Loué soit “Jésus, qui nous délivre de la Colère qui vient ! (1 Th 1.10)”
Je voudrais aujourd’hui vous présenter une hérésie qui se répand du haut en bas de l’Eglise à la vitesse grand V. Elle prétend rendre compte de la façon dont peuvent être sauvés ceux qui ne connaissent pas Jésus, mais finalement, elle concerne le salut des chrétiens eux-mêmes, car il n’y a pas de raison que les chrétiens soient privés d’une rencontre avec Jésus leur offrant dans la mort son salut éternel ! Je vais me servir pour cela de la prédication du père Daniel-Ange, donnée au Couvent Saint Antoine des Franciscains à BRUXELLES au mois de novembre 2022. Je commenterai ensuite, pas à pas, l’extrait que voici :
Père Daniel-Ange : C’est l’objet de mon dernier livre, le Samedi Saint, nous y sommes, un livre très, très important. C’est la descente du Christ aux enfers le Samedi Saint. Et je résume en quelques mots. C’est éclairé par la parole de Jésus, ceux qui sont dans les tombeaux, qui sont mort, donc, ils entendront la voix du Fils de l’homme. Tout homme car tous vont dans le tombeau. Pas juste les pratiquants, les fervents, les cathos, tout ce que vous voulez, tout homme à la mort vie une rencontre personnelle avec Jésus. Quel que soit sa culture, sa nation, son époque, sa religion, tous parce que Dieu veut que tous, tous, t,o,u,s, soient sauvés. Et donc ces milliards de gens qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, ces milliards 300 millions de musulmans dont la plupart ont jamais entendu parler de Jésus ou juste comme un homme historique un peu bizarroïde et puis c’est tout. Ces millions, milliards de chinois, est-ce qu’on peut dire : Ils vont tous en enfer ? Tout de même… Le projet de Dieu ne peut pas mentir ; donc la seule solution c’est cette rencontre personnelle avec Jésus offrant son Royaume. Est-ce que tu veux bien être avec moi toujours dans mon Royaume de lumière, de bonheur ? Tu es libre, je te laisse libre, voilà. Ah, vous allez me dire : Pourquoi évangéliser ? Eh bien, parce que c’est tellement triste de vivre toute une existence terrestre sans jamais connaître, aimer Jésus et préparer l’instant de notre passage. C’est tellement triste qu’on veut offrir ce bonheur à tout homme, mais sans désespérer, vous voyez. Et je termine cette chose impressionnante : quand le premier pape, dans sa première encyclique, nous parle de cette descente de Jésus aux enfers. Aux enfers, c’est pas l’enfer, c’est le shéol, c’est le purgatoire, disons. C’est aux rebelles, aux rebelles, à ceux qui au temps de Noé ont refusé d’entrer dans l’arche, aux rebels, aux révoltés qui aujourd’hui refusent d’entrer dans l’arche de l’Église. C’est eux, que Jésus le samedi saint et c’est perpétuelle jusqu’à la parousie va rejoindre, pour que même les rebelles, les révoltés, entrent au Ciel. Ça c’est une, je vous annonce une chose extraordinaire qui faut crier partout, sinon on va être désespéré en voyant des athées partir à la mort brutalement sans préparation etc. Et donc préparons un chant avant de passer à, et il y a le pape François vient de dire à peu près la même chose, dont je crois pas qu’il est lu mon livre, enfin on ne sait jamais mais il vient de dire : Chers frères et soeurs dans le Christ, personne ne peut jamais vraiment nous séparer de ce que nous aimons parce que le lien est un lien existentiel. Seul la manière d’être ensemble avec chacun d’entre nous change mais rien ni personne ne peut briser ce lien. Alors on lui pose la question : Mais alors les apostats, les persécuteurs qui ont renié leur baptême : est-ce que ceux-là sont à la maison ? Oui répond le pape, tous : les blasphémateurs tout autant qu’ils sont, c’est la communion des saints etc. Et donc, ça donne une espérance formidable, formidable.
Le père Daniel-Ange reprend ici une hérésie enseignée par le père Edouard-Marie Gallez, selon laquelle les non-chrétiens trouvent le salut dans la mort en raison du fait que Jésus y serait encore pour le leur proposer, après y être descendu le samedi saint. Or, non seulement une fois mort, on ne peut plus se sauver, raison pour laquelle Jésus nous demande de vivre en état de grâce : « Veillez donc, dit-Il, car vous ne savez pas quand viendra le maître de la maison, le soir, à minuit, au chant du coq, ou le matin, de peur que, venant à l’improviste, il ne vous trouve endormis. Ce que Je vous dis là, Je le dis à tous : Veillez ! (Mc 13.33-37) » Ces paroles n’auraient évidemment aucun sens s’il était encore possible de faire son salut une fois mort ! Mais le Credo nous fait encore professer que le Christ est ressuscité des morts, c’est-à-dire que Son âme, unie à Son corps, est sortie du séjour des morts et ne s’y trouve donc plus pour soi-disant proposer le salut à qui en veut ! Qu’est donc allé faire Jésus au séjour des morts le Samedi Saint ? Le Catéchisme l’enseigne : Jésus est descendu au séjour des morts non pour y prêcher l’appel à la conversion, « non pour y délivrer les damnés » dit le Catéchisme (CEC n°633), mais pour y annoncer aux « justes qui L’y avaient précédé (ibid.) » la bonne nouvelle de leur Rédemption qu’Il venait de réaliser. Cette Bonne Nouvelle, les justes parmi eux l’avaient espérée durant leur vie terrestre, et cela avait précisément fait d’eux des justes. Et tandis donc que Jésus leur ouvrait le Paradis (cf. Lc 23.43), Il créait l’Enfer éternel pour les autres, ceux qui n’avaient pas aimé la vérité plus que le mensonge, la justice plus que l’injustice, Dieu plus qu’eux-mêmes. Mais encore, sanctifiant par Sa présence le séjour des morts, Jésus en a fait le lieu de purification ultime pour les âmes assurées de leur salut mais encore imparfaitement purifiées à l’heure de leur mort, lieu que l’on appelle « Purgatoire ». Jésus a donc vidé les enfers le samedi saint, en sorte que n’existant plus, ils ont laissé place au Paradis, au Purgatoire et à l’Enfer. Voilà ce que Jésus a fait le Samedi Saint. En aucun cas, la mort n’est un temps de possible conversion. La parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare le montre d’ailleurs fort bien.
