(Homélie pour le 21e Dimanche du Temps Ordinaire (C) ; Is 66.18-21 ; Ps 116 ; He 12.5-7, 11-13 ; Lc 13.22-30)
Chers frères et sœurs, vous l’avez sans doute remarqué, les lectures de ce dimanche nous rappellent la mission de l’Église, partie de la Jérusalem terrestre (Lc 24.47) pour conduire les élus jusqu’à la Jérusalem éternelle, par un chemin étroit. Si étroit que les juifs ne le voient pas, parce qu’ils veulent voir prophétisé dans notre première lecture, le retour contemporain des Juifs en Israël, « l’Alyah », alors que l’on ne se déplace plus en chariots ou à dos de mulets, et qu’en suite du châtiment prédit par Jésus pour l’incrédulité de leur peuple, le Temple de Jérusalem a été détruit, et que les généalogies sacerdotales et lévitique ont été effacées. Cette prophétie d’Isaïe annonce le salut des « hommes de toute nation et de toute langue », c’est-à-dire l’Église catholique. Catholique signifie « universel ». Le but de l’histoire est que tous les peuples fêtent avec le psalmiste la fidélité et la puissance de l’amour de Dieu Sauveur.
En attendant ce jour de fête éternelle, l’épreuve marque la vie de chacun de multiples façons. L’Épître aux Hébreux y voit un bienveillant châtiment paternel destiné à notre croissance humaine et spirituelle, mais toute épreuve n’est pas nécessairement un châtiment mérité, comme nous le voyons dans la vie du Christ, de Sa mère et des saints. C’est alors qu’il nous faut comprendre que si Dieu permet l’épreuve, parfois comme conséquence du seul péché originel, c’est dans l’espérance que nous saurons y voir l’occasion de Lui témoigner notre amour, car enfin, aimer quand tout va bien, cela est facile, tout le monde peut le prétendre. Ce n’est pas lorsque vous avez de l’argent plein les poches que vous pouvez connaître quels sont vos vrais amis, mais lorsque vous êtes dans la misère… Ainsi Dieu veut nous voir utiliser les difficultés comme autant d’occasions de Lui montrer que nous L’aimons vraiment, c’est à dire pour Lui-même, et non pas seulement pour ce que nous recevons de Lui… Voilà la porte étroite par laquelle il faut passer pour aller au Paradis : être prêt à tout sacrifier pour Son amour.
D’ailleurs, comment aller au Paradis, qui est Dieu même, si le chemin qui y conduit n’est pas l’amour de Dieu ? Et comment cet amour ne serait-il pas absolu si Dieu est infini ? C’est pourquoi celui qui n’aime pas Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute son intelligence, et de toutes ses forces (Mc 12.30), ne pourra pas entrer au Paradis. Puisons nos forces dans la contemplation de la Passion du Christ, que rend présente l’Eucharistie, et dans conscience que par nous-mêmes nous ne méritons rien, sinon l’Enfer. C’est ainsi que « Dieu fait tourner toutes choses au bien de ceux qui L’aiment (Rm 8.28) ».Mais pour ceux que n’arrivent pas à faire fondre de reconnaissance la Passion et la Mort de Jésus, les épreuves deviennent autant de châtiments annonçant et anticipant l’Enfer auquel ils se condamnent en refusant d’aimer Dieu à qui nous devons tout, à commencer par le fait d’être.
Si peu d’entre nous seront sauvés, cela doit-il nous désespérer d’arriver à faire nous-mêmes notre salut ?
