Le site francophone Orthodoxie a traduit un entretien accordé à Pravoslavie par l’évêque Cyrille (Sikis), hiérarque du patriarcat orthodoxe de Constantinople. Il révélera, à nombre d’entre nous, un pogrom antichrétien ignoré : celui que subirent les chrétiens grecs d’Istanbul dans les nuits du 6 et 7 septembre 1955 et qui causa la mort de plusieurs milliers de chrétiens et la fuite des autres. Ce nouveau pogrom antichrétien survint une trentaine d’années après le massacre par les Turcs des Grecs pontiques – toujours pas reconnu comme génocide – qui causa, entre 1916 et 1923, la mort de quelque 500 000 chrétiens grecs…
Peu de gens se rappellent encore une date horrible. Après la fuite et l’exode des Grecs en 1922, il y eut septembre 1955 à Istanbul, alors que vivaient dans cette ville plus de 150 000 ressortissants de notre peuple. Il y avait des quartiers grecs entiers, les affaires se développaient. Au cours de deux nuits, les 6 et 7 septembre, de terribles persécutions se déroulèrent dans la capitale du pays. Certains Grecs ont été prévenus par des amis du malheur qui se préparait, leur disant de fuir en prenant avec eux ce qu’ils avaient de plus précieux. Mais la majorité des gens ne savaient rien. Ils ont perdu tout, beaucoup ont perdu la vie… Ce furent des jours noirs. Des extrémistes étaient amenés de partout dans des autobus. À l’aide des provocateurs, les chrétiens grecs étaient accusés de différentes fautes et de trahison, ce dont ils n’étaient pas coupables. La foule déchaînée fit irruption dans les quartiers grecs : on tuait, on brûlait, on violait et on pillait les gens. Des canailles savaient où aller, les maisons et les magasins des chrétiens étaient marqués à l’avance. Les persécutions eurent lieu non seulement à Istanbul, mais aussi sur les îles proches où vivait en majorité la population grecque. Des milliers de ressortissants de mon peuple ont alors été tués ! Mais les autorités n’ont reconnu officiellement que 16 victimes de la persécution. Après ces jours presque personne, parmi les chrétiens, à Istanbul ne resta. Les diasporas juive et arménienne ont également fortement souffert. Ces événements se sont produits il n’y a pas si longtemps. Et il est affligeant que ce septembre sanglant soit resté inaperçu pour le monde entier.
Source : Orthodoxie, 2 novembre
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