(Liturgie de la Parole : Is 52.7-10 ; Ps 97 ; He 11-6 ; Jn 1.1-18)
Le Verbe de Dieu S’est fait homme !
Frères et sœurs,Nous voici rassemblés pour célébrer un événement tellement extraordinaire qu’il est à craindre que nous n’en percevions que très difficilement, voire seulement superficiellement, la réalité absolument merveilleuse… En effet, le Verbe S’est fait Chair (Jn 1.14) et le monde ne L’a cependant pas reconnu (Jn 1.10)… «Il est venu chez les Siens, et les Siens ne L’ont pas reçu. (Jn 1.11)»
Beaucoup demeurent étrangers à la joie des Anges et des humbles bergers parce qu’ils n’osent pas croire une chose aussi impossible à imaginer : le Créateur est venu épouser Sa création… En conséquence ils n’en cherchent ni la raison, ni les conséquences qui en résultent pour leur existence. «Lui par Qui tout a été fait et sans Qui rien n’a été fait, Lui qui est la Vie et la Lumière des hommes (Jn 1.3-4)» est venu naître chez nous pour que nous puissions renaître chez Lui ! Il S’est fait petit-enfant afin que nous puissions redevenir comme de petits enfants à qui tout est donné gratuitement ! A ceux qui éclatent en «un seul cri de joie (Is 5. 28)» parce que Dieu est unique et qu’ils Lui sont unis, à ceux qui croient au Nom de Jésus, Dieu donne de devenir enfants de Dieu (Jn 1.12)…
Devenir enfant de Dieu, personne ne le peut, à moins d’avoir écouté l’appel des guetteurs retentir. Certes, beaucoup de jeunes, depuis des décennies, n’ont pas reçu de catéchèse, ou en ont reçu une mauvaise, en sorte qu’ils ne savent rien. Mais cela n’aurait pas suffi à faire d’eux les ennemis du Christ qu’ils sont devenus, si ne leur avait pas manqué le témoignage d’une vie proche d’où jaillit sans cesse la joie apportée par la naissance du Fils de Dieu : «Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem (Is 5.29)» ! Ruines de Jérusalem ! Si âgés ou abattus que nous soyons, il n’est plus possible de ne pas déborder de joie ! Même si notre vie ne nous apparaît plus que comme un tas de ruines, voici que Dieu, Se faisant semblable à nous, nous restaure en une condition qui surpasse tout ce que l’on pouvait imaginer : Il fait de nous des enfants de Dieu ! Dès lors, qui dira qu’il n’est pas assez riche, assez beau, assez jeune ou assez aimé ? Comment ne pas «éclater en cris de joie (Is 5.29)»? «Que résonnent le monde et tous ses habitants (Ps 97.7)»!
Pour saisir un tant soit peu l’immensité de la joie qui nous est offerte avec la Naissance incomparable de Jésus, rappelons-nous qu’en dehors de la purification de nos péchés qu’Il a accompli au prix de Sa passion, et de la communion à Son Esprit, nous serions irrémédiablement pécheurs et voués au feu de l’Enfer… Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19.10) ! Nous étions tous perdus ! Nous allions tous en Enfer avant d’accueillir notre Sauveur ! Par le péché, l’humanité a voulu se faire Dieu… eh bien, Dieu, pour la sauver, S’est fait homme ! Que cette Bonne Nouvelle ne soit pas un mythe ou une légende, en témoignent l’annonce faite jadis par Dieu à Israël, et dans toutes les traditions religieuses de l’humanité l’espérance en l’intervention secourable d’une divinité bienveillante, trace de la Promesse faite par Dieu à Adam et Ève (Gn 3.15), et qui, en dépit des déformations ayant affecté sa transmission, s’est conservée jusqu’à nos jours…
Nous n’aurions jamais pu imaginer ce que l’Amour de Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ : Il est venu «combler et même dépasser l’espérance des nations» dit la préface de la solennité de l’Annonciation… C’est pourquoi, personne, en dehors de l’enseignement de l’Église, ne connaît qui est Jésus-Christ. Personne ! Jésus-Christ n’est pas le grand Sage que vénèrent les philosophes. Il n’est pas le précurseur des révolutionnaires, ni le premier des socialistes. Il n’est pas seulement un prophète comme veulent le croire les musulmans, ni une manifestation de la Déité, comme le considèrent le Brahmanisme, le New-Age et tous les courants ésotériques. Il n’est pas le Grand Initié imaginé par la Franc-maçonnerie… Tous ces gens ne reconnaissent pas que Jésus est Dieu, et c’est pourquoi ils ne sont pas chrétiens. Vénérer Jésus-Christ, ce n’est pas L’adorer. Seule la Révélation Le fait connaître, et seule la Foi Le connaît. Seuls ceux qui, avec les Bergers et les Mages, adorent Jésus-Christ, sont chrétiens. Ne sont donc pas enfants de Dieu ceux qui sont nés «de la chair et du sang» (Jn 1.13), c’est-à-dire de l’union légitime de l’homme et de la femme dans le mariage, parce que cela ne suffit pas pour partager la nature divine, ni ceux qui sont nés «d’une volonté charnelle» (Jn 1.13), c’est-à-dire en dehors du mariage, et pas davantage ceux qui sont nés «d’une volonté d’homme» (Jn 1.13), que ce soit par la PMA, la GPA, ou, malheur, un jour, peut-être, par le clonage ! Ils ne sont pas enfants de Dieu, tout simplement parce que le Don de Dieu n’est pas à mesure humaine. Avis donc à ceux qui s’imaginent capables de créer un homme nouveau par le transhumanisme, détruisant le mariage et la filiation ! Il est grand temps que les peuples mettent hors d’état de nuire ces apprentis-sorciers! Seuls sont enfants de Dieu ceux qui, re-nés par le Baptême à la Vie éternelle, gardent le trésor de la foi catholique jusqu’à leur mort – laquelle sera alors leur naissance à la vraie Vie… Ceux-là deviennent enfants de Dieu comme seul Jésus est Enfant de Dieu… Or, Jésus n’est pas une créature, mais Il est Dieu né de Dieu ! Jésus est Dieu par nature et Ses disciples le deviennent par grâce. Ce que saint Jean exprime ainsi: « Nous avons eu part à Sa Plénitude. La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ (Jn 1.16-17).»