Non, car par définition espérer signifie tendre vers un but difficile à atteindre mais cependant accessible. Et accessible ici parce que « Dieu veut que que tous les hommes soient sauvés (1 Tm 2.4) », en sorte que celui qui ne sera pas sauvé, ce sera parce qu’il n’aura pas voulu l’être, et que ne voulant pas l’être il n’aura pas fait ce qu’il faut pour l’être. Mais le but est déjà atteint pour qui l’espère vraiment (Rm 6.1-11 ; Ep 2.6 ; Col 2.12 ; 3.1-4). C’est pourquoi Jésus peut dire à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau, car il a plus à votre Père de vous donner le Royaume des Cieux. (Lc 12.32) », pourvu, évidemment, que vous Lui restiez fidèles jusqu’à la mort (Mc 13.13).
Dieu veut que vous espériez être du nombre des élus, si petit soit-il, qui que vous soyez, quoi que vous ayez fait. « Par Ma vie, oracle du Seigneur, Je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à sa conversion, à ce qu’il change de conduite pour avoir la vie. (Ez 33.11) » Ce qui compte aux yeux de Dieu, ce n’est pas votre passé, ni même votre présent, mais ce que vous désirez être maintenant. Dieu vous commande de croire en Lui maintenant, de L’aimer maintenant, d’espérer Sa miséricorde maintenant. A chacun de désirer le Paradis pour ce qu’il vaut, c’est-à-dire : plus que tout ! Pour saint Ignace de Loyola, le fondement de notre salut est le devoir de « louer le Seigneur, de Le respecter, de Le servir pour finalement être sauvé (Exercices spirituels) ». Il y a donc un rapport entre le nombre de ceux qui louent, respectent et servent Dieu ici-bas, et celui de ceux qui seront sauvés. Or, qui dira que ce dernier nombre, au regard du premier, peut être celui de la majorité ? Sont-ils si nombreux ceux qui reçoivent avec soumission les croix de la vie et savent en profiter ? Sont-ils si nombreux ceux qui donnent à Dieu ce qui Lui est dû, ceux qui L’aiment et Le servent fidèlement, en cherchant à Lui plaire en tout ce qu’ils font ?
S’il n’y a que peu d’élus, ce n’est donc pas dû à quelque arbitraires volonté ou nécessité divines, mais au peu de sérieux avec lequel nous aimons Dieu.
Nombre de catholiques finissent chez le Diable pour s’être laissé voler par lui grâce à leur inadvertance, leurs distractions, leur insouciance, le gage de la vie éternelle qu’ils avaient reçu dans les sacrements de l’Église. Ils auront beau dire : « Nous avons communié en Ta présence… Nous avons écouté Tes enseignements… » que le Maître devra leur répondre : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de Moi, vous tous qui faites le mal ». Vous avez fait le mal parce que vous n’avez pas fait le bien que vous auriez pu faire (Jc 4.17 ; Dt 15.9) », vous avez accepté les compromissions avec le mal, en ne vous opposant pas aux mensonges qui ont conduit mes enfants à l’impureté, à l’apostasie, au désespoir… Vous avez accepté la contraception, l’homosexualité, le remariage civil des adultères, leur participation aux sacrements, l’avortement, la PMA, et jusqu’à l’acclamation de l’Antichrist dans vos églises sous prétexte de dialogue interreligieux… Saint Paul vous avait pourtant avertis : « Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. (1 Co 6.9-10) ».
Tant que nous en avons encore le temps,
luttons chers frères et sœurs,
pour entrer par la porte étroite
que beaucoup cherchent et que peu trouvent.
Bientôt nous ne pourrons plus le faire.
Papes ,évêques et prêtres qui encouragent l’hérésie de l’islam pourront-ils être sauvés ???
Fabien Lange,
Merci de votre message. Pour la réponse à votre question, je vous donne rendez-vous dans la lecture de mon livre “Judas est-il en Enfer ?” qui, si Dieu le veut, va très bientôt sortir de presse. En attendant, permettez-moi de vous offrir ces quelques extraits :
“Beaucoup, aujourd’hui, n’arrivent pas à accepter l’idée du grand nombre de damnés au motif que ce serait un échec pour Dieu d’avoir créé tant d’hommes pour qu’ils finissent en Enfer. Ils ne parviennent pas à concilier l’infinie Bonté de Dieu avec la damnation, et a fortiori si le nombre des damnés est élevé. Mais à partir de quel nombre de damnés Dieu peut-Il être considéré comme méchant ?