Il faut comprendre que, de même que la mission terrestre de Jésus était limitée aux brebis perdues d’Israël (Mt 15.24), Sa mission aux enfers a eu des limites : celles imposées par Sa résurrection. Pas plus que Jésus ne continue à évangéliser les Juifs au Temple de Jérusalem, ou la Samaritaine au bord du puits de Jacob, Il ne continue Sa mission auprès des défunts ! Par Sa descente au séjour des morts, Jésus a fait parvenir Son salut aux âmes d’avant le temps de Sa venue. Il n’a oublié personne. Mais cette annonce est maintenant terminée, car désormais, enseigne le Catéchisme, chacun reçoit « dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du Ciel, soit pour se damner immédiatement et pour toujours (CEC n°1021-1022) ». Immédiatement et pour toujours. Dès sa mort. C’est clair ! L’Église n’a jamais enseigné un séjour illimité de Jésus dans la mort pour y offrir à tous le salut. C’est là une très dangereuse hérésie comme je vais le montrer.
Premier extrait
Père Daniel-Ange : Et je résume en quelques mots. C’est éclairé par la parole de Jésus. Ceux qui sont dans les tombeaux, qui sont mort, ils entendront la voix du Fils de l’homme. Tout homme, car tous vont dans le tombeau.
Cette parole de Jésus, tirée du chapitre 5 de l’Evangile selon saint Jean, annonce que tous les morts ressusciteront à la fin du monde, lorsque Jésus ouvrira les assises du Jugement dernier. Il ne s’agit donc pas du jugement particulier de chacun à l’heure de sa mort. Le père Daniel-Ange fait là preuve de confusion : le jugement dernier n’est pas le jugement particulier. Pourquoi tout n’est-il pas réglé avec le jugement particulier, vous demandez-vous peut-être ? Eh bien tout simplement parce que les conséquences de nos actes ne peuvent être toutes connues à l’heure de notre mort. Par exemple, le mal qu’a fait Hitler continue à se répandre, aussi faut-il attendre la fin du monde pour en établir la mesure complète.
Deuxième extrait
Père Daniel-Ange : Pas juste les pratiquants, les fervents, les cathos, tout ce que vous voulez. Tout homme, à la mort vie une rencontre personnelle avec Jésus.
Oui, à la mort tout homme vit une rencontre personnelle avec Jésus, mais avec Jésus juge, comme l’enseigne le Catéchisme : « La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine. » C’est donc bien clair : on ne peut plus choisir la grâce du salut. Le Catéchisme poursuit : « C’est alors la rétribution immédiate pour chacun en fonction de ses œuvres et de sa foi. (…) Chacun reçoit alors dans son âme immortelle sa rétribution éternelle en un jugement particulier, soit pour entrer immédiatement au Purgatoire, soit pour entrer immédiatement au Paradis, soit pour se damner immédiatement pour toujours. (Cf. CEC 1021-1022) »
Troisième extrait
Père Daniel-Ange : Quelle que soit sa culture, sa nation, son époque, sa religion, tous, parce que Dieu veut que tous, tous, t.o.u.s soient sauvés.
Oui, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, mais soient sauvés pendant la vie qu’Il leur donne ici-bas, car il n’y en a pas d’autre. Après cette vie, c’est la vie éternelle. Il n’y a pas une autre vie qui prolongerait celle-ci et pendant laquelle il serait encore possible de faire son salut. Comme le dit saint Paul : « Au temps favorable je t’ai exaucé, Au jour du salut je t’ai secouru. Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. (2 Co 6.2) »C’est pourquoi il demande : « Faites votre salut avec crainte et tremblement. (Ph 2.12) »Mais qui fera son salut avec crainte et tremblement s’il peut encore le faire dans la mort ?
Quatrième extrait
Père Daniel-Ange : Et donc ces milliards de gens qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, ces milliards 300 millions de musulmans dont la plupart n’ont jamais entendu parler de Jésus ou juste comme un homme historique un peu bizarroïde et puis c’est tout ; ces millions, milliards, de chinois ; est-ce qu’on peut dire ? : Ils vont tous en enfer. Tout de même ! Le projet de Dieu ne peut pas mentir ! Donc, La seule solution ! c’est cette rencontre personnelle avec Jésus offrant Son Royaume. Est-ce que tu veux bien être avec moi toujours dans mon Royaume de lumière, de bonheur ? Tu es libre, je te laisse libre, voilà.
