Solitude, prière, pauvreté, contemplation de la nature. Ainsi se résume la vie de Sœur Catherine, ermite depuis 25 ans. Elle nous offre un témoignage rare sur une vocation si particulière.

Elle a accepté de rompre sa solitude d’ermite pour recevoir Thierry Lyonnet. Sœur Catherine vit depuis 25 ans en présence de Dieu, dans la solitude, la pauvreté et la prière. Pour atteindre son ermitage, il faut bien marcher plus d’une heure et emprunter un étroit sentier en plein cœur des Alpes du Sud. Cette religieuse catholique est rattachée à la longue tradition des ermites chrétiens, apparue au IIIe siècle en Égypte. Une vie hors du commun, qu’elle raconte dans 

“Récits d’une ermite de montagne” (éd. Le Relié).

UNE VIE “HÉROÏQUE”

Est-on plus ermite en vivant dans une grotte qu’en vivant tout simplement dans une maison à l’écart d’un village ?” se questionne Sœur Catherine dans son livre. Avant, elle mettait une heure et quart pour marcher, sac au dos, jusqu’à son ermitage. Maintenant, c’est plutôt deux heures dont elle a besoin. La religieuse vit au sommet d’une montagne, entre une petite chapelle rustique qui se trouve sur la crête, un cabanon d’hiver de moins de trois mètres sur trois, et une grotte, que l’on atteint si l’on poursuit l’étroit sentier, quand l’exercice devient franchement acrobatique. D’ailleurs on tient à peine debout dans ce “grand creux de rocher suspendu dans une sorte de falaise”. Elle y a inscrit une citation de l’Évangile : “La vie éternelle c’est de te connaître toi Père et celui que tu as envoyé, Jésus Christ ton fils.” (d’après Jean, 17, 3)

Dans sa grotte, une couverture sur une simple planche lui sert de lit, une petite table fait office d’autel, où poser une Bible et deux bougies, il y a aussi un crucifix et une icône du Christ… Voilà qui résume la vie de Sœur Catherine. “C’est loin d’être le paradis mais on sent très fortement que c’est l’accès à la vie éternelle !” Il faut ajouter quelque chose d’essentiel, la beauté du paysage : un relief, “tourmenté et sculpté”, un paysage “magnifique et inspirant”, qui l'”aide énormément à tenir dans la durée”. Sans eau courante ni électricité, les conditions de vie sont ici “très rudes”, admet l’ermite, qui doit aussi prévoir suffisamment de bois pour “traverser les hivers très longs”. Cela fait 25 ans qu’elle mène une “vie héroïque” – “usante”, au fil des années.

UNE VOCATION PARTICULIÈRE

Cet endroit, elle ne l’a pas choisi, comme elle le raconte. Sœur Catherine aurait volontiers opté pour “un lieu plus près des sacrements et d’un village”. Mais “un jour j’ai vraiment ressenti très 

fortement l’appel à aller voir ce lieu dont on m’avait parlé et qui était un des rares ermitages disponibles”. Au début elle pensait s’installer de façon “transitoire” mais elle a “découvert dans l’oraison que c’était vraiment là que Dieu [lui] demandait de [se] tenir”.

Il y a environ 300 ermites en France. Il y a ceux qui vivent de façon humble et discrète, dans le travail et la prière et ceux qui appartiennent à une communauté monastique, qui les soutient dans leur solitude. Pour Sœur Catherine, sa vocation à elle est de “mettre le Christ à la première place, pour ne pas dire le tout, et à être très très proche de sa solitude dans sa Passion et sur la croix”. Sœur Catherine a compris qu’elle était de ceux que Dieu appelle “à partager cette intimité”. “À ma grande surprise c’est ce projet-là qu’il avait sur moi, alors que moi je voyais plutôt beaucoup plus bas !”

LA CONVERSION DE SŒUR CATHERINE

Jusqu’à ses 27 ans, Sœur Catherine n’était pas croyante. Elle commence son livre ainsi : “Ma vie commence vraiment avec ma rencontre avec Dieu, comme si tout prenait son sens dans cet événement mystérieux. Il m’est difficile de parler d'”avant”. Existe-t-il un avant Dieu ?” Avant, Sœur Catherine faisait de la gestion dans une petite entreprise. Son patron, un fervent chrétien, lui a dit un jour qu’elle faisait fausse route en cherchant le bonheur uniquement dans son travail. Et que “le bonheur qui comble était en Dieu”.

Cette conversation a été déterminante. “Il a réussi à me convaincre que puisque je ne pouvais pas prouver que Dieu n’existait pas, j’étais quand même obligée d’admettre qu’il existait et que, s’il existait, peut-être on pouvait converser et communiquer avec lui… Et que si je pratiquais l’oraison silencieuse une demi-heure par jour je serais peut-être sur le chemin du bonheur qui s’appelait Dieu.” À force de répéter chaque jour “Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pauvre pécheur”, “il s’est passé quelque chose de très important où j’ai été envahie par un torrent d’amour, j’ai vraiment cru instantanément à l’existence de Dieu”.