La Somme contre les Gentils (Summa contra Gentiles, abrégée en CG) ou Livre sur la vérité de la foi catholique contre les erreurs des infidèles est un traité théologique et philosophique de saint Thomas d’Aquin (1224 ou 1225-1274), écrit entre 1258 et 1265.
Dans la Somme contre les Gentils, Thomas d’Aquin entreprend de réfuter les erreurs des philosophes païens de l’Antiquité, mais aussi celles des religions non chrétiennes. Pour cela, il cherche à démontrer par la raison naturelle, universellement partagée entre les hommes, la plus grande partie possible des vérités de la foi chrétienne, et à défendre rationnellement ce qui dans la foi ne peut être prouvé par la raison :
« S’en prendre aux erreurs de chacun est difficile, pour deux raisons. Premièrement, parce que nous ne connaissons pas à ce point les affirmations sacrilèges de tous ceux qui ont erré, que nous puissions en tirer des raisons pour réfuter leurs erreurs. […] Deuxièmement, parce que certains d’entre eux, comme les Mahométans et les païens, ne sont pas d’accord avec nous sur l’autorité d’une Écriture, grâce à laquelle on pourrait les confondre, de la même manière que nous pouvons discuter avec les Juifs, à partir de l’Ancien Testament, et avec les hérétiques, à partir du Nouveau. Mais ceux-là ne reconnaissent ni l’un ni l’autre. Il faut donc recourir à la raison naturelle, à laquelle tous sont contraints de donner leur assentiment. »
Historiquement, Thomas d’Aquin répond en fait à deux menaces qui pèsent sur la chrétienté au XIIe siècle :
Menace ad-intra : les cathares (du grec katharós : « pur ») manichéens (existence de deux dieux équivalents, principes du bien et du mal) et les docètes (doceo : sembler, paraître) pour qui le Christ n’était pas vraiment homme.
St Thomas affirmera :
- contre le manichéisme, que le monde est bon.
- contre le docétisme, que le Christ est vraiment homme.
Menace ad-extra : Les musulmans et les barbares attaquent de tous côtés l’Empire chrétien. Ni les uns ni les autres ne connaissent la Vérité révélée. St Thomas s’en préoccupera : il lira le Coran et les grands philosophes du monde arabo-persique (Averoes, Avicenne) afin de les réfuter.
En réponse à leurs menaces, St Thomas élabore la tactique suivante, exposée dans la Somme contre les gentils : recherche d’un lieu commun pour convertir les Gentils (les païens). Ce qui est commun entre tous les hommes, leur communauté de nature, c’est la ratio naturalis, la raison naturelle. Mais ce recours est toutefois insuffisant s’il ne va pas jusqu’à présenter la Révélation (partie IV).
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