Bien sûr que le projet Dieu ne peut pas mentir, mais il est faux et mensonger d’en déduire que « la seule solution [extrait] » serait une rencontre dans la mort avec Jésus qui donnerait alors le choix d’aller au Paradis avec Lui. Le Catéchisme de l’Eglise et toute la foi de l’Eglise depuis deux mille ans enseigne le contraire. Remarquons déjà que la damnation de la multitude des âmes – que Jésus a par ailleurs annoncée (Lc 13.24) -, n’est pas en soi plus scandaleuse que celle d’une seule âme. C’est pourquoi aujourd’hui quasiment plus personne n’est capable de dire que Judas est en Enfer (Mt 26.24) – ce que je prouve dans mon ouvrage « Judas est-il en Enfer ? ». En fait, ceux qui refusent de croire à la damnation probable de la multitude des âmes, imaginent que si la multitude est sauvée, alors ils auront plus de chances d’être eux-mêmes sauvés. Or, pensant que leur salut est une affaire de nombre, de quantité, de proportion, ils s’en rendent indignes, puisqu’ils ne fondent pas alors leur salut sur une relation personnelle avec Dieu (Jn 17.3), seule pourtant à même de fonder leur assurance pour ne pas craindre (2 Tm 4.8 ; 1 P 5.1). S’ils sont un jour perdus, que leur importera en effet le nombre des élus ?! Pourquoi les vierges folles ne purent-elles pas entrer dans la salle des noces ? Parce qu’elles n’avaient pas acquis cette connaissance amoureuse, personnelle, de Dieu, figurée par l’huile absente de leurs lampes. Si les vierges sages ne purent pas partager la leur avec elles, c’est bien parce que cette connaissance est précisément et éminemment personnelle. Le défaut de relation personnelle et amoureuse avec Dieu est précisément la raison pour laquelle, à l’heure de leur mort, les damnés entendent Jésus leur dire : « Je ne vous connais pas (Mt 25.1-12 ; Lc 17.34-35 ; Jn 17.3) ». Ceux donc qui désespèrent de leur salut parce que peu seront sauvés (Lc 13.24), me font penser à ces hypocrites et ces lâches qui se faufilent incognito dans les foules anonymes pour accéder là où ils n’oseraient aller seul et à découvert … Or, comme le dit la parabole, Dieu n’entretient pas de relation avec des êtres impersonnels.
Cinquième extrait
Père Daniel-Ange : : Ces millions, ces milliards de Chinois, est-ce qu’on peut dire : Ils vont tous en Enfer ? Tout de même !
Bref, le père Daniel-Ange devrait se dire qu’il n’est sûrement pas le premier dans l’Eglise à se poser la question du salut des païens, et se rappeler l’enseignement de l’Eglise à ce sujet, pour pouvoir l’enseigner à son tour, comme c’est son devoir. Et quel est cet enseignement, sinon celui du Christ, qui a proclamé salutaire l’observation de la loi naturelle ? C’est pourquoi Il dit au jeune homme riche : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements : Tu ne commettras point de meurtre ; Tu ne commettras point d’adultère ; Tu ne voleras point ; Tu ne mentiras point ; Honore ton père et ta mère. (Mt 19.17) » A sa suite le bienheureux pape Pie IX professe : « Ceux qui souffrent d’une ignorance invincible [« invincible », c’est-à-dire « non-coupable » … car il y a des ignorances coupables] Ceux [donc] qui souffrent d’une ignorance invincible concernant notre très sainte religion, mais observent avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous [de tous…], et qui sont disposés à obéir à Dieu, et mènent ainsi une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle ; car Dieu (…) ne permet pas que quelqu’un soit puni des supplices éternels sans être coupable de quelque faute volontaire. (Quanto conficiamur moerore, DZ 2866) » Le concile Vatican II ne dit pas autre chose : « Ceux qui, sans faute de leur part, [sans faute de leur part], ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et, sous l’influence de Sa grâce, s’efforcent d’agir de façon à accomplir Sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel. (LG 16) » En conséquence, l’observation de la loi naturelle, pour les païens comme pour les chrétiens, possède une valeur salvifique, et est un moyen obligatoire de salut. C’est ainsi qu’au dernier jour, bien que n’ayant pas connu Jésus-Christ, les païens seront jugés sur leur relation avec leur prochain, car le Christ considère comme fait à Lui-même ce que nous faisons à autrui, tant Il aime chacun d’entre nous. C’est ce qu’il enseigne par exemple au chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu (cf. Mt 25.31-46). Prétendre qu’il y aurait une nécessité pour qui n’a pas connu Jésus sur terre à Le rencontrer dans la mort, comme si sa vie n’avait servi à rien, est donc une imposture, une horrible hérésie ! « Du jugement dont vous jugez on vous jugera, dit le Christ, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. (Mt 7.2) » Ainsi, tout homme se juge lui-même durant sa vie terrestre, en fonction de son rapport à la vérité, qu’il est tenu de chercher (Humanae dignitatis n°1), et en fonction de son rapport au prochain, qu’il est tenu d’aimer, pour l’amour de Dieu, c’est-à-dire comme Jésus nous a aimés (Lc 18.9 ; 1 Jn 3.18-19).
Sixième extrait
Père Daniel-Ange : Pourquoi évangéliser ? Eh bien, parce que c’est tellement triste de vivre toute une existence terrestre sans jamais connaître, aimer Jésus et préparer l’instant de notre passage. C’est tellement triste qu’on veut offrir ce bonheur à tout homme …
Le père Daniel-Ange tente maintenant de justifier le devoir missionnaire de l’Eglise à l’aune de l’hérésie du salut dans la mort. Pas facile ! Car, à quoi bon tout quitter pour aller évangéliser les terres lointaines – comme l’ont fait depuis deux mille ans les Apôtres et les missionnaires -, si les gens trouvent le salut dans leur mort ? A quoi bon les souffrances des martyrs ? A quoi bon faire pénitence (Mt 13,15 ; 18.3 ; Ac 3.19 ; 26.20 ; 1 Th 1.9), et finalement, même, cesser de pécher ? La réponse que donne le père Daniel-Ange est que la vie est plus heureuse ici-bas lorsque l’on connaît Jésus… Or, outre qu’il n’est pas sûr que nombre de martyrs auraient souffert ce qu’ils ont souffert s’ils avaient su qu’ils pouvaient s’en tirer à meilleurs frais, l’Evangile n’a jamais été une formule pour bien vivre ici-bas, mais il est l’appel à la conversion pour recevoir le pardon des péchés et le don du Saint-Esprit (Mc 3.29 ; Lc 24.47 ; Ac 2.38 ; 5.31-32 ; 10.43-44 ; 26.18). On est bien loin du sentimentalisme, et du confort psychologique ! Quant à dire que la connaissance du Christ permettrait de « préparer l’instant de notre passage », il faut reconnaître que d’autres le préparent sans être chrétiens, et d’ailleurs, à quoi bon cette préparation, si pour « tous, quelle que soit sa culture, sa nation, son époque, sa religion », il sera encore temps de faire le choix définitif dans la mort ?