Est-il possible de concilier la damnation de beaucoup d’âmes avec la Gloire et la Bonté de Dieu, alors que la damnation d’un seul est déjà trop ?
Cela est possible si nous considérons la grandeur du don que Dieu a fait aux hommes… Un don trop grand pour eux ! Un don qui les rend capables de devenir Dieu (2 P 1.4) ! La grandeur de ce don suffit à attester de la Bonté de Dieu à leur égard, Lui qui ne pouvait pas faire moins que de tout donner, en Se donnant Lui-même ! Que si ensuite les hommes n’apprécient pas ce don et n’en veulent pas, cela n’altère en rien la grandeur du don ni la Bonté de Dieu… De même qu’un suicidé ne saurait remettre en cause la bonté de ses parents, la damnation ne saurait flétrir la Bonté de Dieu ! Une chose est le Don de Dieu, autre chose la façon dont il est reçu. Cette vérité souligne la responsabilité de l’Église et de chaque chrétien à qui incombe le devoir d’annoncer le mystère de la vocation humaine… et le drame de tant d’âmes qui se damnent « parce qu’il n’y a personne qui prie et se sacrifie pour elles (La Vierge Marie à Fatima, le 13 Juillet 1917) »… Les ouvriers sont trop peu nombreux ! Dieu a voulu que de la charité des élus dépende le nombre des sauvés… mais encore la survie du monde. La Justice de Dieu ne détruira pas la terre en effet avant que ne soit complet le nombre des élus (2 P 3.7,10 ; Ap 20.11 ; Gn 6.5+). C’est ce que Dieu enseigne aux Martyrs impatients que Justice soit faite (Ap 6.11). Si le nombre des élus est limité, nécessairement, un jour, la survie du monde dépendra de l’existence d’une seule âme, celle qui sera la dernière à accueillir la Miséricorde divine. Alors se vérifiera non seulement le bien-fondé de la question du Christ : « Quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera t-Il la foi sur la terre ? (Lc 18.8) », mais aussi la valeur d’une seule âme… Connaissance qu’il importe de posséder pour comprendre le mystère de l’Incarnation, de la Rédemption et de l’Enfer.
Nous pouvons encore montrer comment se concilie la damnation de beaucoup avec la Bonté de Dieu en rappelant que la Vierge Marie donne à elle seule plus de gloire à Dieu que tous les Anges et tous les Saints réunis. Un seul élu pèse plus dans la balance de la Gloire divine que l’Enfer tout entier : « Il y a plus de bonheur dans le Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir. (Lc 15.7) ». Saint Jean de la Croix enseigne que le dommage qui résulte de l’imperfection d’une seule âme avancée dans les voies de l’union divine est « plus grand, plus douloureux et plus déplorable que si l’on jetait dans le trouble et si l’on perdait une foule d’âmes vulgaires qui ne sont pas en état de recevoir des émaux si riches et si variés. (La vive flamme d’amour, 3,8, Éditions du Seuil, 1972, p.1002) ». Peu importe que ce soit la Justice ou la Miséricorde divines qui soit glorifiée : puisqu’en elles c’est toujours Dieu qui L’est ! Le jour des Rameaux, Il n’a pas pris l’appareil des rois pour faire Son entrée à Jérusalem, mais le petit d’un âne… Jésus nous a montré ainsi que la Gloire divine n’a que faire des critères de la gloire humaine. Et d’ailleurs, quel nombre d’élus devrait être suffisant ? Et comment Dieu pourrait-Il arrêter de Se donner des élus, si leur nombre importe à Sa gloire ?
