Sur la chaîne de télévision France 2, le 15 Décembre 2024, l’émission musulmane intitulée « Nos croyances, notre unité », présentée par Abderrahim Hafidi avait pour invités l’autrice marocaine Reem Yasmina Laghrari, et le père Antoine Guggenheim, curé et délégué pour les relations avec l’Islam du diocèse de Paris. Je voudrais commenter les propos que celui-ci y a tenus.
À la question de savoir ce que représente pour lui Mahomet, le père Guggenheim aurait pu répondre qu’il n’était pas là pour donner son opinion personnelle, mais l’enseignement de l’Église, qui est autrement plus important … mais il ne le donnera pas. Il commence par botter en touche en avançant que la question de savoir qui est le prophète Mahomet est discutée – comme si cela pouvait changer quoi que ce soit à ce que ne peut que être Mahomet pour l’Église ! – et de tenter de justifier encore son silence en avançant que le christianisme étant survenu antérieurement à Mahomet, et qu’à cause de cela il ne pouvait donc en parler. Cela se veut drôle, tant c’est gros, et gentil, tant l’intention de plaire à ses interlocuteurs musulmans est patente. Mais cette dérobade est payée au prix d’une insulte à la perfection du christianisme, et d’un reniement de l’enseignement du Christ, qui a bel et bien annoncé la venue de Mahomet ! Par exemple, en Mt 7.15-20 et 24.4,11 & 24, Jésus a annoncé la venue de faux-prophètes ; dans la parabole de l’ivraie de Mt 13.24-30,36-43 Jésus annonce sans ambiguïté l’islam ; en Jn 16.2, Il l’annonce encore dans la venue de ceux qui tueront les chrétiens pour plaire à Dieu, ce à quoi invite Allah, par exemple en Coran 9.30 … L’Église, à la suite du Seigneur, n’a cessé d’annoncer l’islam, à commencer par les Apôtres : saint Paul en Ga 1.8-9 ; saint Pierre en 2 P 2.1-3 … … Saint Jean, en 1 Jn 2.22 donne la définition de l’Antichrist que revendique l’islam pour se définir (Coran 112) … Et jusqu’au concile Vatican II, Papes et Conciles ont tenu le même discours. Je ne vous donne que quelques exemples : en 1213, le Pape Innocent III, dans l’encyclique Quia major, condamne l’islam par ces mots : « Encore à l’époque de mon regretté prédécesseur, saint Grégoire, presque tous les pays musulmans étaient chrétiens. Mais un fils de perdition, le pseudo-prophète Mahomet, s’est levé depuis lors et a séduit beaucoup d’hommes en les détournant de la vérité par l’attrait du monde et des voluptés charnelles. (Jean Richard, L’esprit de la Croisade, Biblis, 2012., p.87) » ; en 1266, le Pape Clément IV exhorte Jacques 1er, roi d’Aragon, à chasser les musulmans de ses terres, lui montrant combien leur séjour y est dangereux au plan matériel et spirituel : « On a des exemples de la dangereuse affaire qu’est celle d’avoir des musulmans dans ses domaines. Quoiqu’ils cachent leurs mauvais desseins, pour un temps, par contrainte, ils cherchent ardemment l’occasion de les exécuter. C’est nourrir un serpent dans son sein que de garder chez soi de tels ennemis. Un petit avantage qui vous en revient ne doit pas l’emporter sur la honte de les voir au milieu des chrétiens exalter le nom de Mahomet ! Vous devenez votre propre ennemi si vous pourchassez les musulmans ailleurs, mais les protégez patiemment sur vos terres. Il est indubitable qu’il serait conforme à vos excellentes œuvres que vous exiliez ces gens hors des frontières de vos domaines. (Lettre du 5 juillet 1266, in Abbé Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris, Letouzey et Ané, 1873, p.165) » ; au XIVe siècle, le Concile de Vienne (1311-1312) stipule : « C’est une insulte au saint Nom de Jésus et du vrai Dieu, une injure à la foi chrétienne que, là où ils vivent mêlés aux chrétiens, les prêtres musulmans invoquent à voix forte le nom de Mahomet à certaines heures d’un endroit élevé. Avec l’approbation du saint Concile, nous interdisons de telles pratiques en terre chrétienne. Nous enjoignons aux princes chrétiens d’enlever cette offense de leurs territoires ; ils doivent aussi interdire expressément l’invocation publique du nom sacrilège de Mahomet. […] » Bref, il est absolument impossible de prétendre que l’Église ne peut rien dire au sujet de Mahomet … à moins de vouloir se damner par lâcheté (Ap 21.8) ! C’est pourtant simple : Qui peut venir APRÈS le Christ, sinon l’Antichrist ?