Septième extrait
Père Daniel-Ange : Je termine cette chose impressionnante. Quand le premier pape dans sa première encyclique nous parle de cette descente de Jésus aux enfers. (1 P 3.19) Aux enfers, c’est pas l’Enfer : c’est le shéol, c’est le purgatoire disons. C’est aux rebelles, aux rebelles, à ceux qui au temps de Noé ont refusé d’enter dans l’arche. Aux rebelles, aux révoltés, qui aujourd’hui refusent d’entrer dans l’arche de l’Église. C’est eux que Jésus le samedi saint [va chercher] et c’est perpétuel … jusqu’à la parousie [Il] va [les] rejoindre.
Le père Daniel-Ange extrapole un événement de l’histoire humaine du Christ : sa descente au séjour des morts du vendredi saint au soir jusqu’au petit matin du dimanche, pour en faire un événement extratemporel, c’est-à-dire un mythe. Comme je l’ai expliqué, Jésus est ressuscité et n’est donc plus au séjour des morts, qui n’existe plus depuis que Jésus a ouvert les portes du Paradis, et celles de l’Enfer pour les rebelles qui meurent en état de péché mortel, et celles du Purgatoire pour ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés.
Huitième extrait
Père Daniel-Ange : Pour que même les rebelles, les révoltés, entrent au Ciel ! Ça, c’est une chose extraordinaire que je vous annonce et qu’il faut crier partout !
Ce n’est pas beau ça ? Plus besoin de conversion en cette vie ! Même sans pénitence, les pécheurs vont au Paradis ! C’est sûr qu’un tel évangile ne peut que rencontrer du succès ! Continuez donc à pécher, braves gens, c’est le Diable qui régale, et s’occupe de tout ! Non, nous n’avons pas besoin d’un évangile extraordinaire. Celui que nous avons reçu nous suffit. Saint Paul nous a mis en garde contre les annonces extraordinaires : « Si nous-même, si même un ange venu du Ciel vous annonçait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit maudit ! Nous vous l’avons déjà dit, et je le répète : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit ! (Ga 1.8-9) »
Neuvième extrait
Père Daniel-Ange : Sinon nous allons être désespérés en voyant des athées partir à la mort, brutalement, sans préparation, etc.
Voilà la raison qui a motivé l’invention de ce nouvel évangile : la damnation des pécheurs … Comme si la perspective de la damnation d’une multitude d’âmes avait été ignorée par Jésus, qui l’a si souvent annoncée, comme par exemple en ces versets : « Beaucoup sont appelés mais peu sont élus. (Mt 22.14) » ; « Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engouffrent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. (Mt 7.13-14) » La Petite Thérèse voyait les âmes tomber en Enfer comme des flocons de neige en hiver ! (Lettre de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte Face à sa sœur Céline, le 14 juillet 1889) Ce n’est pas sans raison que Jésus demande de renoncer à tout et à tous pour Le suivre…
Dixième extrait
Père Daniel-Ange : Et il y a le pape François qui vient de dire à peu près la même chose, pourtant je ne crois pas qu’il ait lu mon livre. Enfin, on ne sait jamais ! Il vient donc de dire : “Chers frères et sœurs dans le Christ, personne ne peut jamais vraiment nous séparer de ceux que nous aimons, parce que le lien est un lien existentiel. Seul la manière d’être ensemble avec chacun d’entre nous change mais rien ni personne ne peut briser ce lien. Alors on lui pose la question : ‘Mais alors, Les apostats ? Les persécuteurs ? Ceux qui ont renié leur baptême ? Est-ce que ceux là sont à la maison ? Oui, répond le pape! Tous ! Les blasphémateurs, tous, autant qu’ils sont ! C’est la communion des saints. etc.
Et donc ça donne une espérance formidable ! Formidable !
Cette espérance n’est pas formidable, elle est démoniaque, car si les apostats, les renégats, les persécuteurs de l’Eglise, les blasphémateurs, sont dans la communauté des croyants, aussi bien sur terre qu’au Ciel, alors, pécher est sans conséquence, la liberté n’existe pas, la foi ne sert à rien, la sainteté est l’équivalent de la scélératesse, et le devoir d’excommunication donné par Jésus à Son Eglise (Mt 18.17 ; Jn 20.21-23) est sans objet ! Certes, que le pape enseigne cela est d’une grande tristesse, mais pour ne pas s’en scandaliser, il faut se rappeler que le Pape n’est pas nécessairement infaillible lorsqu’il ouvre la bouche. Croire que tout le monde ira au Paradis est contraire à la foi catholique (Mt 7.13-14 ; 8.12 ; 13.24-30,36-43 ; 13.47-50 ; 25.46 ; Jn 10.26), et l’enseigner mérite l’Enfer. Si, parce que Dieu est si bon, nous allions tous au Paradis, croyants et non-croyants, saints et pécheurs, quel salut apporterait l’Évangile ? Bien loin de nuire, par une vision dite pessimiste, à la qualité de la vie et de l’apostolat, annoncer que nous allons tous en Enfer si nous ne nous convertissons pas, fait bien plutôt jaillir une source de JOIE ABSOLUE (Jn 15.11 ; 16.22), celle que cherche désespérément l’humanité, et que Jésus lui a donnée par ces mots : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ! (Mt 4.17) » Mais : « Repentez-vous ! ». Car sinon, vous ne pourrez pas entrer dans le Royaume des Cieux… et finirez donc en Enfer !