Ce n’est pas méconnaître l’honneur dû à l’infinie Majesté et Toute-puissance de Dieu que de pleurer avec Jésus tant d’âmes se refusant à venir à Lui comme des poussins à leur mère (Mt 23.37)… Que Jésus garde les stigmates de Sa passion dans le Ciel ne L’humilie pas : l’Amour trouve Sa gloire en Lui-même, et non en ce qui Lui est ou demeure étranger…
Le petit nombre des Sauvés dans l’Arche de Noé, celui des Hébreux à la suite de Moïse dans les eaux de la Mer Rouge, comme celui du petit nombre des membres du peuple élu dans l’histoire de l’humanité, sont la figure du petit nombre des sauvés purifiés dans les eaux du baptême (1 P. 3.20). La Révélation enseigne sans fard que tous ne seront pas sauvés, et que cela sera même le sort seulement d’un « reste » :« Ainsi parle le Seigneur : Comme un berger sauve de la gueule du lion deux pattes ou un bout d’oreille, ainsi seront sauvés les enfants d’Israël… (Am 3.12) » ; « Il n’y aura qu’un petit nombre de rescapés (Am 6.10) » ; « Sois sans crainte, petit troupeau, il a plu au Père céleste de vous donner le Royaume des Cieux. (Lc 12.32) » ; « Beaucoup sont appelés mais peu sont élus. (Mt 22.14) » ; « Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engouffrent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. (Mt 7.13-14) ». Notre Seigneur envisageait même très sérieusement que personne ne soit sauvé : « Je vous le dis, si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous (Lc 13.3,5) »… S. Paul n’enseigne t-il pas la perte du plus grand nombre lorsqu’il annonce : « Beaucoup, je vous l’ai dit souvent et je le redis aujourd’hui avec larmes, se conduisent en ennemis de la Croix du Christ : leur fin sera la perdition ! (Ph 3.18) » ; « Aujourd’hui, il subsiste un reste, élu par grâce. (Rm 11.5) » Ce qu’il révèle encore ainsi : « Le Seigneur Jésus Se révélera du haut du Ciel, avec les Anges de Sa puissance, au milieu d’une flamme brûlante et tirera vengeance de ceux qui ne connaissent pas Dieu et de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ceux-là seront châtiés d’une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la Gloire de Sa force… (2 Th 1.9) ». Sont-ils donc si nombreux ceux qui connaissent Dieu et obéissent à l’Évangile de notre Seigneur Jésus (Jn 17.3) ? Aujourd’hui comme hier, n’y a-t-il pas qu’un seul des dix lépreux guéris à revenir se jeter aux pieds de Jésus pour recevoir le salut (Lc 17.11-19) ? Les hommes ne préfèrent-ils toujours pas Barabbas à Jésus ? Sont-ils donc rares « ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. […] tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal. (2 Th 1.8-9 ; 2.10-11) » ?
Certains pensent pouvoir refuser aux célèbres expressions « massa damnata » et « massa perditionis » de saint Augustin le sens d’écrasante majorité du genre humain condamnée à la damnation, au motif que le terme « massa » ne désignerait pas « l’idée de nombre, mais l’idée d’origine, plus précisément de substance commune dont les individus, qu’ils soient rares ou nombreux, tirent leur origine » . Mais cet argument ne fait que confirmer la perdition de l’humanité toute entière en raison de la corruption qui affecte la nature humaine suite au péché originel, comme Jésus l’a enseigné par ces mots : « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. (Lc 19.10) ». Saint Augustin ne doutait pas que les hommes sont « voués par nature à la Colère (Ep 2.3) », en sorte que « jadis de ceux-là (ibid.) », les fidèles du Christ sont maintenant sauvés « de la Colère qui vient (1 Th 1.10) » pour tous. Or, si l’on n’est sauvé « que par la grâce […] moyennant la foi. (Ep 2.8) », et si « La foi n’est pas donnée à tous (2 Th 3.2) », parce que tous ne la veulent pas, au vu du nombre de ceux qui la professent en actes et en vérité (Mt 5.13-16 ; 7.22-23 ; Jn 4.23 ; Rm 10.9-10 ; Jc 3.13 ; 1 Jn 3.18), qui osera dire que les élus sont nombreux ?