II
On comprend que le père Guggenheim annonce que ce qu’il va dire va poser problème à certains auditeurs catholiques, car les auditeurs réellement catholiques professent ce que je viens de rappeler, et ce qu’il va dire en est la négation, une scandaleuse profession d’apostasie, un pur reniement de la foi chrétienne. Dire que Mahomet est un envoyé de Dieu, c’est dire que Dieu Se contredit, puisque Mahomet prêche que la Trinité n’existe pas (Coran 2.105,117 ; 3.67,95 ; 4.48,87-91,171 ; 5.73,116 ; 8.39 ; 9.1-17,28-33 ; 10.105 ; 15.94-96 ; 16.120 ; 31.13 ; 41.6 ; 61.9 ; 98.1-6 ; 109.1-6 ; 112.1-4), que L’adorer est le seul péché impardonnable (Coran 4.48), que Jésus n’est donc pas Dieu (Coran 3.59-61 ; 4.171 ; 5.75), qu’Il n’est pas mort (4.157), ni donc ressuscité, et qu’en conséquence nos péchés ne sont pas expiés, pardonnés, que nous ne sommes pas sauvés, que les Prophètes ont menti, ainsi que deux mille ans de christianisme et de sainteté, et c’est dire en conséquence que Mahomet a reçu la mission de condamner l’Église, de la détruire et remplacer par l’islam (Coran 2.193,217,286 ; 3.118 ; 8.39 ; 9.28-33 ; 48.28) … Qui reconnaît Mahomet comme envoyé de Dieu n’est donc pas ou plus chrétien.
III
L’abomination que le prêtre vient de professer est telle que la musulmane à ses côtés s’exclame : « Ça, c’est révolutionnaire ! ». Et le mot est bien choisi, puisqu’en reconnaissant à Mahomet le titre d’envoyé de Dieu, le père Guggenheim valide son rejet de la Foi chrétienne, objet propre de la mission de Mahomet (Coran 2.193 ; 9.33 …), en sorte que si Mahomet dit vrai, alors l’Église, à travers le père Guggenheim se fait harakiri ! Le but de la Révolution étant bien de détruire l’ordre naturel et surnaturel, ce à quoi s’emploie pour sa part l’islam, son attitude est vraiment révolutionnaire et ne peut que réjouir les musulmans ! Mais « Malheur à moi si je cherche à plaire aux hommes, disait saint Paul, car je ne serais plus alors le serviteur du Christ ! (Ga 1.10) »
IV
« Je n’ai pas besoin qu’il redise la même doctrine que Jésus pour le reconnaître comme un envoyé de Dieu. » Comme s’il y avait une autre doctrine que celle de Jésus pour reconnaître un envoyé de Dieu ! Comme si Jésus n’avait pas dit : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi. (Mt 12.30 ; 10.32-33) » ! Comme si Jésus n’était pas la Vérité en personne (Jn 14.6), en sorte qu’il n’existe aucun autre critère de discernement que Lui-même pour juger des choses divines ! Ce que saint Jean dit explicitement au chapitre 4 de sa première Épître, et raison pour laquelle saint Paul ne voulait rien connaître que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié (1 Co 2.2 ; Ga 6.14) ! Mais, manifestement, pour ce prêtre, Jésus est dépassé, et il y a mieux à qui se fier …
V