Bref, s’il est vrai que tout homme peut faire son salut dans la mort, alors :
- L’arbre ne tombe plus du côté où il penche, et Jésus S’est ridiculisé en appelant à veiller pour ne pas être surpris par la mort (Mt 24.36 ; Mc 13.33,35,37). En effet, pour cette théorie, la mort n’arrive jamais de façon inopinée, inattendue, malheureuse.
- Notre Seigneur est un sadique ayant envoyé pendant deux mille ans des missionnaires se faire massacrer pour rien, troubler la tranquillité de foules et de nations entières pour rien (Mt 28.18-19).
- Si le salut s’acquiert dans la mort, alors la vie terrestre perd son sens et sa valeur.
- Le saint et le pécheur se retrouvent au même point, et la justice est bafouée (Lc 13.1-5).
- La liberté humaine, qui ne s’acquiert qu’à travers la répétition d’actes vertueux et méritoires, est ruinée.
- L’âme fait son choix décisif dans la condition des anges, ce qu’elle n’est pas.
- L’unité substantielle de l’être humain composé d’une âme et d’un corps est occultée.
- La mort n’est plus, dans l’ordre naturel, le plus grand mal qui soit, mais est le seul bien véritable qui permet de choisir la vie éternelle !
- Qui serait assez fou pour refuser le Paradis au moment où il n’a aucun autre bien à désirer, mais l’Enfer à éviter ? Quelle peut être la valeur d’un tel choix ?
- Alors que les vivants doivent payer si cher leur salut, quels sacrifices les défunts peuvent-ils offrir ?
- Si le péché ne damne pas, pourquoi préférer se couper la main ou s’arracher les yeux pour l’éviter (Mt 18.8-9) ?
- Quelle est la valeur de la foi qui, à travers les ombres de ce monde, discerne la Présence de Dieu, Le reconnaît en Sa parole, et L’aime jusqu’au don de soi ?
- Si la mort est le temps idéal pour choisir son éternité, quand ce choix sera-t-il réellement définitif ? Ne peut-on pas, là encore, se tromper, regretter et recommencer, ou, dans cette crainte, attendre … indéfiniment ? En vérité, on est soit mort, soit vivant. Il n’y a pas d’état intermédiaire.
- La théorie du salut dans la mort rejette le dogme du jugement particulier, le ramenant au choix que l’âme fait elle-même de sa destinée …
- Si le salut se joue dans la mort, alors il n’y a pas de nécessité à évangéliser, ni même de raison que Jésus Se soit incarné. L’Évangile qui proclame le contraire est donc faux, et l’Église pendant deux mille ans a trompé le monde.
- Comment expliquer que l’Eglise ait enseigné pendant des siècles que mourir en état de péché mortel conduit en Enfer, si son enseignement dogmatique est infaillible ?
- Je rappelle que rejeter un seul dogme, c’est ne plus avoir la foi du tout, car la foi est ce mouvement de confiance par lequel on croit ce que Dieu dit parce que Dieu ne peut ni se tromper ni nous tromper, en sorte que l’on croit tout ce que Dieu dit parce que c’est Dieu qui le dit. Croire à tout ce qu’il dit sauf ne serait-ce qu’à un seul dogme, c’est donc tenir pour vrai ce que Dieu dit non en raison de ce mouvement de confiance, mais parce que la raison humaine le juge crédible, se plaçant ainsi au-dessus de celle de Dieu …
- Jésus ne Se manifestera pas à la fin de la vie en tant que Sauveur, mais en tant que Juge (Mt 25.31-46 ; Lc 12.58-59 ; Jn 5.22 ; 2 Tm 4.8 ; He 12.23 ; Jc 4.12 ; 5.9 ; 1 P 1.17 ; 2.23 ; Ap 19.11). « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier … (CÉC n°1022) » On comprend que cette hérésie ait du succès, car en détruisant le sens véritable de la mort, elle minimise les atteintes au respect de la vie humaine promues par la culture de mort ; et en niant le jugement particulier, elle rend inutile la conversion, et conduit ainsi les âmes en Enfer où les attend le Diable …
Si les gens savaient qu’ils vont en Enfer, ils changeraient de vie !
Bonsoir Père,
Un grand merci pour cet enseignement et ces précisions qui me permettent d’y voir bien plus clair.
Je souhaite, lié à ce sujet des fin dernières, vous poser deux questions, et peut-être y avez vous déjà répondu, mais je n’ai pas trouvé sur votre site :
1) Qu’en est-il des enfants morts suite à une fausse couche, mort-nés ou morts très jeunes ? Ils n’ont pas eu le temps ni les moyens de faire un choix. Qu’en dites-vous ? Quelle espérance ?
2) Les personnes qui sont en enfer ont eu des mères, des pères, peut-être des enfants qui les ont certainement aimés (et qui les aiment peut-être encore plus maintenant). Comment les Saints peuvent-ils vivre au Paradis, en sachant que leur enfant, leur mère, leur père est en enfer ? Comment est-ce supportable et acceptable ?
Merci encore à vous et que Dieu vous garde,
Vincent.
Loué soit l’Immaculée, qui nous a donné Dieu Lui-même !
Merci Vincent de votre merci, et de vos questions auxquelles je réponds :
1) Le Christ est « venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19.10) », tous les hommes étant objet de la sollicitude divine, l’Église donne « le Baptême pour la rémission des péchés même aux petits enfants qui n’ont pas commis de péché personnel (cf. Concile de Trente, DZ 1514 ; CÉC n°403) », car « la peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu. (Innocent III, Lettre Maiores Ecclesiae causas à Humbert, archevêque d’Arles ; DZ 780) » Mais qu’en est-il du sort éternel de ceux qui meurent sans la grâce du baptême mais aussi sans péché personnel ? Cette question a placé la théologie face à ce dilemme : les enfants morts sans baptême (Cf. Jn 3.5 ; Mc 16.16) et sans Eucharistie (Jn 6.53) ne peuvent aller au Paradis, mais comment iraient-ils en Enfer puisqu’ils n’ont commis aucune faute ?