Saint Ignace de Loyola pose au fondement de notre salut le devoir de « louer le Seigneur Notre Dieu, Le respecter et, en Le servant, finalement, être sauvé (Exercices spirituels, « Principe ou fondement ») ». Il y a donc nécessairement un rapport entre le nombre de ceux qui louent, respectent et servent Dieu ici-bas, et celui de ceux qui seront sauvés. Or, qui dira que ce dernier nombre, au regard du premier, peut être celui de la majorité ? C’est ce que faisait remarquer le grand Bourdaloue (1632- 1704) : « A qui le Salut est-il promis ? A ceux qui se font violence ; à ceux qui se renoncent eux-mêmes et qui portent leur croix ; à ceux qui observent les commandements, surtout les deux commandements les plus essentiels, qui sont l’amour de Dieu et la charité du prochain ; à ceux qui travaillent pour Dieu, qui agissent selon Dieu, qui pratiquent les bonnes œuvres, et font en toutes choses la volonté de Dieu… Voilà le caractère des élus, mais sans cela ils seraient immanquablement des réprouvés. Or y en a-t-il beaucoup, parmi les chrétiens mêmes, à qui ces caractères conviennent ? Là-dessus je renverrais à l’expérience : c’est la preuve la plus sensible et la plus convaincante. Sans juger mal de personne en particulier, ni damner personne, il suffit de jeter les yeux autour de nous, et de parcourir toutes les conditions du monde, pour voir qu’il y en a peu qui fassent quelque chose pour gagner le Ciel ; peu qui sachent profiter des croix de la vie, et qui les reçoivent avec soumission ; peu qui donnent à Dieu ce qui Lui est dû, qui L’aiment véritablement, qui Le servent fidèlement, qui cherchent à Lui plaire en accomplissant Ses saintes volontés ; peu qui s’acquittent envers le prochain des devoirs de la charité, qui en aient dans le cœur les sentiments, et qui dans la pratique en exercent les œuvres… […] Et quel est aussi le langage ordinaire sur la corruption des mœurs ? […] N’entend-on pas dire sans cesse que tout est renversé dans le monde, que le dérèglement y est général, qu’il n’y a ni âge, ni sexe, ni état, qui en soit exempt ; qu’on ne trouve presque nulle part ni religion, ni crainte de Dieu, ni probité, ni droiture, ni bonne foi, ni justice, ni charité, ni honnêteté et ni pudeur… Or, parler de la sorte, n’est-ce pas rendre un témoignage évident du petit nombre des élus ? (Œuvres complètes, Petit nombre des élus, Tours, Cattier, 1864, p.203) ».