« Si Dieu choisit un homme pour lui donner la plénitude de Sa révélation … » Au lieu de présenter ce que dit la Révélation chrétienne au sujet de Mahomet, puisqu’on le lui demande, et tenter de montrer, par comparaison, le bienfondé de la Révélation chrétienne, comme c’est de son devoir, le père Guggenheim avance la vieille hérésie de l’adoptianisme, selon laquelle le Christ n’est pas le Verbe de Dieu, Dieu même fait homme, mais n’est qu’un homme, choisi, adopté par Dieu, en vue de la mission qu’Il veut lui confier. Pour rejeter les dogmes essentiels du christianisme, l’adoptianisme se prévalait d’un monothéisme pur, comme le fait l’islam (Coran 30.30 ; 51.56) … Or, en vérité, il est impossible que Dieu choisisse un homme pour lui confier la plénitude de Sa révélation, puisque celle-ci n’est pas à mesure humaine. Et parce qu’aucun homme ne peut l’accomplir, Dieu a envoyé Son propre Verbe S’incarner, ainsi que le dit Jésus : « Nul ne connaît le Père, SINON LE FILS … et celui à qui le Fils veut le révéler (Lc 10.22 ; 1 Co 2.1-16 ; 12.3) ». Il n’est donc pas question que Dieu choisisse un homme pour lui donner la plénitude de Sa révélation ! Pourquoi donc ressusciter cette vieille hérésie, et égarer ainsi ses interlocuteurs, au lieu de rendre témoignage à la Vérité ? Honte à qui ose trafiquer la Parole de Dieu (2 Co 2.17) ! Le père Guggenheim renie la vérité du Christ pour professer avec l’islam que la plénitude de la Révélation divine est donnée à un homme … un homme comme Mahomet !
VI
Parti de l’idée que la plénitude de la Révélation divine puisse être donnée à un homme, le père Guggenheim tente maintenant de justifier qu’elle puisse avoir été donnée à Mahomet, et pour y arriver, il s’appuie sur le principe – si prisé en République maçonnique – de l’égalité de tous les hommes, de sorte qu’au nom de cette égalité, tous partagent la même mission. La mission de Mahomet ne serait donc pas substantiellement différente de celle de Jésus, ni même de la religion de tous les braves gens, car il est clair que l’islam ne peut être que la religion des braves gens. Or, comme l’enseigne la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans la Déclaration « Dominus Iesus », et contrairement à ce que l’a affirmé aussi le pape François à Singapour au mois de septembre dernier, il est « clairement contraire à la foi catholique de considérer l’Église comme un chemin de salut parmi d’autres, de présenter les autres religions comme complémentaires à l’Église, ou même substantiellement équivalentes, convergeant ensemble vers le Royaume eschatologique de Dieu. (DI n°21) » Ayant répudié la révélation du Verbe de Dieu fait homme, pour prêcher celle d’un homme choisi, le père Guggenheim, en arrive logiquement à répudier aussi la religion fondée par le Christ, pour prêcher l’humanisme, la religion des braves gens faisant naturellement le bien. L’humanisme insiste en effet sur l’égale dignité de tous les êtres humains, indépendamment de leur origine, religion ou condition sociale, pour promouvoir les droits humains tels que la liberté et la justice sociale. Mais le père Guggenheim semble ignorer que l’islam n’est pas incompatible seulement avec le christianisme, mais aussi avec l’humanisme, puisqu’il proclame l’absolue séparation ontologique et juridique de l’humanité entre musulmans et non-musulmans (Coran 3.118 ; 4.88,143,144 ; 5.17,51,72,73 ; 6.39 ; 7.179 ; 8.22,55 ; 9.5,23,28-30 ; 14.4 ; 16.36,37,93 ; 58.22 ; 60.4 ; 98.6) … Bref, le christianisme ne peut se confondre pas plus avec l’humanisme qu’avec l’islam, mais prêcher l’un ou l’autre, c’est pareillement déchoir de la grâce pour être livré aux démons de l’orgueil, du pélagianisme, et du désespoir.
