« Je vous le dis de la manière la plus brutale, l’Eglise a trahi Jean-Paul II. Non pas l’Eglise, épouse du Christ. Non pas l’Eglise de notre Credo, car Jean-Paul II était une expression, une voix authentique de l’Église ; non, il s’agit de la pratique pastorale qui a trahi Jean-Paul II. » Ces mots très durs d’un évêque polonais constituent une grave accusation à l’égard de ses confrères de certains pays à l’occasion du Synode extraordinaire sur la famille. La décision de parler de manière aussi claire montre la gravité du combat qui se mène actuellement en vue de la deuxième partie du Synode, puisqu’il faut clarifier désormais des points que l’on pouvait croire acquis au sein de l’Eglise. L’auteur de ces propos est l’archevêque Mgr Henryk Hoser, s’exprimant dans le magazine catholique polonais Niedziela sur la proposition de donner la communion aux catholiques divorcés et « remariés ». LifeSite les rapporte sous la plume de Steve Weatherbe. L’archevêque de Varsovie-Praga, Mgr Henryk Hoser, prévoit une « confrontation » majeure entre évêques fidèles à l’Eglise et à l’enseignement de Jean-Paul II sur la famille et le mariage, et « des délégués de pays qui comptent déjà une majorité de familles pathologiques – des familles brisées, des familles recomposées, avec un petit pourcentage seulement de mariages restés entiers – et où existe la demande de donner aux divorcés l’accès à la Sainte communion ». Lors du Synode extraordinaire en octobre, Mgr Hoser s’était joint aux cardinaux – comme le cardinal Burke – et évêques qui avaient souligné l’impossibilité de retenir la « miséricorde » comme seul critère de jugement face aux homosexuels qui revendiquent leur style de vie et aux divorcés remariés : « Il est faux de présumer que la miséricorde de Dieu serait sans justice, alors qu’il faut commencer par dire que la vie conjugale et la vie de famille doivent être fondée sur la justice. » L’une des raisons invoquées par Mgr Hoser pour expliquer la destruction de la famille est imputable à l’Eglise elle-même, a-t-il déclaré. Elle n’a pas soutenu les familles en mettant en œuvre l’Exhortation apostolique Familiaris consortio donnée par Jean-Paul II en 1981, qui contenait pourtant des indications nettes sur la manière dont les évêques et les pasteurs devaient former et soutenir des familles fidèles : à l’école, lors de la préparation au mariage et au sein de groupes de soutien pour couples déjà mariés, sans compter le « parrainage » des jeunes mariés par des couples ayant une longue expérience du mariage. Des évêques et des prêtres « n’ont pas voulu suivre sa voix », accuse aujourd’hui Mgr Hoser : « Ils ne se sont pas familiarisés avec son enseignement… Tout le monde disait que c’était difficile… Les pasteurs ne l’ont pas partagé parce qu’ils ne l’avaient pas lu. » Une attitude qu’il a reliée à une certaine « rébellion » contre l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité dès le temps de Paul VI. L’Eglise polonaise a enseigné Humanae vitae, a noté Mgr Hoser : « Dans d’autres pays, en raison de la contestation des enseignements de l’Eglise tels qu’ils ont été proclamés par le bienheureux Paul VI, on a mis fin au soin pastoral des familles. » Ce sont les « valeurs mondaines » qui mettent le plaisir sexuel au-dessus de la finalité de la famille qui ont prévalu, a-t-il poursuivi, soulignant que cela est spécialement vrai dans les médias où « toutes les relations personnelles sont érotisées ». L’archevêque, qui a reçu une formation de médecin avant d’embrasser la prêtrise, estime que d’aucuns voudraient voir l’Eglise abandonner son « rôle prophétique », et qu’ils se battront en ce sens lors du prochain synode afin qu’elle accepte la position selon laquelle « le monde est gouverné par la satisfaction sexuelle ».
Derniers commentaires