La Tradition des Pères a enseigné de façon unanime à la suite de l’Écriture le salut du « petit nombre », ainsi d’Origène, de saint Irénée, de saint Hilaire, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Jean Chrysostome, de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Grégoire le Grand, de saint Anselme et de Saint Thomas d’Aquin, qui explique que l’idée d’un petit nombre de sauvés est conforme à l’ordre des choses : « Le bien, qui est proportionné à la nature, se produit dans la plupart des êtres, et ne manque que dans le petit nombre d’entre eux ; mais le bien qui excède l’état commun de la nature se trouve seulement dans un petit nombre et manque dans le grand nombre. Ainsi la plupart des hommes ont une science suffisante pour le gouvernement de leur vie ; le nombre de ceux à qui cette science fait défaut, et qu’on appelle des idiots, est relativement petit ; mais très petit est le nombre de ceux qui atteigne à une science profonde des choses intellectuelles. Comme donc la béatitude éternelle consistant en la vision de Dieu excède l’état commun de la nature, surtout en ce que celle-ci a été destituée de la grâce par la corruption du péché originel, c’est le petit nombre qui se sauve. Et en cela même la Miséricorde reluit d’un éclat singulier : car elle élève un certain nombre de créatures humaines au salut éternel, alors que la plupart s’y dérobent selon le cours ordinaire des choses et l’inclination de la nature. (ST, I, Q.23, a.7, ad 3) », ceci parce que « Le mal provient de ce que les hommes suivent les biens sensibles, plus à la portée du grand nombre, et délaissent le bien de la raison que peu découvrent. (ST, I, Q.63, a.9, ad 1) »… C’est ainsi que pour saint Thomas d’Aquin, la béatitude éternelle consistant dans la vision de Dieu (ST, I-II, Q. 3, a. 5, sol. 3) qui est hors d’atteinte de notre nature, le petit nombre des sauvés confirme le caractère proprement miraculeux du salut…
Le Docteur commun fait encore remarquer que la grâce étant le germe de la gloire et la gloire l’épanouissement de la grâce, vivre sans la grâce c’est nécessairement se condamner à être privé de la gloire. Or, combien de chrétiens vivent en état de grâce ? Combien donc peuvent hériter du salut ? Ils restent étrangers à la Grâce et ils recevraient la Vie divine ? Ils arriveraient au but sans prendre le chemin qui y conduit ? Ils récolteraient ce qu’ils n’ont pas semé ? Est-ce qu’enseigne l’Évangile (Mt 25.1-30) ? N’est-ce pas blasphématoire de prétendre que l’on puisse être sauvé en méprisant Jésus-Christ et ses commandements ? « Vous vous étonnez que de cent mille chrétiens, il n’y en ait pas dix de sauvés ? Et moi, au contraire, plus je considère la chose, plus je m’étonne que de cent mille, il y en ait même trois de sauvés. (S. Claude de la Colombière, Migne, Orateurs sacrés, t.VII, col.1591) »… Notre Seigneur Se plaignait de cela à sainte Faustine : « Ma fille, laisse-Moi te dire qu’il n’y a que peu d’âmes dans le monde qui M’aiment vraiment. » … Charles de Foucauld répond à ceux qui veulent croire que tous les hommes peuvent se sauver quelle que soit leur religion, au motif que l’ignorance excuse : « Oui, hors la foi, point de salut. A la vérité, on peut se sauver en croyant en Vous de foi implicite, et en étant dans l’Église de vœu seulement, mais ceci ne suffit que chez ceux qui sont dans l’ignorance invincible de Vous et de votre Église. […] Mais qui dira le coin du monde où le nom de Chrétien n’est pas connu ? Qui dira si en entendant ce nom, l’âme du sauvage, du musulman n’a pas reçu de Dieu une grâce, une bonne inspiration et que, s’il reste dans sa fausse religion, c’est non ignorance invincible, mais infidélité à la grâce dont il n’a pas suivi l’appel ? […] C’est que Vous les aimez ces âmes créées à votre image, sorties de la main de votre Père ; et le moyen presque unique pour elles de se sauver est de devenir chrétien catholique (car au bout de peu de siècles le christianisme était tellement prêché partout, que l’ignorance invincible de la Révélation, est depuis lors presque impossible ; et d’ailleurs, même s’il y avait ignorance invincible, il serait bien difficile de se sauver sans tous les