Le 14 août dernier un incendie déclenché dans l’église copte Abou Sifine, consacrée à saint Mercure de Césarée, au quartier Imbaba du Caire, a fait 41 morts et 55 blessés. Même si la cause de l’incendie semble, selon les autorités, être accidentelle, cette tragédie vient nous rappeler le sort de la chrétienté égyptienne vivant dans des conditions d’une terrible dhimmitude.
Le poids écrasant de la dhimmitude
Située au rez-de-chaussée d’un immeuble mal entretenu, au milieu d’un quartier populaire sur-peuplé aux infrastructures insuffisantes, l’Église de Saint Mercure est un exemple typique des difficultés qu’ont les chrétiens d’Égypte à construire de nouveaux lieux de culte décents et pouvant accueillir sans danger les fidèles pour les offices. Même si cette fois-ci l’hypothèse d’un attentat islamiste est à écarter, la véritable cause de cette énième tragédie ayant endeuillé une nouvelle fois les Coptes n’est autre que leur place dans une société majoritairement islamique qui impose aux chrétiens, pourtant profondément enracinés et issus des populations les plus anciennes de l’Égypte, la condition de soumis et de citoyens de seconde zone.
Le sang des chrétiens coule à flots
Nous ne devrions surtout pas oublier la longue traînée sanglante d’attaques et d’attentats qui ensanglantent régulièrement les Coptes, une des plus grandes communautés chrétiennes d’Orient : plus de 10 % de la population en Égypte ou 10 à 15 millions, dont quelques centaines de milliers de Coptes catholiques, sur un ensemble de plus de 100 millions d’habitants.
Même s’il est impossible de dresser la liste exhaustive de ces tragédies lors des dernières années, un petit rappel des plus importantes d’entre-elles s’impose:
La veille de Noël 2010 un homme musulman armé a ouvert le feu devant une église copte en Haute- Egypte laissant derrière lui 7 victimes. Quelques jours plus tard, le 1er janvier 2011 un poseur de bombes s’est fait exploser devant l’église copte de St Marc et de St Pierre le pape (il s’agit de St Pierre, 17e patriarche d’Alexandrie), dans le quartier de Sidi Bishr d’Alexandrie, à la fin de l’office du nouvel an, tuant 23 personne et en blessant 97. Ces massacres inauguraient une nouvelle série d’attentats sanglants contre les Coptes qui allaient s’intensifier dans les années suivantes sur fond de « printemps arabes » et de montée de l’islamisme.
Même l’accession au pouvoir du maréchal Al-Sissi, en 2013, n’allait pas réussir à arrêter la campagne terroriste islamiste contre les communautés chrétiennes. Le 11 décembre 2016 un attentat-suicide islamiste visant la chapelle copte des saints apôtres Pierre et Paul, proche de la cathédrale de Saint Marc du Caire et siège du patriarche copte, a fait 29 morts et 47 blessés.
En 2017, au début de la Semaine sainte, un attentat à la bombe a fait 27 morts et 71 blessés à Tanta, près du Caire, tandis qu’un deuxième attentat a eu lieu devant l’église de Saint Marc à Alexandrie, coûtant la vie à 11 fidèles et laissant 36 blessés.
On pourrait y ajouter de nombreux autres attentats de moindre envergure et d’innombrables autres agressions, viols, discriminations subis par les chrétiens d’Égypte quotidiennement, depuis de longues années, partout dans le pays.
Depuis les « printemps arabes » et la vague islamiste qui s’ensuivit, les chrétiens d’Égypte ont vu leur situation empirer. Pendant la courte période de la présidence de l’islamiste Mohamed Morsi (2013-2014), le nombre d’attaques, de meurtres et de viols contre les populations chrétiennes s’était multiplié, avec la complicité des autorités, alors que le danger d’une explosion génocidaire n’avait pas cessé de planer sur l’Égypte jusqu’au coup d’État du maréchal Al-Sissi qui a réussi à rétablir l’ordre et la légalité.
Réflexions sur la condition des chrétiens d’Égypte
La douleur et les peines des chrétiens d’Égypte, Coptes, Coptes catholiques ou grecs-orthodoxes, sont aussi les nôtres. Ces anciennes communautés chrétiennes d’origine apostolique, aux rites et aux traditions vénérables, sont des témoignages vivants de la Vérité répandue il y a deux millénaires par les apôtres du Christ et ont vocation à se réunir un jour dans la matrice de notre mère la Sainte Église catholique. Si nous nous unissons déjà à eux par nos prières et nos pensées, nous devons aussi tirer des leçons de leur histoire et mener une réflexion indispensable pour la direction des bonnes actions que la charité nous dicte.
Leur situation n’a malheureusement rien d’exceptionnel dans ce Proche-Orient islamisé depuis déjà plusieurs siècles, par le feu et le sang, après avoir été le berceau de la chrétienté. Malgré les déclarations des régimes nationaux et sécularistes arabes d’autrefois, les minorités chrétiennes d’Orient se trouvent aujourd’hui au milieu d’un océan d’hostilité, dans des sociétés très majoritairement islamiques qui les oppriment et les persécutent constamment.
A une époque où l’on entend tellement parler de l’oppression des minorités et de leurs droits, on est surpris par l’ampleur de l’indifférence vis-à-vis du sort des chrétiens d’Orient et de leur long calvaire multiséculaire. Mais cette indifférence est tout à fait normale de la part d’un Occident s’écartant de plus en plus de la foi et de la Vérité. Cela signifie que la défense des chrétiens d’Orient nous incombe surtout à nous, chrétiens et Catholiques et à nous seuls ! Nous n’avons plus rien à attendre, rien à espérer des défenseurs des « droits de l’homme » ; personne ne peut prendre notre place dans ce combat, personne ne peut défendre cette part de l’héritage du Christ en Orient si ce n’est les autres maisons de Son héritage en Europe, en Occident et dans le monde entier, surtout celles qui appartiennent à la Sainte Église catholique! Nous devrions encore réfléchir sur l’esprit de solidarité du monde musulman et son extraordinaire capacité de mobilisation pour la défense des causes des populations islamiques depuis les Palestiniens jusqu’aux Ouïgours de la Chine ou les Rohingyas de la Birmanie. Si la croyance en le mensonge et la haine peut engendrer une telle ferveur, combien plus grande ne devrait pas être l’action inspirée par la foi, l’espérance et la charité chrétiennes ! Nous devons nous rappeler, nous autres Catholiques, l’esprit et les véritables ressorts des Croisades dont le but n’était pas seulement la libération des Lieux saints mais aussi la défense des chrétiens d’Orient opprimés et suppliciés depuis l’époque de la conquête arabo-islamique !
L’histoire des Coptes, qui sont aussi les descendants lointains des anciens Égyptiens et de leur immense civilisation, nous montre quel est le sort d’un peuple qui a pu être submergé et remplacé sur ses propres terres par un autre. De quoi faire réfléchir tous ces chrétiens qui n’ont pas compris que le militantisme pro-immigration et le dialogue interreligieux sont la voie la plus sûre menant à leur propre dhimmitude.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. (Jn 15.14) »
« Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. (Ga 6.10) »
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