut prier Dieu dans une langue autre que l’Indonésien. En tant que citoyens et patriotes indonésiens, nous devrions nous indigner contre ceux qui nous font croire que Dieu ne vit pas en Indonésie, qu’il nous faut le prier en nous tournant vers la Mecque ou dans un autre lieu à l’étranger, ce qui demande une dépense considérable et un long voyage si nous voulons le rencontrer.
Indéniablement, jusqu’à présent, il y a peu de personnes dont le sentiment soit pris en compte par la justice indonésienne. A mon sens, cette pratique doit cesser pour ne pas causer l’injustice qui souille l’intégrité de la nation.
Un expert linguiste de la religion musulmane, présent lors de mon procès, a expliqué que dans l’islam, une personne comme moi est censée être mise à mort. Pour lui, il est clair que j’ai violé l’article 28 de la loi sur l’informatique et la transaction électronique (ITE). Autrement dit, j’ai été coupable d’incitation à la haine. Selon moi, cet avis n’a pas de sens, le langage utilisé par cet expert est celui de l’islam, alors que la langue que j’ai utilisée pour faire mes vidéos est l’indonésien … Un vrai spécialiste de langue indonésienne ne trouverait sûrement aucun élément haineux ou violent dans mes vidéos. Ceux qui m’ont persécuté ont le droit de me haïr. Mais ils ne doivent pas déverser leur haine envers mes coreligionnaires. En effet, tout ce que j’ai dit ne relève que de mon opinion personnelle. D’ailleurs, cent jours après la diffusion de mes vidéos, l’accusation d’incitation à la haine inter-religieuse s’est avérée infondée. Il n’est donc pas vrai que mes vidéos devaient provoquer des tensions intercommunautaires. Un criminologue de religion musulmane, présent lors du procès, s’est servi des propos de l’expert linguistique pour affirmer ma culpabilité, et l‘expert envoyé par le Conseil indonésien des oulémas (MUI) m’a reproché d’avoir encouragé la consommation du porc. Je suis parfaitement conscient que l’islam interdit cette pratique. Cependant, cela ne doit pas être utilisé comme prétexte pour m’empêcher d’expliquer au grand public que la consommation du porc est tout à fait saine. De plus, mon propos est soutenu par le Ministère de la santé, qui atteste que la viande de porc est consommable. L’expert du MUI a expliqué que les versets coraniques ne peuvent pas être interprétés librement par un profane. Mais à ma connaissance, le Coran est accessible au grand public. N’importe qui peut l’acheter et l’étudier. Chacun a le droit de comprendre ses textes conformément à ce qui est écrit. Il est vrai qu’en dehors d’un texte, il y a un contexte à prendre en compte. Celui-ci en effet permet une lecture plus enrichissante. Cependant nous devons veiller à ce que la compréhension du texte ne détériore pas son contenu réel. L’expert en informatique m’a expliqué que mes vidéos sur YouTube étaient bel et bien des sons et des images que j’ai enregistrés moi-même. Ces informations attestées par l’expert prouvent que je n’ai pas violé l’article 28 de la loi ITE, car j’ai le droit de diffuser mon opinion personnelle sur YouTube.
Le juge m’a questionné sur mon niveau de connaissance de l’islam. J’ai expliqué que j’ai grandi dans une famille musulmane. Dès l’enfance, on m’a appris à réciter le Coran et lors de mon adolescence, je suis allé faire la salat (prière islamique) à la mosquée. Je suis devenu catholique au cours de mes études universitaires à l’ITB (L’institut technologique de Bandung). Lorsque j’ai pris ma retraite, je me suis mis à lire et à étudier la Bible, le Coran, le Tripitaka (textes du canon bouddhique) et aussi les Véda (livre sacré hindou). Je n’ai pas lu le Coran en arabe, mais en indonésien, traduction officielle du département des religions. J’ai lu le Coran non pour gagner des mérites, mais pour comprendre le message de chaque sourate et la signification de ses versets.
En lisant plusieurs fois le Coran, tout en tenant compte de mes connaissances bibliques, j’ai pu voir ce que les spécialistes du Coran n’ont jamais remarqué.
Dans la Torah, le terme païen désigne les descendants non israélites ou étrangers. Il est aussi clairement expliqué qu’un païen n’a pas les mêmes droits et devoirs qu’un israélite sur la terre de Canaan. Cependant la Loi juive n’était que pour un temps et un lieu donnés, en attendant la venue du Messie, non pour l’ensemble de l’humanité et jusqu’à la fin du monde, ce qui est précisément propre à la religion catholique.