secours que donne l’Église, quand nous voyons qu’avec ces secours cela est déjà si laborieux. […] Le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer ceux qui, avertis de ce qu’ils doivent au Fils, ne Lui rendent pas les devoirs qui Lui sont dus. Et c’est une des causes pour lesquelles « hors de la foi, hors de l’Église, il n’y a pas de salut », c’est que le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer et recevoir comme siens ceux qui, avertis de ce qu’est le Fils, appelés à Lui par la grâce du Père et par ses envoyés, ont trop de mauvaise volonté, d’indifférence ou de lâcheté pour reconnaître le Fils pour ce qu’Il est et Lui rendre les devoirs et l’amour qu’ils Lui doivent : Le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer de tels hommes. (En vue de Dieu seul, Nouvelle Cité, 1973, pp.178-192, n°75,76,86) ». Le Magistère de l’Église a toujours condamné « l’indifférentisme, cette opinion funeste répandue partout par la fourbe des méchants, [selon laquelle] on peut, par une profession de foi quelconque, obtenir le salut éternel de l’âme, pourvu qu’on ait des mœurs conformes à la justice et à la probité. L’Apôtre nous en avertit : ‘Il n’y a qu’un Dieu, qu’une foi, qu’un baptême (Ep 4.5)’ ; qu’ils tremblent donc ceux qui s’imaginent que toute religion conduit par une voie facile au port de la félicité ; qu’ils réfléchissent sérieusement sur le témoignage du Sauveur lui-même : « qu’ils sont contre le Christ dès lors qu’ils ne sont pas avec le Christ (Lc 21.23) » ; qu’ils dissipent misérablement par là même qu’ils n’amassent point avec Lui, et que par conséquent, ils périront éternellement […] Ah ! « Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! » disait saint Augustin. (Grégoire XVI, Mirari vos) » ; « Il s’en trouve beaucoup aujourd’hui pour oser enseigner que le meilleur régime politique et le progrès de la vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la Religion que si elle n’existait pas, ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions. (Pie IX, Quanta cura, n°5) »…
« La foi nous enseigne que
beaucoup d’âmes seront damnées,
comme le furent les anges qui, par orgueil, tombèrent du Ciel
et sont maintenant des démons ;
Beaucoup d’hommes sur la terre,
meurent en dehors du giron de l’Église,
c’est-à-dire en païens,
et beaucoup aussi, parmi les baptisés, ne vivent pas en chrétiens
et ne meurent pas en union avec Dieu.
Tous ceux-là sont condamnés au feu éternel,
comme la sainte Église enseigne à le croire.
(Sainte Julienne de Norwich,
in Georges Huber, Le cours des événements, hasard ou providence, Téqui, 2001, p.181) »
Les récents Messages de la Mère de Dieu se font l’écho de cet enseignement du Magistère : « Le monde actuel blesse le Très Saint Cœur de Notre-Seigneur par ses ingratitudes et ses injures. Beaucoup d’hommes en ce monde affligent le Seigneur. Je souhaite des âmes pour Le consoler. Pour adoucir la Colère du Père Céleste, je souhaite, avec mon Fils, des âmes qui réparent, par leur souffrance et leur pauvreté, pour les pécheurs et les ingrats. Pour faire connaître au monde Sa colère, le Père Céleste S’apprête à infliger un grand châtiment à l’humanité entière. Avec mon Fils, je suis intervenue tant de fois pour apaiser le Courroux du Père. J’ai empêché la venue de calamités en Lui offrant les Souffrances du Fils sur la Croix, Son précieux Sang, les âmes bien-aimées qui Le consolent et forment la cohorte des âmes victimes. Prière, pénitence et sacrifices courageux peuvent adoucir la Colère du Père. […] L’action du diable s’infiltrera même dans l’Église, de sorte qu’on verra des cardinaux s’opposer à des cardinaux, des évêques contre d’autres évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus par leurs confrères, les églises, les autels saccagés. L’Église sera pleine de ceux qui acceptent les compromis et le démon poussera beaucoup de prêtres et de consacrés à quitter le service du Seigneur. Le démon s’acharne surtout contre les âmes consacrées à Dieu. La perspective de la perte de nombreuses âmes est la cause de ma tristesse. Si les péchés croissent en nombre et en gravité, il n’y aura plus de pardon pour ceux-ci. (Notre Dame à Akita, 1973) »