Ez 37.21-28 ; Jr 31.10-13 ; Jn 11.45-57
Chers frères et sœurs, chers amis, je vous remercie d’être ici ce matin, et en particulier Monsieur Jacques Bay, qui est à l’origine de cette initiative, poursuivant avec une égale et imperturbable détermination l’œuvre du fondateur de Sos-Tout-Petits. Nous voici rassemblés pour offrir à Dieu le sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ à l’intention de notre ami Xavier Dor, qui n’en a peut-être pas besoin pour aller au Paradis. Auquel cas, cette messe servira à augmenter sa joie, en lui permettant d’offrir à Dieu, en son nom, et par nous, le plus beau témoignage d’amour qui soit : le Sacrifice de Dieu fait homme. Et nous augmenterons encore sa joie en nous offrant nous-mêmes, membres du Corps du Christ, « par Lui, avec Lui et en Lui », aux intentions du Dr Dor, et donc du combat pro-vie.
Aussi étonnant que cela puisse paraître de prime abord, le combat pro-vie, pour le Docteur Dor, ne consistait pas d’abord à défendre la vie, mais la foi, comme il le dit dans un entretien avec Martial Bild sur TV-Libertés, tant la connaissance de Dieu lui paraissait la meilleure protection des enfants à naître. En tant qu’embryologiste, il avait pu contempler, et adorer, l’amour de Dieu le Père tout-puissant, Créateur des tout-petits êtres humains … et il tirait de cette source d’émerveillement la raison de son amour pour eux, raison qui conduisit le Rédempteur à nous les donner en modèle, afin de Lui devenir semblables, et mériter ainsi de partager Sa gloire. L’amour des tout-petits est si impératif, que de la façon dont nous aurons traité les tout-petits, dépendra notre jugement … « Ce que tu as fait au plus petit, c’est à Moi que tu l’as fait. Ce que tu n’as pas fait au plus petit, à Moi non plus tu ne l’as pas fait. (Mt 25.40) » Ainsi, après avoir contemplé l’œuvre du Père, découvert l’humilité du Fils, Xavier Dor s’est-il offert à l’Esprit-Saint pour qu’Il le sanctifie dans l’amour et donc la défense des tout-petits. Le Docteur Dor avait compris que les petits enfants ne peuvent avoir de meilleur défenseur que la foi en Dieu. Et en effet : sans l’amour de Dieu, pourquoi aimer son prochain ? Si Dieu n’existe pas, s’il n’y a ni bien ni mal, ni donc de jugement, non plus que de Paradis ou d’Enfer, alors le pire devient possible, aussi acceptable qu’autre chose, puisque tout finit dans la tombe. C’est pourquoi le combat contre l’avortement appartient foncièrement au combat spirituel que mène l’Eglise et auquel chaque chrétien doit donc prendre part. Enfreindre le cinquième commandement : « Tu ne commettras pas de meurtre », ne serait-ce que par un silence complice, atteint Dieu, qui a fait l’homme à Son image, est mort pour lui sur une croix, et lui a fait don de Son Esprit de sainteté. C’est aussi un combat eschatologique, car le meurtre organisé, financé, promu, des tout-petits, nous ramène à l’ère des sacrifices humains qu’avait abolie la foi chrétienne. Alors, oui, le fondateur de SOS-Tout-Petits a été un docteur fidèle au serment d’Hippocrate qu’il avait juré d’observer comme le doit tout médecin digne de ce nom, mais il a voulu plus encore être un saint médecin en inscrivant son action dans la foi et l’amour du Dieu trois fois saint. Ce qui l’a conduit à être aussi prophète en dénonçant les péchés de cette société devenue invivable en proportion de sa haine de Dieu et des crimes qu’elle a le cynisme de présenter comme des progrès. Mais ce qui faisait plus particulièrement souffrir Xavier Dor étaient les compromissions, silences et indifférences du clergé pour cette cause qui devrait tous nous empêcher de dormir…
