La France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie dans les années quarante du 19e siècle … l’Europe bouillonne sous une surface politique apparemment encore calme, mais bientôt des révolutions arrivent. Des forces clandestines – toujours à l’œuvre ! – , planifient un “renversement international”. C’est alors que le Ciel intervient (environ 70 ans avant les apparitions de Marie à Fatima !) : à la carmélite sœur Marie de St. Pierre, demeurant à Tours, Jésus demande la vénération de la Sainte Face comme arme la plus efficace contre le communisme, l’athéisme, le nihilisme … et pour l’expiation des blasphèmes et sacrilèges contre la Sainte Eucharistie, et pour l’expiation des profanations du dimanche. Pour cette réparation, Jésus lui-même a dicté à Sr. Marie de St Pierre la prière expiatoire de la “Flèche d’Or”.

 

  • Pourquoi la vénération de Sa Sainte Face ?

Depuis toujours, l’homme a cherché à contempler la face de Dieu, vision qu’il avait perdue depuis la Chute. La vue de Dieu lui était interdite, sous peine de mort. En Ex 20.4 Dieu a expressément interdit de Le représenter, ce qui eût été faire des idoles, puisqu’Il ne S’était pas encore rendu visible. Pour le judaïsme et l’islam, cette interdiction est toujours d’actualité, et a même été utilisée comme prétexte pour détruire des images religieuses lors de la crise iconoclaste dans la Byzance chrétienne des 8e et 9e siècles.

Après de nombreuses difficultés traversées par l’Eglise, la deuxième moitié du 19e siècle a vu se répandre la vénération de la Sainte Face, particulièrement grâce au laïc français Léo Dupont et à la Petite Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face (+ 30 sept. 1897).  Mais la vraie face du Christ n’a été découverte qu’en 1898 grâce au négatif photographique du saint Linceul (Saint Suaire) de Turin. Depuis, la science étudie à fond ce Linceul et révèle à l’observateur surpris tout le kérygme catholique, la passion, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Voir ici la présentation du Saint Linceul de TurinCe linceul est le témoin de : cruelles tortures, comme la barbe arrachée, des traces de flagellation sur l’œil droit et le nez, des traces de la couronne d’épines sur le front, des traces de chutes (lors du portement de la croix sur le chemin du Golgotha).

La relique complémentaire du Linceul, le Suaire d’Oviedo, montre un mélange d’œdème pulmonaire sanglant provenant de la bouche et du nez et fait ainsi référence à la mort par crucifixion. Sur le Linceul, ces traces sont également présentes. L’expression sereine et majestueuse du visage indique à son tour de quelle façon est mort ce crucifié, à savoir d‘une mort cardiaque, d‘une tamponnade dite péricardique. Certains chercheurs du Linceul veulent même reconnaître sur le visage de Jésus des inscriptions qui indiquent la condamnation et le permis d’inhumation. Les espaces entre les fibres du lin ne sont pas cimentés par du liquide putrescent, au niveau de la bouche et du nez il n’y a aucun signe de décomposition. Cela signifie que ce corps n’était pas encore en décomposition lorsque l’image a été produite. Les traces de sang ne présentent aucune bavure, elles sont précises et bien nettes ; la fibrinolyse (ramollissement des croûtes de sang après la mort) a été interrompue 36 à 40 heures après le décès. Cela indique que le corps n’a pas pu être retiré manuellement du drap, car sinon le tissu aurait été déchiré et les traces de sang brouillées. Le mort a donc disparu du tissu AVANT la décomposition et sans être retiré manuellement, laissant derrière lui son image – signe d’un événement unique au monde qui ne peut pas être reproduit, la résurrection de Jésus ! Bien que la vénération de la Sainte Face ait pris son essor dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle n’a pas encore atteint son apogée.

  • “… alors vous saurez que JE SUIS !”

