(Is 62.11-12 ; Ps 96 1-6,11 ; Tt 3.4-7 ; Lc 2.15-20)
Pourquoi Jésus est-Il né ? Il le dit Lui-même à Pilate : « Je ne suis né, et Je ne suis venu dans le monde, que pour ceci : rendre témoignage à la Vérité. Quiconque est de la Vérité, écoute Ma voix. (Jn 18.37) ». Nous célébrons opportunément Sa naissance en ce jour de l’équinoxe d’hiver, parce qu’en ce jour la lumière regagne sur la nuit, et que Jésus est le Sauveur, Celui qui nous délivre de l’empire de Satan. Jésus dit encore de Lui-même qu’Il est « la Lumière du monde. (Jn 8.12) ». Aussi Noël est-il la Fête de la Lumière, autrefois associée d’ailleurs à celle de l’Épiphanie, c’est-à-dire de la Manifestation de Dieu. Lorsque Dieu apparaît les ténèbres s’en vont. C’est encore pourquoi Jésus dit qu’Il est venu apporter la division. En effet, la lumière fait apparaître ce qui était caché, et se fait alors le départage entre ceux qui sont de la Vérité et ceux qui sont du mensonge. « C’est pour un discernement que Je suis venu en ce monde, dit encore Jésus, pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles. (Jn 9.39) ». Joie ! Joie ! Joie ! de la Présence de Dieu parmi nous !
Mais comment Jésus a-t-Il rendu témoignage à la Vérité ? De plusieurs façons : aussi bien, certes, par Son enseignement, que par ce qu’Il est, que par Sa vie. « Qui Me voit, voit le Père. (Jn 14.9) » dit Jésus. C’est donc en regardant Jésus que nous Lui permettrons d’accomplir Sa mission. A l’exemple de Marie qui méditait en son cœur immaculé tout ce qui Le concernait. Dieu vient parmi nous ! Comment ne pas Le regarder, L’observer, et ainsi L’adorer ?
Or, lorsque nous regardons cet enfant couché dans une crèche, que voyons-nous ? Tout le contraire de l’idée de Dieu que l’on pourrait se faire… Un petit enfant… qui ne parle pas… La grande manifestation de Dieu, c’est un petit enfant qui ne dit rien ! Cela nous étonne, mais Elie aussi avait été étonné au Mont Horeb lorsque Dieu S’était manifesté à lui non pas dans un grand ouragan, ni dans un tremblement de terre, ni dans le feu, comme il s’y attendait… mais dans le murmure d’une brise légère (1 R 19.12). L’attribut le plus grand de Dieu, ce n’est pas la puissance, la sagesse ou la beauté, mais la miséricorde, un cœur qui se penche, s’abaisse, jusqu’à ce qu’il y a de plus petit, de plus misérable, pour prendre son fardeau et l’en décharger. C’est cela que vient faire Jésus, et c’est pourquoi Il est si petit, faible, impuissant… C’est ainsi que le silence et l’impuissance de ce petit enfant nous enseignent. Elles nous disent ce que les Prophètes avaient annoncé, à savoir que Dieu nous apporterait ce qui n’était pas encore venu à la pensée des hommes, ce qu’aucune puissance humaine n’aurait pu atteindre. C’est pourquoi saint Paul a pu écrire : « Nous parlons non d’une sagesse de ce monde ni des princes de ce monde, voués à la destruction, mais d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire (…) ce que l’œil n’avait pas vu, ce que l’oreille n’avait pas entendu, ce qui n’était pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment. (1 Co 2.6-9) » Dieu vient donc à Noël dans le dénuement, la pauvreté, la simplicité, l’isolement… et nous conduit ainsi à une conception de Dieu bien éloignée de celle que les hommes se font spontanément de Lui… Ce qu’Il apporte est tout autre chose que ce que le monde désire et estime. La vie divine, que Jésus vient nous offrir, est à l’opposé de ce que le monde recherche, comme la repentance est à l’opposé de ce que le pécheur désire. C’est pourquoi Jésus dira encore que « ce qui est élevé aux yeux des hommes, est objet de dégoût devant Dieu (Lc 16.15) ».
Si Dieu Se fait si pauvre, si petit, si ignorant, c’est donc pour qu’on ne Le confonde pas avec les richesses, les grandeurs ou la science de ce monde. Écoutons Jésus nous dire encore : « Père, Je Te bénis d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits. (Mt 11.25) ». Aux tout-petits… A nous donc de redevenir comme des petits enfants pour entrer dans le Royaume des Cieux (Mc 10.15). N’est-ce pas que Dieu vient naître chez nous pour que nous puissions renaître chez Lui ? Il nous faut renaître, pour tout apprendre à nouveau dans la contemplation de ce Dieu fait tout petit, à l’écoute de l’Esprit qui sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu. Seul en effet, l’Esprit-Saint connaît Dieu et peut nous donner de Le connaître, Lui et les dons gracieux que Dieu nous fait. « Et nous en parlons, dit saint Paul, non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. Car l’homme psychique n’accueille pas ce qui est de l’Esprit de Dieu : c’est folie pour lui et il ne peut le connaître, car c’est spirituellement qu’on en juge. (1 Co 2.10+) ».
En contemplant l’Enfant Jésus dans la pauvre crèche de Bethléem, nous comprenons donc que la vie divine est l’antithèse de « ce monde actuel et mauvais (Ga 1.4) ». Le monde aime la richesse, aussi Jésus S’est fait-Il fait pauvre ; Il n’a pas revendiqué, comme Mahomet, le 1/5e du butin (Coran 8.41 ; 59.6) ! Le monde aime la puissance, aussi Jésus S’est fait-Il fait pauvre ; Il n’a pas demandé, comme Mahomet, à faire la guerre (Coran 2.193 ; 9.29). Le monde aime le savoir, aussi Jésus S’est fait-Il fait pauvre ; Il n’a pas laissé, comme Mahomet, des bibliothèques entières de hadiths dont la débilité fait la honte aujourd’hui de tant de musulmans. Bref, nous comprenons, en contemplant Dieu devenu un petit-enfant, que nous entrerons en Son mystère que si nous visons nous aussi une vie de pauvreté, de silence, d’abandon à Dieu. Les conseils évangéliques que nos sœurs ont choisi de mettre en pratique n’ont d’autre but que de leur permettre d’imiter le Christ plus parfaitement, par un genre de vie semblable au Sien. Mais à chacun de nous, quelle que soit la place où la divine Providence nous a placés, il appartient de vivre de ce même esprit de détachement, de pauvreté, d’obéissance à Dieu. Si demain l’un ou l’une d’entre vous devient Président de la République, il ou elle devra alors exercer cette charge non seulement avec la sagesse et la prudence politique requises, mais encore avec le mépris pour les vanités et les louanges humaines, et dans une intention désintéressée, d’autant plus pure qu’elle sera attentive à la Volonté divine. Être chrétien en certaines situations peut conduire à devoir perdre réputation, profession, relations, comme Jésus a renoncé à Sa gloire, à Sa puissance, à Sa béatitude, pour devenir l’un de nous…
Sachons maintenant accueillir sous les humbles apparences des espèces eucharistiques, Celui qui a faim de notre amour. Et que ce lieu voué aussi au culte à l’Enfant-Jésus dit de Prague nous aide à rayonner la vraie connaissance de Dieu, qui n’est donnée qu’à ceux qui acceptent de devenir eux-aussi, comme de petits enfants.
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