Dans l’Evangile, Jésus nous enseigne qu’il vaut mieux se couper la main si elle nous entraîne au péché (Mt 5.31). Cependant, nous savons que personne n’oserait le faire. En effet, ceci est une invitation à l’introspection, c’est-à-dire à être vigilant sur notre propre comportement, et non un commandement d’aller couper la main d’autrui, y compris des innocents accusés à tort … Dans le Coran, il existe un verset qui commande la mutilation de la main d’un voleur. Il est clair que cela n’a pas le même sens et les effets sont terrifiants. Dans les pays qui appliquent la charia, la justice approuve cette pratique.
Dans la sourate Maryam verset 23 du Coran, il est écrit que Marie a donné naissance à un enfant sous un palmier. Cela contredit les récits de l’Evangile qui attestent que Marie a enfanté dans une étable. Elle n’était pas seule, mais accompagnée par Joseph. A ma connaissance, celui qui naquit seul sous un arbre était Siddharta Gautama (le Bouddha). Cette scène de naissance miraculeuse a d’ailleurs été gravée sur l’un des reliefs du temple Borobudur.
Le juge m’a questionné par rapport aux propos de haine dans ma vidéo sur l’histoire des Évangiles. Dans cette vidéo, j’ai simplement expliqué que les Évangiles étaient écrits par quatre hommes ordinaires, après la mort et la résurrection de Jésus. Ce fait historique est toutefois contredit par le Coran, qui a déclaré que l’Évangile a été révélé et donné par Allah au prophète Issa (le Christ coranique).
Le Procureur général m’a accusé de récidive. Il est vrai que je n’ai aucun regret de ce que j’ai fait et je ne le regretterai jamais. Ce n’est pas un crime, mais au contraire, une noble action pour éclairer et construire la nation. Je n’ai aucune crainte d’être jeté en prison car je sais que cela est le prix à payer quand on s’engage dans une lutte. Je suis même prêt à donner ma vie pour le bien de la patrie où je suis né et dans laquelle j’ai grandi.
Le Procureur général a tort de me désigner coupable. La loi fondamentale considère qu’une personne est condamnable seulement si son action s’est révélée motivée par une mauvaise intention. Or, j’ai toujours montré ma bonne foi, aussi bien lors du procès-verbal que lors du jugement. J’ai commencé ma démarche par la publication d’un livre intitulé “Sukarno, Père de la Nation Indonésienne”, puis par toute une série d’actions, j’ai montré à quel point j’ai voulu prendre part à l’éducation et au progrès de ma nation. A mon sens, ce procès arrive au point où nous devons décider : soit de laisser la justice être sabotée par l’islam, comme toujours, au nom de l’intérêt islamiste, soit d’ouvrir une nouvelle page, en appliquant la justice de manière positive et équitable, conformément aux lois en vigueur en Indonésie, dans l’intérêt de l’ordre public.
La décision appartient au conseil des juges que je respecte. Si je suis déclaré coupable, cela signifie que la justice indonésienne est toujours manipulée par l’islam, afin de servir ses intérêts. Par conséquent, les cas de blasphèmes risquent d’exploser. Cela renforcera les injustices et l’Indonésie finira par disparaître. Si je suis déclaré innocent, cela signifie que vous, mes vénérables juges, avez ouvert une nouvelle page dans l’histoire de la justice de ce pays. Les Indonésiens pourront enfin réellement bénéficier de la liberté d’opinion et l’Indonésie deviendra une nation forte et glorieuse.
Si je suis déclaré coupable, je vous prie de considérer les lourdes peines que j’ai déjà endurées pendant trois ans, deux mois et vingt-huit jours en prison, sans compter mes quatre mois de détention au commissariat. Cela est plus que suffisant en comparaison avec les peines requises contre Basuki Tjahaja Purnama (dit Ahok, gouverneur chrétien de Jakarta, condamné à deux ans de réclusion criminelle pour blasphème en 2017) et contre Buni Yani (condamné à dix-huit mois de prison pour diffamation contre Ahok). Si vous craignez mes activités sur les réseaux sociaux, il serait plus raisonnable pour vous de simplement m’interdire d’écrire. Je vous promets de vous obéir et je profiterai du reste de ma vie pour jouer avec mes petits-enfants. Si je suis déclaré innocent, je consacrerai le reste de ma vie à l’éducation et au progrès de la nation.
Avant de terminer ma défense, permettez-moi de vous rappeler, que l’audience de ce tribunal est publique. Par conséquent, ma plaidoirie devient une propriété publique. Il est donc permis à quiconque de la diffuser.
En attendant votre décision. Je vous prie d’accepter, mes vénérables juges, mes sincères remerciements.