En ce sens Jésus naît chaque jour lorsqu’à l’Eucharistie Sa chair devient notre chair et Son Sang devient notre sang… et que nous devenons ainsi une créature nouvelle (Ga 6.15) ! Chaque Messe est un nouveau Noël où le Fils de Dieu Se rend présent avec Son Corps et Son Sang, et ne S’incarne ainsi que pour pouvoir nous donner Sa chair en nourriture et Son sang en boisson (Jn 6.53)… Puissions-nous L’accueillir en cette Messe et en chaque Messe avec l’amour du Coeur immaculé de Sa Mère !
Jésus-Christ n’est donc venu au monde que pour naître en nous, et qu’ainsi nous Lui soyons unis, comme Lui et le Père ne font qu’un ! Si nous fêtons la Naissance de Jésus-Christ comme un événement extérieur à notre vie, alors, avec le monde, nous ne reconnaissons pas Jésus-Christ. Accueillir Jésus-Christ pour Celui qu’Il est (Jn 8.24,28,58) c’est tenir à son sujet quatre affirmations, qui, telles les quatre directions de Sa Croix, dessinent le Salut :
- La première nous fait confesser que Jésus-Christ est réellement et substantiellement Dieu, Dieu par nature, Dieu dans la plénitude de la divinité. «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu (Jn 1.1)…»
- Deuxième affirmation : «et le Verbe S’est fait chair (Jn 1.14)…»! Jésus-Christ est réellement et substantiellement homme, possédant véritablement notre nature humaine, et non pas une apparence, comme certains l’ont imaginé.
- Troisième affirmation : la nature divine et la nature humaine en Jésus ne sont ni confondues ni séparées, mais distinctes et unies. C’est pourquoi, dans l’Évangile, Jésus parle et agit tantôt comme Dieu et tantôt comme homme. Si l’on ne garde pas en mémoire cette vérité, on ne peut rien comprendre à l’Évangile, parce qu’on ne peut pas comprendre que Dieu ait faim, qu’Il puisse souffrir ou mourir, et, à l’inverse, que le charpentier de Nazareth puisse être si saint, faire des miracles, dire “Je suis la Résurrection et la vie... Nul ne va au Père QUE par Moi (Jn 14.6)”. Il n’y a pas de confusion possible entre ces deux natures puisque la distance qui les sépare est infinie. Si elles n’étaient pas distinctes, Jésus n’aurait pas été un vrai homme, mais un monstre… Hélas, même des chrétiens prennent Jésus-Christ pour un tel monstre lorsque par exemple ils disent croire à Sa Présence réelle dans l’Eucharistie parce qu’ils croient qu’étant Dieu, Il est partout, et donc aussi au tabernacle… Or, c’est en vertu de la présence localisée de Sa nature humaine, et non pas en vertu de la présence d’immanence de Sa nature divine, que Jésus est Présent dans l’Eucharistie. Jésus n’est pas là présent comme n’importe où ailleurs, de même que lorsqu’Il était à Nazareth on ne Le voyait pas à Capharnaüm !
- Quatrième affirmation : ces deux natures, divine et humaine, distinctes et unies, sans confusion ni mélange, appartiennent non à deux personnes, mais à une seule et même. Cet unique “Je” est celui de la Deuxième Personne de la Sainte Trinité qui peut dire «Je suis Dieu» et «Je suis homme». Jésus-Christ n’est pas une personne humaine, mais une Personne divine…
Nous ne pouvons pas comprendre que Jésus-Christ ne soit pas une personne humaine… C’est pourquoi seuls ceux qui croient en Son Nom peuvent devenir enfants de Dieu (Jn 1.12) ! Joyeux et saint Noël à vous qui croyez qu’en cette nuit très sainte le Verbe de Dieu S’est fait chair, pour que nous devenions enfants de Dieu !
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