Alors a surgi au XIIIe siècle l’hypothèse des Limbes, terme qui vient du latin limbus, signifiant : marge, frange, et désignant le bord, les limites de l’Enfer, un lieu sans souffrance, mais aussi sans la vision béatifique de Dieu, avec le seul bonheur naturel parfait. Or, comment penser que si le but de la création de l’homme est la participation à la vie divine, ces enfants, déjà privés de la vie et de leur développement humain, puissent être aussi privés, sans faute de leur part, de la participation à la vie trinitaire, qui ne nous est certes pas due, mais que Dieu, en Son infinie bonté, veut accorder à tous (1 Tm 2.3-4) ? Si les limbes ont figuré dans le Catéchisme de saint Pie X en 1904, elles ont disparu dans celui de saint Jean-Paul II en 1992, lequel confie ces enfants « à la miséricorde de Dieu (n°1261) », tandis que le 19 avril 2007 Benoît XVI a approuvé les conclusions de l’étude sur l’« Espérance du salut pour les enfants morts sans baptême », rendue à sa demande par la Commission théologique internationale (CTI), conclusions selon lesquelles l’hypothèse théologique des limbes relève d’« une vision trop restrictive du salut », car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés ».
La CTI a exploré différentes voies pour tenter d’accorder les exigences apparemment contradictoires de l’absolue nécessité du baptême pour le salut, et la volonté divine de salut universel. Parmi celles-ci,
• au n°81 (a), elle fait remarquer que si « la grâce ‘agit invisiblement’ dans les cœurs de tous les hommes de bonne volonté », ceci s’appliquant « directement à ceux qui, ayant l’âge de raison, prennent des décisions responsables », il semble difficile de « nier qu’il soit aussi possible de les appliquer à ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge de raison ». Or, on ne voit pas comment la grâce pourrait agir dans un cœur où la volonté n’est pas encore apparue… C’est ce que fait remarquer Pie XII : « Un acte d’amour peut suffire à l’adulte pour acquérir la grâce sanctifiante et suppléer à l’absence du baptême. Pour celui qui n’est pas né, ou pour le nouveau-né, cette voie n’est pas ouverte. (Discours aux sages-femmes italiennes, 29 octobre 1951) ».
• Cette dernière considération de Pie XII semble devoir encore être présentée lorsque la CTI imagine « la croissance vers le libre arbitre comme un continuum qui se développe vers sa maturité à partir du premier instant de l’existence » en sorte qu’il serait possible « que les tout-petits soient effectivement capables d’exercer une certaine forme rudimentaire de votum [vœu], par analogie avec celui des adultes non baptisés », et de faire remarquer que « certains psychologues et neurologues modernes sont convaincus que l’enfant dans le sein de sa mère est déjà en un certain sens conscient, et qu’il a un certain usage de sa liberté (note 260) ». Cependant, puisque Dieu a assumé toutes les étapes de la vie embryonnaire et enfantine, aucune d’elles n’empêche d’être uni au Christ, qui, à l’âge correspondant, jouissait en Son âme de la vision béatifique, infiniment plus désirable que la vie humainement ici-bas la plus réussie… Dieu étant le même, hier, aujourd’hui, et pour l’éternité, qu’on Lui soit uni à la première ou à la dernière heure, c’est toujours Lui seul qui compte.
• Au n°85 (a), elle établit un parallèle entre la mort de ces enfants et celle du Christ : « Nous pouvons discerner de façon générale, dans ces enfants qui souffrent et qui meurent, une conformité salvifique au Christ en Sa propre mort ; la souffrance et la mort de ces petits enfants fait d’eux ses compagnons. Sur la croix, le Christ Lui-même a porté le poids du péché et de la mort de toute l’humanité, de sorte que toute souffrance et toute mort est une lutte avec son propre ennemi, une participation à son propre combat, où nous le trouvons à nos côtés. » Or, s’il suffit de souffrir et de mourir pour être sauvé, qui ne le sera pas ? L’ennemi du Christ sur la Croix n’était pas la souffrance, ou la mort, mais le péché. La souffrance et la mort ne sont pas le péché. C’est aux n°94 à 99 que la CTI me semble toucher au but recherché, lorsqu’elle évoque le rôle de l’Église, dans la foi de laquelle les petits enfants sont baptisés. Ce que pour ma part je présenterais comme ceci :
Le baptême peut être donné sous trois modes différents :
1) Le baptême d’eau, qui est la forme ordinaire ;
2) Le baptême de sang, que reçoivent les catéchumènes donnant leur vie par fidélité au Christ avant même d’avoir pu recevoir le baptême d’eau qu’ils avaient demandé ;
3) Le baptême de désir, que reçoivent ceux qui meurent avant d’avoir reçu le baptême d’eau, qu’ils avaient soit explicitement demandé, soit désiré, ne fut-ce qu’implicitement.
Or, si les parents donnent le salut à leurs enfants par le baptême d’eau, on ne voit pas qu’ils ne puissent pas le donner aussi par le baptême de désir. Et si c’est un devoir pour tout catholique de baptiser un enfant en danger de mort, même contre la volonté de ses parents (can. 868 § 2), alors, tout enfant mourant sans que ses parents ne désirent pour lui le baptême, ne sera-t-il pas baptisé grâce au désir que tout catholique et l’Église ont de son baptême ? Si les Saints Innocents ont été sauvés alors qu’ils n’ont pu demander le baptême, qui l’a demandé pour eux, sinon l’Église, par la voix de Rachel (Mt 2.16-18) ?