Mais des chercheurs anglais et américains du Linceul, de confession chrétienne et juive, ont découvert bien d’autres particularités en observant la Sainte Face, comme la trace de sang sur le front qui ressemble au chiffre 3, lequel a une signification particulière et fascinante dans la mystique juive. Pour les scientifiques, cette coulée de sang, venant des blessures provoquées par les dures et pointues épines de la couronne d’épines, est du sang veineux, tandis que les deux traces de sang qui l’encadrent et qui ressemblent à un “1” renvoient à du sang artériel. Un juif pieux reconnaît dans ce 3 la lettre hébraïque SHIN, qui a une importante signification en hébreu. C’est la première lettre du mot SHADDAI (le Tout-Puissant). Elle est également présente dans le nom YESHUA (Jésus). C’est la première lettre du mot SHALOM (paix), et elle est liée au mot SHELEMUT (achèvement). Elle est également la première lettre du mot SHEKINA (la présence majestueuse de DIEU), qui S’est fait homme. La Shekina est la manifestation visible de la présence du Dieu invisible. Pour les observateurs chrétiens, elle renvoie au Dieu trinitaire, le Dieu unique en trois personnes. Elle signifie également silence, repos de l’âme, feu dévorant, jugement, écraser, sa signification originelle est dent.
C’ est la première lettre du SHEMA Israël (Dt 6,4-9) écrite dans la mezouza, cette capsule oblongue fixée à l’extérieur sur le montant de la porte d’entrée des juifs pieux. Le montant de la porte rappelle Ex 12.22 et le sang de l’agneau qui avait préservé les Israélites de la mort leurs premiers nés. Le Shema Israël est porté par les juifs orthodoxes aussi bien sur le front qu’autour du poignet en signe d’exhortation à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme et de toute leur force. La coupe anatomique d’un cœur humain montre également la structure du Shin et rappelle aux juifs que Dieu a inscrit le Shema Israël dans le cœur de l’homme.
Cette lettre SHIN est également utilisée dans la liturgie juive, dans la bénédiction d’Aaron, où le Kohen (prêtre, aujourd’hui rabbin) forme le Shin avec ses mains lorsqu’il prononce la bénédiction sacerdotale sur le peuple.

Shin évoque également SHUB, la conversion des pécheurs, et YOM KIPPUR, le grand jour des expiations, au cours duquel, dans l’Ancien Testament, tous les péchés étaient pardonnés, grâce au sang des animaux sacrifiés et à l’alliance renouvelée avec Dieu.

Même la situation géographique de la ville de Jérusalem recèle la forme Shin par la position de trois vallées (la vallée de Ben Hinnom, la vallée de Tyropéon et la vallée de Cédron), et renvoie à Dt 16,2, à l’endroit choisi par le Seigneur comme lieu de célébration de la Pâque et résidence pour son nom. (“Tu immoleras pour Yahvé ton Dieu, une pâque de gros et de petit bétail, au lieu choisi par Yahvé, ton Dieu, pour y faire habiter son nom“).

Pour les Juifs de l’Ancien Testament, le temple de Jérusalem, avec ses sacrifices d’animaux, était le lieu de la rémission des péchés. Désormais, c’est le Sang du Christ qui est le moyen et le “lieu de la rémission des péchés”.
Ce sont là autant d’indications, de symboles qui peuvent frapper un observateur juif à la vue de la face de Jésus sur le Linceul de Turin.

Mais si l’on observe la coulée de sang en forme de 3 en la retournant à 90°, voilà qu’elle dessine les arches de la Porte d’Or, la porte orientale du mur du Temple de Jérusalem et fait résonner la parole de Jésus :  “En vérité, en vérité Je vous le dis, Je suis la porte des brebis (Jean 10,7)“.

Selon la tradition juive, c’est par la Porte d’Or que la Shekina (Présence de Dieu) entra à Jérusalem et que le Messie, toujours attendu par les Juifs, empruntera.
Selon la tradition chrétienne, Jésus est effectivement entré à Jérusalem par cette porte avant sa Passion, au milieu d’une foule en liesse, monté sur une ânesse.

Mais la trace de sang en forme de 3 rappelle également la lettre hébraïque tzadé, qui renvoie à son tour au mot sadok (grand prêtre) et au mot “le juste” associé à “Melchisédech”, ce nom qui signifie “roi de justice” (Cf. Psaume 110,4 : “Yahvé l‘a juré, et il ne s‘en dédira point : tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédech“).