VII
Faire de bonnes actions ne sauve pas, aussi vrai que Jésus n’est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs qui demandent la miséricorde que Jésus nous a méritée par Son sacrifice (Mc 2.17). Seuls les enfants de Dieu vivants de la grâce donnée dans les sacrements peuvent plaire à Dieu, participer de façon méritoire à Son œuvre salvatrice, et accéder au salut ; l’humanité, si juste qu’elle se croit, demeure objet de la Colère de Dieu (Lc 19.10 ; Rm 5.9 ; Ep 5.6 ; 1 Th 1.10). Jésus a beau inviter à renaître de l’eau et de l’Esprit pour entrer dans le Royaume des Cieux (Jn 3.5), et affirmer : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15.5) », que le père Guggenheim ne craint pas d’enseigner une religion purement naturelle, celle de la fraternité humaine … il est vrai déjà validée à Abou Dhabi par le Pape François. Mais cela est condamné par la Déclaration « Dominus Iesus », dont voici un autre extrait : « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des THÉORIES RELATIVISTES, qui entendent JUSTIFIER LE PLURALISME RELIGIEUX, DE FAIT ET PAR PRINCIPE. Elles retiennent comme dépassées des vérités telles que le CARACTÈRE DÉFINITIF ET COMPLET DE LA RÉVÉLATION DE JÉSUS-CHRIST ; LA NATURE DE LA FOI CHRÉTIENNE VIS-À-VIS DES AUTRES RELIGIONS, (…) L’UNICITÉ ET L’UNIVERSALITÉ SALVIFIQUE DU MYSTÈRE DE JÉSUS-CHRIST, LA MÉDIATION SALVIFIQUE et UNIVERSELLE DE L’ÉGLISE … (…) Pour REMÉDIER À CETTE MENTALITÉ RELATIVISTE toujours plus répandue, IL FAUT RÉAFFIRMER AVANT TOUT QUE LA RÉVÉLATION DE JÉSUS-CHRIST EST DÉFINITIVE ET COMPLÈTE ! (n°4, 5, 14) » Je répète : Il faut réaffirmer avant tout que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète !
VIII
Quelle convergence islamo-chrétienne pourrait exister ? « Quel rapport entre la justice et l’impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.14-18) » demande saint Paul et avec lui toute l’Église ! Il faut être cohérent : si Mahomet est un envoyé de Dieu, alors il n’est plus question d’évangéliser les musulmans, car ce serait aller contre la volonté de Dieu voulant qu’ils soient musulmans ! Et il faut même que les chrétiens deviennent musulmans, puisque l’islam, venant APRÈS le Christ, serait voulu par Dieu ! Finalement, le dialogue islamo-chrétien, sert-il à autre chose qu’à donner à l’islam la respectabilité, le temps, et ainsi les moyens de se développer jusqu’au jour où l’Église et la société civile devront disparaître ou se soumettre à sa mégalomanie hégémonique, à sa démoniaque autorité ? En quel pays musulman l’Église a-t-elle la liberté d’évangéliser ? Même au Maroc, pays réputé parmi les moins fanatiques, il est légalement, constitutionnellement, impossible, d’être marocain et chrétien … Le dialogue interreligieux devrait permettre de parler de sujets qui fâchent sans se fâcher, et non pas de trahir Celui qui nous a tant aimés ! Je redis donc, avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, que « Les solutions qui envisagent une action salvifique de Dieu en dehors de l’unique médiation du Christ [comme c’est le cas de l’islam, et du père Guggenheim] sont contraires à la foi chrétienne et catholique. (Dominus Iesus, n°14) » et avec le Catéchisme de l’Église catholique, j’affirme que : « L’Économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, elle ne passera jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ. (CEC n°66) »
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