Fait à Bandung, le 1er décembre 2020
L’accusé,
IR DARMAWAN
Numéro de dossier : 910/Pid.Sus/2020/Pn.Bdg
Le 22 décembre 2020, Apollinaris Darmawan a été condamné à 5 ans de prison avec une amende de 800 000 000 IDR (environ 50 000 EUR).
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Voici la lettre qu’Apollinaris Darmawan a adressée au Secrétaire général des Nations Unies, M. Antonio Guterres :
A l’attention de M. Antonio Guterres,
Secrétaire général des Nations Unies
Bandung, le 30 mai 2022
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Mon nom est mentionné dans le rapport de la Commission internationale sur la liberté religieuse des États-Unis. Et pour cela, j’ai écrit au Président des États-Unis, le 27 mai 2022, pour lui expliquer que je n’ai pas été condamné pour un fait religieux. Au contraire, j’ai été mis en prison pour un crime ordinaire (l’incitation à la haine) que je n’ai pas commis. C’est une violation grave des droits de l’homme.
La raison pour laquelle j’ai été condamné, je l’ai expliquée longuement dans ma plaidoirie au cours de mon deuxième procès (en décembre 2020) : la justice indonésienne est prise en otage par l’Islam.
Il n’est pas facile pour un pays majoritairement musulman comme l’Indonésie de se libérer du carcan islamiste. Il faut aussi souligner que beaucoup d’autres pays affrontent la même difficulté. Pour cela, j’ai encouragé le Président des États-Unis à prendre la parole, afin d’expliquer ouvertement au monde que l’islam n’est pas une religion.
Les États-Unis sont extrêmement puissants, mais le Président Joe Biden semble ne pas vouloir résoudre rapidement les problèmes mondiaux liés à l’islam. J’ai donc pris l’initiative de vous écrire, en espérant que les Nations-Unies puissent ouvrir une discussion à ce sujet dans le forum international.
Depuis plus de 1300 ans, l’islam est pratiqué à travers le monde et ne cesse de faire des ravages, causant d’énormes pertes humaines et matérielles. Mais le pire, c’est que l’islam a détruit de nombreuses civilisations. L’une d’elle est l’Égypte antique. Son rayonnement du temps de Cléopâtre a complètement disparu.
Les Nations-Unies font face actuellement à des guerres, des conflits et des crimes contre l’humanité commis dans des pays majoritairement musulmans. Ceux-ci ont provoqué une ingérable crise des migrants. Je déplore l’attitude des Nations-Unies qui refusent de voir la racine de ces problèmes qu’est l’islam. Vous n’osez pas remettre en cause l’islam, car il est considérée comme une religion à respecter à l’instar du christianisme.
Il est temps que l’ONU redéfinisse ce qu’est une religion. A mon sens, considérer la religion comme une croyance en une simple divinité n’est pas juste. Avec un tel regard, il est difficile de distinguer entre celles qui adorent Dieu et celles qui adorent le Diable.
La définition de la religion que je propose est celle d’une doctrine qui enseigne aux hommes à faire le bien et à éviter le mal. Avec cette nouvelle définition, il est devenu clair que l’islam n’est pas une religion. En effet, l’essentiel dans l’islam est de se soumettre à Allah, que nous fassions le bien ou le mal, à l’instar des terroristes qui ne veulent que faire la volonté d’Allah.
Il est indéniable que la violence fait partie intégrante de l’islam, justifiée par l’ordre d’Allah, ainsi :
« Combattez [à mort] ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation de leurs propres mains, après s’être humiliés. (Coran 9.29) »
Il est impossible de voir en ce verset autre chose qu’un ordre formel de commettre la violence au nom de l’islam. Ceci est valable aujourd’hui comme il y a mille trois cent ans, lors de la razzia faite aux Quraishis. Il est clair qu’Allah qui a donné un tel ordre ne peut être Dieu. Il est possible que ceux qui adorent Allah rendent en réalité un culte au Diable.
S’il est de la responsabilité des Nations Unies d’adorer Dieu, adoreront-elle Allah qui déteste des hommes qualifiés de mécréants ?
Je rappelle que l’ONU a le devoir de faire respecter la juridiction et la souveraineté de toutes les nations, et de veiller à ce que les religions soutiennent les États et les fortifient dans leur existence. L’islam impose la salat (5 prières quotidiennes obligatoires) en arabe et en direction de l’Arabie. Ceci est contre l’intérêt des nations. C’est une preuve même que l’islam n’est pas la vraie religion.
Si les Nations Unies ont l’audace de déclarer que l’islam n’est pas une religion, nous pourrons enfin espérer mettre un terme aux souffrances humaines causées par l’islam.