La solution que je propose me semble compléter tant la Profession de Foi de l’Empereur Michel Paléologue, que celle du pape Pie VI , avancés par les tenants de la théorie des Limbes. En effet, de même que l’Église a parfois affirmé la nécessité de recevoir le baptême d’eau , sans nier ni préciser qu’il soit possible de recevoir le baptême de sang ou le baptême de désir, de même ces textes énoncent l’ordre de la justice sans nier pour autant que la prière de l’Église ait le pouvoir de donner la grâce du salut à ceux qui sont en danger de mort et qu’elle est tenue de baptiser … Ce qui ne laisse pas d’affirmer, à sa gloire, le rôle salvifique de l’Église. Saint Augustin avait déjà compris : « comme opposé à la foi chrétienne le sentiment de ceux qui prétendent que la multiplicité de demeures dans la Maison du Père (Jn 14.2) signifie qu’il y aura en dehors du Royaume des Cieux un lieu destiné aux âmes innocentes qui seront sorties de cette vie sans avoir reçu le baptême, condition nécessaire pour entrer dans le Royaume des Cieux. Puisque toute la maison des enfants de Dieu, qui sont appelés à régner, ne peut être que dans le royaume, loin de nous la pensée qu’il y ait une partie de cette maison royale qui ne soit point dans le royaume, car le Seigneur n’a pas dit : Dans la béatitude éternelle, mais : Dans la maison de mon Père il y a un grand nombre de demeures. (Œuvres complètes, Editions Raulx, 1872, Tome 11, section 5, Traité 67, Sur saint Jean) »
Quant à ceux qui pensent que le salut donné par le baptême de désir relativiserait la nécessité de recevoir le baptême d’eau, ils se condamnent en envisageant la réception d’un sacrement sans réel désir de le recevoir, ce qui s’appelle sacrilège.
2) « La volonté [des saints au Paradis] est si unie à la Mienne, dit Dieu le Père à sainte Catherine de Sienne, que si un père, une mère voit son fils en Enfer, si un fils voit en Enfer son père ou sa mère, ils n’en éprouvent aucun souci, ils sont même contents de les voir punis, parce que ce sont mes ennemis. Rien ne peut les mettre en désaccord avec Moi, et tous leurs désirs sont satisfaits. (Sainte Catherine de Sienne, Le Dialogue, Téqui, 1976, Livre I, p.133 » Pour comprendre ce que dit là Notre Père qui est aux Cieux, il faut commencer par se rappeler, d’une part, que bien que nous soyons donnés les uns aux autres – que ce soit en tant qu’époux, enfant, parent ou amis – nous appartenons néanmoins toujours et d’abord à Dieu, et que d’autre part, les élus sont devenus des « créatures nouvelles (2 Co 5.17 ; Ga 6.15) ». Aussi, le lien naturel de leur génération temporelle a beau subsister pour l’éternité en raison du fait que la condition de créature a été assumée par Dieu, il n’en demeure pas moins que la participation à la nature divine établit dans une si absolue différence d’avec tout ce qui n’est pas Dieu qu’une mère peut dire à son enfant damné : « Je ne vous connais pas », avec autant de vérité que ce que le Créateur Tout-Aimant et Omniscient lui a dit : « Je ne vous connais pas ! (Mt 25.12 ; 7.23) ». Ceux qui disent ne pouvoir accepter le dogme de l’Enfer en raison de la contradiction qu’il y aurait pour Dieu et ses saints à connaître le bonheur sans mélange tout en contemplant le malheur sans fin des damnés, oublient seulement de considérer que les damnés souffrent parce qu’ils ont haï, haïssent, et haïront Dieu encore et toujours, en sorte qu’il n’y a plus rien d’aimable en eux, s’étant identifiés à la haine de tout bien. Dieu en est innocent. Il est aussi parfaitement juste, et jamais la justice ne peut être cause de tristesse, sauf chez les injustes. Dieu et les saints peuvent se réjouir sans scrupule du malheur des démons et des damnés, en toute justice ! Et même, la félicité des élus est accrue au spectacle des tourments de l’Enfer à la fois parce qu’ils voient la justice rendre aux damnés ce qu’ils veulent, et parce qu’elle leur révèle ce à quoi ils ont échappé … Mais que ceux qui ne veulent pas d’un tel bonheur, le laissent, et en cherchent un autre ! Je pense par exemple au père Edward Schillebeeckx, o.p., qui écrit : « Un Enfer qui soit l’envers de la joie éternelle du Royaume de Dieu, cela n’existe pas. (L’histoire des hommes, récit de Dieu, Cerf, Cogitatio Fidei (n°166), 1992, p.215) », et encore : « Les pieux n’auront pas à se réjouir de la torture éternelle des damnés (p.216) ». S. Jean Chrysostome écrivait, lui : « Lazare semble dire : Nous pouvons vous voir, mais nous ne pouvons passer où vous êtes : nous voyons le danger que nous avons évité, et vous voyez le bonheur que vous avez perdu, notre joie est pour vous un surcroît de tourments, comme vos tourments mettent le comble à notre joie. (Homélie sur le mauvais riche, La Chaîne d’Or) », et S. Grégoire : « …les justes ne peuvent passer du côté des réprouvés, parce que élevés à la hauteur de la justice des jugements de Dieu, ils ne peuvent éprouver pour eux aucun sentiment de compassion. (Homélie n°40, in La Chaîne d’Or) » ; « Aucun réprouvé n’aime un autre réprouvé, le frère déteste son frère, le fils son père, la mère son enfant ; et cette haine universelle se concentre sur Dieu ; voilà ce qu’est l’Enfer. (S. J.M. Vianney Curé d’Ars, Bernard Nodet, Cerf, 2009, p.243) » ; « La marque distinctive des élus, c’est l’amour, comme la marque des réprouvés, c’est la haine. Aucun réprouvé n’aime un autre réprouvé. (Idem, p.154) ».