La goutte de sang sous la coulée de sang en forme de 3 rappelle, elle, la lettre YOD, et est la plus petite lettre de l’alphabet hébreu. Elle a une signification extrêmement importante. Elle est à l’origine de toutes les lettres. Elle est la première lettre du nom ineffable de DIEU, YHWH, la première lettre du nom YsHWH, Jésus, et la première lettre de Israël. Mais elle est aussi la dernière lettre du nom de DIEU, SHADDAI, et ADONAI (Seigneur). Elle apparaît dans les premiers mots écrits en hébreu de la Genèse 1,1. Elle est le signe du Père, origine de tout.
Ainsi, la première et la dernière lettre du nom de Dieu, SHADDAI, se lisent sur le front du Crucifié, comme l’annonce Jean dans l’Apocalypse (Ap 22,13) : “Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la fin“.

A plusieurs reprises, Jésus (chez l’évangéliste Jean) dit “Je suis” (cf. 10,7;10,30; 8,28 etc.) et revendique ainsi pour Lui-même le nom ineffable de Dieu. C’est aussi la raison de son exécution, que les grands prêtres ont toutefois transformée, pour des raisons politiques, faisant de Jésus un “séducteur du peuple, un agitateur et un rebelle”. Or, le Linceul de Turin montre que les paroles de Jésus (Jn 8,28), et donc le témoignage de Sa divinité, Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que JE SUIS (Jn 8.28)”, ont été confirmées par les coulées de sang susmentionnées, provoquées précisément par la couronne de dérision et visibles encore aujourd’hui, sans oublier que toutes ces traces de sang, comme l’image du Crucifié Lui-même, ne sont possibles que grâce à la résurrection, confirmation de Sa divinité. En effet, sans la résurrection, il n’y aurait pas  d’image aussi nette sur le linceul.

Pour tout observateur en quête de vérité, ces traces de sang peuvent offrir des possibilités de contemplation insoupçonnées. Un regard plein d’amour posé sur la trace du visage de Jésus ne renvoie pas seulement à la passion, à la mort et à la résurrection, mais aussi à l'”OEUVRE” de la Sainte Trinité, comme Jésus l’a dit aux Juifs : Qui m’a vu, a vu le Père” (Jn 14,9), ou comme cela était annoncé dans le psaume 22.32 (“Voilà Son Œuvre“ ) et comme Jésus le confirme par son cri C’est achevé, i,e. „ l’Oeuvre du Père”. La vénération de la Sainte Face conduit donc à l’adoration de la Sainte Trinité, comme Jésus lui-même l’a suggéré à Sr, Marie de St. Pierre et aussi à plusieurs reprises au 20ème siècle : “Dans la tête se reflète le Père, dans la bouche la Parole, Lui-même, et dans les yeux, qui rayonnent d’amour, le Saint Esprit“. (The Golden Arrow, p.162)

C’est pourquoi la vénération de la Sainte Face est si importante à une époque menacée par le syncrétisme religieux, par les tentatives de “paix, d’harmonie entre toutes les religions” et par une uniformisation briguée de toutes les “religions monothéistes” au détriment de la divinité du Christ, sans compter le danger imminent d’un communisme mondial haïssant les religions et camouflé par des manipulations “philanthropiques” comme nous le vivons actuellement …

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Prière de la Flèche d’Or : “Qu’a jamais soit loué, béni, aimé, adoré, glorifié le très saint, très sacré, très adorable, très inconnu, très inexprimable Nom de Dieu, au Ciel, sur la terre et en Enfer, par toutes les créatures sorties des mains de Dieu et par le Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ au très saint Sacrement de l’autel ! Ainsi soit-il. (On dira trois fois cet acte de louange en l’honneur des trois personnes de la Sainte Trinité.)

Sources bibliographiques :
Moon, Pam: Symbolism and the blood on the Forehead of the Man of the Shroud of Turin, Mail, März 2022
https://www.geistlicher-felsen.de
Fanti, Giulio: Byzantine Coins influenced by the Shroud of Christ, Ed. Jenny Stanford, Singapore 2022
Fanti, Giulio Malfi Pierandrea: SINDONE: primo secolo dopo Cristo! Seconda ed. Edizione Segneo, Tavagnacco 2020
Frale Barbara: La Sindone di Gesù Nazareno, Ed. Il Mulino, Bologna 2009
Scallan Dorothy: The Golden Arrow The Devotion to the Holy Face of Jesus The revelations of Sr. Mary of St. Peter, Charlotte, North Carolina 2012
Bible de Jérusalem, Paris, ed. du Cerf, 1992

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face