Saint Jean de la Croix
Avis et Maximes
Le religieux qui veut arriver promptement au saint recueillement, au silence spirituel, au détachement, à la pauvreté d’esprit, à cet état où l’on goûte le rafraîchissement pacifique de l’Esprit-Saint, où l’âme parvient à s’unir à Dieu, se délivre de tous les obstacles qui lui viennent des créatures d’ici-bas, se garde des ruses et des perfidies du démon, enfin se surmonte elle-même, ce religieux, dis-je, doit nécessairement mettre en pratique les conseils suivants. S’il apporte une application ordinaire à ne point manquer par sa faute aux obligations de son état, il pourra, sans même rien faire de plus ni accomplir d’autres exercices, parvenir très promptement à une haute perfection, car il acquerra toutes les vertus à la fois et jouira d’une sainte paix. Pour cela, il faut remarquer tout d’abord que tous les dangers que court une âme viennent de ses trois ennemis qui sont le monde, le démon et la chair. Le monde est l’ennemi le moins difficile à vaincre; le démon est l’ennemi le plus difficile à découvrir; la chair est un ennemi plus tenace que les deux autres, et ses attaques durent autant que le vieil homme. Pour vaincre l’un de ses ennemis, il faut les vaincre tous les trois; si l’un est affaibli, tous les trois le sont; et si tous les trois sont vaincus, l’âme n’a plus de lutte à soutenir.
Derniers commentaires