3) Permettez-moi de vous recommaner la lecture de mon ouvrage “Judas est-il en Enfer ?”
Bonjour Père,
Je vous remercie pour votre réponse et le temps que vous y avez consacré. Je vais même l’imprimer et la relire à tête reposée. Et votre livre m’intrigue depuis longtemps. Je vais suivre votre conseil numéro 3.
Que Dieu vous bénisse et vous garde.
Vincent.
Bonjour Mr l’abbé Pagès,
Sur cette vidéo, un ancien “rapeur” , un “banlieusard” , sauvé par le Christ. A un moment donné de la vidéo, son ami musulman prie, et une entité s exclame en lui disant qu il prie pour la mauvaise personne… (allah).
la vidéo : https://youtu.be/2xyH2I5R3-o
Bonjour mon père
Nous tenions à vous remerciez ma femme et moi-même, grâce a vous et une de vos vidéo, vous avez redonné du beaume au coeur à notre fille qui vient de perdre son mari, il est décédé le 23 janvier d’une crise cardiaque à 42 ans (non vax) notre fille a 31 ans et était completement désemparée, avec ma femme nous ne trouvions pas les mots pour arriver à la soulager jusqu’a ce que la providence me fait visionner une petite vidéo remarquable que vous avez enregistré il y a quelques jours, je me suis empressé de lui soumettre et a la fin, son visage s’est éclairé et a sourit, chose qu’elle n’avait pas faite depuis le 23 janvier.
maintenant elle a plusieurs projets, pélerinage a Lourdes, retraite spirituelle entre autres.
Encore un grand merci
je n’arrive pas a mettre le lien de la petite vidéo, elle date d’hier, elle dure une minute et je l’ai trouvé sur “gloria tv”
Jean-Marie
Loué soit Jésus, notre grand Dieu et Sauveur !
Cher Jean-Marie,
Je vous remercie beaucoup de votre message.
Avec vous je rends grâce à Dieu de cette bonne nouvelle.
Notre Seigneur ne nous abandonne jamais, mais il faut savoir tenir bon jusqu’au bout pour voir ses promesses s’accomplir, qui dépassent tout ce que l’on peut désirer ou imaginer.
En Son Nom, je vous bénis, ainsi que votre épouse et votre fille.
Je reste à votre service.
Bonjour Mr l’abbé Pagès,
Merci pour cette mise au point sur le salut, alors que les hérésies prospèrent lamentablement.
Je voudrais juste vous poser quelques questions au sujet du jugement particulier :
Comment se passe-t-il ?
De quelle manière l’âme prend-elle connaissance de son lieu de destination ?
Comment prend-elle connaissance du jugement ? Qui lui annonce ?
Le rôle de notre ange gardien finit-il à notre décès ?
Merci d’avance pour votre réponse.
Loué soit Jésus-Christ, notre grand Dieu et Sauveur !
Chère amie,
1) La parabole du riche avare et du pauvre Lazare me semble donner une partie de la réponse à votre question : l’âme y découvre progressivement dans quelle situation sa vie sur terre l’a conduite. Ainsi de toute âme arrivée à la fin de sa vie qui voit la parfaite correspondance entre le sort qui lui est éternellement dévolu et ce qu’elle est maintenant pour toujours.
2) Je me souviens que Dieu le Père dans le livre des Dialogues de votre sainte patronne, dit que l’âme coupable se jette d’elle-même en Enfer avant même d’être condamnée par Dieu parce qu’elle se juge elle-même indigne de la Présence de Dieu, ainsi en va-t-il donc pour les âmes damnées. En fait c’est l’amour qui, comme sur terre, conduit l’âme à son lieu de destination : l’âme qui aime Dieu est emportée par son amour à rejoindre Dieu pour s’unir à Lui et vivre ainsi en Son éternité de bonheur, celle qui n’a pas de faute grave pour l’empêcher d’aller à Dieu, mais pas non plus un amour suffisant ardent pour la propulser dans les bras de Dieu, attend … Quant à celle qui n’a pas d’amour de Dieu, elle se jette d’elle même en Enfer. Voilà comment, schématiquement, les choses se passent.
3) Vous savez que pour les êtres spirituels, les communications se font de substance à substance, d’être à être, dans une connaissance aussi intuitive que parfaite, totale. Dégagée du poids de la matière, l’âme connaît alors la vérité sans plus d’erreur possible comme cela est possible sur terre, aussi est-elle convaincue que celle qu’elle perçoit est absolument vrai, sans aucun doute possible. Elle connaît la vérité, et contre la vérité, personne ne peut rien.
4) Les peintures du Paradis de Fra Angélico montrent les anges gardiens accueillant les âmes au Paradis, et c’est certainement vrai que les choses se passent ainsi pour les âmes sauvées. On ne voit pas en effet qu’être au service de Dieu qui est Amour puisse se faire autrement qu’en vivant d’amour, or l’amour ne passe pas, donc nos anges gardiens, à la différence de simples fonctionnaires, ne cesseront pas de nous aimer, et nous plus que jamais ! Quant aux anges gardiens des âmes damnées, il est évident qu’ils ne les accompagnent pas en Enfer …
Je vous remercie de l’intérêt que vous manifestez pour mon humble travail, et vous bénis au Nom de Notre Seigneur qui vous aime et que vous aimez.
Merci beaucoup pour votre réponse longue et détaillée.
Soyez béni Mr l’abbé !
Merci mon Père, pour ces éclaircissements.
Ce que vous décrivez est très intéressant, et ça expliquerait bien pourquoi les “suicidés” se damnent en se donnant la mort.
Ces malheureux ne croient pas en la rédemption par l’amour de Dieu. D’ailleurs, ne croient-ils même plus en eux-mêmes.