« Qui n’est pas avec Moi est contre Moi (Mt 12.30) » a averti Jésus. Ne pas être avec Jésus, c’est être avec le Diable, « le père du mensonge, qui est homicide dès l’origine (Jn 8.44) ». L’Evangile de ce jour nous montre les ennemis de Jésus chercher une bonne raison pour couvrir le crime qu’ils projettent, et ce alors même que la résurrection de Lazare leur a donné une preuve si éclatante de Sa divinité. Jésus l’avait annoncé : « Quand bien même un mort ressusciterait, qu’ils ne seront pas convaincus. (Lc 16.31) » Ils osent faire de Jésus un séditieux, comme si Jésus Se promenait entouré d’hommes en armes et prêchait la révolte contre Rome ! Nous connaissons, nous aussi, les fausses bonnes raisons que se donnent les partisans de l’avortement pour justifier leurs crimes… Hier comme aujourd’hui, refuser de donner foi à Jésus transforme en assassin. Voilà qui illustre encore pourquoi le Docteur Dor entendait, comme militant pro-vie, défendre non pas d’abord la vie, mais la foi. On voit en effet tant d’écologistes se battre pour sauver la vie des rats ou des vipères, mais qui ne lèvent pas le petit doigt pour sauver la vie des enfants à naître. Comment seraient-ils encore des êtres humains, et non pas des démons ? Combien le refus de la foi rend aveugle, menteur et assassin. Et comment ne pas évoquer à ce propos la haine, les insultes, les procès, les onze condamnations par la justice républicaine que notre cher Docteur a dû endurer, avec la mansuétude qui le caractérisait, pour avoir défendu la cause si pure de la défense des êtres humains les plus faibles et innocents qui soient ? Tout homme qui brûle de zèle pour la gloire de Dieu est en effet exposé, comme Jésus, aux outrages des méchants, qui haïssent sans raison. Jésus a honoré son Père en ne permettant pas à ses adversaires homicides de se proclamer enfants de Dieu. De même, nous dénonçons l’imposture des partisans du Planning familial prétendant servir la vie et la famille, alors qu’ils en sont les assassins ! Nous rappellerons, à la suite du Dr Dor, que la pilule dite contraceptive a elle-même une fonction abortive, et que la mentalité contraceptive est la première pourvoyeuse d’enfants à éliminer après en avoir fait des risques à éviter. Et elle ne tue pas seulement ces petits enfants sur l’autel des démons de l’impureté ou de l’égoïsme, mais d’abord l’âme de leurs parents et de ceux qui devraient les aider à assumer leurs responsabilités de parents et qui ne le font pas.
Une question difficile que nous n’avons pas pu ne pas nous poser est celle du sort éternel de ces enfants assassinés : le crime qui les a privés de la vie, les prive-t-il aussi de la vision béatifique, à laquelle tout être humain est appelé ? La réponse qu’offraient les limbes n’a pas été retenue dans l’enseignement des derniers pontificats, qui préfère les confier à la miséricorde divine. Il me semble que la réponse se trouve dans le fait que Dieu assumant toutes les étapes de la croissance humaine depuis sa conception a ainsi donné à chaque être humain, quel que soit son âge, de pouvoir jouir de la vision béatifique qui a toujours été la Sienne depuis Sa conception dans le sein de la Vierge. Ainsi, moyennant le désir de baptême que l’Eglise a pour chacun d’eux, nous pouvons espérer que ces petits êtres humains voient la gloire de Dieu. Et nous savons qu’il y a si peu de comparaison possible entre la vie du temps et celle de l’éternité que Jésus nous invite à préférer perdre celle du temps, y compris sur une croix, plutôt que de risquer de perdre celle de l’éternité. Oui, « le Seigneur change le deuil en joie ! (Ps 31.12) »
La foi n’est pas seulement le meilleur rempart pour les plus faibles et innocents d’entre nous, mais elle est le gage du salut que Dieu annonçait par le prophète Ezéchiel dans la première lecture. Aussi nous ne doutons pas que l’action de SOS-Tout-Petits soit féconde en proportion de la foi de ses membres. Et même si nous avons l’impression de prêcher dans le désert, nous continuerons à le faire, parce que nous savons qu’en Jésus, nous sommes déjà les grands vainqueurs : la vie a vaincu la mort ! Pour toujours !
Et puisque nous sommes à la veille d’importantes élections, comment ne pas rappeler que les catholiques ne peuvent pas voter pour un candidat qui transgresse un des principes non-négociables de la loi naturelle, comme l’a fait Emmanuel Macron en ayant fait voter l’allongement du délai légal d’avortement de 12 à 14 semaines, et en voulant faire inscrire le prétendu droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, ce qui lui a ouvert de nouveaux droits à l’excommunication.
Le Dr Dor rappelait souvent que l’ange des tout-petits voit sans cesse la face de Dieu (Mt 18.10). Puisse-t-il maintenant lui-même la contempler, avec tous ceux qu’il a sauvés et sauvera encore, avec notre aide !
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