Je vous prie de bien vouloir accepter, Monsieur le secrétaire général des Nations Unis, le sentiment de mes remerciements pour votre atention,
Respectueusement,
Apollinaris Darmawan
CC :
1. Le président de la République Indonésienne, M. Joko Widodo
2. L’ambassadeur de la République Indonésienne pour les Nations Unies.
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Le cas d’Appolinaris Darmawan n’est malheureusement pas unique :
Indonésie : dix ans de prison pour le youtubeur chrétien Kacé
La sentence du juge est tombée ce mercredi 6 avril 2022, comme un couperet sur la tête de Muhammad Kacé, un youtubeur chrétien indonésien. Jugé pour une vidéo considérée comme “blasphématoire”, il a été condamné à dix ans de prison. Une décision de justice inédite dans le pays. Le grand public découvrait le visage de Muhammad Kacé à la Une des médias indonésiens en septembre 2021. Un visage tuméfié, portant les marques des sévices qu’il avait subi en cellule.
Le prédicateur chrétien, ancien musulman et youtubeur à succès, avait été arrêté dans des circonstances défiant le droit de son pays. Une simple recommandation du Conseil des oulémas avait suffi à mettre en branle les forces de police.
Il lui était reproché une vidéo dans laquelle il dénonçait les appels à la violence que contiennent le « Kitab Kuning ». Ce « livre jaune » qui sert à enseigner la religion aux enfants reprend en effet des hadiths et des sourates du Coran peu amènes à l’égard des minorités religieuses. C’est donc un texte dangereux dans un pays où 80% des habitants sont musulmans, et où les minorités sentent la pression contre eux grandir. Et Muhammad Kacé parle en connaissance de cause, car il était lui-même clerc musulman avant sa conversion. Il a lui-même enseigné dans des écoles coraniques de l’archipel. Dans ses vidéos, il s’en prenait au phénomène d’arabisation de l’islam indonésien. Il en appelait à une « prise de conscience » du phénomène nouveau qu’il voyait à l’œuvre dans son pays. Le voile remplaçant le sarong traditionnel, la multiplication des prêches haineux, la formation des imams dans la Péninsule arabique…
Tentatives d’intimidation
Un grand combat pour cet homme de 54 ans, boiteux et diabétique, sur lequel s’est abattu la haine des extrémistes religieux. L’un de ses avocats, Martin Lukas a déjà annoncé qu’il allait faire appel, malgré les risques qu’il encourt. Car le procès subit la pression continue d’extrémistes qui ne cachent pas leur volonté d’éliminer purement et simplement l’accusé. Lors des premières séances, plusieurs d’entre eux se sont introduits dans la salle d’audience pour l’insulter. Ils ont été mis dehors, mais à présent, ils chantent devant la salle, sur l’air d’une comptine enfantine : « Pendez, pendez, pendez Kacé ! »
Nous n’allons peut-être pas gagner, mais nous allons nous battre.
Martin Lukas n’entend pas abandonner le combat malgré ces tentatives d’intimidation : « En apposant la première signature au contrat qui nous lie à Muhammad Kacé, nous connaissions déjà les risques. Nous n’allons peut-être pas gagner, mais nous allons nous battre. » Parmi les douze avocats qui se sont portés volontaires pour défendre Muhammad, seuls quatre se sont maintenus jusqu’à présent. Ils protestent contre la parodie de justice donnée ce mercredi. Leur client n’a pas été condamné en raison de la loi anti-blasphème, qui prévoit une peine maximum de 5 ans, mais en vertu d’une loi martiale datant du milieu du XXe siècle, condamnant la « diffusion de fausses informations ». Cet étonnant tour de passe-passe a permis la présente peine de 10 ans, qui risque fort d’être fatale à Muhammad Kacé.
Ce même 6 avril, Munarman l’ancien porte-parole du Front des défenseurs islamiques a été condamné par un autre tribunal indonésien à trois ans de prison. Ce « Barabbas » du XXIe siècle, ancien porte-parole du Front des défenseurs islamiques, s’était publiquement vanté d’avoir organisé un « pogrom » contre la minorité musulmane ahmadi. Ce qui lui vaut sa condamnation actuelle est son activité avérée de recruteur de combattants djihadistes pour le compte de l’État islamique.
“La critique rationnelle de l’islam doit être garantie en Europe”
Signez ici la pétition
En Indonésie, quand un musulman insulte le Christ crucifié : c’est une prédication. En revanche, quand un chrétien critique les pratiques immorales de Mahomet : c’est un blasphème !
Malheureusement, il n’y a pas qu’en Indonésie.